Le Troquet Romantika [zone publique]

Nombre de messages : 9 Age : 38 Date d'inscription : 28/09/2009

Une chance pour elle : dans sa perte partielle de la "réalité" il n'était pas encore en état de faire attention aux "petits" détails.

CLIC! Du briquet d'amadou la flamme jaillissait pour allumer le mélange de tabac brun et de Kaugoed avant qu'il n'en prenne une bouffée...recrachée dans un soupir de soulagement. Le psychotrope à l'odeur reconnaissable pour les habitués aiderait à combattre la crise de folie naissante tout en faisant baisser le taux d'adrénaline....enfin, dans un moment.
Pour l'heure, légèrement absent, peu enclin à donner dans le social, transpirant le stress et les pupilles en tête d'épingle il devait surement passer pour un fou psycho-violent. Mauvaise idée.

Des gestes simples, pour se re-cadrer plus facilement et focaliser l'esprit : retirer les gants de cuir pour les disposer de façon presque maniaque, bien superposés l'un sur l'autre à droite de la table. Dégainer repose pipe et cendrier de poche, les placer l'un a la suite de l'autre, devant soi, de façon à avoir le fourneau au dessus du second accessoire. Fermer les yeux, penser, les rouvrir, refaire le chemin arrière, rouvrir les yeux, fumer, faire appel au serveur qui, depuis l'arrivée, se demande s'il doit éviter le "client" ou le servir sans montrer son malaise.
Commander un pichet de vin rouge, pour accélérer et aider les effets de la drogue.

Attendre. Fumer. Se recentrer et réussir à tenir encore un moment.

Nombre de messages : 181 Age : 43 Date d'inscription : 24/09/2008

Quand il allume sa pipe, l'odeur âcre pénètre l'elfe, qui l'identifie enfin. Dans sa vie, déjà bien plus longue que celle d'un humain, elle en a connu qui ne pouvaient vivre sans ça. A voir sa façon d'être, elle devine que ce n'est pas simplement une histoire de drogue. Son agitation se calme peu à peu, ses gestes ralentissent même s'ils restent mécaniques, ses yeux fous semblent à nouveau accrocher le monde. Pas un de ses mouvements ne lui échappe alors même qu'elle surveille la porte d'entrée avec un soupir agacé.

Elle prend son temps. Commande une seconde vodka, avec l'air résigné de celle qui a décidé que boire était tout ce qu'il lui restait pour ce soir.
La Chasseuse le voit bien, c'est un homme dangereux. Attirant. Perturbé. Intriguant.
Le loup reconnait le loup. Celui-ci est un grand mâle solitaire. Sa présence est une anomalie. Doit-elle être éliminée? Ou bien sera-t-il l'un de ces électrons libres qui pimentent la vie?

Patience. Son regard d'or se pose sur lui quelques secondes, le temps qu'un sourire carnassier se dessine avant de disparaitre derrière son verre.

Nombre de messages : 9 Age : 38 Date d'inscription : 28/09/2009

Verre vide à nouveau qu'il déposait sur la table, à gauche du repose pipe avant de frapper cette dernière sur le cendrier de façon à en vider le fourneau sans laisser de traces.

Ça allait déjà mieux, la mesembrine finissait par monter et l'alcool, en augmentant le rythme cardiaque et donc, la pression artérielle, faisait circuler l'alcaloïde plus rapidement.
Les pupilles se dilataient pour reprendre, lentement, leur taille normale et enfin éclaircir la vision du Voyageur.
Les muscles se détendaient, l'anxiété baissait, le Rêve le quittait de force et sans trop de douleur.

Il commençait à avoir l'habitude et était équipée de la pharmacopée nécessaire au traitement. Heureusement, prise assez tôt, la Folie pouvait être évitée. Enfin, pour un temps et...Qu'importe au fond : il était question de reprendre contact avec le monde.

Du barda étaient extirpés carnet de voyage(16x24) et mine de plomb. Le temps du dessin, qui servait tant à remplir le dit journal, qu'à faire travailler les méninges, mais également à pouvoir zieuter ce qui nous entourait avec un prétexte valable. Après tout, il faut bien regarder ce que l'on "immortalise" sur papier.

Première étape, trouver un sujet...et se faire asséner une droite par ce petit groupe de questions généralement résumées par la magistrale [et bien connue] : "qu'est-ce que j'fou là"?
Question évidement sans réponse satisfaisante qu'il gardera pour lui avant de mettre à griffonner le décors général tout en (arg) rose, (ouch!) amour mielleux et (sic) douceur.
Comme la couture, fumer une cigarette ou encore simplement courir, le dessin aidait à la concentration, et à la réflexion.

Mal gré sa couche de sucre, le Troquet n'avait pas un effet unanime sur la clientèle et, ça et là, des tâches apparaissaient sur la belle nappe de la scène. Agars, seuls, une nana aux oreilles de chats entrain de fondre sur elle-même, un dessin vivant dont il ne voulait rien savoir, un psychotique notoire et même un à poil entrain, visiblement, de s'en prendre une belle de la part d'une espèce de mince matrone zélée. Le quatuor digne des Annales du Disque Monde avait d'ailleurs foutu un beau bordel dans leur zone. Transformant une parcelle du Troquet en miniature de Beyrouth après les bombes. La classe.

Oui mais. Car "mais" il y avait.
Elle. Il avait deux ou trois fois passé son regard dessus sans s'arrêter, entre deux coups de crayon pour dessiner la salle.
Pas non plus à sa place, mais pas plus que les autres et pourtant. N'était-elle pas entrée dans la périphérie de son champs de vision lorsqu'il marchait encore avant d'arriver ici? Comment savoir après tout? Entre le délire et la population locale dans les rue avoir une certitude était impossible.
Pourtant, quelque chose clochait, comme toujours.
Premièrement : elle ne faisait rien. Rien, si ce n'était attendre et, il en était certain, le fixer quand il se recentrait sur ses croquis. Les picotements sur la nuque ne mentaient pas.
La position de Lùthien méritait aussi d'être remarquée.
Le Doute s'installe. Et le doute n'est pas possible.

Une poignée de minutes donc, qu'il passera a dessiner sans lever les yeux, avant qu'il ne reprenne un verre de vin et remballe ses affaires. Le barda sera lancé sur le dos, ce qu'il pensait être le prix maximum de sa commande posé sur la table et l'arbalète renvoyée sur l'épaule.

