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 Soirée Créative - Comptes Rendus

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Chikoun
Coordonnateur Littéraire



Masculin Nombre de messages : 4681
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Localisation : Dansant sur un fil, une framboise à la bouche.
Date d'inscription : 03/01/2008

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MessageSujet: Soirée Créative - Comptes Rendus   Soirée Créative - Comptes Rendus Icon_minitimeMer 12 Juin - 21:11

Voici le compte rendu de la Soirée Créative #1, dirigée par Tear le 19 mai dernier. 
Pour rappel, les thèmes proposés à ceux qui n'avait pas de projet spécifique étaient la planche, et la feuille



Cassiopée et Lilith ont écrit ensemble sur le thème de la feuille, vous pouvez retrouver leur texte au lien ci-dessous. 

https://ter-aelis.1fr1.net/t9158-rumeur-dans-la-ramee


Citation :


Rumeur dans la Ramée
Par Lilith et Cassiopée



Sous l’ombre fraîche de la canopée,  les monstres dansent furieusement. Sous la lune étincelante, ils chantent des temps anciens et engloutis. Ils récitent la litanie des reclus et des incompris. 


Sous l’ombre fraîche du feuillage, la terre dévore les souvenirs d'antan. Sous les rais d’un croissant de lune, murmurent les très vieux amants d’airain si démunis.
Sous leurs pattes la terre a faim, la faim des histoires d’avant. Les corps se mêlent et se mélangent. Et la lune rit sur les feuilles endormies. Ses enfants se donnent, s’adonnent et s'étonnent. Et son sourire semble infini.


De la glaise de leur mémoire, modèlent leurs jeunes mélodies d’échos lointains, égarés dans les nues. Jeux de l’oubli, soupirs haletants embaumés d’espoirs à jamais perdus.

Je me souviens, de ces jeux inventés ensemble. Les chasses et les courses dans le noir des forêts brumeuses. Le sang et la mort sur les lèvres fendues. Les souvenirs tragiques, des jeunesses tordues. Sous la lune et sous les branches lasses, nos jeux d’amour étaient des sorts.

J’ai gardé dans le creux de ma paume, entre les lignes de ma vie, une feuille de l’arbre qui couvrait nos maux du chant éternel jeté au vent. Il murmure encore sa fredaine à l’abri des regards sous l’ombre fraîche de sa frondaison. Et contre mon coeur je l’ai posée, secrète et cachée, comme un trésor d’enfant que l’on chérit. Je suis retournée regarder en silence les monstres danser et chanter, la mémoire du temps, le temps des amants, les amours de la lune, sous les arbres adorés brûlés par un trop long été. 









Lothindil a avancé dans ses projets sur Yumien, sur le thème de la feuille. 

Soirée Créative - Comptes Rendus Parche10
Soirée Créative - Comptes Rendus Parche11














Exodus a lui entamé un travail personnel.  

Citation :

Le titre provisoire est "Sale Gosse".

Je n'aime pas les mômes. Qu'on se mette d'accord, je ne parle pas des marmots tels que va vous la décrire la jeune maman ou la grand mère gâteuse. Je n'ai rien contre les boucles prétendues blondes de ces trop chers bambins ou une aversion pour leur rire aussi singulier que douloureux pour les tympans. Non, c'est juste que je n'aime vraiment pas les mômes.

Je me trouve installé dans mon bureau, les pieds négligemment posé sur le plan de travail. Un local poussiéreux, comme tout ce qu'il y a ici. Enfin là au moins c'est une poussière saine, pas cette saloperie de silice rosé. Sans doute parce que c'est la mienne, celle qui s'est accumulé sur les piles trop nombreuses de dossiers, symboles fièrement étalés de mes échecs par forfait. Si ça ce trouve, entre deux moutons pourrait-on même retrouver mon diplôme d'inspecteur, servant de linge mortuaire à mon intégrité. 

