Drame à bord de l'indégonflable [Rp concerté]

Lorsqu'elle ouvre les yeux à nouveau. Elle a la surprise de constater que la terre n'est pas si lointaine. Une brise secourable l'a poussée vers l'île. En se tortillant convenablement, elle tire les ficelles du parachute de telle façon que sa descente la rapproche encore plus de la terre ferme. Celle-ci grandit à vue d'œil.

Mais c'est un "splash" monumental qui accueille Laouen à sa réception. Emmêlée dans les fils, elle panique en craignant de se retrouver coincée sous l'immense toile. Alors, encore sous l'eau, elle s'acharne à détacher son harnais tout en conservant entre ses jambes le sac remis par la Von Harbou.
Sans doute eut-elle mieux fait de l'abandonner, mais une part conservatrice de son être l'empêche de laisser couler ce butin.
Laouen est une excellente nageuse et elle tient suffisamment longtemps sous l'eau pour remonter avant l'asphyxie vers la surface. Soulagée de ne plus avoir sur les épaules le poids du parachute, elle se glisse sous la toile de l'aile qui forme une sorte de bulle.

Sous le voile tout est blanc et lumineux. Presque reposant.

Elle n'entend plus les cris ni les vrombissements des trombes de flammes.

Quand elle réussit enfin à sortir de sa bulle, elle est stupéfaite par la vision qui s'offre à elle.
Elle a atterri tout près d'une île paradisiaque. Du moins c'est ainsi qu'elle s'est toujours imaginé les îles dans ses rêves d'enfant.
Une immense plage de sable d'un blancheur incomparable sous de grands arbres majestueux qui étendent leurs branches vers la mer.
Rapidement, elle nage vers le rivage et pose le premier pied sur l'île.
Son souffle est court, mais elle mesure l'extrême bonheur de se retrouver bien vivante, trempée, debout sur une plage de sable chaud.

Bonheur de très courte durée car bien vite une question s'impose : "Qu'est devenu l'indégonflable ? Où sont les autres ?"

Alors, elle prend une dernière bouffée de paradis et fait volte-face pour voir l'horizon.

Du haut de son parapente improvisé, Hugo regarde les autres tomber à la mer. Il est pris d'un certain dégoût devant ce qu'il s'apprête à faire. En effet, son poids fait descendre le parapente trop rapidement, et maintenant qu'il distingue une île droit devant, il n'est plus du tout disposé à sacrifier son mécachien en lui faisant faire quelques brasses dans l'eau salée et pleine de grins de sables très mauvais pour les rouages. Il se redresse alors, accorde une pensée à son fidèle compagnon, réajuste la trajectoire et plonge, droit comme un "i" dans l'étendue glacée...

Ses jambes prennent un choc terrible et s'il n'arpentait pas les terres depuis son plus jeune âge, sans doute eurent-elles été inutilisables après l'impact. Sous l'effet de surprise, il ouvre les yeux et veut crier, mais l'eau s'infiltre dans ses poumons et bientôt l'impression que le monde entier l'écrase s'inscrit en lui. Il entend son coeur battre sourdement, le temps semble se suspendre, le froid se propage dans tous ses membres. Puis alors ses yeux distinguent. Une ombre phénoménale dans les rayons qui frappent l'océan. Une lueur orangée qui danse à la surface. L'imposant zeppeline a donc touché mer... Et face à cette merveille mécanique, le conteur sent ses idées de méca-inventeurs lui revenir à l'esprit en même temps que l'énergie regagne son corps. Il a frappé l'océan comme une flèche et c'est de la même manière qu'il regagne la surface, ressentant une jouissance infinie à ressentir l'air remplir ses poumons et son souffle réoxygéner tout son corps. Affichant alors une détermination à toute épreuve et ses dernières forces boostées par l'adrénaline, il entame des brassées sauvages et efficaces vers la terre qui semble si proche et si lointaine. A ce moment, rien ne compte pour Hugo Zeppeline, hormis sa propre vie qu'il sent battre dans ses jambes et sa poitrine, et qu'il entend crier dans ses tempes.

- Vous croyez qu'il coule ? J'ai l'impression qu'il s'est arrêté de descendre... glisse la petite voix de Laouen dans le cou de Lydia Von Harbou.

La femme du monde a repris du poil de la bête et semble combiner une énergie continuellement indomptée à un tempérament d'enfer. Elle dresse le menton vers l'horizon et serre fermement ses mâchoires pour ne pas perdre pied.

En effet, la carcasse de l'indégonflable a ralenti son immersion. Seule la proue sort encore de l'eau  et lève son nez vers le soleil qui descend sur l'horizon.
Bientôt, la boule de feu encercle les lieux du drame dans un halo orangé tandis que les débris viennent s'échouer lentement sur la plage, poussés par la marée montante.
Les deux femmes n'ont pas bougé. L'une semble défier le présent et l'autre plisse les yeux pour ne pas pleurer. Dans un même effort, elles gardent la tête haute.

Point trop n'en faut, la belle Lydia s'ébroue et secoue le gamin à ses pieds qui pousse un vague gémissement. Aussitôt, Laouen se baisse et aide le commis à se relever. Mais la maîtresse femme qui l'accompagne ne la laisse pas materner le jeune homme. Celui-ci est happé, soulevé de terre, pressé de toute part afin qu'ils leur trouve des victuailles, illico presto !

Sans doute, l'idée de fuir la furie qui le secoue pousse l'enfant à s'éloigner vers la forêt en courant.
C'est en le regardant partir que Laouen aperçoit la chose à l'orée des arbres. C'est une sorte boite métalique agrémenter d'espèce de bras et d'une sorte d'oeuf en guise de tête. D'où elle est, Laouen n'en voit pas plus. Mais elle hèle Lydia apeurée !

- Lydia ! Regardez ! Là !

Hugo Zeppeline nage pour sa vie. Une brassée après l'autre pour se sauver de l'immense mer qui le berce et l'incite à se reposer dans son lit. Il parvient doucement à la plage où il finit par s'écrouler d'épuisement. Là il entend un aboiement métallique et un sourire d'apaisement éclaire son visage. Le mécachien a reconnu son maître et le tire par le col pour le traîner hors des vagues qui viennent encore lui lécher les pieds. Une fois son maître allongé, celui-ci se couche avec les pattes positionnées de façon à ne pas écraser son maître mais à le protéger de toute menace extérieure. Hugo peut récupérer tranquille, le mode survie est activé. Il perçoit le chant des oiseaux, le craquement des branches, le vent dans les arbres et le chant de la mer qui roule sur le sable fin. Il sent le soleil sur sa peau et percoit l'odeur de brûlé qui doit imprégner ses vêtements et ses cheveux. Il entend aussi un bruit métallique inconnu, qui n'est pas celui de son mécachien. Son attention se centre un instant sur cette anomalie mais l'absence de forces a raison de son esprit et il plonge dans le brouillard...