Direction la sortie, sans un regard à qui que ce soit.

Nombre de messages : 181 Age : 43 Date d'inscription : 24/09/2008

Il reprenait pieds dans la réalité, enchainant les gestes mécaniques, propres à l'ancrer. Il dessina, ce qui éveilla encore plus la curiosité de l'elfe. Bien qu'en ce pays, les dessinateurs et autres peintres ne soient pas rares. Par contre, les commandos, ou quel que soit son statut militaire, fous et dessinateurs étaient déjà moins courant en Ter Aelis. Mais rien n'était impossible ici.

Sa seconde vodka largement finie, Lùthien hésitait. L'homme semblait l'avoir remarquée. Ce qui fut rapidement confirmé par sa sortie, tout autant à l'emporte pièce que son entrée. La Chasseuse commanda une troisième vodka alors que son rire cristallin s'élevait dans le Troquet, lui attirant des regards interloqués. Elle le recroiserait, c'était certain. Ou alors il aurait quitté la contrée. Pas la peine de se presser. Savourant son verre, elle se détendit, posant ses longues jambes gainées de cuir sur la table devant elle et basculant son siège sur les pieds arrières. Ce qui lui valut un regard horrifié de la part du barman, à qui elle sourit largement, laissant sortir ses crocs alors que ses pupilles se fendaient. L'homme se pétrifia et essaya consciencieusement de faire comme si l'elfe n'existait pas.

Elle réfléchissait. Il fallait qu'elle aille travailler. Mais ce soir, c'était la pleine lune. Il fallait donc qu'elle finisse avant son lever. Un coup d'œil dehors lui apprit qu'elle aurait juste le temps de retourner à Galvorn et de faire son show. La vodka finit d'un trait au fond de sa gorge, brûlante, feu joyeux dans ses veines. Dans le même mouvement, elle se leva, posa le prix de sa consommation sur la table et attrapa sa veste de cuir avant de sortir d'un pas décidé. Direction le service d'hippogriffes et la taverne L* P*LACE à Galvorn.
Son sang frappait à ses tympans et le loup hurlait au carnage dans son esprit.

Invité

Un homme à l'air bougon et au visage grognon s'assied à la première table venue.

-Un whisky.

On lui apporte son whisky. Il le boit. En commande un autre, l'ingurgite. Puis un autre, se l'envoie dans le gosier. Encore un autre! Qu'il ne se rappelle plus très bien s'il a avalé ou non. Il attrape un serveur au passage et, avec de la fièvre dans le regard, lui lance:

-C'est joli. C'est vivant. L'alcool est bon, y'a pas à dire. J'en dis quand même que ça ne vaut pas le Kom Turgo.

Bourré, repu, ivre de mesquinerie, il se lève et repart se coucher, car malgré ses reproches, il n'a certes rien de mieux à proposer.

* Burp *

- N'oublions pas de roter notre style.

Au détour du chemin, après sa visite express aux bibliothèques, Aeris était tombée sur le Troquet. Le lieu semblait à l'abandon total, ce qui ne manqua pas de la déprimer. Après tout, elle devait beaucoup de choses à la taverne. Notamment un mari, c'est vrai. Ou du moins sa demande, mise en forme, quoi que loin d'être bonne ou due n'est-ce pas. D'ailleurs, d'où pouvait bien provenir cette expression, 'en bonne et due forme' ? Comme s'il y avait toujours une façon standard de faire ou de dire les choses …

Encore une fois, l'esprit de l'atlante, par trop embrouillé, c'était littéralement égaré dans les souvenirs et dans ses pérégrinations mentales absurdes. Elle détailla le Troquet : La coupole semblait terne, comme ayant trop longtemps accumulé la poussière. Il était vide, ça ne faisait pas de doute. Mais peut-être le barman était-il toujours à l'intérieur, continuant à espérer de nouveaux clients. Qui sait.

Dans un geste incertain, Aeris poussa le battant. Elle découvrit alors, surprise, qu'effectivement le barman était là, seul, accoudé à son comptoir. Peinée par la déchéance d'un endroit qui signifiait tant pour elle, le jeune femme s'avança dans la lumière ténue du jour qui déclinait et alla s'asseoir directement au bar. Aujourd'hui, elle était venue seule.

- Alors, plus beaucoup d'activité ici, hein ?

Aeris tentait d'entamer la discussion, mais ce n'était ni le moment ni l'interlocuteur adaptés visiblement. Résignée, elle regarda la carte. Tous les coktails semblaient avoir été créés pour signifier l'amour, l'exhiber, le cracher. Risible. Ce n'était pas sa vision des choses, ce n'était plus son état d'esprit.

- Une veuve noire, s'il vous plaît.

Le barman la regarda d'un oeil maussade.

- Oui, je sais. Ce n'est pas sur la carte, ça n'est pas à l'image de l'établissement. Mais je me sens sombre ce soir, et pas d'humeur à pousser jusqu'à Galvorn. Mais si cela vous dérange, je me le préparerai moi-même.

- Non, non. Je m'en occupe.

- Non, non, je m’en occupe, fit Sephiroth.

Il était occupé au téléphone avec Cassiopée. Les ondes passaient mal au Manoir avec tous ces arbres alentours mais ils parvenaient tout juste à s’entendre. Le tutélaire se demandait si le fait d’inviter sa collègue et supérieure au troquet romantika ne serait pas mal vu par les aelissiens. Jugeant que boire un verre ne faisait pas de mal, il ne s’était pas laissé le temps d’y réfléchir plus longtemps et avait préféré appeler directement Cassiopée. Après avoir échangé quelques politesses, il avait fini par lui fixer rendez-vous en prenant le soin de s’occuper de la réservation.
Le troquet romantika était bien vide et c’était quelque part une bonne chose. Sephiroth pourrait discuter tranquillement de ce qui lui semblerait bon sans avoir à craindre les oreilles indiscrètes.

