Eclat en pièces détachées [Citations]

"C'est pourquoi, je garde espoir que mon tendre reproche,
En mortifiant ta chair, amendera ton âme."
Le Dr Faust, Marlowe

"Tu es le demi-ton. Tu es l'entre-deux, la note suspendue, l'équilibre fragile. Tu es le vacillement qui contient la chute, tu es le fa dièse qui frôle le sol, un presque sol ; tu es la défaillance retenue d'extrême justesse, tu es le bord de l'abîme. Tu es ce qui pourrait être et qui n'est pas, tu es un possible. Tu es cette note en mouvement obligé vers une autre, qui voudrait se confondre avec elle et ne se confond pas. Tu es l'incertitude."

La note sensible, Valentine Goby.



Fervente admiratrice de W. Shakespeare, je me dois de poster ceci :

"A la vie, à la mort, je m'y rends sans délai."

Le songe d'une nuit d'été.

Franz a écrit:

"Tu es le demi-ton. Tu es l'entre-deux, la note suspendue, l'équilibre fragile. Tu es le vacillement qui contient la chute, tu es le fa dièse qui frôle le sol, un presque sol ; tu es la défaillance retenue d'extrême justesse, tu es le bord de l'abîme. Tu es ce qui pourrait être et qui n'est pas, tu es un possible. Tu es cette note en mouvement obligé vers une autre, qui voudrait se confondre avec elle et ne se confond pas. Tu es l'incertitude."

La note sensible, Valentine Goby.

Je surkif. Je connais pas l'écrivain mais je surkif.

Sur la porte des enfers sont gravés ces mots:

Par moi on va dans la cité dolente,
Par moi on va dans l'eternelle douleur,
Par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
Puissance divine m'a faite
Et la Haute Sagesse et le Premier Amour;
Avant moi rien n'a été créé qui ne soit éternel
Et moi je dure eternellement.
Vous qui entrez, laissez toute espérance.

La Divine Comédie, premier cantique: L'Enfer de Dante

Bon choix Gold


"Le silence qui triomphe sur les mots"

puis, toujours du même livre :

" Franz était mon tournant.

Sa grâce, sa fragilité dissimulée derrière la précocité de son verbe, le charme qui émanait de ses gestes et de sa personne, les questions qu'il posait et que je me posais à son égard avait fait le reste, et je l'aimais d'une certaine matière, d'une étrange sorte d'amour. Il s'y mélait de la complicité, une connivence teintée de tendresse et d'humour, le partage d'une solitude, la conviction tranquille qui n'interviendrait jamais aucune douleur, aucun conflit. C'était un amour sans danger, sans engagement ni exigence, sans lendemain, un amour de passage, de transition, irréaliste et presque abstrait, sans action, le vol d'un papillon entre deux humeurs du ciel. J'anticipais chaque jour, une heure ou presque avant la fin du travail matinal, ma rencontre avec Franz, et j'imaginais que, de son côté, achevant ses cours, il pensait, lui aussi, à ce que nous allions nous dire sur notre banc."


Franz et Clara, Philippe Labro.

Temps pour toi et temps pour moi
Temps pour cent hésitations
Pour cent visions et révisions
Avant de prendre une tasse de thé.

Thomas Stearns Eliot

"Demain, le mot aujourd'hui sera le plus beau mot que j'aurai à prononcer. Il voudra dire ma vie, la vie qui naît et qui meurt, le bruit des incertitudes et l'ampleur des différences. Je prononcerai aujourd'hui en me levant, en me couchant, quand je ferai l'amour avec un homme que j'aime et à qui je dirai "aujourd'hui je t'aime", en marchant, en courant, en respirant. Je dirai au / jour / d'hui, et je serai heureuse, rien que de prononcer ces trois syllabes. Je dirai "aujourd'hui, j'ai mal au côté gauche" et je saurai que je suis en vie et remarquerai alors le bleu du ciel et les visages derrière les fenêtres. Quand je dirai avec ma bouche le mot aujourd'hui, il n'y aura ni passé ni avenir, ce sera seulement aujourd'hui avec le poids de la terre, des étoiles et des rêves non réalisés."

Superbe.


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Bon sinon, je craque, il faut que je les poste :

"Si tu parles à ton eau de Javel pendant que tu fais la vaisselle, elle est moins concentrée."

"Une vache, ça te bouffe trois hectares, moi, avec trois hectares, je te fais deux mille kilos de riz... avec trois hectares, je te nourris Avignon, tu vois..."

"Moi, Adam et Ève, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme, ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine..."

"A l'an 3000 les gens vont se parler avec,..., les yeux, des ondes. Ne me prend pas pour un fou les baleines le font, les dauphins aussi. Ce sont des animaux très intelligents dans la mer. Nous on vit dans la terre. Et eux se communiquent, vu qu'ils ne savent pas parler dans l'eau, ils sont forcés d'utiliser des ondes, des ondes de love ou de hate et la communication se fait comme ca."