En fait, la psy du service a déjà essayé de me diagnostiquer. Sans doute un vain effort pour justifier ses litres. Ou bien une tentative réelle et risible de nouer des liens, genre en m'exposant à la gueule mes travers, les p'tits trucs bizarre de ma personne, allez savoir. Selon elle, mon "manque de tolérance envers l'enfance trouverait sa source dans un manque d'affection parental". Classique. Sous prétexte que mes géniteurs n'auraient pas passé assez de temps à me câliner et trop à m'embrasser du plat de la main, je" rejetterais dès lors toute image de la petite enfance". Mon cul. J'étais déjà vachement content quand mon paternel me ramenait une timbale pleine, je lui demandais pas en prime une bise sur le front. Il puait trop la mine pour ça.

Et ouais, sinon, je suis inspecteur. Attention, pas le mec qui dirige une équipe policière et en répond qu'à son commissaire et encore quand l'envie lui en prend. Non, ce genre de mec, aux cache-poussières trop grand et au sourire de vainqueur lorsqu'il vous met son flingue sous le nez, c'est pour ces messieurs de la maréchaussée. Les forces de l'ordre, les vrais! Pour un peu en en parlant comme ça j'y croirais presque que c'est leur boulot. Mais voilà, moi je suis Inspecteur des Eaux. Simeon Fargot ~ Agua Custode, qu'elle dit ma plaque. Plombier, que les mecs ils disent dans mon dos, quand il sont assez polis pour attendre que je me retourne. Et au passage, si y'avait un truc pour lequel je devrais en vouloir à mes parents, ce serait certainement Simeon.

Je veux vraiment tirer cette chose au clair: j'ai rien contre le fait que l'humain - et plus généralement tout ce qui est assez intelligent pour savoir se servir de ses organes - ne se reproduise en mettant au monde une version miniature et un peu chié de lui-même. La preuve j'en ai été un moi-même. Et puis je vois mal un adulte en sortir d'un autre comme ça. Ou alors on parle plus des même choses, encore que... Non le vrai problème c'est que les gosses sont des monstres. Pas de ceux qui attendent gentiment sous le lit. Plutôt qui vous enjôle avant de vous pousser dans le four en rigolant comme après une bonne blague. Les mômes sont des petits salauds odieux, prêts à faire souffrir leur prochain à la moindre occasion pour peu que ça leur existe les zygomatiques. Ils ne connaissent pas la pitié, ils forment des meutes s'en prenant au plus faible, le pourchassant jusqu'à ce qu'il craque, et alors c'est la curée pour toute la bande. Et le pire dans tout ça c'est que un petit sourire et hop! c'est pardonné. Sales petits manipulateurs.

Pourquoi est-ce que je pense à tout ça maintenant? Je sais pas, peut-être une envie de remuer ma hargne, histoire d'éviter qu'elle finisse par coller et pourrir au fond de mon crâne. Ou bien c'est la faute à ce chiard qui est entré comme une tempête dans mon local en passant par les conduits d'aération, m'ayant fait frôler la crise cardiaque du siècle et surtout renverser sur le plan de travail une demi-timbale d'eau recyclée. Petit con. 
Il est devant moi, assis sur le fauteuil "invité" en bois qui fait face au bureau, le modèle inconfortable par excellence, bourré de petites échardes et grinçant à souhait. Idéal quand les collègues veulent me prendre la tête : aucun n'a jamais réussi à tenir plus de dix minutes sur cet engins de torture. Lui, il s'en fout: il tourne. Il s'amuse à passer de droite à gauche, puis de gauche à droite, encore et encore, achevant les pièces usées de ce brave camarade qui m'a tant servis. Bon sang, j'entend d'ici les cris d'agonie du système de roulement de ce pauvre ustensile. Et lui rigole par dessus, tournant toujours de plus en plus vite, jusqu'à vomir s'il le fallait.
J'essais de me redonner un minimum de contenance, puis essuie l'eau qui recouvre mon bureau avec un torchon avant de soigneusement l'essorer au dessus de ma timbale. Pas question d'en perdre d'avantage, pas au prix auquel je suis payé.

