petit et mignon

Samedi matin (très tôt), dans la chambre des parents

« Nette ?
- Oui ?
- Bisous mon cœur !
- Salut mon chéri ! Passé une bonne nuit ?
- Mmmmhhh… moui ! Oui oui.
- T’es en forme au réveil dis-donc !
- Ah ah ! on dirait bien en effet. Attends… je vais y mettre les formes aussi.
- Hihihi ! »

Ce petit glapissement d’adolescente peu farouche sonnait habituellement le départ des activités horizontales d’Antoine et Antoinette. Ce qui s’en suivait dans l’intimité de leur chambre prenait parfois des tournures plus coquines lorsqu’il s’agissait de profiter des grasses matinées du week-end.

Hélas pour eux, leurs émois matutinaux allaient être trop tôt interrompus par l’imminente invasion du fruit de leurs précédents accouplements.

« Maman ! Papa !
- Vous avez entendu ? Vous avez entendu le bruit dehors ?
- MARION ! SEBASTIEN ! vous avez vu l’heure ?
- Non !
- Papa Papa ! T’as vu l’éclair bleu ?
- Maman ? tu as entendu hein ? Dis, maman ?!
- Qu’est-ce qu’il y a les enfants ? Pourquoi vous déboulez comme ça dans notre chambre ?
- Tu as fait un cauchemar Sébastien, c’est ça ?
- Non Papa ! On a vu un éclair bleu tomber dans le jardin…
- … et ça a fait « psshhuuiit ! et on a entendu un drôle de truc !
- Oui ben on ira voir dans le jardin tout à l’heure, d’accord ? Retournez vous coucher maintenant !
- Oh ben non ! on est réveillé maintenant !
- Alors allez jouer, ou regarder la télé, mais laissez-nous un peu nous reposer.
- Oui oui c’est ça, descendez, on vous rejoint dans une heure… ou ptet deux !
- Dis Papa… on peut aller voir dans le jardin qu'est-ce que c’est quoi le pshuit ?
- Quelle heure il est ?
- Huit heure et…
- Quarante deux !
- Le chiffre qui ressemble à une chaise à l’envers c’est quarante ?
- T’es bête Marion ! tu sais pas compter…
- Embête pas ta sœur Sébastien… elle apprendra bien assez tôt à savoir l’heure qu’il est !
- On peut alors ? hein ? steplait !
- Oh oui, on veut aller voir dans le jardin.
- Oui oui ! allez-y ! Mais mettez vos chaussons, d'accord ? »

L’éclair bleu en question n’était pas une fantaisie inventée de toute pièce par les enfants pour détruire les projets frivoles de leurs parents, mais bien une réalité. Aussi étonnante et déconcertante qu’elle pouvait être.

Des éclairs bleus suivis de pshuit, on devrait en recenser des milliers ce matin là à travers le monde. Mais le seul qui compterait pour cette famille normande, serait celui qui venait d’avoir lieu dans leur jardin.

L’autorisation parentale accordée, les deux bambins se précipitèrent hors de la chambre à coucher et dévalèrent les escaliers, faisant par la même occasion fuir Gontran, le vieux chat qui cohabitaient depuis des années avec cette famille d’humains.

Celui-ci profita d’ailleurs que les deux plus petits et plus bruyants, ouvraient la fenêtre coulissante de la véranda, pour aller faire un tour dans le jardin.

Gontran se souvenait de l’époque bénie où la seule contrainte qu’on lui imposait, était de quitter les couettes réchauffées par les deux grands humains au moment où ceux-ci tentaient de s’accoupler.

Marion, six ans, et Sébastien, huit ans, s’étaient immédiatement mis à la recherche de l’origine du phénomène pshuintant. Pieds nus dans le jardin, sans avoir pris l’élémentaire précaution de passer des vêtements tièdes par-dessus leurs pyjamas, les deux bambins pataugeaient dans la rosée.
Ce fut cependant Gontran qui dénicha l’origine de ce remue-méninge sabbatique.

Dans un coin de la pelouse bien taillée, près de la haie rectiligne imposée par le règlement de copropriété, le chat crachait, le dos recourbé et la queue méchamment dressée. Les enfants l’entendirent et vinrent lui porter assistance.

