|
|
| Dehors, le monde inondé de bleu | |
|
+5dale cooper Questo Ruby Innomable Goldmund 9 participants | |
Auteur | Message |
---|
Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Dehors, le monde inondé de bleu Mar 8 Sep - 19:52 | |
| En fait ça parle du ciel et du beau temps.
Dernière édition par Goldmund le Ven 12 Fév - 19:42, édité 14 fois | |
| | | Innomable
Nombre de messages : 246 Age : 32 Localisation : Disparu là où il est dur de disparaitre... Date d'inscription : 07/01/2008
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mar 8 Sep - 22:08 | |
| Pourquoi ce poste ? Sans doute parce que j'ai reconnu la citation, qui n'a que peu de rapport avec le texte, mais qui affirme sa présence tout de même en dessous, genre une fois qu'on a lu ce texte, merde, ya encore de la littérature à trouver autre part. Pas d'bol.
Sinon, et de manière un peu plus concentrée, j'aurai deux choses à dire. Tout d'abord, comme l'on dit dans Dune, la toute première réplique : "c'est compliqué un début". Je constate en effet que l'on a, encore une fois, mais à vrai dire je ne m'en plains pas du tout, encore une nature romantique, envahissante, omniprésente, belle mais surtout, magique. Et donc, quand on jette un regard sur ce qui suit, on se rend compte d'une chose simple. D'un côté, une nature "unité", et de l'autre un humain divisé, souffrant, comme un con. Pour ce deuxième point, peu importe, c'est toujours comme ça, ou c'est nul. Il est grand temps en effet de considérer notre pas-d'être qui pourtant est là, par endroit. En revanche, la nature unité, harmonie, tout, moi ça me gave.
Cette idée est vieille, il est temps de la changer. De considérer que rien n'est tout, ou presque. Que nous naviguons dans un monde, ou de fait un système quelconque, fait (édition) est à mettre sur le pas de la porte, sur l'entre deux, le pallier, pour le regarder de travers et décider chacun ce que l'on fait en fonction de sa tronche.
Super texte, je le montre ce soir à ma chérie !
Dernière édition par Innomable le Mer 9 Sep - 15:52, édité 1 fois | |
| | | Ruby
Nombre de messages : 2216 Age : 36 Localisation : 221 B Baker street Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 9 Sep - 12:27 | |
| J'ai bien aimé. Au début j'ai cru à une écriture fantastique ce qui m'étonnait mais en fait on se rend compte que tu réussis à sortir de l'ordinaire quelque chose de plus profond, un imagée plus extraordinaire, une vision spirituelle. C'est ça qui est intéréssant dans l'histoire, pas tant son contenu déja connu, que son rendu. La façon que tu le présentes. J'aime bien ton utilisation de l'écriture. Je ne sais pas si je suis vraiment claire dans mon commentaire en tout cas j'apprécie. Tu devrais plus poster | |
| | | Questo
Nombre de messages : 227 Age : 34 Localisation : Créteil Date d'inscription : 06/07/2009
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 9 Sep - 15:55 | |
| Le regard du narrateur sur la réalité de son quotidien est remarquable au sens où il est à rapprocher de celui du Paysan de Paris, roman de Louis Aragon. Pour ainsi dire, c'est une vision du prosaïque qui est caractérisée par une description et un lyrisme poétiques et très personnels. On reconnaît dès les premières lignes cette esthétique du spleen baudelairien, le ciel qui se déverse tout entier sur la terre, laissant cette place vacante, me rappelle par effet intertextuel, ce poème de Baudelaire, notamment cette strophe :
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Bien qu'il y ait ce regard, le choix de voir autrement, comme il l'entend, des vérités personnelles, dirai-je si l'emploi de cette formule n'était pas risquée, il y a une étonnante économie du vocabulaire, des reprises de mots ("masse" quatre fois, "forme" trois fois, "bête" trois fois, "foule" trois fois) et quasiment sans contexte spatio-temporel. Une expression écrite tout en simplicité qui octroie à la lecture des impressions d'apesanteur malgré la complexité du récit. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 9 Sep - 19:45 | |
| Je tiens cette strophe - tirée du Spleen il me semble - pour l'une des plus belles qu'ait jamais écrite Baudelaire. L'horizon réduit à un cercle dans lequel se déverse la lumière du soleil est une image que je trouve absolument renversante. Quoique je n'aurais pas fait spontanément le rapprochement entre mon introduction et ces quatre vers, je ne nie pas qu'ils aient pu m'inspirer malgré moi. A ce sujet, je dois avouer que cette idée d'un ciel vide et monochrome, réduit à l'état de masse qui pèse "sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis" (pour en revenir à Baudelaire) me semble nettement plus fidèle à la démarche qui a été la mienne que celle d'une nature éveillée et triomphante, un peu à la manière de Chateaubriand, et qu'Innomable évoquait juste au-dessus. Je parle en effet d'une "profonde et étincelante unité", mais il ne faut pas y voir pour autant un éloge de la nature : le vent est qualifié de "spectral", la lumière est "éthéré[e]", le chemin de terre se noie dans le béton tandis le complexe surgit sous la forme d'un monstre tentaculaire. Unité certes, mais une fois encore, unité au sens de masse, de surface indifférenciée dans laquelle mon jeune homme finira par se "noyer". J'ai voulu ce texte tout en simplicité, et par dessus tout, j'ai voulu le style à l'image des pensées de mes deux personnages : un déluge de sensations entrecoupées, d'intentions avortées, de gestes qui n'atteignent jamais leur parfait accomplissement. La réalité n'a rien de romantique, elle n'est que maladresses et imperfections. Et ces maladresses, ces imperfections me touchent beaucoup. Tu as tout à fait raison Innomable, et ton commentaire me fait plaisir, de noter tout de suite ce qui a été ma préoccupation majeure lors de la rédaction de ce petit texte : la grande complexité, et plus encore, la précieuse fragilité des rapports humains. Ce récit, avouons-le, est plus autobiographique que je ne l'aurais voulu au premier abord. C'est tout le danger de l'écriture. Xupinette, je comprends parfaitement ce que tu veux dire, et en fin de compte, je crois que tu me comprends aussi bien. Je pense que l'écrivain n'a pas de plus belle mission que celle de faire redécouvrir au lecteur la beauté première du lieu commun. Cocteau, dans ses Arguments chorégraphiques, ne dit pas autre chose : - Citation :
- "Le poète doit sortir objets et sentiments de leurs voiles et de leurs brumes, les montrer soudain, si nus et si vite, que l'homme a peine à les reconnaître. Ils le frappent alors avec leur jeunesse, comme s'ils n'étaient jamais devenus des vieillards officiels.
