La Digue de St Adobe [zone publique]

Une Ame triple... Lùthien frissonna d'excitation. Un pays riche, oui, vraiment. Mais celui-ci n'avait pas besoin d'être guidé. Quand l'Enfant se métamorphosa en Dragon, l'elfe écarquilla les yeux. Jamais encore elle n'avait ressenti une telle puissance. Maintenant qu'ils s'étaient dévoilés, elle comprenait mieux la réaction du Loup.

La Digue est mon refuge…et toi qui es tu ?

La voix résonna entre les tempes de Lùthien, la surprenant. Sous le regard de braise de Shyon, l'elfe se redressa et, plantant fermement son regard doré dans celui de Sanz, elle lui répondit fièrement.

Je ne suis pas triple. Double me suffit amplement pour le destin qui est le mien. Si la Digue est ton refuge, je ne t'y dérangerait pas. Mais cet endroit me plait, peut être même à cause de toi. Elle eut un petit sourire. La Louve leva les yeux vers Shyon puis revint à Sanz, penchant légèrement le tête, curieuse. Je crois que tu lui fais peur... C'est la première fois.

Le Loup continuait à gronder, mais il était lointain depuis que Shyon avait accompli sa transformation. Que pouvait-il bien craindre?

La mer s'étendait à ses pieds. L'air iodé s'insinua dans ses narines pour lui rappeler de nombreux souvenir qui furent chasser d'un battement de paupière. Ce n'était pas le but de sa visite. Il y avait quelque chose d'interressant qui dormait en ces lieux, et il falait aller le dénicher, il ne viendrait pas seul. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'inconnu. Sa capuche flottait légèrement dans la brise marine et finalement, son pied l'entraina dans le vide.

La mer se rapprochait dangereusement. Le vide qui séparait le corps de l'eau diminuait à vu d'oeil. Mais avant qu'une éblabussure puisse ateindre le manteau, ce même pied qui avait entrainé l'inconnu dans le vide, vint se réceptionner sur un rocher. Un second sourire filtra de ses lèvres. La faille était droit devant. Pas suffisament sombre, un corps semblait dormir. Doucement le corps s'approcha de son oreille pour murmurer quelques mots qui s'insinuèrent jusqu'en son âme.

«J'ai une proposition à te faire. Pas à toi, mais à l’ombre qui se cache dans ton corps. Es-tu plein d’ardeur, assez courageux, pour te battre ? Oh non, je ne te parle pas de cette épée que tu tiens si fermement dans ton sommeil, mais de l’aura créatrice qui s’émane de toi, du génie qui transperce le cœur à travers ton pinceau, des fantasmes de ton esprit, qui assombrissent les âmes les plus claires. Oh oui, tu es celui que j'attendais. Tu peux décider de ton destin, et emprunter la voie des ombres pour tutoyer la grandeur et la renommée. Rendez-vous dans deux jours au sommet de cette falaise déchirée par les vents et marées. Si tu ne t’y trouves pas je prendrais cela comme un refus de ta part. Nous nous reverrons… »

Puis avant que l'homme ne se relève, l'ombre s'ecclipsa pour remonter le long de la falaise, faisant à peine attention aux prises dont elle se servait.

L'ombre ne bougea pas d'un pouce quand il leva son arme. Il s'était donc décidé à bouger si rapidement. Quelque chose luisait imperceptiblement sous sa capuche sombre. Pas moyen de savoir si elle avait envie ou non de répondre à une telle question. Doucement, la créature pencha la tête sur le côté, mais garda le silence. Steleroth abaissa son bras le long de son corps.

- C'est bien ce qui me semblais, seul la folie peu pousser à un tel acte.

Un sourire vicieux naquit sur ses lèvres.

- De quelle folie parles-tu ?