« Pousses toi Gros gland !
- Dis Sébastien, pourquoi il fait ça Gondran ? Hein ? OH REGARDE ! C’est quoi ?!
- Touche pas Marion ! on sait pas ce que c’est !
- C’est trop mignon ! je veux le caresser ! »

Le chat, pour la première fois de sa vie, trouva refuge derrière les courtes pattes du garçon. Ce qu’il avait devant lui ne lui plaisait pas du tout. Sa sentait bizarre et ça ressemblait beaucoup trop à un chaton racé venu envahir son territoire. Cependant il sentait bien que cette créature velue et lui, ne partageaient aucun embranchement commun dans l’Evolution de la vie sur Terre.

Sébastien, lui, était plutôt intrigué par l’espèce de coquille métallique encore fumante, qui venait de démolir une petite parcelle de la pelouse, quelques instants plus tôt.

Il s’agissait d’une sphère grossièrement coupée en deux, éventrée selon un axe plus ou moins médian, et dont le revêtement intérieur était pour le moins… poilu.

L’herbe avait roussi autour du point d’impact et la vapeur qui s’élevait du parterre humide, l’inquiétait un peu.

Sa petite sœur par contre, s’était immédiatement accroupie pour observer la minuscule créature qui venait d’éclore.

« C’est un Gizmo tu crois ?
- Ça existe pas les Gizmo ! C’est que dans les films.
- C’est un chat qui vient de l’espace alors ?
- C’est ptet un truc comme ça, ouai. A l’école la maîtresse a dit qu’avant on envoyait des chiens pansés et des chats dans l’espace russe. Il est peut être né dans leur bite et il est tombé des années plus tard.
- Il est cromignon ! j’ai envie de le montrer à Maman.
- Faut pas le toucher, si ça se trouve il est télé-actif.
- Ca veut dire quoi ?
- Ca veut dire qu’il faut pas le toucher sans l’avoir montré à Papa.
- Je voudrais l’appeler Victor ! On peut l’appeler Victor ?
- Je sais pas. Ptet qu’il a déjà un nom en fait. Du genre Laïta ou Boris ou Margarine.
- Watlin buguhadi !
- IL PARLE !
- C’est ptet ça son nom alors… watlin bugumachin !
- Ah grrrri gli gli TCHHH’ !
- Oh ! il a éternué !
- Ca doit être la rosée du matin. Il a les pieds tout trempé. »

Watlin buguhadi n’avait pas techniquement éternué, bien que le son qu’il avait émis ressemblait beaucoup à une sternutation de mammifère. En fait, il avait tenté d’externiher. Malheureusement l’atterrissage et l’éclosion de son astrospore ne s’étaient pas exactement déroulés comme convenu. Il avait reçu un violent choc en s’extirpant de son habitacle, tout déboussolé qu’il était. Il en gardait depuis un sévère mal de crâne. Il se tapota le sommet de la tête afin de remettre en place sa glande sapoïdale (un organe que seuls ceux de son espèce avaient développé dans cette galaxie). Tout avait l’air en place. Il en conclut que sa faculté à externiher devait être momentanément limitée, soit du fait de l’indécente densité des micro-ondes sur cette planète, soit parce qu’un agent infectieux l’avait déréglée.

Il lui fallait trouver des nutriments compatibles avec son organisme afin de pouvoir secréter de la mésotonine (une hormone que ceux de son espèce avaient « emprunté » aux habitants de LKP-9116). Une fois son taux d’endocrine stabilisé, il aurait recouvré toutes ses capacités. Il ne lui restait plus qu’à trouver dès lors un bon bol de baies d’airelle. Les éclaireurs de son escadre avaient conseillé de tenter une approche sociale franche vers les grands bipèdes regroupés dans les zones urbaines en cas de besoin. Ceux-ci s’étaient révélés particulièrement naïfs et bien disposés à l’égard des siens lors des premiers contacts. Certes ils étaient très grands (pour une si petite planète s’était paradoxal), mais ils semblaient posséder, pour la plupart en tout cas dans cette zone géographique, de gigantesques réserves de nutriments dans leurs habitats claniques (des clans d’ailleurs paradoxalement étroits pour de si grands animaux).