C'est le cas des lieux communs, vieux, puissants et universellement admis à la façon des chefs-d'oeuvre, mais dont la beauté, l'originalité, ne nous surprennent plus à force d'usage." Il y a aussi cette très belle réplique de Giono, pour qui l'écriture est un regard biaisé jeté sur le monde, une manière de le redécouvrir, ou pourquoi pas, de le réinventer : - Citation :
- "Ils baptissent avec des pierres, mais ils ne se rendent pas compte que chaque geste pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la baptisse d'ombre qui compte."
Un grand merci à tous les trois pour vos commentaires, et pour le temps que vous m'avez consacré. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 9 Sep - 20:43 | |
| J'ai tout de même tenu compte de ta remarque, Questo, concernant les répétitions. De la sobriété, oui, quelques mots martelés ; mais rien aux dépens de la fluidité de l'écriture. J'ai retouché un peu tout ça, ce qui m'a amené à changer de titre. L'ancien, malgré tout, était un peu mièvre, et le tranchant de celui-ci correspond mieux à mon caractère. | |
| | | dale cooper
Nombre de messages : 7649 Age : 46 Date d'inscription : 08/09/2008
Personnages RP Pseudo: Pseudo : ▲ Pseudo :
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Dim 13 Sep - 11:58 | |
| J'ai eu du mal à lier la cohésion du texte avant le quatrième paragraphe.
Les trois premiers, ayant leurs ambiances et leurs références toutes particulières, le schéma définitif ne se dessine qu'au court du troisième et se confirme dans tout le reste du texte.
Passé ce vague flottement, le cours reprend son fil (woaw ! 50 % de ce début de phrase dans une seule métaphore filée ! pas mal comme ratio ^^) jusqu'à présenter tes personnages ballotés comme autant d'alluvions charriés par un fleuve en crue. Car c'est vraiment l'impression que j'ai eu à la lecture, et ce malgré les incessantes références organiques. A croire que la structure s'est plus imprimée en moi que le fonds.
L'analogie est simple et belle si elle ne brille pas d'originalité. Et la quiétude retrouvée à la fin, retrouve les prémisses de cette lourdeur imposante de ciel bleu, bouclant ainsi le cycle de la vie (tout au moins de la vision que tu nous présente). | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Dim 13 Sep - 13:34 | |
| La couleur bleu qui domine, le ciel qui "déborde", le jeune homme s'efforçant d'éviter les "écueils" pour finalement se "noyer", "coulé" dans les surfaces. Il y a bien cette image du cours d'eau qui traverse le texte de part en part. Quant à la quiétude finale, elle est trompeuse, chargée d'ironie. Avec quelle facilité notre demoiselle oublie-t-elle son compagnon, et avec quelle allégresse disparaît-elle à son tour dans la masse ? | |
| | | Questo
Nombre de messages : 227 Age : 34 Localisation : Créteil Date d'inscription : 06/07/2009
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Dim 13 Sep - 14:39 | |
| Découverte fortuite d'un "philosophe de la poésie" : Gaston Bachelard. Je cite un morceaux de l'article tiré de wikipédia : " Chacun des quatre éléments correspond à un réseau particulier d'images affectives et à une appréhension propre de la nature et de la matière. Par exemple, l'eau peut renvoyer à l'élément féminin (maternité ou érotisme), à l'intimité ou encore au sommeil (les « eaux dormantes »). Le feu renvoie plutôt à la vivacité, à la passion, à la fusion avec le Tout (consumation du moi, dispersion dans l'immensité du monde) ou au frottement des corps, à la caresse, à la sexualité. L'air renvoie à l'infini, à l'ascension, à la légèreté ou encore à la transparence. Il évoque encore la liberté et les hautes valeurs morales. Enfin, la terre exprime par exemple la pesanteur. Bachelard mêle à ses analyses poétiques des analyses psychanalytiques ; l'interprétation de la poésie est, selon lui, tributaire d'une psychologie de l'imagination [22] et de notions telles que le « dynamisme » ou le « désir ». En effet, on peut mieux comprendre la poésie d'un auteur lorsque l'on étudie son imaginaire personnel, ce qui le fascine et ce qui le hante. En ce sens, la découverte du feu dans la préhistoire serait d'origine sexuelle (le frottement des bouts de bois évoque le frottement des corps), c'est-à-dire poétique, et non d'origine rationnelle (l'interprétation rationnelle expliquait la découverte du feu par son utilité), comme le montre Bachelard dans la Psychanalyse du feu." " Pour l'eau, Bachelard évoque notamment Edgar Poe, dans L'Eau et les rêves (ch.2 : « Les eaux profondes, les eaux dormantes, les eaux mortes. "L'eau lourde" dans la rêverie d'Edgar Poe »). Dans la Psychanalyse du feu, il parle de l'« étang de la Maison Usher » [28]. Bachelard traite également de Novalis, qui exprime dans Henri d'Ofterdingen (roman inachevé) des images de maternité et de jeunes filles au contact de l'eau [29] : « Les êtres du rêve, chez Novalis, n'existent donc que lorsque qu'on les touche, l'eau devient femme seulement contre la poitrine, elle ne donne pas des images lointaines. »