- Si-Si-Sime~ooon, il a plein de ques~tioooons!

Ca y'est, il commence à chantonner. Là, c'est le point de non-retour. Je me lève, passe le bureau et agrippe un accoudoir au retour d'un virage, non sans me piquer une écharde dans le doigt au passage.

- Ca suffit, Verdo, qu'est-ce que tu as pour moi qui vaillent le coup de t'introduire dans mon bureau par la petite porte, hein? Tu veux que j'appelle la maréchaussée et finir comme ton copain Rusé? Si non crache le morceau, et pas de chansons! 

L'évocation du destin peu enviable de son ancien camarade suffit au moins à faire disparaitre son sourire moqueur. Bien. Remarque, j'avoue que l'idée de finir comme poupée pour taulard, ça vous donne à réfléchir sur votre comportement.







Ramrod en plus de travailler sur la maquette du CaH avec Mel, s'est essayé au thème de la feuille lui aussi




Agrandir cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.
Soirée Créative - Comptes Rendus Feuille4bis














Chikoun a écrit un petit quelque chose sur la planche.

Citation :

Parmi les lois

La mécanique implacable d’un balancier se tordait entre deux pieds deux masses immuables en mouvement perpétuel gravitant tour à tour L’Equilibriste d’un poids à l’autre conservait en une danse méticuleuse la grâce de ceux qui vivent par l’élégance des pas perdus fondant d’une pointe sur l’exactitude qui aurait permis d’infléchir l’espoir et l’espace des chaires qui s’écrasent sans bruit les planches suspendues au temps vibrionne les corps les velours défendus en équilibre d’une note de bois aux saveurs d’élans entendus L’Equilibriste goûtait virevoltant parmi les lois. 







Go, Ask Alice a commencé le premier chapitre d'un tome plus long


Citation :
Deuil - Ch1 - 4


« C'est casse gueule d'essayer de mettre des mots sur ça, ça n'a même pas de sens, c'est quelque chose qu'on sent, pas qu'on décrit. »
Anastasis

1.






Il n'existe pas de vêtements noirs pour bébé. Ou en tout cas, ils sont pas mis en avant dans les vitrines.


2.






Hélène s'étire et rajuste ses lunettes de soleil sur son nez. Le mois de mai commence et ses examens viennent de se terminer. Elle n'a plus qu'à attendre les résultats en profitant du beau temps. La jeune femme savoure le fait de ne rien faire. Plus de révisions, plus de concours, juste la quiétude du moment. Un peu plus et elle en ronronnerait.
Son portable sonne. Lorsqu'elle décroche, tout vole en éclats.
« Allô ? »
« Ah, oui, bonjour. »
« Bah oui, je retrouve Ariane vers dix-huit heures. »
« Pardon ?! »
« J'arrive de suite, juste le temps de retrouver mes clés de voiture ! »
« Oui, oui, je suis prudente. »


3.






Il n'existe pas de vêtements noirs pour bébé. Et quand bien même, en plein mois de mai, c'est pas la couleur tendance de la saison.



4




.

