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Cadre idées :issues du RP Le noeud du fauve
https://ter-aelis.1fr1.net/t7924-le-noeud-du-fauve - Citation :
Le corps d'ébène noir de celui qu'on appelait son frère Per'zol le brutal. Monstre à la fois minérale et organique, créateurs de pierre et de chair, son corps se perdait, à semi mélangé dans le sol lui même. Dans l'obscurité on distinguait à peine les étranges angles que formait ses ailes atrophiées qui l'empêchait de voler aussi bien que les autres de races, l'obligeant à ramper sous terre et sur terre, tel un lézard. Animé des fureurs du monde, détruit par les Anciennes guerres, reconstruit par Issac il y a longtemps sur la base d'anciens artefacts, il était probablement l'Aspect le plus étrange et le plus effrayant. Personne ne savait au juste de quoi il pouvait bien être gardien mais tout le monde le craignait pour sa cruauté latente, propre à déverser un flot de destruction sur ce monde qu'il haïssait depuis des siècles.
Carte :
https://ter-aelis.1fr1.net/t8833-cartes-historiques-l-ancien-continent--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Per’zol le brutalLorsque vint le temps de la naissance, Zig’mor enfanta d’un enfant dont personne ne sut déterminer le sexe. On l’appela Pirfith ce qui veut dire l’hybride, et son père le jeta au fond d’un cachot en compagnie d’Hyrzal l’asséchée.
C’est là qu’Hyrzal nourrit Pirfith de son propre sang car le lait lui faisait défaut.
Ses poumons n’avait connu d’autre air que l’humidité des profondeurs. Sa peau s’écaillait de n’avoir jamais vu le soleil et se durcissait de coucher à même la roche froide des prisons. Ses yeux habitués à discerner le moindre mouvement dans l’obscurité se recouvraient peu à peu d’une membrane intérieure. Ils se protégeaient des quelques rayons qui perçaient à peine aux grandes journées d’été quand les deux soleils atteignaient leur Zénith. Son épiderme rugueux et son teint livide gardaient la pâleur des jours sans soleil.
Lorsque vint le temps de la raison Pirfith creusa une cavité dans sa geôle pour attendre la mort et Hyrzal le couvrit de sa peau en lui contant le pouvoir de la terre. Il lui disait la complainte des Mondes et les prières du scellement. Durant ce temps, le dos de Pirfith se fendit, ses lèvres s’effacèrent et son nez ne fut plus que fentes.
Lorsque vint le temps de la mort, Pirfith se retrouva seul. Alors il creusa la terre pour couvrir Hyrzal en lui chantant les lamentations parricides.
C’est ainsi que Pirfith s’enfonça dans le sol. Il suivit le long tunnel qu’il forait des mois durant sans jamais s’arrêter et s’enfouit dans les abysses.
Vint alors le temps de l’accueil.
Pirfith, calé sur ses longues jambes maigres, le corps plié en deux par l’effort, avait pénétré le domaine de Per’zol qui dormait du long sommeil des rêves féconds.
Les gouffres cernaient Pirfith qui choisit de descendre les précipices pour atteindre les feux. Ils brûlaient au fond de vastes fosses. Des rivières de laves pourpres coulaient lentement, camouflées derrière les nuages de fumées. Les volutes précédaient le ruban rougeoyant le long de larges talwegs ouverts vers des cratères exultant. Les feux dessinaient sur la roche brute des spirales qui couraient vers les profondeurs.
Enfin, Pirfith dépassa le lac aux nuées ardentes sans se laisser distraire par les crépitements des eaux en ébullition qui grésillaient sous la chaleur. Il surgit dans une caverne dont les parois étaient comme miroir de roche. De gigantesques pans de mica noir dressaient leur verticalité. Les lumières des feux lointains venaient y danser de folles arabesques.
Mais Pirfith ne s’en souciait guère. Devant lui gisait le corps monumental de Pez’zol.
Sombre et opaque, il se confondait avec le sanctuaire et son flanc se soulevait amplement sous l’effet de sa bruyante respiration. Chacun de ses soupirs laissait échapper de ses naseaux, aussi hauts que Pirfith, des bouffées fumigènes qui répandaient dans le sein un brouillard humide et brulant.