De plus, pour Novalis, l'eau est une « flamme mouillée ». On voit bien ici que, dans l'imaginaire poétique, les quatre éléments ne sont pas cloisonnés de manière rigide ; ils peuvent au contraire communiquer, comme chez Novalis où l'eau transfigure le feu et vice-versa. Bachelard classe aussi Swinburne parmi les poètes hantés par l'« Ondine »." Dans la rapport imaginaire et écriture, chacun correspond plus ou moins à un élément naturel selon le tempérament propre ? Goldmund serait un poisson ? Pas très clair tout ça : à creuser. En espérant que le ciel ne nous tombe dessus, je voulais dire que j'apprécie beaucoup cette image du ciel... "aquatique". En somme, dans ton texte, le ciel dont la couleur bleu prime est un liant qui enduit la sensible populace en une masse froide : toutes affections, tous liens, tous souvenirs sont inhibés, brisés, oubliés. J'ose remarquer aussi le choix de ne retenir qu'une qualité à ce mot dont le sens est multiple : juste sa couleur. C'est du bleu. Et pourquoi pas, le ciel comme une piscine couverte dont le plafond serait notre sol : le haut c'est en bas, le bas c'est en haut. Bref, tout ça pour dire que j'aimerai beaucoup ton commentaire sur le poème qui se nomme : la promenade ^^ (allez, sto plait) https://ter-aelis.1fr1.net/bibliotheque-poetique-f17/les-poemes-de-questo-t4621.htm | |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Dim 13 Sep - 15:05 | |
| Tu as déjà trop de commentaires comparé aux pauvres ères qui évoluent au milieu d’écrits non commentés, mais je ne veux pas manquer de donner mon avis sur ton texte. Pour mon seul plaisir de dire ce que je pense et sans croire qu’il pourra t’être d’une quelconque utilité.
J’ai énormément aimé ce texte qui véhicule une quantité d’émotions. J’aime les textes qui tentent de tracer le parcours fulgurant du trouble de l’humain et ici je suis gâtée (non, non pas ce sens ci…). Le plus fort des sentiments évoqués ici est la crainte, sous-jacente, la peur de se perdre. Et étonnamment, dans ce texte on s’y perd lorsqu’on est deux. Une fois seul, le calme revient car les souvenirs sont plus supportables que les actes eux-mêmes. Ici, l’émoi décroit entre le début et la fin du texte et sa perception réside dans le choix des images choisies et du vocabulaire utilisé qui est d’une incroyable richesse.
A chaque strophe son image : Dans la première, tu nous « inondes » de bleu, mais c’est un bleu transparent et lumineux. 2ème strophe : Je suis étonnée par le choix du chemin de terre et du sous-bois. Je n’y vois qu’un rappel à la Nature profonde de l’homme mais qui vient remettre sur terre les « rêves » bleus de l’introduction. Quelle dure réalité que de sentir cette main froide et de ne même plus percevoir le regard de l’autre. C’est donc dans ce cheminement matériel que se situe le refus de la noyade dans l’éther bleu pour celle plus violente mais aussi plus rassurante du solide. 3ème strophe : La Nature profonde a laissé place au monde matériel, purulent et dévorant, celui qui digère tout et individualise l’homme au sein de la foule, celui qui appelle la bête en nous et qui est bête lui même. 4ème strophe : L’homme s’interroge encore sur ses choix. Mais a-t-il encore le choix ? Cette fille pourrait-elle encore modifier sa course ? Elle est si dépendante de tant de paramètres : la bête, la foule et surtout le jeune homme. 5ème strophe : Lorsque le courant reprend sa course, même s’il est violent, le calme revient peu à peu car l’ordre des choses doit rester immuable et que l’ordre des choses refuse l’invasion du bleu…
Je me suis laissée aller à te donner mon regard entre les lignes. Comme je relirai ton texte plusieurs fois, je serai sans doute amenée à en modifier la lecture, mais c’est ainsi que je le perçois. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Dim 13 Sep - 22:04 | |
| Cette lecture de Bachelard est très intéressante, et très proche du regard que je porte sur la littérature. Je me vois davantage, en fin de compte, en analyste du fantasme et de l'imaginaire qu'en commentaire littéraire. Ou pour mieux dire, il m'a toujours semblé que celui-ci ne pouvait marcher sans celui-là. Je pense en lisant ces lignes au Britannicus de Racine, qui confronte justement le personnage de Junie, sous le signe de l'élément aqueux, à celui de Néron, le solaire. Les remarques de Bachelard collent à la perfection. Quant à l'image de la piscine renversée, je gage que les théories de la terre creuse t'intéresseraient : et si nous vivions non pas à la surface mais à l'intérieur de la terre ? en son centre serait le soleil, tout autour le ciel, et nous marcherions tous à l'envers, scrutant les profondeurs de l'infini dedans quand nous croirions observer les étoiles.