* Toute façon, pas le choix… dans ces cas-là il faut soit personne, soit une foule, pour être sûr de ne pas attirer l’attention ! *

Il se demandait si tout ce qu’il entendait était vrai et il n’était pas sans savoir, grâce au Cerle du Zénith, que Cassiopée avait un rôle prépondérant dans les rumeurs qui se propageaient dans le pays. La seule façon de le vérifier était de la questionner, tout en lui apportant son soutien. Il se demanda comment agir… Devait-il aborder le sujet comme s’il s’agissait d’une banalité ou bien mettre les pieds dans le plat ? Il finit par se dire que la nymphe était tout sauf la dernière des imbéciles et qu’elle comprendrait vite son manège. Il décida donc de prendre un peu de bon temps avant d’annoncer clairement la couleur qu’il comptait donner à la conversation. Ces pensées mises en ordre, il demanda au serveur d’apporter plusieurs variétés de cocktails, mais aussi quelques softs, histoire de laisser un grand choix à la dame des étoiles. Il s’assura aussi que comme convenu, les tables autour de la sienne étaient réservées à son nom, pour s’assurer qu’aucun visiteur incongru ne viendrait les troubler ou les écouter. Tout était parfait. Ne manquait plus que Cassiopée.

Ne manquait plus que Cassiopée se rompe le cou à l’atterrissage ! Issac était d’humeur massacrante depuis leur dernière altercation avec Freuzne. Cassiopée ressentait dans ses muscles et dans sa chair les marques de leur combat où son dragon avait fait le mort, la laissant seule aux prises d’un homme qui n’en était pas un.
Depuis ce moment, elle écoutait son être intérieur avec toute l’attention qu’on accorde à l’inconnu.
Mais à présent, elle voguait sur son dos, accrochée à la membrane osseuse qui garnissait la crête du somptueux dragon, se cramponnant à ses écailles comme elle le pouvait, s’arrachant la peau des jambes en s’évertuant à serrer étroitement le cou de son duo. Celui-ci était déchainé et semblait poursuivre la moindre risée pour la devancer, filant entre les nuages qui défilaient sous ses yeux, accomplissant loopings et vrilles sans que les cris de Cassiopée ne l’arrêtent.
Leur descente sur Wilwarin s’effectua à une vitesse vertigineuse et Cassiopée se demandait vraiment comment Issac achèverait sa course. Le paysage se rapprochait à une telle vitesse qu’elle semblait convaincue de leur fin proche.

Pourtant, les vigoureuses pattes du dragon suffirent pour freiner l’élan du couple et le réceptionner sans encombre.

Les jambes encore flageolantes, Cassiopée descendit de son dragon non sans oublier de l’invectiver des mille petits noms doux qu’elle lui réservait quand elle s’adressait à elle-même.

-C’est pour t’apprendre à me faire confiance. Lui répondit laconiquement Issac. Les jours à venir seront sans merci et tu devras avoir une confiance aveugle en moi.

Il alla alors se percher sur le toit du Troquet Romantika pendant que Cassiopée pénétrait dans le Bistrot aux allures luxueuses.

Elle repéra bien vite Séphiroth car la salle était vide. Il était confortablement installé sur un petit fauteuil à volants roses que Cassiopée trouva d’un kitch incroyable complètement déplacé pour recevoir le céans de l’homme digne qu’était son collègue de travail.
Elle était habituée à le voir dans les murs ancestraux du manoir et le contempler ainsi au milieu de tous ces froufrous la perturbait au plus haut point.
Elle vint pourtant s’asseoir devant lui en lui accordant son plus doux sourire :

- Bonjour Sephiroth… Que me vaut donc cette convocation dans un lieu si charmeur ?

Sephiroth semblait calme et d’humeur imperturbable comme bien souvent elle le côtoyait. Il avait revêtu pour l’occasion une tenue simple mais dénotant d’un goût prononcé pour l’élégance pure.

Il avait revêtu pour l’occasion une tenue simple mais dénotant d’un goût prononcé pour l’élégance pure. C’était quelque peu vantard de sa part de penser ainsi, mais c’était indéniable ! Ces derniers temps, le tutélaire avait eu un virage à cent-quatre-vingts degrés en ce qui concernait la mode. Ses toges de gardien de lui suffisaient plus, il voulait attirer les regards. Il esquissa un sourire lorsqu’il vit Cassiopée qui était toujours habillé de façon si charmante. Il trouva que quoiqu’elle porta c’était son sourire qui faisait la différence. Il allait de soi que ce rideau d’étoiles ne pouvait que bien seoir à la nymphe.

Il répondit à sa question en poussant un verre devant elle et finit par expliquer, sans sous-entendu mais sans se mouiller :

- Vois-tu, Cassi, dans mon passé j’ai toujours pu dégoter un tas d’informations. Et je trouve qu’il n’y a pas meilleure façon que de discuter et s’informer qu’autour d’un bon verre en bonne compagnie. Autant joindre l’agréable à l’utile, non ? Que penses-tu d’une petite réunion entre tutélaires autour d’un délicieux cocktail du troquet ? On pourrait faire le point sur ce qui se déroule dans Ter Aelis en ce moment.

Il lui décocha un grand sourire chargé de sous-entendus : on ne pouvait pas vraiment refuser de travailler, il lui tendait ouvertement le piège de devoir répondre à quelques questions. Néanmoins, cette astucieuse manœuvre restait très courtoise, car il n’obligeait en aucun cas Cassiopée à se montrer désobligeante : elle pouvait choisir ce qu’elle voudrait bien dire sur n’importe quel sujet.

Il ajouta, d’un ton plus doux :

- Je trouve que l’on devrait plus souvent se retrouver autour d’un verre qu’autour d’un bureau. Nous n’avons pas beaucoup de loisirs communs, toi et moi. On est toujours en train de se parler lorsqu’il y a du travail dans l’air. Je t’estime beaucoup et travailler ensemble est une façon de te témoigner tout le respect que j’ai pour toi, mais ce n’est pas la meilleure façon de pouvoir te démontrer toute mon amitié.

Il la regarda franchement, cherchant dans son regard si les propos qu’il venait de tenir étaient bien accueillis.

Insoutenables instances, ici au moins elle serait à l’abri des regards et de toutes ces créatures étranges. Marcher jusqu’ici avait été fatiguant mais la chandelle en valait le jeu… La brise incessante joue désormais avec sa chevelure comme la dame évanescente de ses souvenirs. Toute rouge de ses responsabilités. La passerelle semble large mais le vertige l’est plus grand encore. Comment se peut-il que son esprit n’est pas associé « hauteur » et « vide» plus tôt. Agrippée à la rambarde tel un escargot à un pot de fleur, les genoux vers l’intérieur prêt à plier sous le poids de son corps et de sa guitare, elle regarde le vide. Les yeux trop vitreux et trop sec à la fois pour pleurer.

