[conf. Sang] L'étrangère et le maître.

Arzenia Prengt avait réfléchit toute la journée. Il hésitait. Cette étrangère pouvait tout autant se révéler d'une aide précieuse, que d'un danger mortel. Elle souhaiter demeurer libre, visiblement, mais rien n'assurait qu'elle ne pourrait être courtisée par l'Unique ou le Sang. Les monothéistes disposaient par exemple de vastes laboratoires de chimie, ce qui pourrait sans doute l'intéresser, en tant que fabricante de potions. La situation était délicate.
Il prit sa décision.

Il se rendit donc au lieu de rendez-vous convenu. Visible sans être en pleine rue, il se posta pour l'attendre. Elle ne mit pas longtemps à paraître. L'attendait-elle ? Ou l'avait-elle senti ? Coïncidence ? Arzenia choisit d'être moins brusque cette fois. D'ailleurs, l'étrangère gardait ses distances, une juste mesure de protection, sans doute. Il lui fit un léger signe, pour qu'elle le suive. Ils empruntèrent plusieurs rues, marchant éloignés l'un de l'autre, pour ne pas se mettre en danger ni attirer l'attention. En quelques minutes, ils atteignirent l’extrémité Sud-Ouest des remparts, au bord de l'eau. Seuls enfin, il lui parla.

"Je m'excuse, si j'ai été agressif, ce matin. Par les temps qui courent, la confiance est devenue monnaie rare, et la violence est parfois la seule protection. Il marqua une pause. Voila ma proposition : J'ai un test à te soumettre, quelque chose qui mettra à l’œuvre tes talents de... gastronome, si tu vois ce dont je veux parler. Si tu réussis, tu gagneras ma confiance, notre confiance. Et une fois cette guerre passée, tu seras libre de tout commerce dans cette cité. Pourquoi pas même ouvrir un comptoir. Et si l'envie t'en dit, nous t'ouvrirons nos portes. C'est à toi de voir. Veux-tu relever mon défi ?"

Il avait parlé d'une voix calme, montrant ainsi qu'il n'y a là aucune malice, une proposition honnête pour une tâche honorable.

Une fois le rendez-vous donné, Zéa se rendit à l'angle des deux rues. Repéré la veille, c'était un coin tranquille qui offrait une vue dégagée sur les environs ; si l'on prenait la peine de prendre un peu de hauteur. Zéa attendait patiemment que le racoleur daigne se présenter, laissant les rayons solaires lui chauffer doucement la peau.
Le désert lui manquait déjà.
Elle sombra alors dans une profonde nostalgie que seule la fraîcheur de la nuit avoisinante rompit.
Alors que le ciel rosissait, elle perçut la présence attendue. Faisant preuve d'un grande discrétion, il marchait d'un pas si léger qu'elle ne l'aurait pas remarqué sans ses sens aiguisés par ses nombreuses années de formation.

Elle le rejoignit, puis, lorsqu'il lui avait fait signe de le suivre, elle lui avait emboité le pas tout en gardant ses distances.
Arrivés au bord de l'eau, l'individu s'était alors adressée à elle en faisant preuve de beaucoup de calme et sa voix était dénuée du ton condescendant qu'il avait opté à leur précédente rencontre. Elle le considéra sous un jour nouveau, s'efforçant de percer à jour sa personnalité.
« de gastronome » il l'a considérait comme une simple empoisonneuse. S'il savait seulement à quel point il se trompait.
Mais qu'importe.
Le test avait en réalité déjà commencé. Devait-elle considérer qu'il la prenait pour une simple recrue pour la guerre prochaine ou y avait-il autre chose ? L’intonation de ces quelques phrases « notre confiance.. t'ouvrirons nos portes … défi... » avait comme l'écho d'un double sens.

La jeune hybride avait eu à faire face à des défis tout au cours de sa vie, que se soit avec son peuple ou dans le désert. Aussi accepta-t-elle sans sourciller plus par curiosité que par un quelconque intérêt pour la "cause".

En signe d'acceptation elle lui présenta sa main, paume vers le ciel.

L'observation et la psychologie de ce qui t'entoure sont également de très bon moyens de se préserver. Si tu ne réagis que par la violence à tous signe extérieur ta peau sera grêlée bien plus tôt que tu ne le penses.

"C'est que tu te montrerais presssque un peu bavarde aujourd'hui." Lui siffla Sû au creux de l'oreille.

- Il s'agit moins de réagir violemment que de réagir le premier. Mais assez parlé.