« Umpfgl ! »

Marion venait d’attraper la minuscule boule de poils et la serra fort contre sa poitrine. La petite chose émit un gémissement surpris, ce qui provoqua le rire des deux enfants.

« Victor ! Tu t’appelleras Victor ! Viens je vais te montrer ma chambre !
- Watlin buguhadi ! grennch Viktoorr !
- T’es trop marrant quand tu parles !
- Viens Marion, on va le montrer à Papa et Maman ! »

Sébastien voulu caresser les oreilles du petit animal alors que sa sœur le transportait comme la peluche qu’il était, mais cela provoqua un nouvel éternuement de leur invité. Le gamin se dit, qu’il serait effectivement mieux à l’intérieur, loin des courants d’air.

Balloté à travers le pavillon familial, dans les bras d’une jeune bipède, Watlin buguhadi failli vomir son goûter. Il tenta de garder à la fois sa dignité et le contenu de son sac stomacal; comme il était déjà en hypoglycémie, ce n’était pas le moment de creuser son déficit alimentaire.

La nouvelle irruption dans la chambre des parents, leur coupa définitivement tout espoir. Un peu ébouriffés, et encore plus désespérés, ceux-ci relevèrent les draps promptement pour sauvegarder l’innocence de leur marmaille.

« Oui ? c’est quoi cette fois-ci ? Encore des pshuit ?
- Regarde Papa ! C’est Victor !
- On l’a trouvé dans le jardin ! Il est sympa, non ?
- Qu’est-ce que c’ets que ça ?
- C’est un bébé chat de l’espace !
- Oui sauf qu’il éternue et qu’il parle… mais on comprend pas le russe.
- Mais qu’est-ce que vous racontez là !
- Regarde Maman… il est joli hein ! Et en plus il est tout doux !
- J’espère qu’il a pas de puces. C’est quoi ? Antoine ?! Regarde : c’ets quoi à ton avis ? un genre d’écureuil ?
- Euh… je dirais plutôt une sorte de lémurien… il se tient debout sur ses deux pattes arrières et il nous regarde avec de grands yeux.
- C’est marrant. Tu crois qu’il a la rage ? J’espère qu’il n'a pas de maladies !
- Mmm… il a certainement pas la rage, sinon il se serait pas laissé porter comme ça par Marion. Il t’a pas mordu au moins ? Il a bavé ?
- Non ! juste éternué.
- C’est à cause de la rosée Papa. Il a du attraper froid en sortant de son vaisseau spatial.
- Hein ?! Ouai bon en attendant de le rendre à son propriétaire, on devrait le mettre dans une cage.
- On a pas de cage chéri…
- Ou dans une boite à chaussures.
- On peut le garder ? Hein Papa ?
- Non !
- Pourquoi ?
- Allez steplait !
- Non… On sait même pas ce que c’ets comme animal. Et si ça se trouve c’est un NAC… un animal africain de compagnie qui s’est échappé d’un zoo ou bien de chez un des voisins.
- Des trucs comme ça tu crois que c’ets permis par le règlement de la copropriété ?
- Bon… on l’enverra chez le vétérinaire cet après-midi. Mais avant : petit déj !
- Oui ! Victor peut manger avec nous ?
- Il doit avoir faim le pauvre chou ! si ça se trouve il a passé plusieurs jours dehors !
- Bah non ! c’est pas possible puisqu’il vient d’arriver en vaisseau spatial.
- Arrête de dire des conneries Sébastien ! Va préparer la table plutôt. »

Watlin buguhadi demeurait dressé sur la couette d’Antoine et Antoinette. Les deux singes blonds le regardaient fixement. Ne sachant trop quoi leur dire, il leur adressa un petit signe de la main en guise de présentation. Les visages des deux créatures humaines s’allongèrent et ils lui montrèrent leurs dents, puis ils répondirent à son salut en faisant onduler leurs gros doigts roses.

Watlin buguhadi soupira devant l’ineptie de cette race inférieure. Il aurait encore préféré nouer un contact avec le vieux félin qu’il avait croisé tantôt. Au moins ces animaux-là avaient démontré leur intelligence et leur supériorité lors des précédentes visites des siens sur cette planète. Ils feraient d’excellents alliés… ou de parfaites montures pour se déplacer.