Saloperie de hauteur. Pourquoi y a pas de terre en dessous…

D'ici les nuages semblent un tas de coton bien moelleux, si c'est pas traître ça ? Le vide attire-t-il toujours autant les gens perdus ? C'est pas juste d'aimer autant la hauteur et de détester à ce point le vide, car ça, c'est bien réel.

Un chien ? Ou une tortue ? Un papillon peut-être ?

Maintenant son seul espoir est d'attendre que quelqu'un s'apprête à sortir ou entrer dans ce bâtiment plus luxueux qu'un bar classique. En attendant elle se raccroche autant à la barre de fer horizontale qu'aux formes étranges de coton.

Formes étranges de coton, coussins de dentelles, volants de soieries roses encadraient le corps de son acolyte. Alors que Cassiopée admirait la verve presque incessante de son compagnon, elle restait pensive, la tête légèrement penchée, un sourire triste sur les lèvres.
Elle appréciait les mots qu’il venait de prononcer comme elle aurait apprécié des caresses sur la peau. Pourtant, elle ne pouvait s’extraire des pensées terribles qui l’accablaient ces derniers jours.

Un grondement sourd vint secouer son crâne :

- Ton humanité te rend faible Cassiopée. L’époque des chairs faibles ne pourra perdurer. Il est temps que tu regardes devant toi et que tu puises aux sources de tes Origines.

-Mes Origines ? Que connais-tu d’elles que je ne sache pas ? Veux-tu parler des Etoiles ?

-Je parle de tes Origines pas de ton palais.
…
Connais-tu la personne qui vient ?

Ce bref échange entre les deux âmes à ce moment dissociées ne fut qu’un instant dans la course du temps et Cassiopée vit alors ce que le dragon pouvait contempler du haut de son perchoir au sommet du Troquet Romantika.

Elle se décida alors à répondre à Sephiroth :

-Tu m’offres une boisson forte ? J’ai besoin de me requinquer un peu. Les jours passés ont été durs et ceux qui viennent seront bien plus pénibles encore…
Issac me fait part qu’un individu inconnu arrive. Tu as convoqué une autre personne aujourd’hui ?

Se pelotonnant sur elle-même, elle balaya l’espace environnant d’un rayon de chaleur pour consoler ses tourments.

Ses tourments, Sephiroth les percevait. C'était précisément pour ça qu'il était là. Aussi bien au travail qu'ailleurs, la musique qu'émettait Cassiopée était moins sereine qu'à l'habitude. Etant un des bardes qui composaient le Zénith, il captait les ondes sonores qu'émettait les âmes de ses semblables.

Il regarda Cassiopée avec un air très très étrange, on aurait dit que son regard passait au-delà d'elle.

- Tu sais... je n'aime pas beaucoup les dragons. Je veux dire... je ne leur fais pas confiance pour un sous. Mais je les respecte, car ils véhiculent des forces et une Histoire incroyable. Ils sont source d'inspiration pour nombre d'entre nous...

Il ne précisa pas qui était ce "nous", il se doutait que Cassiopée était au courant de sa récente adhésion, et une des règles était de ne pas mentionner l'existence du Cercle. Il tendit un verre d'un cocktail détonnant à la nymphe :

- Voilà qui devrait te faire du bien. Pour notre visiteur, il n'était pas attendu, pas du tout. Je pensais être à l'abri du monde en venant ici. Je doute qu'il s'agisse d'un espion ou quoique ce soit, je ne crois pas qu'on craigne véritablement quelque chose. Attendons et voyons. Cet inconnu - ou cette inconnue - n'est peut-être pas là pour nous. Qu'Issac s'amuse, s'il le souhaite, j'ignore tout des passe-temps d'un dragon.

Il prit à son tour un cocktail et le vida d'un trait. La présence inconnue le dérangeait plus qu'il ne le laissait croire. Cela contrecarrait quelque peu ses plans. Son esprit envisagea vaguement que c'était peut-être une façon que Cassiopée avait imaginé pour le contrer, mais il chassa vite cette idée : elle n'était pas comme ça. Il décida de jouer le tout pour le tout :

- Cassi... les rumeurs de guerre circulent. Tu te doutes que nous sommes au courant. J'aimerais comprendre exactement vos motivations... Je ne le fais pas spécialement pour eux, mais bel et bien pour moi. Nous voulons la peau de Sanz, certes. Mais moi, avant tout, je voudrais pouvoir mettre Masamune à ton service, pour que tu ne sois pas éclaboussée par les supplices de la guerre. Et s'il n'est pas d'accord, si toi tu n'es pas d'accord, je m'en contrefiche. Tu ne peux pas m'en empêcher. Si j'ai cette franchise de te le dire, c'est pour éviter qu'on se gêne de trop. Et... si l'occasion se présente pour moi de me trouver en présence de Sanz, je ne te garantis rien, si ce n'est que d'agir avant toute chose pour ta sauvegarde.

Un silence gênant s'installa durant quelques secondes...

Un silence gênant s'installa pendant quelques secondes. La passerelle semblait se dérober sous ses pieds. Un malaise s'empara de son âme. La situation devenait difficilement gérable. Pourtant dans un ultime effort, elle parvint à se relever. Elle avait l'air beaucoup moins fière qu'à l'accoutumée mais c'était toujours mieux que rien. Quelque chose la dérangeait. Elle avait la désagréable impression d'être observée. Ses yeux cherchèrent d'où venait ce sentiment. Jen I. se figea en expriment une mine de dégoût.

Un dragon. Ben voyons, manquez plus que ça.

La créature était fixée sur l'une des coupoles du troquet. La lueur dans ses yeux semblaient vouloir la transpercer. Mais c'était peine perdu. Il en fallait plus pour l'impressionner. Elle essaya un vague geste de la main pour le faire fuir. Vaine tentative. Echec plus que cuisant. Contrariée, elle avança. Erreur Fatale. La jeune perle se trouva vite tétanisée.

Pourquoi faut-il qu'il n'y ait que le ciel et les nuages ? Il doit bien y avoir autre chose en dessous. Il ne peut pas y avoir que le néant...

Sa voix se perdit dans la brise légère de cette après-midi savoureuse.