Le ton était bas, grave, sans la moindre émotion. Le vent faisait claquer l'épais tissu sur son visage, mais n'en révélait pas pour autant les traits.Le sourire du peintre se transforma en expression d'assouvissement. Bien qu'il ne décelait pas les trait de l'inconnue, il l'analysait dans chacun de ses gestes et paroles.

-Sûr de soi... Mmm j'aime. Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question.

- Je te poserais bien la question de savoir comment toi tu t'appels, mais elle a déjà sondé son esprit avant...

Ses mots s'évanouirent dans la brise marine, recouverte par le goût salé qui se déposait sur ses lèvres.

-Peu importe mon nom, j'en ai eu bien des différents...

Elle était la deuxième personne qui intéressait autant Steleroth. Il n'arrivait pas a la cerner comme il le voudrais ne voyant pas ses yeux mais comme l'intrus de l'autre jour elle semblait puissante par rapport à l'ensemble des habitants.

-Finalement je vais m'amuser plus que je ne le pensais dit-il à voix basse.

L'inconnue n'avait toujours pas sortie la moindre arme. Elle était toujours là, devant, se tenant droite face à la mer qui donnait l'impression que la terre s'arrêtait là. Finalement elle usa de sa voix.

- Si tu arrives à faire tomber ma capuche je te dirais mon nom, même si je suppose que ça ne t'avancerais à rien. Cependant libre à toi de voir si tu veux le tenter...

Cette fois son corps bougea un peu pour se mettre en garde. Il aurait été très peu courtois de sous estimer son adversaire.

-Vraiment intéressant... Mmm...

Steleroth leva le bras faisant un signe dans le vide. Tout à coup la dragonne noire fondit sur la silhouette à toute allure. Cependant elle ne l'attaquait pas, elle la frôla juste créant dans un mouvement d'aile une rafale de vent sur l'inconnue qui se tenait prête.Sentant venir la créature et comprenant son manège, l'ombre se jeta en arrière en allant dans le même sens que le vent que produisait la queue de la dragonne et prenant appuie sur un rocher à proximité, elle généra une impulsion qui le fit passer par dessus la bête ailée. Sa capuche n'avait pas bougée d'un cran, c'est comme si elle avait appris le moindre mouvement de la brise ou du lieu. Cette chose avait une façon particulière de se battre, presque ancestral mais moderne et incroyablement rapide. Elle ne semblait pas produire le moindre effort. Puis elle revint à sa position initial, ne montrant toujours pas la pointe d'un sentiment.


- Impressionnant... Dommage que je ne contrôle pas le vent cela m'aurais évité de devoir me bouger mais bon...

Sa main droite se resserra sur le manche de son épée, redressant la pointe. Il commença lentement a s'élancer et il produisit un geste vif de la main gauche. Cette dernière se retrouva entourée d'une lueur bleuté et d'éclairs. Il accéléra le rythme de sa course et fendit sur l'inconnue telle le loup fond sur sa proie. Il se déplaçait également a une vitesse phénoménal. Arrivé non loin d'elle il prit une impulsion, son pied s'enfonça dans la terre créant un cratère et tel un éclair il commença a fondre encore plus vite sur sa cible. La créature sombre ne bougeait pas plus, cependant quelque chose d'étrange semblait se répandre dans l'air. Petit à petit il se rapprochait. Puis sans prévenir, sa main à la peau dorée s'ouvrit et laissa éclater une boule lumineuse qui lui permit de le ralentir quelques instants. En quelques secondes et moins de temps qu'il ne faut pour le réaliser, elle avait attraper le bras de Steleroth et s'en aida pour se glisser dans son dos.

- Vous vous débrouillez bien.

L'ombre avait donc collée sa colonne vertébral contre celle de son adversaire et suivait ainsi tous ses mouvements en l'empêchant de se retrouver l'un en face de l'autre. Steleroth était surpris, hormis Aspharoth dans le passé personne ne l'avait pris de vitesse. Et elle, elle y parvenait. Certes grâce à la boule lumineuse, mais elle était loin d'être a son maximum.