Les deux jeunes femmes se connaissent depuis leur rentrée en seconde. Elles ont tout de suite accroché. En cinq ans, elles ont appris à se connaître. Elles ont sauté dans les bras l'une de l'autre aux résultats du bac. 
C'est Hélène qui a emmené Ariane à la maternité quand la deuxième femme de son père, Élisabeth, a accouché. Mais c'est Ariane qui est venue jusque chez Hélène en pleine nuit quand le copain de celle-ci l'a quittée l'automne précédent.
Tout ça pour dire que Hélène a déjà vu Ariane pleurer. Que Hélène a déjà vu Ariane souffrir. Mais rien ne l'a préparée à ça.
Les volets sont à peine entrouverts, laissant la pièce dans une pénombre inquiétante. La chambre d'adolescente d'Ariane a perdu son âme. Tout est rangé, dépoussiéré. Plus aucune photo nulle part. La pile de livres en équilibre précaire au pied du lit a disparu. Les vieux posters aussi.
Ariane est assise en tailleur sur son lit. Lorsque Hélène passe la porte, un visage fantomatique se tourne vers elle. Plus aucune couleur, si ce n'est les deux taches d'absinthe au milieu du visage blafard. Des cernes comme des coups de poings sous les yeux. Des bandages autour des poignets. Des cheveux ternes, retenus en une queue-de-cheval lâche. Un souffle rauque :
Il est mort Lena.
Je sais.
Prudemment, Hélène s'assoit sur le bord du lit. Elle ne saurait pas dire de quoi, mais elle a peur.
J'ai tenu son cadavre dans mes bras.

Comment... Qu'est-ce que je...
Ariane soupire et passe une main sur son visage. Dans la pénombre, on dirait une araignée albinos. Hélène grimace.
Max... 'fin... C'est toute ma vie, Lena.
Oh, ma puce. Je suis là. On est là. On a besoin de toi...
La jeune fille hésite, effleure le bras d'Ariane, puis la prend dans ses bras. Elle ne réagit pas. Elle ne pleure pas. Elle a parlé d'une voix presque égale.
Hélène a un mauvais pressentiment. Ça va être long, compliqué, douloureux. Et rien ne prédit que ça va bien se terminer.
Que désigne le « ça », Hélène n'en sait rien.
Ariane s'allonge, face au mur, dos à son amie, comme elle le fait à chaque fois qu'elle ne veut pas qu'on la voit pleurer. Elle a toujours pleuré sans bruit, ce qui a longtemps déstabilisé Hélène. Maintenant elle s'y est fait, comme à la peur panique de l'abandon de son amie qui l'a conduite bien trop souvent à se replier sur elle-même et à rejeter les autres. Alors Hélène passe doucement sa main sur les cheveux d'Ariane. Doucement, pour l'apaiser. Elle ne prononce pas de mots de réconfort, il n'y a rien à dire, rien à faire, juste montrer qu'elle est là.

Finalement, alors que le soleil agonise à l'horizon, Ariane s'endort. Elles n'ont rien dit de plus. Jonathan, le petit frère d'Ariane, passe la tête par la porte :
- Hélène, y'a maman qui veut te parler, tu veux bien venir à la cuisine ?
Hélène sourit avec affection au garçonnet. Il a les mêmes yeux verts que sa sœur. Elle sort de la chambre sans faire de bruit et suit l'enfant.

- Tu veux un café ? Ou quelque chose de plus fort ? propose Clarisse.
Intérieurement, Hélène lève les yeux au ciel : mais oui, se bourrer la gueule alors qu'elle vient d'apprendre la mort d'un ami, quelle bonne idée !
- Un café, ça sera très bien, merci.
- Je suis désolée de t'avoir embarquée là-dedans, mais il me semblait qu'une amie serait plus à même de... Je sais pas. L'aider ? On la garde chez moi avant l'enterrement mais ensuite, ce serait plus sain qu'elle retourne chez elle, tu ne crois pas ? demande-t-elle, tirant frénétiquement sur sa cigarette.
Hélène en a ras-le-bol de cette femme. Ça fait des années qu'elle pense ça, qu'elle la trouve irresponsable avec ses enfants. Ça la fait enrager mais elle ne peut rien y faire, à part être là pour Ariane. Et penser à l'anniversaire de Jonathan, les 29 février.
- Ne vous en faites pas. C'est normal que je vienne. Même si j'ai plus l'impression d'être inutile qu'autre chose. Effectivement, elle retournera chez elle après.
- Je me posais une question... Et je souhaiterais avoir ton avis.
- Oui ?
- Peut-être que s'il y avait beaucoup de connaissances d'Ariane à l'enterrement, plus ou moins proches, elle se sentirait plus... Entourée ?