Après midi-savoureuse et soleil clément. Devant de telles conditions, voler était sans aucun doute plus fatiguant que marcher, cependant, l'avantage cinétique qu'offraient les courants d'éthers et de nuages étaient sans commune mesure. Et cette sensation de liberté presque absolue se présentait comme une véritable bénédiction. Aussi dangereuse qu'extraordinaire, l'approche aérienne méritait qu'on s'y investisse d'avantage, et cela faisait assez longtemps qu'il n'avait pris la liberté de s'offrir une longue traversée clairsemée de nuages et de créatures plus ou moins étonnantes. La raison première était sa méconnaissance de la culture et des croyances locales, nombres de mondes et de populations craignaient et combattaient les créatures de son espèce. Les autres raisons, il se les gardaient précieusement pour lui même, prudence était mère de sureté, d'autant plus dans ce monde méconnu qu'il ne comprenait pas vraiment à l'heure actuelle.

Aluün avait survoler Echoriath une bonne dizaine d'heure auparavant, effleurant ses pics gelés qui semblaient touché le toit du ciel. Il aurait pu continuer des heures et des heures à cette allure modeste et avec l'aide des courants ascendants. Le temps était respectable et les vents avantageux. Sa collerette hérissée de plusieurs pics de déploya et un grognement semblable à un baillement s'échappa de son gosier. Mine de rien, il n'était plus habitué à parcourir de telles distances. Et l'idée de voler en dormant ne l'enchantait guère, qui sait ce qu'il pourrait croiser et percuter ?

Il s'engouffra dans un troupeau nuageux en silence, se laissant planer. Il aimait ce petit jeu si puérile et risqué était-il, aveugle il aimait tenter de ressentir et de détecter les autres formes de vies autour de lui. Il ressentit d'innombrables essences de vie qui flottaient dans le ciel, ou plutôt...Il sentit un profond malaise lorsqu'il perçu une puissante essence draconique à quelques lieux de son position. Le contact fut bref, et dans la surprise il rompit le faible lien qui leur permirent de s'appréhender ne serait-ce que sommairement. Celui-ci ne semblait pas spécialement en très bon terme avec la bonne humeur. Et personne n'aimait ce genre de contact brusque et inopportun, surtout les dragons. Mais il ne su qu'elle était vraiment sa nature. En effet il y avait de nombreux êtres "hybrides", mi dragons, mi autre chose, voir des situations encore plus complexe. Les dragons "pur sang" étaient rares. Et cela jouait, les dragons et les draconiques n'étaient pas forcément en très bon terme l'un envers l'autre. Aluün sortit alors des nuages et vira brusquement à babord pour éviter un pic rocheux qui regardait le ciel, narguant l'apesanteur. Il évita des machineries étranges et sophistiquées puis partie en vrille en passant par un véritable grillage de tuyaux au diamètre de la taille d'un homme. Il n'avait pas fait attention aux bruits que faisaient toute cette machinerie.

Il pris de l'altitude et constata les yeux écarquillés la cité des nuages de Ter Aelis, Wilwarin, éternelle cité volante, appartenant aux vents et aux mers de nuages. Il n'avait fait qu'effleurer le pied de cette merveille. L'idée paraissait pourtant folle et même stupide sinon abérante, mais la voir de ses propres yeux chassaient toutes ces pensées pourtant rationnelles et logiques. Il avait entendu de nombreuses rumeurs et légendes à propos de cet endroit, et il se demandait si elles avaient leur fonde véracité. Le temps était avec lui et il fourmillait de curiosité à visiter cet endroit étonnant. Et il en apprendrait peut être beaucoup sur l'individu qu'il recherchait. C'était probablement le genre d'endroit qu'il fréquentait, du moins il l'espérait.

Il reprit de la vitesse et fit le tour de cette cité aux milles et unes passerelles reliant des portions de tailles très variables d'îles flottantes. Un véritable archipel en apesanteur.

Guère étonnant que des dragons se trouvaient dans les parages, et il espérait bien rencontrer celui qu'il avait "contacté" quelques instants plus tôt. Il replongea dans ses pensées et observait d'un oeil attentif ce qui se passait autour de lui.

Aluun se faufila parmi les îles et fila entre elles. Leur agencement formaient de véritables canyons sinueux dont la largeur n'était pas toujours au rendez-vous. L'adrénaline se mit à pulser dans ses artères, sa vitesse et la mince marge de manoeuvre étaient tout simplement grisant. Cela lui rappelait bien des souvenirs. Il passa très près, peut être trop près d'une des passerelles, l'air qu'il brassa fit virevolter cet dernière comme un serpentin sous l'effet du vent. Et une voix se perdit dans la brise légère de cette après-midi savoureuse. En effet, une personne se trouvait malheureusement sur cette même passerelle à ce moment là. Sur le coup, il s'en moquait éperdument, et il n'y fit pas plus attention que cela, mais....

Sur le coup, il s'en moquait éperdument, et il n'y fit pas plus attention que cela, mais... La jeune fille vola littéralement. Son corps était en pleine chute, et son esprit en pleine désillusion. Deux choses étaient sûres. La première, elle ne l'avait pas vu venir. Et la seconde, la confirmation qu'elle haïssait les dragons encore plus que les humains. Si cela était seulement possible.

Et voilà, c'est la fin. Saleté de volatil à écaille.

Tout son être se replia en fœtus, comme si cette position allait amortir sa chute. Jen I. ne voulait pas mourir. Pas encore du moins. Elle n'avait pas enduré tout ça pour rien. Des années de souffrance qui allait partir en fumé à cause d'une créature mythique et monstrueuse. La jeune fille ferma les yeux le plus fort possible.

Aller ! S'il te plait. Bordel, me lâche pas !

Le ciel était bleu, parsemé de quelques nuages cotonneux. Leur blanc immaculé brûlait presque la rétine si on s'y attardait trop longtemps. Les secondes semblaient interminables.

Bon sang. Marche. J'ai besoin de toi !

Jen I. traversa les nuages, mais elle n'en ressortit pas. Le phénomène qui se produisait était tout à fait extraordinaire. Les nimbus commençaient à changer de couleur, à devenir de plus en plus sombre. Un violent orage se préparait en Aelis. Seulement, au lieu d'éclater comme il aurait dû, on voyait les éclairs passer et se concentrer. Leurs lumières mettaient en valeur une forme plus sombre en leurs centres. Une boule d'une extrême intensité se forma. Puis tout doucement, elle sortit de la perturbation. En son centre, on pouvait voir le corps de la jeune fille toujours consciente.