-Comment...?

*Aspha, espèce de feignant réveil toi, je vais avoir besoin de ta puissance et de ton cran... Il va falloir utiliser la même technique que contre ton père... Pis je m'en fou de sa capuche, je veux du sang moi ! *

Sans prévenir elle se décala pour lui coller un coup de coude dans le dos et remit entre eux une certaine distance de sécurité.

- Visiblement mon nom ne t'importait pas vraiment. Je peux partir alors.

La créature replaça correctement sa capuche ne semblant plus se soucier de son adversaire.

*Je comprend mieux, elle peut lire dans les pensées... Seul dans se corps je peux rien, je ne le contrôle pas assez pour l'exploiter au meilleur de sa force...*

-Détrompe toi... J'aime connaître le nom des personnes que je veux tuer.

Il se retourna lentement et fixa son adversaire. Visiblement l’attention de l’inconnue était recadrée, elle ne semblait plus vouloir partir, ou du moins pas de suite.

- Commencerais-tu à t'amuser ? Je n'ai pas envie de te tuer... Mais je n'hésiterais pas pour autant si je commence à me battre sérieusement.

La dernière phrase avait été terriblement froide et dure.

*Aaaarg... Mouarf, c'est qui qui vient de me mettre un coup de coude?*
*C'est elle...*
* Elle?*

Aspharoth aperçut la silhouette devant eux. Il la fixa toujours en étant en seconde place dans le corps.

*Elle est puissante... Très puissante. Méfie toi.*
*Tu sais que tu m'apprend rien? Elle a réussi à éviter Sephora et même une de mes attaques basiques, je pensais pas qu'en ses terres de ramolli par les arts il pouvait y avoir des personnes se battant comme elle.*
*Laisse moi prendre les reines je m'en charge, elle lit en toi comme dans une livre, tu as jamais sut bloquer tes pensées...*

Aspharoth repris donc le contrôle de son corps. Il ferma d'abord les yeux de son esprit empêchant toute intrusion externe. Il augmenta légèrement sa force spirituel.

*Avec toi... Pas la peine de y'aller molo.*

Aspharoth caressa sa lame, glissant tendrement ses doigts sur le métal froid.

-Bon, on va pouvoir commencer à jouer. Te tuer maintenant me servirais à rien, j'ai des questions et j'aimerais bien avoir les réponses. Pis contrairement a mon jumeaux, le sang j'en ai déjà trop fait couler.

-Ainsi Aspharoth, tu veux te battre contre moi... C'était bien la peine de m'avoir sauvé une fois. Enfin bon, comme tu veux. Elle se remit en position de défense. Même règle qu'avec l'autre... Si tu arrives à faire tomber ma capuche je te révèle mon nom.

Elle attendait que le peintre attaque. Pas la peine de se précipiter pour rien .

- Sauvée une fois?

* Qu'est ce que tu attends? Attaque la!*

-Sauvée une fois... La seule personne que j'ai sauvé c'est une fée du nom de Kyara. Si c'est toi, pourquoi te cacher?

L'ombre se précipita sur le jeune homme comme si elle dansait mais à une vitesse surprenante. Elle produisait des illusions, donnait l'impression qu'il y avait trois personnes et pas une seule et passa juste à côté de lui en le frôlant.

- Crois-tu vraiment que j'ai la voix de Kyara ? Elle s'arrêta derrière lui. Si tu ne m'attaque pas c'est moi qui le ferait. Et merci pour la mèche.

Elle tendit la main dans laquelle elle tenait quelques cheveux argentés.

*Tu me désespère... Ton bon coeur de perdra...*

- Le coup des illusions je connais aussi... Mon maître le manie mieux que toi. Je pense que tu me sous estime un peu trop. Tu es très forte je l'admet, peu être plus forte que moi, sûrement même. Il n'empêche que j'ai vraiment l'impression que tu me sous estime...