Pirfith, n’osait s’approcher de trop près du Dragon gigantesque. Il contourna les griffes plus tranchantes que les lames aiguisées des meilleurs guerriers de Zig’mor. Il prit bien soin d’être aussi silencieux que la pierre pour dépasser les pattes où chaque muscle semblait taillé dans un joyau plus sombre que la roche qui composait le sanctuaire.
Pirfith s’écarta pour contempler la puissance étrange de la créature dont le corps se mêlait à la roche mais se mouvait sous le balancement de sa puissante respiration.
Il finit par s’asseoir en tailleur à plusieurs pas de l’énorme tête. Assis bien droit, les bras croisés sur son maigre torse blanc il attendit.
Ce fut alors le temps de l’attente.
La tête de Per’zol cachait toute autre vue à Pirfith. Il resta des nuits durant à surveiller le moindre mouvement dans cet amas de chair et d’os qui semblaient n’être que la continuité de la roche originelle.
Chaque rocher formait une sorte d’écaille taillée avec art, et Pirfith pouvait voir son image se répéter à l’infini dans les multiples facettes de la mâchoire immobile du dragon.
C’est ainsi que Pirfith découvrit Pirfith le Blanc.
Pirfith le Blanc attendit que le temps se révèle à lui. Oublieux de sa raison d’être, il apprit à compter le temps en suivant les souffles de fumées de Per’zol.
Au neuvième jour, comme Pirfith dormait, les huit vibrisses qui couvraient les paupières grumeleuses de Per’Zol se mirent à frétiller brusquement. Pirfith l’entendit dans son sommeil car était venu le temps du Réveil.
Une ronde de huit loups de pierre aux gueules qui crachaient le feu surgit autour de Pirfith. Ils le menaçaient de leur regard de braise et leurs rugissements éventraient la conscience du pauvre Pirfith qui hurla dans son sommeil.
Ils dominaient le Blanc et les blessures écarlates qui pavaient leurs flancs musculeux suintaient d’un sang noirâtre.
Ils se jetèrent sur l’enfant oublié et lui arrachèrent les entrailles. Leurs longues langues léchaient les dernières traces de vie dans le corps osseux de Pirfith. Puis ils lui soufflèrent un feu brûlant dans le ventre.
Quand le dernier molosse eut achevé de lécher la large plaie que le feu cicatrisait, ils s’enfoncèrent dans les profondeurs de la terre. Ils laissèrent Pirfith aux prises avec ses rêves.
C’était le temps de l’Union.
De son ventre brûlant, il apprit combien il est illusoire de vouloir exister pour soi.
Son esprit manipulé par l’illusion fantomatique des peuples déchus assemblés en une masse compacte et difforme sur le tertre du courroux était lentement rongé. Les peuples déchus s’enlaçaient et caressaient leurs peines en de longs combats. Ils copulaient leur vengeance et laissèrent leur semence dans le ventre échauffé prêt à la couver.
L’esprit brutalisé de Pirfith étouffa sous la haine. Son ventre fécondé se nourrit de la colère des ancêtres.
Quand vint le neuvième mois, Pirfith, le ventre gonflé vint se placer contre le giron de Per’Zol. Il entreprit alors de monter sur le dragon. Son flanc était haut comme une montagne et semblait issu même de la caverne où il était étendu. Pourtant, il était soulevé par la respiration grondante de l’être endormi et le chemin que prit Pirfith avait la chaleur d’une peau maternelle. Malgré la fatigue de la grossesse, il fut aisé pour le blanc d’atteindre le cou.
Il s’installa sous le couvert d’une large écaille plus luisante que les autres.
Vint alors le temps de la vie.
Pirfith déchira lui-même son abdomen pour que sortent les hordes de bannis. Ils se déversèrent sans relâche pendant sept jours et sept nuits. Quand le dernier en fut extrait, Per’Zol cligna des yeux et tous purent voir la profondeur chaotique du courroux dans son regard. A leur cri uni dans la volonté de se nommer, Per’Zol ouvrit la gueule et son appel fut leur réponse. Dans le convent de Per’Zol, les vents de la colère s’unissaient pour chasser.
Pirfith s’installa sur le col de l’Aspect de la Terre qui accueillait à nouveau la vie.