C'est une fois seule dans son lit que Hélène se laisse aller à pleurer. Pleurer celui qui était finalement devenu un ami au fil des ans, pleurer le sort de son amie, qui a perdu l'amour de sa vie, pleurer sur la peur que ça inspire la mort, finalement. À vingt ans, tout ce qu'on veut, c'est vivre.


5.






Il n'existe pas de vêtements noirs pour bébé. Ou pas de « sérieusement » noir. Peut-être des noirs avec des motifs de tête de morts enrubannées. Ou genre électro. Noir avec des ronds de couleurs électriques. Mais pas de noir, basique, sans fioritures.





6.






Il fait chaud ce jour-là, trop chaud. Hélène ne pensait pas que les quelques jours entre la mort de Maximilien et son enterrement seraient si difficiles : elle a dû s'occuper d'Ariane quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle est épuisée : il a été impossible de laisser son amie cuisiner, à cause des couteaux qu'elle regardait avec trop d'attention ; impossible de lui laisser ses médicaments contre l'angoisse, tellement forts qu'elle a passé deux jours à planer.
Ce matin, la jeune femme a guidé Ariane à l'aveuglette, sans lui dire où elles vont. Elle lui a prévu des habits noirs, pour que son amie n'ait pas à y réfléchir. Elle lui a passé les affaires au compte-goutte ; la ruse a fonctionné, Ariane n'a pas compris. Elle a boutonné son chemisier, enfilé son jean et ses ballerines sans rien dire. Puis elle est allée se coiffer.
Hélène repousse ses boucles blondes en arrière en soupirant. Finalement, bénis soient les foutus cachets d'Ariane. Ils la shootent, ils l'emprisonnent dans un monde anesthésié, mais au moins, ils la canalisent. Un peu.
Dans la salle de bain, Ariane fait rouler une petite pilule rose dans sa paume... Puis la jette dans l'évier. Pas aujourd'hu

i.

7.






Ariane sidère la foule. Les poignets encore bandés, elle se jette sur le cercueil, secouée de sanglots hystériques. Hélène soupire puis rend les armes, en laissant sa dignité (et celle d'Ariane) de côté. Elle contourne le cercueil et détache la main droite d'Ariane de l'attache en métal où elle s'agrippe à en faire blanchir ses jointures et saigner ses ongles. Puis elle s'accroupit et caresse la chevelure de sa meilleure amie :
« Ariane. »
Pas de réponse.
« Ariane, il faut le laisser partir maintenant. »
Jonathan sort de la foule en courant, guindé dans sa chemise noire et, délicatement, il détache la main gauche de sa sœur du cercueil et la serre fort contre son torse.
Ariane se redresse lentement et se blottit contre son amie qui essaye de la calmer en lui caressant les cheveux. En vain.
Finalement, Élisabeth fait ce que personne n'aurait imaginé : elle lui colle dans les bras son demi-frère de quelques mois à peine. Pour ne pas le faire tomber, Ariane doit se calmer. Arthur, inconscient de se qui se passe autour de lui, joue avec les longs cheveux de sa sœur en babillant doucement. La jeune femme serre le bébé contre elle, comme si ça peut l'empêcher de hurler, de pleurer, de refuser cette fin injuste pour son histoire d'amour. Elle lui caresse le ventre, et regarde son body, à rayures blanches et bleues avec un poisson rouge qui sourit. Ses larmes tombent sur le visage minuscule et Arthur en rit.