Oh, je vole ? C'est possible ?

Puis elle prit conscience de ce qui se passait. Les gens allait encore la rejeter en la traitant de sorcière. Il fallait qu'elle parte avant qu'on ne l'accuse. Le grésillement incessant des éclairs tournoyant autour de son corps l'empêchait de réfléchir.

Vous avez endommagé la passerelle...

Sans plus attendre, la sphère lumineuse prit son envol pour quitter cet endroit. On avait vu le monstre qu'elle était. A présent, elle voulait disparaître.

On avait vu le monstre qu'elle était. A présent, elle voulait disparaître. Lui ne le voulait pas, elle était trop attrayante pour la laissée s'échapper. Il se remit en mémoire ces derniers instants.

Citation :: Des éclats lumineux picotèrent les yeux du dragon ambré, il tourna la tête vers le bas pour apercevoir quelques nuages changeant subitement de couleur dans un phénomène qu'il ne connaissait pas encore. L'air devint progressivement moite et électrique, un violent orage se préparait de manière surnaturelle. Mais au lieu de cela, une sphère d'éclair se forma devant ses yeux contemplatifs. Il freina, piqua et se retrouva à quelques dizaines de mètres de l'évènement restant en vol géostationnaire.

Chose plus étonnante encore, au centre de la sphère se trouvait la jeune fille qu'il avait fait tombé. Il ne s'en était même pas préoccupé. Elle n'avait pu se tenir suffisamment à la rambarde. Lui qui pensait l'avoir plus ou moins condamné, sans préméditation bien entendu, la voilà qu'elle se montrait sous un autre jour. Son apparence chétive ne laissait pourtant rien transparaître de ce don. La sphère électrique bourdonnait alors qu'elle s'approchait de lui. Il se demandait si ces bourdonnements retranscrivaient les émotions et l'état d'esprit de la jeune fille.

Arrivée à sa hauteur et à une distance respectable pour converser, elle lui adressa la parole :

- Vous avez endommagé la passerelle...

Il ne réagit pas sur le coup, perdu dans ses observations.

* Quel beau tableau * se surprit-il à penser

- Oh !

Il adressa un regard presque désolé à la passerelle en partie retournée. Il ne s'était pas attendu à ça, il les avaient pensées plus solides. Où peut être que les wilwariens les rétractaient lors des grands tempêtes. Sans quoi il devait y avoir de nombreux dégâts...

- Vous y teniez vraiment ? Je n'y avais pas prêté attention à vrai dire. Leur solidité est à revoir.

Lui dire qu'il ne l'avait pas vu aurait été un mensonge emprunt d'irrespect, et il n'avait pas envie de lui en manquer plus qu'il ne l'avait fait. Il soupira intérieurement. Il n'en avait pourtant rien à faire de cette fille, mais malgré cela, ses dons attisaient sa curiosité plus qu'il ne l'aurait voulu. Ce monde regorgeait d'individus intéressant. Il avait bien fait d'échouer ici.

- Je veux bien vous prêter quelques excuses, si vous en voulez. Il vous suffira de choisir de quelle sorte vous désirez. Cela peut devenir fort amusant.

Il sourit sincèrement et retourna son attention vers la jeune fille cependant elle n'était plus qu'un petit point minuscule.

- Oh !

Sa surprise tenait plus de la distance qu'elle avait parcouru en ces quelques instants que du manque de respect qu'il aurait pu ressentir. Il resta une fois de plus un moment sans rien dire, suivant des yeux la minuscule silhouette qui devenait un simple point dans le ciel. Il n'avait même pas songer à ce qu'une personne ne l'écoute pas et le laisse ainsi à vrai dire. Son ressenti en était chamboulé.

Il prit de la vitesse et la suivit, encore plus intrigué.

Un silence gênant s'installa durant quelques secondes...
Cassiopée n’avait pas sursauté quand elle avait entendu Sephiroth lui dire avec un naturel inqualifiable que le Cercle du Zénith voulait la peau de Sanz. Mais son attitude avait été commandée par une incroyable maîtrise d’elle-même car elle avait ressenti l’arme qui pouvait tuer son confrère comme si Séphiroth l’avait plantée dans son propre corps.
D’un air grave, elle plongea son regard en lui.

- Je participerai à la Guerre Sephi… J’ai reçu l’Appel en provenance du Néant et j’ai pu aussi bien le comprendre que s’il avait été écrit comme un ordre que je ne peux éviter.
Je participerai à la Guerre et j’irai lutter contre les membres qui me sont les plus chers.

Soudain, les yeux de Cassiopée s’allumèrent d’une douleur qu’elle avait maintenue cachée jusque là.

-J’irai combattre ma sœur si chère pour le meurtre qu’elle a fomenté envers le noyau de notre confrérie dont le sang est le lien. Comment pourrais-je agir autrement alors que le sang me gouverne et que l’Appel Sombre résonne encore en moi?

Tu dis vouloir me protéger… Mais tu me tueras en le tuant lui.

Vent flottant, froid et brûlant. Douleur de l'espace et précieux élan. L'air s'est chargé du sang du passeur. Dans une bourrasque une larme atterit sur la table de Cassiopée: un pétale de rose parfait, brillant d'une goutte de sang éclatante.

Dans le même temps, comme si quelque chose de subliminal venait de frapper l'espace entier, l'image d'un dragon de vent s'imposa puis s'effaça. Commotion mentale. Le verre de Cassiopée se brise et les éclats de verre tombent lentement en s'écartant de l'endroit ou le pétale s'est loti. Vent flottant, froid et brûlant s'apaise, se retire, et dans une contraction n'existe plus.

Des flammes ont vacillés.

Des flammes ont vacillé, et toutes les lumières du troquet Romantika s’éteignirent d’un coup, entrainant dans leur chute les hauts cris des amoureux qui se blottissaient les uns contre les autres afin de retrouver la chaleur qu’une ombre sombre avait altérée.

Le visage dur, Cassiopée regardait les morceaux de verre brisé, éparpillés par le souffle qui venait de la brûler d’une larme de sang. Ils évoquaient une couronne autour du pétale de rose qu’elle n’osait prendre dans sa main de peur de briser l’instant magique de l’Appel.
Cependant, Sephiroth ne tarderait pas à agir à sa place et elle ne voulait pas qu’il touche au message qui lui était apporté par le Vent de l’Ombre. Aussi, sa main fut seule à se poser légèrement tremblante sur le verre. Elle serra les débris, mêlant son sang à celui porté par la rose tandis qu’Issac battit des ailes en libérant un sifflement d’envie.

