[Lunaires] Venez à nous !

Ses yeux s'écarquillèrent en voyant Cordelia se transformer en ours en peluche et en cruche. Une pensée sournoise lui murmura à l'esprit que plusieurs personnes avaient dut déjà faire la comparaison entre l'originale et l'objet ci présent, mais il n'était le temps au sarcasme, et sephi demandait une histoire. En prenant à deux mains son café, buvant avec délectation le chaud brevage, remerciant tout aussi chaleureusement celle qui l'avait servit.

Toussotant légèrement pour prendre la parole, cocoon se lança et s'apprêta à satisfaire la demande qui lui était soumise :

-Pour ma part, je viens de bien plus loin que les frontières de ce pays. Mes pas m'ont ramené en ces lieux après un long pélerinnage, mais je dois avouer que je me sens bien ici, d'où mon retour dans la région.

Pour tout avouer, c'est sûrement parce que je vois ter Aelis comme un refuge. Ma terre natale n'est pas ce qui pourrait être... de plus reposant. Voyez vous, ma patrie n'a pas de nom, ou du moins pas d'officiel. Peu de choses sont vraies là-bas, et un tout aussi grand nombre pourraient être vues comme "fausses".

Prenant une pause, cocoon rebut quelques petites gorgées de café, en profitant pour tenter de trouver ses propres mots.

-Pour vous la décrire au plus simple... Imaginez la surface d'une bassine d'eau perpetuellement soumise à d'éternelles vibrations. Ce qui reste stable, c'est la quantité d'eau et la forme du contenant, mais tout ce qu'il y a à l'intérieur est en mouvement constant. Je pense que c'est ce qui la décrit le mieux...

Pour m'expliquer,imaginez un peu un pays bâtit par les hommes, au sens littéral du terme. La terre, les lacs, les montagnes, les forêts... tout est créé par nos mains. Ainsi, notre art s'exprime dans les paysages eux-mêmes, ceux ci changent régulièrement, très régulièrement même, selon l'humeur du maître des lieux. Une espèce d'arbre, le lit d'une rivière, la couleur de l'herbe, l'aspect du ciel, l'odeur portée par le vent; Même d'un détail à tout un écosystème, vous ne pourriez pas partir une semaine sans que quelque chose ait changé.

Mais ça a ses avantages, le résultat est à couper le souffle, on voyage de mondes en mondes. Les gens sont tellement différents, physiquement et mentalement, que les étrangers pensent tomber sur une autre race. Et pourtant nous sommes "un". Notre esprit et nos envies communes nous font nous reconnaître sans aucune gêne. Je n'irais pas à dire que nous sommes tous frères, au sens "clônes", mais tous en un seul nous formons un peuple qui s'accepte.

Cependant, malgré cette relative unité, nous devons nous affronter les uns les autres. Les peuples se battent les uns les autres pour imposer "leur" monde, leur vision de l'univers, et leur façon de faire. Certains mériteraient plus que d'autres de gagner, mais chacun tente sa chance, c'est à celui qui sera le plus fort.
L'avantage, c'est que notre espèce est en évolution rapide, mais nous sommes venus de très bas, je remercie nos créateurs de m'avoir fait naître en ces temps.

Finissant son bol de café, cocoon regardit la grande cruche et lui demanda poliment à en avoir une autre dose. Puis regardit sephi d'un air assez satisfait, bien qu'un peu mélancolique, son regard ayant viré au gris sombre.[i]

Où Nayima avait-elle atterris ? C’était son tour d’être surprise, elle n’osait pas imaginer à quel point elle devait avoir l’air ahuri !

La jeune femme venait de se transformer … en peluche et cruche de café … en peluche parlante … et cruche qui nous verse du café… Oh ces volutes qui s’élèvent de la tasse présentée sentent très bon. C’était beaucoup trop tentant après un si long voyage, Nayima décida de s’asseoir et de savourer le café si étrangement offert.

Le dénommé Cocoon fut le premier à prendre la parole. Bien que ses yeux brillent avec fierté lorsqu’il parle de sa contrée, de ces paysages esclaves de la volonté de leurs propriétaires, Cocoon transmettait une certaine tristesse lorsqu’il eût fini sa présentation.

Pour le coup, Nayima trouvait sa propre histoire vraiment sans intérêt. Elle était une fille relativement banale, du moins le pensait elle. Elle n’était pas particulièrement grande, elle avait de long cheveux noirs qu’elle attachait en tresse, des yeux bleus qui trahissaient souvent ses pensées, un visage très commun pour un elfe, elle s’habillait de manière neutre, et se comportait en générale de manière assez passive. Bref, pas grand-chose de remarquable.

Je suis donc Nayima, jeune elfe. Je viens d’un village au cœur d’une forêt, mais nous entretenons très régulièrement des rapports avec les autres races. Je suis passionnée par l’histoire des peuples, voir comment celle-ci conditionne les réactions des individus. J’aime également observer les intéractions entre personnes, leurs comportements, réactions.