Par des chemins différents, et par une attention scrupuleuse aux images, Cassiopée, tu me sembles arriver plus au moins aux mêmes conclusions de lecture que Questo. Ton regard est peut-être plus scrutateur, il s'intéresse davantage à la matérialité du texte, à sa chair, et s'encombre moins de théories générales. Ce chemin de terre que tu évoques est une réminiscence d'une scène de mon passé : j'ai rédigé ce texte en ayant un souvenir bien précis de la scène que j'entendais coucher sur le papier. Mon ambition a été de donner forme à cette histoire en subvertissant les limites de ma petite personne pour embrasser cette fois les deux acteurs : le garçon et la fille. Sans doute ai-je voulu par là-même, à l'instar de mon héroïne, donner un peu de réalité à mon partenaire. Et sans doute ai-je échoué, tout comme elle.
Vos commentaires sont très beaux, je vous remercie. | |
| | | Legion Chromatique et rôliste
Nombre de messages : 923 Age : 45 Localisation : Vers Bordeaux, ou dans les Ombres Date d'inscription : 28/08/2009
Personnages RP Pseudo: Legion Pseudo : Camarë Manithil Pseudo :
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Lun 14 Sep - 12:32 | |
| Je ne suis pas aussi littéraire que mes collègues ayant posté auparavant, n'ayant pour ainsi dire que peu de culture dans ce domaine, je me contenterai donc de ce que je ressens en lisant ce texte.
Premier petit paragraphe et tu plantes le décor dans un élan de bleu uni. Un ciel bleu, oui, mais décrit de manière imagée alors que nous parlons justement de la simplicité d'un ciel sans nuage. Une plume fluide qui se laisse lire de manière agréable. C'est frais.
Puis un décor de nature avant le froid de la cité. J'y vois comme le malaise de passer d'un paysage agréable et tranquille à la froideur et la complexité d'une structure de béton. Une certaine crainte de l'inconnu en somme. Lecture toujours simple. J'aime bien.
On y est, dans ce complexe qui nous fait si peur. La foule est à leurs yeux comme une entité totalement étrangère, voire une menace pour ce couple qui ne voulait pas se séparer. On s'y perdrait, et un autre sentiment se fait déjà connaître, la peur de la séparation, de la disparition de l'autre. L'histoire suit naturellement son cours comme un fleuve ne connaissant aucun obstacle.
Ils pensaient être préparés, ils ne le sont pas en réalité. Hésitation, crispation, une déchirure non voulue se crée, provoquée par leur environnement, ou par la foule toujours plus dense et vive. Rattrapés par la réalité.
Maintenant, cela devient un souvenir, et avec le temps, ce souvenir s'efface, comme tous les autres. On ressent quelque chose mais on n'est plus sûr de rien. Etait-ce vrai ? Ou cela faisait partie d'un rêve ? Ce paragraphe m'a particulièrement touché, car ayant vécu une situation similaire. On ne sait plus vraiment si cette journée était vraiment vécue, si cette main qu'on avait prise, qu'on avait touchée était vraiment chaleureuse ou juste tirée de notre imagination. Et on se sent perdu dans la jungle urbaine, l'esprit embrouillé par le doute, les questions qui vous taraudent au point de ne plus discerner le vrai du faux.
Et puis le couperet, retour à la réalité, on oublie et on avance. Point.
J'ai vraiment adoré ce texte, je le mettrai dans mes favoris. | |
| | | Aligby Héliaste
Nombre de messages : 4758 Age : 37 Date d'inscription : 27/11/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Jeu 24 Sep - 20:19 | |
| Un grand merci, Legion, pour ce commentaire. C'est une sensation agréable que de pouvoir partager un instant de vie, un sentiment avec un lecteur anonyme, par le truchement de l'écriture. Que tu aies pu te reconnaître quelque part entre ces lignes me touche beaucoup.