« Finalement, murmure-t-elle à voix basse, les vêtements noirs pour bébé, ça doit pas exister... »

Ariane le regarde, et pense à tous ces enfants qu'elle n'aura jamais. Les enfants de Maximilien. Elle le regarde, elle le hait de représenter un de plus des rêves devenus inaccessibles, et elle le chérit, lui qui l'empêche de craquer, de s'effondrer en voulant mourir sur place.


8.





Matthieu se tient à l'écart, pétrifié. Le labo photo l'a appelé pour lui apprendre la douloureuse nouvelle : Maximilien a succombé d'un coup à sa mystérieuse maladie.
Il est donc convié à l'enterrement, pour représenter le labo. Joie. Représenter le labo pour la mort de son maître, son idole. Comme si Max en a quelque chose à cirer, maintenant qu'il pourrit entre quatre planches.
Mais ce ne sont pas ces stupidités mondaines qui le font se sentir quelque part entre la pierre et la glace. Non, c'est cette petite silhouette qu'il a frôlé en allant jeter le bouquet de roses blanches sur le cercueil. Celle de son premier amour.
Il ne savait pas, ou n'avait pas fait le lien avec Maximilien. Et alors que tous sauf Ariane se dirigent vers la sortie, lui reste derrière le sycomore, à pleurer.
Parce qu'il a vu Ariane se jeter sur le cercueil, il l'a vue s'effondrer une fois que Hélène a réussi à lui faire lâcher prise, et il l'avait entendue gémir en enfouissant son visage dans le cou de son frère.
Il l'entend : « Mon amour... Si seulement... Je veux tellement être avec toi, te rejoindre, chéri. »
Alors que, finalement, il avait décidé de se secouer un peu, les mots de la jeune fille le glacent. Il ne se sent plus le droit de s'approcher, de prendre amicalement sa main, de lui dire de vaines paroles de réconfort.
Rageusement, il essuie ses yeux sur ses manches, et suant sous le soleil de plomb dans son costume, se dirige vers la sortie du cimetière, où se trouve Hélène. Où il espère trouver Hélène parce que sinon, il ne sait pas quoi faire.
Et elle est là, adossée à la grille, à l'écart de la foule. Elle fume, les yeux dans le vague, en écoutant Julie qui babille, portable en main.
« Et alors qu'il essayait de m'expliquer ce qu'il avait dessiné, j'ai pas fait gaffe au feutre rouge qu'il avait à la main et du coup je me suis retrouvée avec une énorme tâche sur mon nouveau chemisier. Je te raconte pas la galère, il a fallu je me change en vitesse avant d'aller passer mon entretien et je crois que mon chemisier est totalement- »
« Tu fumes, Hélène ?
« -il me regarde avec ses grands yeux de cocker je suis incapable de le gronder, j'ai juste envie de lui tirer les joues et de faire « Aw, qu'il est mignon ! » »
- L'enterrement du mec de ma meilleure amie, ça me semble être un bon jour pour commencer.
« -tantes il en profite un max ! A chaque fois qu'il vient tout le monde a envie de lui offrir des bonbons et du chocolat. Marine a même une boîte spéciale pour lui et lorsque tous les adultes sont en train de se faire la bise il s’éclipse discrètement vers- »
- Je... Ouais, excuse-moi, on s'en fout.
« rappelle quand j'étais petite Maman avait une boîte à gâteaux sauf que tout le monde piquait discrètement dedans donc elle en avait acheté une transparente avec des graduations dessus et gare à nos fesses si- »
- Putain mais Julie, ta gueule !
Ils ont hurlé en même temps en se tournant vers elle. Et ils remarquent en même temps qu'elle a passé tout ce temps à pleurer.
Matthieu lui tend un mouchoir pendant que Hélène soupire.
- Non mais c'est juste trop horrible ! Je la connais vite fait mais qu'est-ce que je lui apporte là ?
- Julie, c'est Ariane qui a demandé à ce que tu sois là.
- À ce propos, fait Matthieu, je sais pas quoi faire, elle est toute seule devant la tombe, et elle explique à Maximilien qu'elle voudrait le rejoindre.
Hélène se laisse glisser à terre, et la cigarette lui tombe des mains. Une larme roule sur sa joue. Puis une autre.
- Lena...
Au surnom que seule Ariane utilise régulièrement, Hélène renifle, et prend la parole, enfouissant sa tête entre ses bras.
- Les gars, situation d'urgence, alors réaction d'urgence. Il faut la sortir de là de suite avant qu'elle fasse une connerie. Mat, tu grimpes dans ta voiture, et tu nous trouves une musique qui n'évoque rien à Ariane. Julie, tu viens avec moi, on va la chercher. Aucune parole de réconfort. Une fois qu'on est dans la voiture, Ju, tu montes à l'avant, et pour une fois, s'il te plaît, je te le demande, tu racontes TOUT ce qui te passe par la tête, tant que ça ne concerne ni Ariane, ni Max, ni les deux. Matthieu, pendant ce temps, tu mets la musique en arrière fond. Tu déposes Ju, et on ramène Ariane chez moi. Entre chez moi et chez Julie, je te laisse monter doucement la musique. Si Ariane demande ce que tu fais là, tu ne lui parles pas du labo et je dirais que c'est elle qui a acquiescé quand j'ai proposé ton nom dans la liste, ok ? On ne lui parle pas de Max. Ensuite, je gère. Des questions ?
- On ramène pas Ariane chez ses parents ? demande Matthieu.
- Non. Ses chers parents m'ont demandé si je me sentais de m'occuper de la miss. Parce que c'est pas leur cas.
- Ok.
- D'autres questions ?
- Non.
- Alors on y va.