Il regarda autour de lui. Personne dans les environs, ou du moins personne qui ne leur prête attention. Il s'assit en tailleur, et déploya contre les pavés de la ruelle une carte pliée dans sa veste.

- Nous sommes ici, au Sud-Ouest, contre la porte de la Liberté. Nous devons rallier l'endroit où l'armée de l'Unique est campée, quelque part par là d'après ce que l'on sait, ajouta-t-il en indiquant du doigt un endroit qui se trouvait au dehors de la carte. On peut y être en quelques heures par la plaine, mais c'est trop risqué, compte-tenu de notre mission. Il nous faut arriver de nuit et par un chemin détourné.

Il leva les yeux vers le ciel parsemé de nuages couleur saumon. Une faible brise les entraînait lentement à l'est. Un ciel de guerre qui augurait le sang à venir.

- Nous partirons donc au crépuscule. La saison commence à être avancée, il sera tard quand le soleil se couchera, et tôt quand il se lèvera. Notre fenêtre d'action sera donc courte, et notre itinéraire rallongé par les détours. Il désigna une bouche d'égout par laquelle s'écoulait un mince filet d'eau souillée. A la pénombre, nous passerons par là pour nous glisser sans être vu jusqu'au port. Je préfère éviter les portes de la ville. Il me semble que tu viens du désert, mais sais-tu nager ? Car il faudra nager, le long de la côte, jusqu'à être à bonne distance de la ville. Nous ne remettrons pas pied à terre avant. L'eau doit-être à une température vivable néanmoins, le soleil a baigné la mer toute cette semaine. Une fois sur la plage, nous nous dirigerons à l'oblique vers le camp d'armée.

Il replia soigneusement la carte et la rangea sous son manteau. Il reporta son regard sur l'Etrangère.

- Donc, est-ce que tu sais nager ? Et ton matériel, craint-il l'eau ?

Du haut des toits, ou elle se remettait doucement de ses aventures pyromaniaques, Mirwane surveillait d'un air distrait les agissement d'Arzénia. Elle avait encore des doute sur cette empoisonneuse... Enfin, une petite balade vers le camp de l'Unique ne lui ferais pas de mal, même si elle allait éviter de s'en approcher de trop près.

Au moment de leur départ, elle se glissa donc derrière eux, les suivants, se glissant de toits en toits, discrètement, tandis qu'ils se dirigeaient vers le port.A leeurs tenues aquatiques, la sorcières avait deviné le plan du maître, et plus il se rapprochaient des quais, plus elle se disait qu'il fallait agir vite. Elle ne connaissait que très peu cette jeune empoisonneuse, et c'était toujours méfiée de ceux et celles qui exercaient ce métier, si elle n'était pas compétante, ils risquaient de perdent des atouts cruciaux pour la guerre qui débutait... Si jamais le pla échouait ou que les doses n'étaient pas suffisante ?
Cela ne ferait qu'attiser la haine que leurs portait l'Unique, et le massacre des civils de Galvorn risquait d'être plus violent encore...

Après un court moment de réflexion, elle se dit que se cacher de ses propres frères ne servait à rien et apparu furtivement aux côtés d'Arzénia sans Zéa ne la remarque et lui glissa à l'oreille, tout aussi discrètement :

Es tu sur de cette femme, maître ? L'Unique est vicieux, leurs sorciers sont puissant, j'en ai fait l'expérience... Le poison sera t'il assez rapide ?

En guise de réponse, la jeune hybride posa ses affaires au sol et entrepris de sortir plusieurs peaux enduites de graisse de phoque et de cire d'abeille, et en enveloppa soigneusement ses besaces d'herbes sèches. Le reste, étant contenu dans de petites fioles en verre, ne nécessitait pas de traitement de faveur.

L'herboriste, passa la tenue qu'Arzénia lui tendait, une sorte de peau épaisse grisâtre. Il ne lui semblait pas reconnaître l'animal qui aurait pu donner un tel matériau. Elle contemplait les pontons de bois vermoulus lorsque Son tatouage frémit et lui siffla à l'oreille :

- Ne te retourne pas de ssssuite, une magicssienne nous à ssssuivit et chhhuchhote au Brailleur. Elle ssse défie de toi.

Zéa prit note de l'information puis se retourna vivement mais sans brusquerie, aucun crissement ne s'éleva des pavés humides. La femme qui se tenait aux côté d'Arzénia prit un petit air surpris. L'hybride s'approcha lentement du couple, fixant la femme droit dans les yeux de ses pupilles verticales étrécies. Soudain, ses pupilles s'élargirent et Zéa proposa presque gaiement :

- Une démonstration ?