(Signé : Goldmund qui a la flemme de se connecter sur son propre compte) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 21 Oct - 18:10 | |
| Je sors à peine la tête d'une deuxième lecture de ton texte. Pour t'écrire à chaud ce que j'en pense. Je pense avoir saisi au moins deux de tes intentions. J'y ai vu l'analyse de la douloureuse légèreté des rapports qui unissent les individus entre eux. Des rapports sans sens, des rapports sans suite, ce que semble confirmer la rapidité de leur séparation et les dernières pensées de cette jeune fille. En ce sens, ce texte me fait penser à L'insoutenable légèreté de l'être de Kundera. Ton angoisse ce n'est pas celle du viol, du meurtre, de l'échec, tu n'as pas peur de ces instants de crise, de tragédie. Ici l'angoisse, c'est l'affreuse futilité des actes que l'on commet, la peur du vide: le baiser n'est "qu'une séparation de plus", c'est-à-dire un geste vidé de tout son sens symbolique; le couple se rencontre puis se quitte, avec soulagement presque, et préfèrent se concentrer sur ce qui est facile, qui ne demande pas de penser, c'est-à-dire se fondre dans la masse, dans cette foule qui ne pense pas. L'agoraphobie provoquée par l'angoisse du vide, de l'absence de liens, de personnes qui se croisent "sans jamais se rencontrer". " Quelle solitude que tous ces corps humains " , écrit Musset dans FantasioC'est aussi le texte de la peur du gigantisme des villes, de ces ruches humaines où la communauté est sacrifiée sur l'autel des masses. Là aussi, tu me rappelles farouchement un bouquin, Voyage au bout de la nuit de Céline. En particulier ce passage où Ferdinand Bardamu se ballade dans les rues de New York et décrit son mal-être face à ces immenses grattes-ciels, une sorte de "vertige à l'envers". Surtout, son regard horrifié sur tous ces hommes avec des curriculum vitae dans le regard, ces hommes transformés en patchwork de conventions professionnelles...qui cependant, une fois réfugié dans les sous-sols qui abritent les toilettes publiques de la ville, à l'abri des femmes et des convenances, pètent et rotent, comparent leurs sexes, engueulent les mômes et les constipés. Cette ville qui massacre la réalité des êtres et leur impose une attitude. Oui, la description de ta cité, de ce complexe fait d'un seul granit et d'habitants monochromes me rappelle cette vision de Céline. Je ressors de ce texte avec le sentiment inverse que l'arrière-goût des livres d'un autre auteur me laisse: ta ville morte et assassine contre celle où les âmes s'entrechoquent, se frappent, où vices et vertus s'opposent chaque jour avec plus de splendeur, bref cette ville qui vit et donne vie, cette ville décrite par Balzac. "Là, tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s'évapore, s'éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume". La fille aux yeux d'or
( N'en déplaise aux provinciaux, je ferais tout de même preuve d'un géocentrisme Parisien puant en disant que cette ville ce n'est pas bien sûr "la ville" en général, qui n'a que rarement autant de rage. Cette ville, c'est Paris )
La forme m'a cependant moins emballée. Car autant j'aime les tournures, les descriptions, oui parfois j'adore certaines de tes phrases "Kunderesques" ("Ils s’embrassent. Ce n’est qu’une séparation de plus(...)"; mais autant, pourtant, fichtre et foutre, ce sont mes yeux qui sont inondés de flou à la lecture de ce monde inondé de bleu. J'ai eu du mal à te suivre, à garder l'envie de te lire; c'était trop décousu, par moments franchement abscons, malgré un style cristallin. C'est dramatique car le fond s'est enfoui à des profondeurs si stupidement lointaines que je n'ai pas su l'en déterrer; tant pis, je n'aurais eu que la partie immergée de l'iceberg.
Cela était-il volontaire? Ou suis-je simplement désorienté par ma propre crasse intellectuelle?
|
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 21 Oct - 18:31 | |
| J'ai une écriture extrêmement dense. Je ne dis pas que cette écriture est facile, loin de là : elle se refuse néanmoins au non-sens. Le fil de la narration est logique, c'est une histoire très simple en vérité, dans laquelle il ne se passe pas grand chose. Le corps du récit est occupé par l'intériorité de mes personnages : non pas analyse psychologique ou portrait au sens strict du terme, mais plongée au coeur de leurs fantasmes. Des fantasmes qui en viennent à contaminer le monde qui les entoure, dans une sorte de va et vient - sans doute passablement troublant - entre la réalité et le délire. Je pense que si l'on arrive à comprendre et à se reconnaître dans ces "délires", le texte revêt tout son sens.
Dernière édition par Goldmund le Mer 21 Oct - 18:41, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 21 Oct - 18:39 | |
| Peut-être bien...
Je regrette alors de ne pas avoir une personnalité adaptée à ton texte.
[quote=\"Goldmund\"]Je ne dis pas que cette écriture est facile, loin de là : elle se refuse néanmoins au non-sens. [/quote]
Le non-sens n\'est pas dans l\'écriture limpide, il est plutôt dans la position des auteurs qui refusent à écrire clairement des pensées complexes. Plus le fond est complexe, plus l\'auteur devrait s\'efforcer de le rendre limpide. Tu peux amener le délire, amener la folie, amener le lecteur à comprendre ce flou, l\'armer pour pouvoir couper à travers tes jeux de style et de fond.
Il ne s\'agit pas de passer à la machette quoique ce soit; simplement d\'avoir dans le style et dans le fond cette légèreté quand elle a du talent: la pédagogie.
Dernière édition par Plumo le Mer 21 Oct - 18:42, édité 1 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 2216 Age : 36 Localisation : 221 B Baker street Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 21 Oct - 18:41 | |
| Juste le commentaire de Plumo plus que complet m'amène à me questionner. Faut - il toujours commenter un texte par rapport aux textes des autres. Je n'aime pas trop la perpétuelle comparaison. Je sais que rien n'est unique, mais avec la tendance de les relier à d'autres auteurs,on en vient à oublier ce que cet auteura voulu dire et ce que cet auteur est. (Gold je t'attend) | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Mer 21 Oct - 21:02 | |
| - Citation :
- Le non-sens n\'est pas dans l\'écriture limpide, il est plutôt dans la position des auteurs qui refusent à écrire clairement des pensées complexes. Plus le fond est complexe, plus l\'auteur devrait s\'efforcer de le rendre limpide. Tu peux amener le délire, amener la folie, amener le lecteur à comprendre ce flou, l\'armer pour pouvoir couper à travers tes jeux de style et de fond.