Aspharoth esquissa un pas de côté et en une fraction de seconde, il se retrouva dans le dos de l'inconnu, dressant une dague sous sa gorge.

-Je ne contrôle certes pas le vent... Mais je me déplace à sa vitesse.

*Non sans quelques efforts...*

Une main fine et à la peau dorée fit tomber le tissu noir de son visage en révélant ainsi ses traits. Une jeune femme à la peau d'or de ses peuples que l'on peut voir en Sûl-Nar apparu alors. Ses cheveux noir d'encre encadrait des yeux d'une grande beauté, envoûtant... D'un vert des plus pures. Elle les avait soulignés de noirs pour les mettre en valeur comme si il y en avait eu besoin. Elle était humaine, enfin d'aspect.

- Tu as gagné, mais retire ton arme s'il te plait... Ou je devrais le faire moi même et ce serait regrettable.

Elle posa la peau douce de ses doigts sur le poignet de son adversaire. Aspharoth s'exécuta, rangeant sa dague dans son fourreau qui se situe dans le bas de son dos.

* J'aurais mieux fait d'écouter mon maître, cette technique n'est pas un interdite mais elle en ai pas loin, je suis limite à bout de force...*

*Boarf tu es loin de tes limites, mais faire le zouave avec des pinceaux, ne te fournis pas un entraînement physique suffisant...*

- Te tuer ne me sert à rien. J'ai tiré un trait sur mon passé d'assassin.

*Toi peu être mais moi non!*

-A présent, pourrais-je savoir ton nom? Tu sembles connaître Kyara d'après ce que j'ai compris.

Elle quitta son emprise pour se tourner de nouveau vers lui à visage découvert cette fois. La jeune femme fit craquer ses doigts et prit la parole.

- Je te remercie, ça faisait longtemps que l'on a ne m'avait pas mit une dague sous le gorge... Faut dire que cette méthode n'a pas réussit à me tuer. Enfin, chose promise, chose due. Je m'appelle Silissia.

Puis elle se tut de nouveau, trop occuper à retirer de lames courtes de ses manches.

Aspharoth rangea sa dague dans l'étui qui était stratégiquement placé dans son dos. Il remit Razelga dans son fourreau et replaça ses cheveux, regardant la mèche que Silissia venait de lui trancher.

-Bon, puisque tu n’es pas kyara et que tu connais cette anecdote, tu dois certainement la connaître ?

* Surtout que vu comment ça à fini, on a plutôt évité d’en parler… *

La jeune femme semblait préoccupée par ses mains qui se mirent à briller. Puis elle se leva pour poser sa main sur son épaule. Un sourire amusé se dessina sur son visage. Et elle Lui attrapa le bras pour donner une impulsion et le pauvre peintre se retrouva au sol. Silissia s'essaya sur lui.

-Oui. On peut dire ça comme ça. Elle est beaucoup plus douce que moi par contre... Elle fit une pause. Enfin tout dépend de quel Kyara tu parle.

Le peintre préoccupé par ses cheveux et ne faisant pas attention au déplacement de la jeune femme se trouva brusquement sur le dos.

* Outch *
* Nan mais pour qui elle se prend celle la ! *

- Je vois ça pour la douceur… Parce qu'il y a combien de Kyara ?

Il ne bougeait pas. En même temps quoi faire ? L’éjecter et se relever ? Nan c’était pas dans ses manières. Même si cela déplaisait à Steleroth.L'ombre se mit à réfléchir. Le gardien ne bougeait pas, mais la question qu'il posait était très intéressante. Mais cela la rendit un peu nostalgique et cela l'obligea à la lâcher et à prendre de la distance. Que répondre ?


- Il y a en a trois. Une qui est morte il y a des centaines d'années. Une seconde qui est une intelligence artificielle. Et une amnésique.

