Eclat en pièces détachées [Citations]

" La jeunesse est pédante en ces lieux. "

- Tr0n

Clown Mallarméen a écrit:: Voilà ce que, à mon sens, tout Homme se doit de percevoir :

"L'Homme est seul face au silence déraisonnable du Monde"
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

Cette citation est magnifique: très beckettienne, très vingtièmiste. Camus remonte dans mon estime. Dans le même registre, je vais m'efforcer de maintenir le niveau avec une citation d'Anouilh, tirée de son Antigone:

"C’est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d’honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu’on se pose un soir... C’est tout. Après, on n’a plus qu’à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C’est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences, tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lève à la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l’un en face de l’autre pour la première fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule éclatent autour du vainqueur – et on dirait un film dont le son s’est enrayé, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n’est qu’une image, et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence..."

Oula ! J'ai du mal lire Antigone. Ca m'avait totalement échappé. C'est poétique, et cela traduit bien ses positions quant à la tragédie trop codifiée.

Aller, un peu de Mallarmé. C'est beau en soi, même si ça n'évoque rien dans l'immédiat Très Heureux

.

Sonnet (Poésies)

Victorieusement fui le suicide beau
Tison de gloire, sang par écume, or, tempête!
O rire si là-bas une pourpre s'apprête
À ne tendre royal que mon absent tombeau.

Quoi! de tout cet éclat pas même le lambeau
S'attarde, il est minuit, à l'ombre qui nous fête
Excepté qu'un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau,

La tienne si toujours le délice! la tienne
Oui seule qui du ciel évanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t'en coiffant

Avec clarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d'impératrice enfant
Dont pour te figurer il tomberait des roses.

Choqué

EDIT : J'ai effectué quelques recherches pour l'explication, et je les ai résumées selon ce que je ressentais du texte.

1) Premier quatrain : Interprétations divergentes. Toutefois, le premier vers exprime sans doute un coucher de soleil (ou bien un "suicide beau"). L'image de la gloire qui se couche dans un ciel tourmenté le renvoie peut être à sa propre existence, et il savoure sa récente renommée et la présence de sa femme, chose impossible s'il s'était suicidé durant ses années plus noires. C'est l'image de "l'absent tombeau". Cette joie se retrouve dans une exaltation de la chevelure qui revet une importance capitale chez Mallarmé ("or", "sang par écume" qui donne l'impression a l'amant de ne faire qu'un avec le sang de l'Etre aimé).

2) Second quatrain : Le soleil s'est couché. Si le crépuscule l'exaltait et le tendait vers un idéal d'amour et d'eau fraiche, la nuit le renvoie à la réalité et détruit cette fiction ("Quoi ! De tout cela pas même le lambeau"), mais pas forcément négativement. L'obscurité est propice aux ébats amoureux ("l'ombre qui nous fête"). Les deux derniers vers sont plus problématiques, car plus métaphoriques. On a sans doute cette perpétuation de l'exaltation de la femme. Car si rien ne subsiste, seul l'Amour reste et revêt une tournure plus intime. Le "caressé nonchaloir sans flambeau" (je trouve ça sublime) symbolise peut être le corps caressé avec une certaine nonchalance, comme pour exprimer l'appartenance de l'Amour à celui qui en fait l'experience.

3) Premier tercet : A partir d'ici, Mallarmé décrit la femme par touches successives. Le "ciel" renvoie à l'Azur triomphant de la première strophe, mais celui-ci s'est évanoui, et l'épithète "puéril" vient relativiser le symbole en recréant la femme dans son échelle. L'exaltation de l'Amour, il se la réserve.

4) Second tercet : Sanctification de l'être aimé par la chevelure qui est comparée à une "impératrice".

Conclusion : Un sonnet d'Amour somme toute, qui allie le symble et l'exaltation avec la réalité. L'enchainement d'analogies et la fluidité traduisent bien le mouvement de la pensée qui reste typiquement Mallarméen.

