Bien. Bon. Alors. Oui. Certes. Commençons, donc !
Le texte répond à la consigne (volontairement vague mais pas facile). Il est un peu cour,t donc la correction sera longue (bah oui), mais comme je te l'avais déjà fait remarquer, une correction met toujours en lumière les défauts. Il y en a dans ce texte, mais ils découlent du fait que tu essaie de faire quelque chose, donc ne sont pas si négatifs que cela. Il y a de la progression, je pense, depuis le début.
Allez, c'est parti !
"IL entra dans la salle... Ce n'avait pas été une mince affaire de l'amener jusqu'ici, mais une équipe de juges professionnel
s en capture de clients récalcitrants avait réussi à le faire sortir de sa tanière et à le traîner jusque dans cette salle de procès... Mais enfin IL était là. Personne n'osait dire son nom. Il marchait d'un pas fier, traversant les rangées, se dirigeant vers la table du coupable. Tout le monde le regardait avec un mélange de crainte et de respect, comme on regarde le Diable quand il passe devant vous..."
L'entrée en matière est abrupte. Il n'y a pas d'introduction. Ce peut être un choix, certes, mais la suite ne le met alors pas en valeur. En effet, tandis que cette première phrase est courte, la seconde est excessivement longue et, de surcroît, dépourvue de rythme. D'autant plus que la troisième phrase ne colle pas non plus vraiment avec la seconde, répétition du "mais" (A éviter en début de phrase : "mais" est une conjonction de coordination, qui se place donc entre deux propositions) etnouveau retournement de rythme avec une phrase très courte et à vrai dire assez maladroite. La fin du paragraphe tire son épingle de ce jeu malheureux, mais n'est pas non plus transcendante. Les trois premières phrases sont à revoir, surtout leurs liens. Il faudrait accorder leurs tons (la première est plutôt solennelle, avec une note de suspens, tandis que la seconde est plus pragmatique) et leurs rythmes. A (re)voir.
"Il s'assit sur une chaise en acier, car le plastique ne résistait point à la chaleur qui s'échappait de son corps. Il observa toute l'assemblée. IL regardait toute cette vermine rampante, empaqueté
e dans des tissus bariol
és et ridicules... LUI se contenait de porter un pagne, un morceau de tissu, sans plus... Pas ces dix mille enveloppes de papier qui enrobaient toutes les personnes de la salle. Il se tourna ensuite vers les magistrat
s. Ils étaient vêtus plus sobrement, avec plus de classe. À ses c
ôtés, son avocat, l'un des plus réput
és de la planète, relisai
t une dernière fo
is son discours... C'est alors que le Juge parla..."
Tu avais écrit deux fois de suite les mots "s'assit", c'était pourtant repérable lors de la relecture. Attention encore une fois avec la conjonction de coordination "car" ; pour les mêmes raisons que "mais", on évite de la couper de l'une des deux propositions qu'elle doit relier. Pourtant, cette ponctuation est bienvenue pour fournir une légère pause et ainsi mettre en valeur ce qui va suivre. Le meilleur moyen de résoudre ce problème est alors d'en supprimmer la cause en éludant la conjonction "car" et en trouvant d'autres moyens d'exprimer la cause : le point-virgule, par exemple, ou tout simplement le point qui va permettre de poser encore plus le rythme ajoutant à la lourdeur de l'ambiance (bah ouais, c'est quand même pas n'importe quel procès) : "Il s'assit sur une chaise faite d'acier ; le plastique ne résistait pas à la chaleur de son corps." ou encore : "Il s'assit, sur une chaise d'acier. Le plastique ne résistait pas à la chaleur de son corps."
Le corps de ce paragraphe est mieux tourné que ce qui a précédé ; le point de vue interne se fait bien sentir, même si quelques mots auraient peut-être pu mieux être choisis pour mieux faire sentir le mépris de cet auguste personnage, qui perce tout de même relativement bien. L'avocat, lui, est bien vite mentionné par rapport au rôle (le premier ?) qu'il va jouer. Quelle expression a-t-il en relisant son discours, est-il serein, calme, ou bien anxieux. Ou encore amusé du tour qu'il va jouer, confiant jusqu'à l'arrogance, professionel jusqu'au bout des ongles ? Faire sentir un peu cet acteur de ton texte n'aurait pas été du luxe.