Les deux primates quittèrent leur couche. Watlin buguhadi avait l’espace d’un instant espérer qu’ils s’accoupleraient. Malgré le dégoût que ces monstres lui procuraient, il aurait bien voulu voir ça. Ne serait-ce que pour pouvoir le raconter à ses potes ce soir.

La femelle l’attrapa vigoureusement par la peau du dos et le porta devant son visage. Elle émit des bribes de son inintelligibles et lui souffla au visage son haleine immonde.

Une fois de plus Watlin buguhadi fut pris d’une nausée irrépressible ! Cette fois-ci il ne put s’empêcher de vomir.

« Oh ! le pauvre petit mignon ! il a vomi. Marion a dû trop le secouer.
- Bah tant pis ! On va lui donner du lait pour qu’il s’en remette.
- Ah non pas du lait ! ça donne la diarrhée !
- Bon du jus de fruit alors si tu préfères.
- Oh oui ! plein de vitamines ! C’est qui qui, qui va boire des multifruits vitamines ? Hein ? C’est toi petit coquin. Oui ! c’ets toi petit ! Mouha !
- Ah non ! lui fait pas des bisous ! On sait même pas où il a passé la nuit.
- Bah il a l’air très propre hein ! En plus il sent les frruits rouges ! Il a tout pour plaire ce petit chéri ! Dis… ?
- Humm… ?
- Tu crois qu’on pourrait en trouver un comme ça à Jardiland ? »

La famille s’installa à table pour le petit déjeuner vers dix heures. Ils firent une petite place à leur invité et lui présentèrent une petite soucoupe pleine de multifruit vitaminé. Watlin buguhadi renifla le contenu et fit la moue. Il refusa catégoriquement d’avaler une goutte de cette substance, bien qu’il sentait ses réserves de mésotonine fondre petit à petit autour de ses pompes à protons. Il se mit à ronchonner bruyamment, ce qui fit glousser les autochtones.

A l’autre bout du salon, le présentateur de la chaine d’information continue annonçait un soleil radieux pour tout le week end, partout en France, sauf en Bretagne.

Watlin buguhadi campa sur sa position de déni encore quelques minutes, jusqu’à ce que la petite fille s’empare d’un récipient en forme de parallélépipède rouge à traverse lequel il put sentir la présence d’un substrat qui le mit en transe.

EKOLOGYSK DRYCK LINGON IKEA FOOD

L’image qui apparaissait à la surface de la briquette ainsi que le parfum sucré qui s’en échappait ne pouvaient tromper ses sens affûtés : du jus d’airelle !

« Grrrri gli gli ! Ikéa Food ! Grrrrrrrriiiiiiiiiiii DRYCK LINGON !!!! rachtletl rachtletl !!!
- Oh ! on dit « s’il te plait » qu’on est poli !
- Sliltelpletl ! Sliltelpletl ! Sliltelpletl !
- Bon ben donne-lui ta briquette Marion...
- Oh non ! il en reste presque plus !
- Grrrri gli gli ! EKOLOGYSK !! Grrrrrrrriiiiiiiiiiii !!!! rachtletl rachtletl !!!
- Allez ! tu vois bien qu’il est hystérique là !
- Bon d’accord tiens Victor ! bois ça c’est bon pour toi ! »

La peluche miniature, d’ordinaire si joviale et avenante, arracha la boite de carton carmin des mains de la petite fille avec une force phénoménale. Il en ôta la paille et déchiqueta l’emballage avec ses trois rangées de dents (une pour couper, une pour déchiqueter et une pour punir). Il s’injecta une dose considérable de mésotonine d’agriculture biologique, ce qui eut pour effet de charger immédiatement en ions électrostatiques, les filaments de sa glande sapoïdale.

Surexcité, Watlin buguhadi se rua sur la table, bien droit, la tête haute et les jambes légèrement fléchies. Il se concentra un moment afin de ne pas partir complètement en sucette ; il venait de frôler l’overdose d’hormones !

A l’autre bout du salon, le présentateur de la chaine d’information continue mettait en garde la population contre l’imminence d’une catastrophe mondiale quelconque.

