9 février 2032
Nous nous sommes réfugiés dans une vieille bâtisse dans le nord de l'ancien Sussex. Les Burgers nous ont coursés pendant deux jours dans la campagne anglaise. Ces enfoirés sont de plus en plus nombreux, mais ils sont comme nous, ils détestent ce putain de pays où il pleut tout le temps.
On est plus très nombreux depuis qu'on a pris la fuite devant l'avancée des Cokes. Une bande de jeunes un peu illuminés qui se sont barrés de Paris l'aventure dans les yeux. Tu parles, quand on a vu le champignon, c'est la peur au ventre qu'on s'est enfui. Cette explosion a rasé le coeur de la ville. Les journaux ont parlé de deux millions de morts. Bordel, mes parents y sont restés ! Putain de merde, je les hais ! Je veux les crever ! Mais tout ce qu'on peut faire, c'est espérer en trouver un seul pour lui faire la peau.
Impossible, ces fils de putes sont en armures complètes, un M6 aux mains en permanence et le casque blindé de caméras. Il y a des tanks qui sillonnent la ville à la recherche de survivants, mais personne ne vient les voir.
J'ai perdu ma sœur, ces bâtards me l'ont volée avant de la violer dans leur saloperie de QG. Merde MERDE.
Ils l'ont relâché le regard vide, un bras en moins et le visage tellement tuméfié que je la reconnaissais à peine.
Putain, je ne savais pas quoi faire. Elle me hurlait qu'elle voulait crever. Elle le hurlait tellement fort que je me suis enfuis. Ahhhhh... Quand je me suis retourné, j'ai vu qu'elle m'avais piqué mon flingue. Ma seule arme. Elle se l'est pointé sur la gorge avec un rire hystérique. La cervelle a giclé et son sang a éclaboussé les pavés avec un bruit écœurant. Je m'en pisse dessus quand je pense à son regard. J'ai pas pu récupérer le pistolet, je ne pouvais pas la regarder. Ma sœur merde, putain, ma sœur, ma petite sœur qui venait d'avoir seize ans. PUTAIN.
Plus tard, on s'est démerdé pour passer en Angleterre avec un vieux bateau de pécheurs. On pensait que ce foutu pays résisterais comme il l'a toujours fait. Que dalle ! On ère dans des villes défoncées au mortier de guerre. A ce moment-là, il y en a qui ont montré des signes de maladie. Les radiations avaient commencé à ravager le corps de mes potes. Mon meilleur ami est mort en se convulsant à cause de la tumeur qu'il avait au-dessus de l'œil. C'était insupportable putain ! Je pouvais à peine le regarder et il a fini de crever en hurlant comme un cochon qu'on égorge. La moitié de notre bande a finie comme ça, entre tumeurs et cancers généralisés.
L'autre moitié, ha, c'est encore pire. Ces crevures de Yankees ont empoisonnés les vivres qu'ils trouvaient dans les maisons plutôt que de les détruire ou de les prendre. Avec tout ce qu'ils avaient sous la main... De la soude, de la mort aux rats, de l'acide chlorhydrique, du cyanure, le plomb et le mercure des thermomètres. De la Javel même il paraît, quand ils n'avaient rien d'autre.
Attendez !
Voilà c'est fini. Un autre y est passé. Je crois que c'était de la mort aux rats. Ses spasmes étaient tellement violents qu'il s'est éclaté l'os de la jambe sur un coin de mur. C'est dégueulasse de voir une jambe cassée bouger dans tous les sens. La fracture a finie par s'ouvrir et déchirer la peau. Lui de son côté, il gerbait du sang et des bouts de tripes. Des morceaux de rats qu'on capture pour bouffer un peu de viande. Heureusement qu'il a fini par s'immobiliser.
Oh et puis merde, je reviens.
Ouf, c'est vraiment la fin maintenant. J'ai dégoté une barre en métal dans les décombres. Et je les ai butés. Les trois derniers. Ils ont beuglés et le bruit des os qui se cassent est immonde, mais au moins, ils arrêteront de gémir. Ils vont me foutre la paix. Mais il faut que je me tire d'ici. La vue de leurs visages en lambeaux est à vomir.
Oui, c'est ça, je vais partir. Encore. Mais où ? Attends, je vais leur demander. Merde, je les ai flingués. Putain de merde, mais pourquoi j'ai fait ça ?
Je vais devenir quoi moi ? Bordel, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Ahh...
Et merde ! J'entends des voix...