La lumière jaillit alors dans le troquet, illuminant chaque alcôve d’une douceur rosée qui par contraste avec le noir d’encre qui les avait envahi semblait un véritable feu d’artifice.
Alors, elle leva ses yeux vers son ami et complice. Leurs regards se touchèrent quand elle lui affirma :

- Tu ne peux rien y faire Sephiroth. Mais, je t’en prie, reste mon ami. Peut-être pourras-tu prendre soin de moi, le jour où je tomberai.

Comme elle se levait pour quitter le fauteuil douillet qui détonnait dans le froid qui la transperçait de part en part, elle ouvrit le poing qu’elle tenait serré, laissant le verre tomber au sol, le marquant de traces rouges tandis qu’elle conservait le pétale entre ses doigts.

Elle conservait le pétale entre ses doigts... Cela rendait fou Sephiroth. Il aurait voulu qu'elle le lâche et revienne sur sa décision. Mais il savait que ce ne serait pas le cas, avant même de venir. Il décida d'en venir à lui livrer quelques hypothèses qu'il détenait.

- Cassi... dit-il en tendant le bras vers elle pour ne pas qu'elle s'en aille. Je t'en prie, écoute-moi.

Il prit une grande inspiration pour se donner courage ce qui eut pour effet de faire tomber son masque de détermination au profit d'un visage rongé par l'inquiétude :

- Je sais que tu ne peux agir autrement. Mais je trouverai le moyen de te sauver, peut-être même de nous sauver tous... Le moyen qui semble le plus évident pour l'instant, c'est de vous vaincre, et c'est bien ce qui m'inquiète. Aussi puissants êtes-vous, autant l'effronterie lunaire et le cercle du zénith - tant pis pour les règles - sont puissants, eux aussi. Et il reste les enfants de l'Unique, si jamais...
Il faut que je t'avoue quelque chose, que je n'ai pu vérifier, mais j'aimerais, s'il te plaît, que ce que je vais te dire reste entre nous... Inutile de faire courir ce qui ne sont pour l'instant que des rumeurs...

Il n'attendit pas qu'elle le promette pour continuer, il sentait l'urgence de consolider le lien qu'il y avait entre eux avant qu'il ne menace de s'effriter :

- Peut-être sais-tu que j'étudie les dimensions... Depuis qu'Aenaril m'a recherché par ce biais, je me suis dit qu'il valait mieux pour moi de maîtriser ce pouvoir-là. Je m'en sors plutôt pas mal, mais ce qui m'a marqué c'est que peu importe où l'on aille, on en vient toujours pendant un instant infinitésimal qui pourrait être l'éternité, par passer par un même endroit... ou non-endroit. Je crois que ce non-lieu est le Néant. J'y ai déjà perçu des forces qui me rappellent ton dragon... Mais, le plus curieux, dans tout ça...

Il s'arrêta un instant, comme si le fait de le dire lui faisait se rendre compte :

- Le plus curieux dans tout ça est ce qui me concerne... Lorsque je suis passé par cet endroit, j'ai perçu les mondes qui m'entouraient par la musique, leur chant. Et je ne crois pas être le seul a avoir connu ce phénomène. J'ai déjà entendu Idrial parler de quelque chose de semblable après une visite au manoir, c'est aussi pour ça que c'est là que j'effectue mes recherches... Je pense que d'une certaine façon les gens qui constituent le cercle ont ressenti cette musique, consciemment ou non.

Sephiroth se tut. Son regard interrogeait Cassiopée, il se demandait si elle comprenait où il voulait en venir.

Elle comprenait où il venait en venir, elle avait parfaitement en tête les mélodies manipulatrices qu’Idrial avait jouées de manière presque incessante lorsqu’elles s’étaient retrouvées toutes deux égarées dans le Néant. Alors qu’elles étaient plongées dans cet effroi qui les vidait de toute sensation, l’essence d’Idrial était devenue la source d’une musique qui ne l’avait pas quittée depuis.
Pourtant ce n’est pas cette évocation qui la fit stopper son élan vers la sortie. Elle sentait l’angoisse de Sephiroth et ne supportait pas qu’il put s’inquiéter à son propos.

- Tu ne comprends pas les combats qui doivent être menés, Sephiroth. Ce n’est pas moi qu’il faut sauver. C’est l’Humanité de Ter Aelis qui est en danger et c’est pour elle que je me battrai. Quelqu’en soit le moyen.

Le regard de Cassiopée se remplit soudain d’une ombre sombre qui se propagea sur son visage habituellement si lumineux. Ses pensées furent tout d’un coup recouvertes par les images cauchemardesques de cités en flamme.

Contemplant la face interrogative de Sephiroth, elle le dévisagea du haut de sa stature altière. Elle avait pris sa décision.

-Que veux-tu savoir exactement ? Qu’envisages-tu de faire ?

-Que veux-tu savoir exactement ? Qu’envisages-tu de faire ?

Cette question le troubla plus que tout le reste de leur conversation… Que voulait-il savoir au juste ? Et comment allait-il agir ? Il se trouva face à un mur d’indécision qui semblait insurmontable. Sephiroth réfléchit à haute voix, interrogeant ses ressources intérieures…

- La Musique… dit-il doucement. Elle joue et cela permet de percevoir l’équilibre. Les membres du Zénith perçoivent l’équilibre et s’assurent que celui-ci demeure.

Il retomba dans de profondes réflexions, Cassiopée l’observant attentivement.

- Je suis moi-même confronté à cet équilibre… Kéther, Chesed, Geburah, Binah, Chokmah, Hod, Yésod, Netza’h, Tiphéreth… sans compter Malkhut. Tous sont liés, tous interagissent… tous existent grâce aux autres…

Il marmonnait des choses qui auraient pu sembler inintelligibles… au bout d’un moment, il posa un regard étrange sur Cassiopée…

- Je veux être auprès de toi pour t’aider si besoin est. Mais ce que je veux, c’est comprendre. Et ce que je veux faire, là, c’est aller au Palais du Sang pour y voir par moi-même. Est-ce possible ? Tu as ma parole que je ne commettrai aucun acte inconsidéré. Je te le promets.

Je te le promets.