La petite chose mignonne venue de l’espace était désormais repue. Elle venait donc d’accomplir sans trop d’encombre, la première phase du plan : se faire inviter pour le ptit dèj.

La suite du plan était encore plus simple. Il fallait faire découvrir l’externihation à la population humaine.

Pour son premier essai, Watlin buguhadi se tourna vers l’enfant mâle. Comme il ne savait pas quel serait au juste le niveau de résistance de cette espèce à l’externihation, il préféra commencer par une cible facile, histoire de calibrer la portée de l’onde.

L’externihation était une faculté propre à ceux de son espèce. Elle consistait - schématiquement - à projeter une première onde infra-sonore sur une zone restreinte d’espace, puis à comprimer cette même zone ainsi délimitée, par la projection, plus rapide et plus intense, de micro-ondes. Cela avait pour effet de créer une bulle de pression soudaine dans un volume extérieur. En fait il s’agissait ni plus ni moins d’une évolution naturelle du principe d’écholocation.

Evidement cette technique utilisée sur un volume de fluide – liquide ou gazeux- était pratiquement sans intérêt.

Par contre lorsqu’on visait le système nerveux central d’une créature vivante, c’était beaucoup plus impressionnant.

« Ah grrrri gli gli TCHHH’AAH’ »

SPLOTCH ! fit le cerveau de Sébastien en implosant. L’extraterrestre avait un peu trop forcé sur sa glande sapoïdale. Cela eut pour effet de fendre à la fois la dure-mère et la boîte crânienne de l'enfant. Le contenu de son tronc cervical se répandit instantanément sur les membres de sa famille.

« Mais c’est dégueulasse ! c’ets quoi encore que ces conneries ?
- SEBASTIIIIIIIEN ! Oh mon Dieu ! Où est Sébastien ?
- Maman j’ai peur !
- C’est quoi ce délire… c’est cette espèce de saloperie poilue qui a SPLOTCH ! »

La tête du mâle adulte explosa avec beaucoup plus d’élégance. La matière cervicale gicla très proprement en deux faisceaux fluides, roses et tièdes à travers les narines de l’humain.

Watlin buguhadi admira la maîtrise de son travail. Il trouvait un peu dommage cependant que la petite fille et la matriarche ne semblaient pas partager son goût de la chose bien faite. On ne pouvait pas trop leur en vouloir après tout : il s’était bien foiré sur la première tentative, en témoigne les bouts de cerveau et les tâches de sang ou de matière blanche qui leur maculaient la chevelure et le visage.

Delà à lui vriller les tympans, ce n’était peut être pas justifié. Les deux femelles, plus subtiles et plus féroces, comme c’étaient le cas chez beaucoup d’espèces animales de la galaxie, avaient compris sa manœuvre. Elles tentaient donc à présent de l’attaquer à leur tour en émettant elles aussi de puissantes ondes sonores dans sa direction. Hélas pour elles, leurs glandes sapoïdales atrophiées ne leur étaient d’aucune utilité : elles parvenaient à peine à dépasser les cent quarante décibels.

Les femelles sont souvent plus fortes et de plus résistante constitution que les mâles. C’est pourquoi Watlin buguhadi visa leurs cerveaux avec une férocité outrancière, l’une après l’autre, en commençant par la plus grande. Il fallait en finir vite avant qu’elles n’alertent les clans voisins.

SPLITCH ! SPLATCH !

L’attaque fut dévastatrice : cette fois-ci la purée gicla de tous les orifices, et un bout d’os occipital précipité à haute vélocité, manqua de peu éborgner Watlin buguhadi. Cette fois-ci il estima qu’il en avait vraiment trop fait. Ce jus d’airelle entravait ses perceptions. Il se retrouva tout salopé, debout sur la table du salon, parmi les restes d’épines dorsales et de croissants, les pieds baignant dans de la bouillie encéphalique.

Affalé sur le canapé, Gontran, lui, avait un avis mitigé quant à son nouveau colocataire, il ronronna tout de même pour saluer la prestation de celui-ci.

A l’autre bout du salon, le cerveau du présentateur de la chaîne d’information continue émettait à son tour un très beau « SPLOTCH » en dolby stéréo et en full HD.