De ce point de vue justement, j'ai la prétention de croire mon écriture parfaitement limpide. La clarté de l'écriture, la sobriété du style - voilà ce que j'appelle "simplicité". La simplicité n'a rien à voir avec la vulgarisation, et il est de ces choses simples qui demandent à être lue et relues pour être bien comprises. S'il fallait écrire comme tu le préconises, il n'y aurait plus ni écrivain, ni littérature : seulement des recettes de cuisine. La langue littéraire, au sens où l'entendent Mallarmé, Nietzsche, Blanchot n'est justement pas une langue de la communication. C'est une langue démiurgique, elle ne renvoie qu'à elle-même, est centrée sur elle-même, et tire de son sein sa propre signification. Elle ne traduit pas les choses simplement, ou esthétiquement, elle les invente. Cette nuance est cruciale. Tes remarques, Xupinette, ne sont pas infondées : Plumo a commis deux erreurs importantes dans son commentaire, ce que nous pouvons lui pardonner, n'étant pas à proprement parler un littéraire - je suis du reste toujours content de recevoir un commentaire, quel qu'il soit. Il a tout d'abord séparé la forme du fond, se bornant à un jugement très vague sur la qualité du style dans le paragraphe final ; il s'est ensuite livré à un catalogue thématique dont la seule utilité est de citer des auteurs ayant un vague rapport avec le texte étudié, sans jamais s'interroger sur sa spécificité, sur ce qui se cache derrière ces grandes étiquettes qu'il colle allègrement. "Ici, ça parle de la ville, ici, de la solitude". Une fois que cela a été dit, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés. Cela étant, le commentaire est une discipline aussi ingrate que l'écriture. Le commentaire est une écriture. Sur ce point, j'invite les intéressés à se reporter à l'article Bartholemeus de ma rubrique.
Dernière édition par Goldmund le Jeu 22 Oct - 9:13, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Jeu 22 Oct - 0:35 | |
| Goldmund, Contrairement à ce que tu peux penser, je ne suis pas venu ici satisfaire mon amour propre. Je ne satisfais pas mon égo en balançant trois références sur un texte d'un site obscur et qui peine à atteindre la vingtaine de commentaires. Je crois que s'il me fallait absolument satisfaire ma petite faille narcissique, j'aurais à ma disposition des sphères, des occasions suffisamment nombreuses et prestigieuses pour le faire. Et comme tu l'as remarqué judicieusement, je ne suis pas un littéraire selon ta définition du mot: donc si je veux briller, ce ne serait pas sur ce domaine que je viendrais m'aventurer. Ensuite, penses-tu vraiment que j'aurais voulu "briller" par des citations littéraires alors que ce post fourmille de spéculations sur-documentées? D'autant plus que mon commentaire t'étais adressé et que je ne pense pas t'apprendre quoique ce soit en citant les célébrissimes œuvres que j'ai évoqué? Ta critique est donc infondée et je trouve cette réaction attristante. Je n'admire pas cette assurance que tu as en jugeant des gens dont tu ne connais rien, pas même le visage, pas même le son de leur voix; peut-être trouves-tu ça drôle. J'ai d'autant plus de mal à prendre au sérieux cette critique que tu m'adresses puisque tu sembles si obnubilé par ta propre conception des choses que tu ne prends même plus le temps de me lire. - Plumo a écrit:
- J'ai eu du mal à te suivre, à garder l'envie de
te lire; c'était trop décousu, par moments franchement abscons, malgré un style cristallin.
Je dis donc noir sur blanc que je trouve ton style cristallin, clair, simple. Ce à quoi tu réponds superbement, indigné que je trouve ton style obscur: - Goldmund a écrit:
De ce point de vue justement, j'ai la prétention de croire mon écriture parfaitement limpide. ... Et tu pars dans une grande élucubration où tu cases un catalogue futile de grands auteurs dont on ne voit que le nom. Moi qui essayait simplement de dire qu'avec un style limpide et une narration ingénieuse, on pouvait énoncer des idées sophistiquées... Tu penses que je ne lis que Tom-Tom et Nana? Grand bien t'en fasse mais non, comme tout le monde, je lis des œuvres légèrement plus complexes que ton texte et pourtant les idées m'apparaîssent clairement, elles me frappent. C'est dommage. Je ne venais que pour prendre du plaisir à commenter un texte dont certains éléments m'ont frappé. Faire référence à des passages d'oeuvres qui avaient un vrai écho et non pas une "vague référence" (ce qu'encore une fois tu assènes avec une pompe qui te dessers) avec ce que tu écrivais, c'était pour moi une façon de réfléchir un peu, de sortir du carcan serré d'un texte très court et auquel je ne comprenais pas grand chose. Enfin...Malgré tout, ton texte est très beau, quoique trop densément chargé, ce que tu admets et prône apparemment comme une qualité; ici, ce sont deux goûts qui s'opposent. |
| | | Ruby
Nombre de messages : 2216 Age : 36 Localisation : 221 B Baker street Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Jeu 22 Oct - 5:47 | |
| Pas que je vienne prendre la défense de Gold mais si, en tout cas simplement sur le point dont j'ai évoqué. On ne te reproche pas de citer les auteurs, on ne dit pas que c'est délit de vantardise, de pédantisme. L'idée est que avant de citer et de rattacher un texte à d'autres textes, il fut le commenter pour lui même. Pas tenter de le comparer à ces prédecesseurs, voir ce qu'il en est seulement pour ce qu'il est , pas pour ce à quoi il peut te faire penser. Car tu tends par là à noyer le texte dans la simple comparaison, et pas dans un réel commentaire. Tu vois ce que je veux dire? Faut pas être aussi sensible, je pense pas que Goldmund voulait être désagréable car je t'assure que quand il veut le faire, il le fait mieux que ça.
Ps: pour le reste tu as bien marqué les incohérences de Gold à lui de se justifier
Soit dit en passant je ne perds jamais une occasion pour témoigner ma haine pour Céline. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Jeu 22 Oct - 9:18 | |
| - Citation :
- Je crois que s'il me fallait absolument satisfaire ma petite faille narcissique, j'aurais à ma disposition des sphères, des occasions suffisamment nombreuses et prestigieuses pour le faire.