Tant de promesses qui sans doute ne seraient pas tenues. Cassiopée écoutait Sephiroth avec toute l’intensité que ses paroles chargées de profondeur impliquaient. Elle percevait chez son compagnon un trouble dans lequel se liait l’avidité de savoir. Sephiroth diffusait sur ses épaules un voile de sentiments et l’amitié qui s’en dégageait la recouvrait de douceur.
Elle s’installait lentement dans la confiance qu’il lui offrait tout en réfléchissant à cette phrase qui avait concentré toute son attention :
- La Musique… Elle joue et cela permet de percevoir l’équilibre. Les membres du Zénith perçoivent l’équilibre et s’assurent que celui-ci demeure.

- Tu veux aller au palais du Sang ? Sais-tu que n’entre pas qui veut là où règne le Sang ? Tu seras vu et reconnu tel que tu es, aussi multiple sois-tu et tu n’entreras pas armé.
Mais auparavant, je voudrais savoir ce que tu entends par l’équilibre. Quel est cet équilibre dont tu parles et qui doit demeurer ?

Cassiopée avait à présent plongé ses yeux couleur du ciel pur dans ceux de son ami. Elle guettait ses réactions autant que ses mots.

Elle guettait ses réactions autant que ses mots, il le savait. Aussi se contenta-t-il d'agir comme à son habitude avec elle, il voulait lui montrer qu'en toutes circonstances il lui restait dévoué de part leur amitié. Il répondit à chacune de ses questions le plus précisément possible, avec une franchise qu'ils manifestaient tous deux lorsqu'ils travaillaient ensemble.

- Tu veux aller au palais du Sang ? Sais-tu que n’entre pas qui veut là où règne le Sang ?

- En fait, tu te trompes, y rentrer n'est pas très difficile pour quelqu'un du Cercle. En sortir est, par contre, une autre paire de manches, fit-il remarquer avec une ombre d'amusement dans le regard. Mais oui, je sais que ce n'est pas chose aisée et c'est bien pourquoi je m'adresse à toi, Cassi. Je te fais confiance, et j'ose espérer une confiance identique à mon égard en ce qui te concerne.

Il essaya de déterminer si cette réponse lui convenait, mais il ne put se faire une idée bien précise du poids qu'elle avait eu, il continua :

- Tu seras vu et reconnu tel que tu es, aussi multiple sois-tu et tu n’entreras pas armé.

Il poussa un soupir...

- Je crois que je suis déjà reconnu pour ma multiplicité. Je ne le cache pas vraiment, même si j'évite de l'étaler. Cela ne me pose pas souci, je suis un exemple même d'harmonie, même si l'équilibre en moi est très fragile. Pour la question des armes, je m'en fiche, mais en guise de bonne foi, je t'apprendrais que ma magie, elle, est présente et que Masamune peut me revenir sur un simple appel. Cependant, si cela peut servir de preuve de ma bonne volonté, alors je la laisserais auprès d'Olenwë.

Il savait que c'était risqué d'avouer cela, mais il n'aimait pas mentir aux gens qu'il aimait. Et puis... la partie ne se gagnait pas sur cette question, mais à celle qui suivit, il en était sûr :

- Mais auparavant, je voudrais savoir ce que tu entends par l’équilibre. Quel est cet équilibre dont tu parles et qui doit demeurer ?

Cassiopée avait à présent plongé ses yeux couleur du ciel pur dans ceux de son ami. Sephiroth lui fit un grand sourire, pour montrer qu'il n'était pas dupe sur l'importance de sa réponse. Il lui exposa les faits aussi clairement que possible :

- C'est dur à expliquer, car il s'agit d'une sensation, d'un sentiment. Chaque chose résonne, chaque chose émet une mélodie propre à son équilibre. Cet ensemble, très généralement, se fait de manière harmonieuse. Mais il arrive, surtout chez les espèces humaines ou dotés en tout cas d'une conscience plus évoluée, que leur choix provoque des dissonances. Si on ne veut pas glisser dans la cacophonie, nous sommes obligés de rectifier le tir, en rééquilibrant la mélodie générale des mondes. Les membres du Cercle sont tous dotés de cette faculté à entrer en résonance avec les choses, cela leur permet d'appréhender différemment l'existence.

Il planta son regard dans celui de la dame des étoiles et dégagea une infinie douceur, une tendresse amicale, une persuasion de protection...

- Ce que tu peux ressentir, c'est l'effet d'une musique que tu ne peux sans doute pas entendre. C'est la mélodie que je dégage à cet instant précis.

- C'est la mélodie que je dégage à cet instant précis.

Cassiopée recevait les informations que lui livrait Sephiroth avec tout le recueillement qu’elles méritaient. Elle concentrait toute son attention sur ce qui émanait de lui, vigilante aux moindres oscillations perceptibles autour d’eux.

- Je n’entends pas cette musique. Pourtant je te perçois autrement que par ton corps physique. Je suis sensible à l’aura que tu développes autour de toi, elle émet des ondes qui m’atteignent et que je peux identifier comme étant les tiennes propres. Si je ferme les yeux, ta présence évoque couleurs et vibrations. Je ne sens aucune agressivité à mon égard et les couleurs que tu émets sont chaudes et profondes.
Je te ferai donc confiance et tu viendras sur les monts de l’Orgueil. Tu pénétreras dans les palais du Sang et tu sauras alors les liens qui unissent les membres.
Tu seras mis en présence du prince du Sang régnant et je serai à ses côtés ainsi qu’il doit être pour la protectrice du Sang, gardienne Harmonique. Mais, sache qu’on ne demeure pas dans la Confrérie du Sang sans, un minimum, payer de sa personne.

Sephiroth savait qu’il aurait quoiqu’il arrive à donner de lui-même pour protéger Cassiopée car la nymphe artiste et isolée qu’il avait connu et apprécié était devenue par son attachement au Sang un être redouté qui serait sans aucun doute recherché par l’ennemi durant la guerre qui s’annonçait.

- Je serai sur les Monts de l’Orgueil avant que la lune soit ronde Cassiopée.

Alors, Cassiopée lui prit la main et sans un mot le remercia d’être là à ses côtés alors que la Confrérie du Sang se trouvait confrontée aux autres confréries sans pouvoir l’éviter.
Puis elle dirigea ses pas vers la sortie ne laissant qu’une pensée atteindre son ami avant de quitter le troquet :

-Que les étoiles veillent sur toi.

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