Parler de cela était douloureux. Silissia prit de la distance. Aspharoth avait-il touché un point faible ?

-Mmm et donc… Ma grande sœur de cœur est la dernière des trois. Mais… Eu… Trois Kyara ? Pourquoi ? Et la seconde, elle est encore en vie ?

Ce que le peintre venait d’entendre fit grandir en lui une montagne d’interrogations qu’il essayait tant bien que mal d’organiser. A présent elle lui tournait le dos. Il était trop curieux. Il voulait trop de réponse d'un coup. Il fallait abréger tout cela.

- Oui elle la troisième... Ses doigts se refermèrent lentement, puis finalement elle les réouvrit pour l'éblouir d'une lumière quasi-divine. Je dois partir, pardonnez moi.

Le corps s'éleva dans le ciel sans avoir la moindre aile, sans que qu'une brise se soit levée.

-A ouais… Quand même…

Citation :

"La daube est une spécialité de la cuisine provençale et niçoise, à base de viande de bœuf marinée dans du vin rouge. Cette préparation, qui demande du temps, est toutefois facile à réaliser. Voici la recette
traditionnelle de ce plat convivial.

Voici les ingrédients nécessaires pour préparer de la daube pour 6 personnes :
- 1,5 kg de bœuf à daube (paleron, macreuse, jumeau ou galinette) coupé en morceaux
- 1 oignon
- 3 carottes
- 2 gousses d'ail
- 2 feuilles de laurier
- un bouquet de thym
- poivre et sel
- 2 cuillers à soupe de coulis de tomate
- Huile d'Olive
- une bouteille de vin rouge (Côtes du Rhône par exemple).

La marinade de la daube doit être préparée la veille de la cuisson.

1) Placez la viande dans un saladier avec l'oignon émincé et les carottes coupées en rondelles, l'ail épluché, le bouquet garni (thym et laurier) et le poivre.
2) Couvrez de vin rouge et laissez macérer toute la nuit au frais.

Cuisson

1) Le lendemain, égouttez la viande et faites revenir les morceaux dans une sauteuse, dans l'huile d'olive bien chaude. Réservez la viande dans une cocotte.
2) Dans la même sauteuse, portez la marinade et ses ingrédients à ébullition pendant 5 minutes.
3) Versez la marinade et ses ingrédients (carottes, oignons, etc.) sur la viande, salez et ajoutez le coulis de tomate.
4) Si vous faites cuire la daube dans une cocotte ordinaire, laissez-la mijoter à feu doux pendant 3 heures.

A noter : pour gagner du temps, vous pouvez aussi utiliser une cocotte-minute : dans ce cas, laissez cuire 1 heure 30 à partir de la rotation de la soupape sur feu moyen.

Ce plat est encore meilleur réchauffé et peut être servi avec divers accompagnements. Dans la région de Nice on sert cette spécialité avec de la polenta ou des gnocchis. On utilise aussi le bœuf en daube pour confectionner les délicieux raviolis à la niçoise."

- Mais qu'est ce que c'est que ce pays? cria Hell.

Et la digue...De Nantes à Montaigu...étrange affaire. Hell aperçut une ombre se rapprocher de lui à grands pas. Il engagea la conversation :

-Ola paysan, donne moi donc de menues explications sur cet endroit. Je ne te décapiterais point, je te l'assure.

Quand l'ombre sortit de la lumière, Hell apperçut une elfe brune au visage fermé. A la lueur de colère qui couvait dans son regard doré, il se dit que l'appellation "paysan" n'avait pas du plaire à la femme. D'ailleurs Lùthien, avec son tempérament de feu, n'avait pas l'intention de laisser passer l'insulte. Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait, Hell ressentit un profond choc au niveau de la machoire qui le fit reculer de quelques pas.

Les poings sur les hanches, la chasseuse se campa face à Hell, un sourire moqueur au coin des lèvres.

Sache, jeune fou, que je ne suis pas un paysan !