Je n’en suis pas si sûr. En outre ce penchant - qui explose littéralement dans la phrase que je cite - est tout à fait humain, je ne t’en fais pas le reproche. Ne te fâche pas. Tu es vraiment un garçon à fleur de peau. Tu me rappelles mon adolescence. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Ven 23 Oct - 4:13 | |
| Tant pis Goldmund. Je ne me battrais pas pour faire comprendre à un type que mon amour propre ne tourne pas autour d'un forum de littérature. Surtout si le mec en question se contente de "Je n'en suis pas si sûr" et d'allusions courtoises et franchement mesquines. D'autant que TOUS mes autres commentaires de ces derniers temps dans cette bibliothèque ne sont greffés d'AUCUNE référence à AUCUN livre. Ce qui est certes plus affligeant que glorieux! Mais qui pourrait te mener à penser que...Enfin tant pis.
Par contre, Xupinette pose un problème intéressant (et de façon intelligente, ouverte au dialogue, pas sourdement agressive): c'est vrai que j'ai beaucoup trop comparé ce texte. Je n'ai qu'une seule défense, c'est que les points communs m'aient vraiment frappés: normal, Voyage au bout de la nuit et La Plaisanterie sont les deux derniers bouquins que j'ai lu ou presque, d'où cette impulsion. Peut-être une autre...à la rigueur oui...: je me suis fait plaisir. C'était agréable pour une fois de commenter un texte en essayant de retrouver les points communs avec des ouvrages qui m'ont profondément marqués. Ceci dit rassures-toi Xu', ce n'est pas une tendance longue que je prends dès maintenant: mes récents commentaires sont à l'opposé même de ce fourmillement étrange, ceux à venir ne seront pas à l'image de cet aparté dont je garderais d'ailleurs un souvenir nauséabond.
Edit: Ceci étant je reconnais être à fleur de peau; peut-être est-ce parce que j'ai pris du temps pour commenter un texte dont la lecture m'avait pourtant frustré; et que la réaction (sans doute raisonnable) ait été de considérer ce temps comme un "catalogue thématique dont la seule utilité est de citer des auteurs ayant un vague rapport avec le texte étudié". |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Sam 24 Oct - 0:25 | |
| C'est pourquoi, en tant qu'auteur, je me place dans une situation délicate en commentant le commentaire que tu m'adresses, ce que je n'aurais pas fait sans la remarque de Xupinette. J'insiste : cela m'a fait plaisir que tu aies pris le temps de dire un mot sur mon texte. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Sam 24 Oct - 17:45 | |
| Oui, j'ai de toute façon sur réagi, apparemment tu n'étais absolument pas dans le jugement d'après les messages d'alerte que m'ont envoyés Aligby et Xupinette.
Nous nous sommes complètement éloignés du fond, c'est dommage. Je te propose d'y retourner sur une base aseptisée. Allons-y.
Tu sais Goldmund, je ne reprocherais jamais à un auteur de créer des concepts nouveaux, d'oser écrire sur des thèmes très complexes. Bien au contraire, mes auteurs préférés sont ceux qui m'apprennent quelque chose, ceux dont la lecture laisse une marque. Ainsi comme toi, je considère qu'un style clair et frappant au support d'idées complexes sont le must-have des grands écrivains. Quitte parfois à s'accorder des pages un peu floues, un peu hardues à déchiffrer pour le lecteur, mais qui traduiraient parfaitement la confusion d'un personnage ou la complexité d'une idée. Je ne renonce donc pas du tout à une littérature un tantinet hermétique; un tantinet. Car effectivement, si on ne reste pas dans la perpétuelle description mais qu'on s'aventure vers l'analyse - des rapports humains par exemple - voir même vers le conte d'idées qui nous sont propres, un degré est immédiatement franchi. Il faut alors accepter que le lecteur soit forcé à relire. La relecture donne d'ailleurs un supplément d'être à n'importe quel texte, je suis donc loin de la condamner, je la défends.
L'idée que je me fais de la littérature est donc très loin de celle que tu me prêtes, ce que je voulais rectifier.
Et dès lors, si j'aime ce genre de littérature, qu'est-ce que je reproche à ton texte? Disons qu'il a une des deux qualités évoquées ci-dessus: un style clair, fort, qui défend des idées tout en étant dans l'esthétique. Par ailleurs, je l'ai dis d'entrée de jeu dans mon premier commentaire, ton style est "cristalin". Cependant, puisque tu m'as répondu que.. "De ce point de vue justement, j'ai la prétention de croire mon écriture parfaitement limpide." , tu as peut-être zappé ce passage. Je le répète, afin que nous soyons clair là-dessus. Bref tes phrases sont claires, l'enchaînement nous entraîne et soutient tes idées.
Cependant, j'ai eu l'impresion de lire un texte très décousu. Et c'est justement parce que je m'acharne à vouloir comprendre chaque bribe de ton écriture, parce que je VEUX comprendre les idées que tu défends, que je suis frustré. Si je n'en avais rien à battre, je ressortirais tête froide de ces lignes, ayant apprécié la souplesse des phrases et retenu que les hommes entretiennent entre eux des rapports insignifiants et que la ville, la masse, ben ça les bouffe. Seulement non, ça m'emmerde de m'en tenir à cela. Donc j'essaye de comprendre le sens, la portée du premier paragraphe. Pourquoi ce ciel, ce monde monochrome? Pourquoi du bleu? Qu'est-ce qu'il essaye de me dire? Et ainsi de suite tout le long du texte afin d'absorber ce que tu dis pour me l'approprier si jamais j'étais convaincu.