Arzenia lui adressa un sourire complice, assorti d'un geste d'invitation.

- Après toi !

Tandis que l'étrangère se glissait délicatement dans l'eau souillée du port, il se tourna vers la sorcière. A en voir les lumières intenses qui s'étaient élevées du camp de l'armée de l'Unique, elle avait fait des merveilles chez eux. Sa présence serait un sacré atout pour le Cercle du Zénith, lorsque la bataille se donnerait dans la ville.

- Je ne suis pas sûr d'elle. De qui peut-on être sûr, par les temps qui courent ? Mais je la mets à l'épreuve. Et je tente par la même occasion de nous rendre service. Mais mon principal objectif est de rallier des partisans. L'armée de l'Unique attaquera tôt ou tard, forte ou faible elle assaillira la ville. Passe par la berge, toi, et donne l'alerte si la côte est gardée. Fais-toi discrète surtout. A toute à l'heure.

Et à son tour, il plongea dans les eaux tièdes du Sud. Il se tint à distance respectable de l'étrangère. L'eau n'était pas son meilleur élément, et il n'était pas à l'abri de quelque piège. A cette heure tardive – le soleil était couché maintenant et les dernières lumières pâlissait dans des nuances de bleu – point de bête sauvage n'errait entre les algues visqueuses du fond de la baie. Les poissons se laissaient reposer délicatement au fond de la mer pour y trouver un repos silencieux, bercés par les courants.
Ils nagèrent un long moment, à une centaine de mètres de la grève. On entendait de là où ils se trouvaient le bruit du reflux sur le sable. Leur progression était lente car ils devaient lutter sans cesse pour ne pas être ramenés vers la plage. L'étrangère nageait avec élégance, visiblement très à l'aise. Elle pouvait bien provenir du désert, elle avait appris à nager quelque part, et pas dans les oueds. Elle était apaisante à observer, faisant presque oublier la fatigue. Arzénia sentait l'eau se refroidir lentement. Le retour serait plus dur. Mais il n'y pensait pas pour le moment, il était concentré sur son plan d'action, une fois qu'ils auraient débarqué.

Arzenia et une étrangère se mouvaient silencieusement dans les eaux le long de la côte, visiblement dans l'optique d'approcher le campement ennemi. Sephiroth-Chokmah les suivait depuis un bon moment maintenant, se dissimulant sur les différents rochers qui émergeaient, ne faisant qu'un avec la brise pour voyager. Comme à l'accoutumée, il frôla légèrement le Maître du Zénith pour lui signifier sa présence, avant de se poster à l'endroit qui marquerait la fin de leur baignade forcée.

Il se dressait droit dans le noir de la nuit tombante, immobile et presque imperceptible. Il attendait leur venue et celle de la sorcière.

- La voie est libre, mais elle ne le restera pas longtemps. La mer sera d'huile cette nuit, mais il fera très froid. Surtout pour les cadavres... murmura-t-il en laissant le vent porter ses mots.

Alors qu'elle marchait au côtés du maître, la sorcière perçu la brise glacée annonçant la passage de Chokmah. Elle avait toujours eut du mal à cerner Sephiroth, multiple et insaisissable.
Ils étaient maintenant sur les rives de la mer, entre le port et les égouts, à la limite même de la ville de Galvorn. L'eau n'étant pas l'élément naturel de la sorcière, elle senti une angoisse courir le long de son dos. Laissant Arzénia et l'étrangère derrière elle, elle s'approcha de Chokmah et s'accroupi, afin de ressentir les messages de l'océan.
La ville derrière elle était silence, et seules murmuraient à présent la brise et l'eau... Elle senti les lourds navires du sang au loin, et le bruit des troupes de l'uniques sur les rives, elle sentit les monstres marins et la gîtes des barques de pêcheurs arrimées aux quais, agitées par la marée...Elle senti enfin la trace douce et subtile de la magie, partout autour... La voix était libre, pour le moment...
Elle regarda Sephiroth, lui adressa un hochement de tête, et se glissa dans l'eau en première.

Méfie toi d'elle, Chokmak, c'est une empoisonneuse...

» [Conf. Sang] La route du Sang [Histoire du Sang]
» [Conf. Sang]Purification de Melaka [Histoire du Sang]
» [Conf. Sang ]RP des Origines: l'Heritage [ Histoire du Sang ]