Et s'il en doutait encore, l'habit de cuir moulant de l'elfe finit de détromper Hell. De meilleure humeur maintenant qu'elle s'était défoulée, Lùthien répondit à la question de son vis-à-vis.

Ici est l'endroit des Ames Perdues, celui où l'on vient jeter au Vent, à l'Océan, ses joies, ses peurs et ses haines. Tout comme les Vagues qui se déchirent sur les rochers, l'Ame se disperse dans les Embruns. Lavé, Purifié, que tu en sortes mort ou vivant, la Digue change ton Destin.

Son poing la démangeait encore mais Lùthien se retînt d'assomer Hell pour de bon.

A trop fréquenter les âmes torturées, l'on devient parfois tordu. Ce que je dis est simplement que ceux qui sont venus ici jusqu'à présent en sont tous repartis... changés. Bien ou mal, qu'importe. C'est une croisée. Et nous je ne suis pas la cause de cette désertion. C'est la violence de la bataille entre le métamorphe et les femmes qui a réduit au silence la Digue. Ses échos troublent encore de temps en temps ces lieux.

Perdant son attitude agressive, l'elfe s'avança d'une démarche féline et sensuelle vers l'homme.

Mon accueil aurait été plus... chaleureux... si tu avais choisi tes mots avec soin au lieu de les lancer à tous vents...

La voix de la chasseuse s'était faite murmure chantant, ses yeux dorés plantés dans ceux de Hell. Un sourire charmeur étirait ses lèvres.

Une lueur taquine apparut dans le regard de l'elfe quand Hell prit ses distances. Il voulait découvrir la Digue tranquillement? Que les embruns lavent son esprit. Lùthien n'en prit pas ombrage et le regarda s'éloigner en souriant. Accoudée à la balustrade, elle offrit son visage aux vents. Une excitation qu'elle connaissait bien montait doucement en elle, parcourant son corps, échauffant son sang. Une nouvelle proie s'offrait-elle à la Chasseuse? Un grondement rauque s'échappa de sa gorge. D'un pas rapide mais ondulant, Lùthien s'éloigna hors de vue.

Je me suis perdu.

Après ma fuite de la digue, j'ai erré dans les limbes éternelles, prostré dans mes sempiternels regrets, déçu par ma propre humanité. Une partie de moi je crois est restée consciente de mon auto-apitoiement, mon âme désolée se nourrissant de ses propres blessures suintant de la nostalgie d'un futur meilleur. C'est cette même partie de mon être qui me poussa à revenir sur les lieux de mon départ. Et comme un relent nauséabond et persistant, me revoilà à l'assaut du rivage de Saint Adobe.

Ses pensées se formulaient
approximativement en ces quelques mots. Il est difficile de déchiffrer les pensées d'un Fou joyeusement amoureux de sa Démence, Démence elle-même aigrie par sa propre existence et nihiliste de son monde. Il réapparut au travers d'un mouton d'ouate blanc survolant subrepticement la côte de ses souvenirs. Lâché dans le vide, son corps plongea délicatement vers la plage de sable fin. La rive formait une enclave emprisonnant les flots couleur azur, véritable vestibule offert aux océans. Le monde terrestre ouvrait grand ses bras charnus aux immensités bleues. Il regarda la ligne d'horizon, si floue pour ses yeux d'aveugle et son esprit de clairvoyant, fit quelques pas vers l'écume déposée par les vagues tranquilles de cette saison et sourit au vent qui faisait claquer les pans de son manteau sur ses cuisses nues. Il se sentait plus vivant que jamais, cessant par la-même les combats incessants se logeant dans son crâne.

Non loin de là se baignait une nymphette dans l'eau claire et tiède, une ancienne connaissance de Koran. Voyons ce que l'avenir me promet. Pensa-t-il, l'âme apaisée et prête à acceptée un quelconque coup du Destin.