Van Damme.
Ce mec m'éclate.

J'aime moins cette citation. C'est un peu trop.

Cria cuervos... Un film si intense et si triste. Avec une chanson admirable : http://www.deezer.com/track/21763

Ca j'adore !

Puisqu'il s'agit de citations. Mon oreille n'est pas très sûre, pas plus que mon espagnol depuis le temps.

Oye en mi ventana brilla el sol
Aujourd'hui le soleil brille à ma fenêtre
Y el corazon
Et mon coeur
Se pone triste contemplando la ciudad
Est triste en contemplant la ville
Porque te vas
Parce que tu t'en vas

Como cada noche desperte
Comme chaque nuit je me réveille
Pensando en ti
En pensant à toi
??? (mon oreille merde je disais)
Porque te vas
Parce que tu t'en vas

Todas las promesas de mi amor se iran contigo
Toutes les promesses de mon amour s'en iront avec toi
Me olvidaras
Tu m'oublieras
Junto a la estacion yo llorare igual que un nino
Arrivé à la gare je pleurerai comme une enfant
Porque te vas
Parce que tu t'en vas

Bajo la penumbra de un fajol
A l'ombre d'un lampadaire
Se dormiran
S'endormiront
Todas la cosas que quedaron por decir
Toutes les choses qui nous restaient à dire
Se dormiran
S'endormiront
Junto a las manillas de un reloj
Euh, j'sais pas
Esperaran
Attendront
Todas la horas que quedaron por vivir
Toutes les heures qui nous restaient à vivre
Esperaran
Attendront

"J’aime allumer une cigarette au milieu de la mer. C’est un minuscule point rouge sur le bleu. Un point d’incandescence, de grésillement et de chaleur. Il signifie que j’existe : je suis une graine, une pépite d’homme, une parcelle d’âme en larmes, prête à s’agenouiller comme à disparaître."

Jean-Michel Maulpoix.

" Développer l'ouverture du cœur est sans doute la meilleurs arme de combat"

Yveline Brière de "Le livre de la sagesse"


ps : désolé je ne me sens pas encore assez douée pour faire un commentaire, je me contente d'admirer la force des mots

Franz a écrit:

"[...] prête à s’agenouiller comme à disparaître."

Jean-Michel Maulpoix.

Ca, c'est beau. Je ne dis pas que le reste de la citation est inintéressant, mais c'est le seul énoncé véritablement "original". Ce n'est un secret pour personne, rien n'est plus difficile aujourd'hui que l'originalité: nous répétons beaucoup, et le style ne suffit pas toujours à nous départager.
La soumission engage l'homme, il en est l'acteur comme le suggère le participe "prête"; ce qui n'est pas le cas de la disparition, phénomène subi par définition. L'homme peut se soumettre mais il ne peut pas "se disparaître". Deux expressions très différentes sont donc coordonnées, et s'il n'y a pas d'aberration au niveau de la syntaxe, il y a un décalage sur le sens. C'est un très beau zeugma. Le paroxysme de la faiblesse humaine s'exprime quand notre soumission à l'immensité ne suffit plus à nous préserver de l'anéantissement. Soumis ou non, nous dit Maulpoix, nous disparaissons, comme emportés par notre propre légerté, par notre propre inconsistance.

Assieds toi en silence
Ne fait rien
Le printemps vient et l'herbe pousse toute seule.

(traduction d'un haiku)

Gold, je citerais presque ton explication ici...

"Je passe le plus clair de mes journées à les obscurcir." - Boris Vian

Oui, je viens de me relire, c'est nébuleux et très mauvais. je devais pas avoir les idées claires quand j'ai écrit ça. Il faut dire que cette phrase n'est pas facile, d'un point de vue stylistique, c'est très fin.

Citation :

La première étude de l'homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l'inspecte, il la tente, l'apprend. Dès qu'il la sait, il doit la cultiver, cela semble simple : en tout cerveau s'accomplit un développement naturel ; tant d'égoïstes se proclament auteurs ; il en est bien d'autres qui s'attribuent leur progrès intellectuel ! — Mais il s'agit de faire l'âme monstrueuse : à l'instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s'implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant ! — Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d'autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé !

Rimbaud.

Citation :

Si vous étiez vraiment libre, si vous aviez l’intelligence créatrice,
alors à partir de celle-ci viendrait l’action ; vous aborderiez le
problème fondamentalement, c’est-à-dire, par l’éducation, par les
écoles, par la littérature, par l’art ; non par ce perpétuel discours
sur les organisations. Pour avoir des écoles, pour avoir le bon genre
d’éducation, vous devez avoir de l’organisation ; mais tout ceci
viendra naturellement si des individus, si quelques personnes sont
vraiment éveillées, sont vraiment intelligentes.