Invité

:joker: C'est...beau. Malheureusement, je n'ai rien compris et il est tard. Donc, flemme de tenter une interprétation là, tout de suite, maintenant. Une gentille luciole pour éclairer ma lanterne? (MP ou public)

Sache que je ne t’aime pas et que je t’aime
Puisque est double la façon d’être de la vie,
Puisque la parole est une aile du silence,
Et qu’il est dans le feu une moitié de froid

Moi je t’aime afin de commencer à t’aimer,
Afin de pouvoir recommencer l’infini
Et pour que jamais je ne cesse de t’aimer :
C’est pour cela que je ne t’aime pas encore.

Je t’aime et je ne t’aime pas, c’est comme si
J’avais entre mes deux mains les clés du bonheur
Et un infortuné, un certain destin.

Mon amour a deux existences pour t’aimer.
Pour cela je t’aime quand je ne t’aime pas
Et c’est pour cela que je t’aime quand je t’aime.

Pablo Neruda (La centaine d'amour)

Invité

"Les vices et les abus, voilà ce qui ne change point mais se déguise sous les mille masques des modes et des coutumes. Arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au théâtre."

Préface du Mariage de Figaro, Beaumarchais.

"Il faut choisir, mourir ou mentir"
Céline

Plumo, j'ai édité l'explication du Sonnet de Mallarmé si ça t'interesse toujours.

Invité

"Je prefere bruler franchement que se consummer peut a peut"

kurt Cobain - lettre de suicide

Kurt Cobain avait une maîtrise un peu vacillante du français.

Invité

C'est sans doute une relecture de sa lettre qui l'a poussé au suicide.

"Le poète ne peut pas demeurer longtemps dans la stratosphère du verbe. Il doit se lover dans de nouvelles larmes."

René Char, De la Poésie

"La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix citoyens, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions."

De Pierre DANINOS.

Invité

"La littérature est la preuve que la vie ne se suffit pas"
...d'un mec.

Invité

Citation :: "Je me méfie des rumeurs. Vous savez, quand on me dit que si les juifs allaient en aussi grand nombre à Auschwitz, c'est parce que c'était gratuit, je pouffe."

Desproges.

"Il y a deux ans que je n'ai pas parlé à ma femme, c'était pour ne pas l'interrompre."
Jules Renard

Invité

L'homme est un pont, et pas un terme.

Nietzsche, dans le Prologue d'Ainsi parlait Zarathoustra

"Chaque époque rêve de celle qui va lui succéder"

de Jules Michelet

"L'existence précède l'essence." Sartre.
Dans L'Existentialisme est un Humanisme, je crois.

Et "Un homme est fait de choix et de circonstances.
Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix."
Schmitt, dans La part de l'autre.

Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 06/01/2008

"Par cause de soi, j'entends ce dont l'essence enveloppe l'existence, autrement dit, ce dont la nature ne peut se concevoir qu'existente."
Spinoza, l'Ethique, livre I, définition I.

"Les diérèses c'est vraiment de la merde"

Tr0n à Irrumo

Chromatique Nombre de messages : 720 Age : 34 Date d'inscription : 30/05/2008

"Le monde n'est rien sans moi !"

Perdu l'auteur :S

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La liberté, on raconte beaucoup de conneries, et bien moi je vais vous le dire, ce que c'est, la vraie : c'est choisir entre "vive la vie" et 'vive la mort' ; mais le truc, c'est que la liberté, faire ce choix-là, ça n'existe pas, parce que ça ne se choisit pas à l'échelle d'une vie, ça s'impose, ça se négocie comme on peut.

« Vous me conseillez un peu d’humour ? - Très peu cher président, et encore, pas du meilleur effet. Les Français aiment l’humour, mais l’intelligence, ça les vexe. »

Président Faust, Louis Pauwels

"Je penche donc je suis"
Proverbe motard...

Journaliste Nombre de messages : 1000 Age : 28 Date d'inscription : 23/12/2007

"Lorsque tout le monde pense pareil, personne ne pense vraiment."
Walter Lippmann