À nouveau, repartir.

Un jour, j'ai perdu mon chemin. Il faisait beau, il faisait froid, le ciel de givre perlé m'avait rappelé ces lustres surchargés qui encombrent de temps les plafond des vieilles maisons. J'avais levé la tête pour leur lancer des clins d'œil et l'instant d'après, je m'étais perdue.

L'herbe avait remplacé les pavés, sans que je ne vois rien venir. J'ai relevé la tête, alors, et je n'ai plus vu ni bornes, ni traces, ni route. A peine aurais-je pu dire quel bout d'horizon m'avait vue surgir. Mes deux mains se sont crispées au rythme inquiet de mon sang, derrière mes yeux la brume menaçait d'invasion. Je n'ai pas vu les fleurs s'ouvrir, je n'ai pas prêté l'oreille aux murmures des ruisseaux qui, comme autant de rubans dans l'air, traçaient des chemins sans ligne d'arrivée - aux quatre coins de la terre. Je n'ai rien vu ; mes mains ont caché mes yeux derrière la peur et j'ai pleuré.

Je n'ai pas pleuré la fin des pavés garde-fous ; j'aime courir et tomber n'importe où. Je n'ai pas pleuré l'horizon nouveau ; je saurai mettre des noms sur ces terres inconnues. Je n'ai pas pleuré par peur ; la peur met des couleurs sur nos jouets les plus précieux.

J'ai pleuré pour ne pas voir l'étendue de votre absence – je suis déjà trop seule lorsque vous m'entourez.

Je me suis un peu perdue. Et puis complètement. Je m'ennuyais de vous, alors de ma solitude j'ai fait un chant. J'ai inspiré la brume qui troublait mon regard ; au chaud dans ma poitrine je l'ai bordée de vos rires. Doucement, de la pointe des lèvres, j'ai chanté.

Vous avez répondu.

Le temps d'un nouveau départ.