Autre petit reproche : tu emploies beaucoup de points de suspensions, expédient facile pour ne pas faire ressentir le poids de l'ambiance, la lenteur du déroulement, d'une autre manière. Ils sont même inutiles dans la dernière phrase de ce paragraphe, puisque le juge parle immédiatement après que tu écrives qu'il va le faire. A moins qu'il n'hésite ? Quelle est son expression, justement, jubile-t-il, ou a-t-il peur ? Une vague allusion à cela rajouterait un peu de détail, ce qui fait l'écrit.
"Le Diable, Hades, Pluton, Gardien des Enfers, vous êtes ici accusé de séquestration d'esprits, de procès non légal, d'occupation illégale de territoire, de marché illégal de pauvres chrétiens ,de Racket, de menace, du péché d'orgueil, de possession d'animaux dangereux et de refus d'obtempérer. Nous allons donc vous juger. Qu'avez vous à dire pour votre défense ?"
Tu as oublié "Satan, Lucifer, le Malin" XD Plus sérieusement, le Gardien des Enfers est une expression qui est techniquement juste mais qui ferait plutôt référence à ce gentil toutou que l'on nomme Cerbère. N'est-il pas ?
De plus, tu n'avais peut-être pas besoin de plus de trois noms pour ce gentil Malin, si ? Tout dépend de l'usage de cette énumération, assez flou en fait. Uniquement donner ses alias, ou bien faire plus professionel ? Les deux, peut-être. "Le Diable, alias Hades, Pluton ou encore Lucifer, vous êtes..." (Je préfère Lucifer pour rajouter le monothéisme aux désignations polythéistes ; le Diable est mauvais surtout dans la religion catholique où il est nommé Lucifer, le porteur de lumière -car il était auparavant un ange !- alias Satanas, le Malin).
Le reste est relativement bénin, il était inutile de s'attarder dessus et tu ne l'as pas fait. Un bon point donc. C'eut été utile si tu avais voulu introduire un élément particulier (référence à Al Capone, par exemple, tombé pour fraude fiscale), mais absolument pas nécessaire.
"Aussitôt l'avocat se leva, avec un air outré, comme s'il trouvait
ces accusations stupides..."
Peu à redire, sur cette phrase. Peut-être aurais-tu pu t'attarder un peu sur la seconde partie, en variant le rythme pour montrer son assurance et son jeu d'acteur. Boarf.
"Messieurs, Me
sdames, assemblé
( ? désignes-tu l'assemblée, ou veux-tu dire "assemblés ici" ?), jugez avec moi la stupidité de ses accusations ! Le diable dut
(?) sur cette terre bien avant nous, bien avant nos religions, bien avant nos guerres et bien avant que nous inventions toutes nos stupides lois !
(je crois qu'il manque un participe passé dans cette phrase, ou un infinitif... "arriver", peut-être?) Quand il arriva la terre se créait à peine... Mais un Homme ici l
'a placé à cet endroit. Un homme qui
à la création de ce monde avait soumis d'autres personne à sa volonté, en avait obligé d'autre
s à faire ce qu'il voulait. Messieurs et Mesdames, vous voyez très bien de qui je veux parler. Je parle d'un homme
à la cruauté sans limite
, un homme qui a obligé le pauvre accusé à torturer des
âmes,
à les emprisonn
er... Je veux bien sûr parler du Créateur, connu sous d'autres noms. Tel
s (il y a plusieurs autres noms) que Aillas, El, Dieu... Cet Homme la n'est
-il pas le vrai coupable? N'est-ce pas lui qui a obligé le pauvre Diable à emprisonner les âmes des infidèles, des menteurs, des voleurs et de tous ceux qui avait péché en enfer, n'est pas lui qui a fixé les préceptes de ce monde, rendant ainsi le diable coupable de tout ce que nous lui reprochons ? Et si les lois de
Dieu n'étaient pas les meilleures ? Et si les lois que nous avons aujourd'hui étaient totalement fausses ? Eh bien alors le diable serait innocent. Je n'ai qu'une chose à dire... L'enfer est un autre monde, aux autres lois et si le diable est aujourd'hui accusé, c'est parce que beaucoup d'entre nous se sont mal comporté
s par rapport au préceptes de
Dieu et que après leur mort se sont retrouvé
s en enfer... Ces accusations n'ont pas lieu d'être, car nous sommes les seuls fautifs... Si nous ne voulons pas nous accuser, alors accusons Dieu qui nous a placé
s ici et qui a mis le Diable aux enfers..."