9.






Lorsqu'ils arrivent devant la tombe, Ariane a l'air apaisée. Ou du moins, elle ne pleure plus. Un souffle de vent allège l'atmosphère.
Matthieu a suivi.
Julie a fini par craquer, et pianote sur son téléphone, l'air un peu gênée. Elle sait bien que c'est irrespectueux et tout le tralala, mais elle a du mal. La jeune femme aux cheveux bleus n'est là qu'en appui pour Hélène. Elle trouve qu'elle en a fait suffisamment. Elle apprécie Ariane, mais bon, on sombre un chouïa dans le mélo, là...
Hélène défroisse sa robe du plat de la main, histoire de gagner du temps. Elle voudrait arrêter de pleurer avant de parler à Ariane. Elle trouve que son amie ressemble à un spectre, toute blanche dans ses habits noirs, penchée en avant comme si elle pouvait traverser le marbre et rejoindre Max dans son cercueil... La blonde se giflerait de penser des trucs pareils ; l'ambiance n'est déjà pas assez sordide !
Intérieurement, Matthieu panique ; il voudrait s'enfuir, il voudrait ne pas avoir à affronter cette souffrance. Hélène le regarde avec douceur et l'attrape fermement par l'avant-bras. Elle lui fait comprendre que tout va bien se passer, qu'il n'y a rien à craindre, juste à ramener Ariane de l'autre côté des grilles. La ramener du côté des vivants.
Il marche vite, suivi d'Hélène et Julie, qui encadrent Ariane. Le jeune homme trouve qu'elles font un peu matonne...
Matthieu conduit rapidement, les mains crispées, une sur le levier de vitesse, l'autre sur le volant. Il jette de fréquents coups d'œil dans le rétroviseur, peu rassuré sur l'état d'Ariane. Quand ils arrivent enfin devant chez Hélène, Matthieu laisse tourner le moteur et se retourne vers les deux jeunes femmes :
- Euh, je sais pas trop... Je sais pas comment dire. Enfin... Enfin bref, je suis là. 'fin j'veux dire, euh... Si y'a besoin quoi.
- Merci, répond Hélène.
Ariane a ouvert les yeux. Elle regarde par la vitre mais ne dit rien.
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