Ce qui m'a manqué, c'était un jeu de narration ingénieux. J'aurais pu tomber amoureux de ce texte s'il avait eu la délicatesse d'amener ingénieusement les thèmes qui allaient être abordés. Car tu n'es pas dans un roman, et ce texte m'arrive brut dans les pupilles, sans aucune vaseline pré-déchiffrage d'aucune sorte. J'aurais voulu une introduction pour mieux saisir le sens de ce premier paragraphe, ne pas passer un quart d'heure à comprendre que l'on passe d'un premier bout de récit à un autre qui n'ont entre eux quasiment aucun fil rouge (j'entends par là que l'un n'enclenche pas l'autre), qu'il s'agit d'un couple, qu'ils sont dans une sorte de centre commercial surgit au beau milieu de la forêt, etc.
Ne ponce pas tes idées mais mâches-moi le travail. Peut-être suis-je effectivement le seul à n'avoir pas pu saisir la totalité de la subtilité de ton texte - mais j'en doute quand même un petit peu. Voilà la seule criitque que j'ai à te faire; mais à mes yeux, elle est importante. |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu Sam 24 Oct - 22:02 | |
| Je crois que je saisis mieux ce que tu voulais me dire. Tu as parlé tout d’abord d’un texte décousu, ce qui me gêne un peu : mon écriture est une écriture de l’ellipse, du sous-entendu, de la concentration des idées – ce qui est une source possible de difficulté à la lecture – néanmoins je m’efforce de rendre visible autant que faire ce peu le fil de narration, d’articuler mes paragraphes de manière à ce que la « trame globale » soit lisible, que l’on ne se dise pas : « tiens, ils sont brusquement en plein cœur du macdonald », « tiens, ce n’est plus la même instance qui raconte l’histoire », « tiens, qui c’est ce personnage ? » (note à ce sujet que le décor que je peins est un décor réel, nous sommes dans les sous-bois, c'est-à-dire dans un espace périphérique, un entre-deux : la violence de ce contact est recherchée). Le commentaire ci-dessous me fait voir cependant une difficulté d'un autre ordre : - Citation :
- Seulement non, ça m'emmerde de m'en tenir à cela. Donc j'essaye de comprendre le sens, la portée du premier paragraphe. Pourquoi ce ciel, ce monde monochrome? Pourquoi du bleu? Qu'est-ce qu'il essaye de me dire? Et ainsi de suite tout le long du texte afin d'absorber ce que tu dis pour me l'approprier si jamais j'étais convaincu.
Je te mets en garde contre la tyrannie du sens. Non pas que je défende une écriture qui ne veuille rien dire, loin de là, mais il ne faut pas non plus sombrer dans l’extrême opposé, chercher à tout prix une signification, évoluer dans le texte comme on tournerait les pages d’un dictionnaire, allant du mot à sa définition et de la définition au mot. Dans son Introduction au discours sur le peu de réalité, Breton nous donne justement à lire ce passage très drôle : - Citation :
- "Il s’est trouvé quelqu’un d’assez malhonnête pour dresser un jour, dans une notice d’anthologie, la table de quelques unes des images que nous présente l’œuvre de l’un des plus grands poètes vivants ; on y lisait :
Lendemain de chenille en tenue de bal veut dire : papillon. Mamelle de cristal veut dire : une carafe. Etc. Non, monsieur, ne veut pas dire. Rentrez votre papillon dans votre carafe. Ce que Saint-Pol-Roux a voulu dire, soyez certain qu’il l’a dit." Pour en revenir à ce premier paragraphe, il ne faut pas chercher de signification précise aux images qui sont mises en espace, il ne faut pas chercher à « traduire » en bon français ce que l’auteur a pu vouloir dire : j'ai une sainte horreur le l'écriture "jeu de piste" dont le seul impératif est d'exprimer des choses simples avec des mots tordus. Les mots que j’ai enlacés forment, ou du moins s’efforcent de former un tableau, un motif, une image obsédante, qui va en effet hanter le reste du récit. Un monde inondé de bleu, une couleur devenue masse qui pèse sur les choses ; à son contact, les êtres sont absorbés, confondus, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’elle, spectrale et néanmoins séductrice. Dominante et terrible. Voilà l'impression qui sert de point de départ à la rédaction. Tu noteras du reste que ce bleu absolu, monochrome, n'est pas sans rappeler - du moins je l'espère - une autre image qui est celle de la foule, de la "bête". Je me plais, peut-être par abus de langage, à me décrire comme un garçon extrêmement sensible aux fantasmes de toute sorte. Je les traque dans le monde de tous les jours, je les laisse grandir dans mon esprit et je les lâche sur le monde, qui en est alors « inondé ». Voilà peut-être pourquoi mon écriture semble se fondre tout naturellement dans le travail de la critique et du commentaire : elle se nourrit du matériau brut de la littérature qui est une parole libérée de la pesanteur du monde réel, de ses règles, de ses convenances. La littérature est le lieu par excellence où s’affirme le fantasme. Ma tâche est alors de le reconnaître, de le modifier, de le rendre mien, et de donner forme à l’informe. Ecrire, lire, parler d'une oeuvre : une seule et même chose.
Dernière édition par Goldmund le Dim 25 Oct - 12:20, édité 1 fois | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Dehors, le monde inondé de bleu | |
| |
| | | | Dehors, le monde inondé de bleu | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|