Tout d'abord, tu as plusieurs fois mis des "x" indûs à "Dieu" et "lieu". De plus, lorsqu'on parle du dieu des chrétiens, on met une majuscule. Dieu enfin n'est pas un homme. C'est l'Homme qui est une imitation de Dieu par Dieu. Enfin, la reclecture a été moins précise ici, peut-être parce que ce paragraphe est plus compact et rédigé avec plus de verve scribouillarde ? Toujours est-il que c'est parfois très approximatif (voir les deux points d'interrogation en début de paragraphe).
Toutefois, l'idée est bonne. Pas surprenante, mais bonne. POur la rendre surprenante, pour ajouter de la saveur, il aurait fallu la développer. Je me suis étonné de la rapidité de ton travail ; tu aurais effectivement pu l'améliorer encore. La construction de la défense n'est pas mauvaise : d'abord les faits, puis une analyse originale, et la conclusion tonitruante. Mais c'est dit si vite... On croirait une publicité pour un dentifrice ! (30 secondes de spot, pas plus, sinon c'est plus cher !). Il faut prendre le temps, amener les choses, faire rentrer les jurés et donc le lecteur dans le bain, prendre des exemples pour attendrir ou faire rire (ce qui revient au même), bref, ce passage était difficile. Il aurait pu être excellent, il est moyen (moyen plus, tout de même, l'idée étant bonne). Mieux développé, il aurait transmis par sa longueur et sa précision l'assurance de 'lavocat et aurait plus touché le lecteur comme les jurés. Imagine Galilée disant 'la Terre est ronde !" On le prend pour un fou. C'est vrai, la terre est ronde, mais c'est juste une phrase. Par contre, avec une bonne argumentation, en assénant le concept plusieurs fois de suite et pendant un long moment... Deux bons points "Aillas" (^^) et "le pauvre Diable" (belle reprise de l'expression, peut-être involontaire ?).
"Il se rassit, laissant toute la salle patoise."
(Eclats de rire dans toute la salle, la classe se bidonne sans plus finir, l'élève est mort de honte).
Ah bon, la salle parle Ch'timi après ça ? Ou bin provençal, ptet ? XD
Ou comment une faute de frappe ou d'inattention transforme un public pantois en un public patois. "Ch'est bin vrai, 'tiot ! El' moufflet l'est innocent, vindidious !".
"Pantoise", de plus, est inusité au féminin.
(Vindiou, j'l'oublierai difficilement, ce procès patois. C'aurait été une manière assez drôle d'abroder le sujet, tiens.)
Le paragraphe qui suit et la fin du texte sont dans la même veine que plus haut : passés un peu trop vite. Le point d'orgue était tout de même le discours de l'avocat. Tu aruais pu faire un rappel plus intéressant en amenant mieux la peine symbolique, en exprimant par exemple plus longuement l'interrogation, la réflexion des jurés et du juge. Quelques fautes d'orthographe continuent de ternir un peu ce texte.
En conclusion, une bonne idée, une bon agencement général du texte, mais un manque flagrant de détail, tant dans la description de la scène que dans la finition du plaidoyer de l'avocat. C'est pas mauvais du tout, mais il y a du potentiel laissé sur le bord de la route. Tu es dans la bonne veine, mais tu n'y vas pas à fond. Ton prochain sujet arrive bientôt, je pense.