J’ai donc décidé d’entreprendre un voyage. Mes pas m’ont mené à vous, peut être est-ce le hasard, ou peut être le destin.

Je dois avouer que je me sentais bien seule sur la route. Je pense m’attarder ici si l’on veut bien de moi. Votre compagnie me semble agréable et je suis persuadée que j’en apprendrais davantage à vos côtés qu’en crapahutant seule sur les routes.

Nayima se sentait étrange après cette sommaire présentation, comme si la réaction de son auditoire pourrait changer à jamais son avenir.

Dans un coin sombre, reculé de tous, une petite lutine cachée sous une capuche avait tout vue, amusée, fascinée même elle n'avais pourtant rien dit. Un million de sentiments flotté dans cette pièce, un million de pensées, de la magie, de la peur, de la surprise, toute une palette qu'y émanait de ses partenaires de taverne. Rien, n'avais de secret pour une Evo' comme Pandore, chaque jours ses pouvoirs avaient évolués, mutés, elle savait faire des millions de choses, personne ne faisait trop attention à une si petite personne qu'elle. Elle était tellement petite que les trois quart du temps on lui marchait dessus.

Cette petite lutine aux yeux infiniment étrange marron de prime abord, le violet, vert, doré s'y reflété souvent, aussi variable que ses humeurs. Une fille de la lune aussi seule qu'elle, ne pouvait avoir de compagnons de route, tous la pensaient sois folle, sois l'ignoraient tout bonnement. La raison pour laquelle, elle était venu dans cette taverne, c'est ce froid mordant. Elle qui maîtrisait les éléments, n'avait pas prévu une tempête de neige aussi violente. Elle c'était assise et avais observé secrètement toutes les personnes qui l'entourait. Sous sa cape personne ne la remarquait, et encore moins quand elle était coiffée de sa capuche. Ses petites lèvres rougie pas le froid fredonnaient silencieusement.

Curieuse de ce qu'il pouvait bien être inscrit sur cette affiche, elle faisait son possible pour se maîtriser, pour ne pas attirer l'attention sur elle. À la seconde où elle craquerait, elle ferait venir l'affiche à elle, par sa simple pensée. Elle voulait à tout pris éviter ça. Elle devinait déjà de quel reflet c'était coloré ses yeux. L'or. Une part d'elle, une part sombre, ne voulait qu'une chose, lire ! Mais elle résisterait. Alors que le dilemme partageait son corps, elle leva les yeux, une fraction de seconde, et elle croisât le regard de cette étrange créature aux dents acérés. Il la dévisageait, cependant elle c'est vite ressaisie, il ne fallait pas qu'il vois ses yeux si particulier. Elle savais, qu'il comprendrait qu'elle n'était pas une simple lutine, elle c'est cachée sous sa capuche, et doucement, a écouté le fil de ses pensés. Rien. Il ne l'avait pas vue. Les mains tremblante elle c'est emparée de sont verre, remplis d'un mélange inqualifiable et alors qu'elle allait le porter à sa bouche, sa main a tremblé et tout le contenu c'est renversé sur la table. Très vite, trop vite, le liquide pourpre c'est rependu sur la table, elle n'avait plus le choix, si elle voulait éviter une catastrophe, il fallait qu'elle use de sa magie. Elle fixa la masse pourpre et doucement le liquide étrange a réintégré le verre. La catastrophe évitée de peu, il fallait impérativement qu'elle s'en aille, le plus vite possible. Elle sentait les regards rivés sur elle. Le feu aux joues et les mains tremblantes, elle a levé les yeux, visage découvert vers la foule, peu l'avait remarqué, mais ceux qui l'avait vu, la fixait désormais avec surprise. Ses yeux devaient être presque violet maintenant. La peur. Elle était paralysée. D'une voix tremblante elle a lancé :

-Je suis si maladroite. Pandore et vous ?

*Et encore un autre, décidément, c'est festival aujourd'hui ...* Pensa-t-il.

Fixant le gobelin d'un air étonné, puis vaguement attentif, ce n'était pas la première fois qu'il en rencontrait un, et leur comportement "original" incitait au final à devenir aussi détaché d'eux qu'ils ne le sont de vous. Deux choses cependant attirèrent sont attention, le papier placardé sur un panneau, et le très joli coup qui ramena le tabouret à sa juste place. Les gobelins... d'habiles créatures, il fallait bien le leur reconnaître.

Se levant vers ladite affiche, Cocoon délaissa quelques instants la tasse de café chaude pour ramener la gribouille sur laquelle était inscrite des mots d'une qualité tout autre que ce qu'aurait put rédiger une peau verte, à moins que leurs machines à écrire expérimentales soient finalement en état de marche ?

Après lecture du papier, il leva les yeux vers l'assemblée dont certains regards étaient fixés sur lui. Les traits sombres et les yeux assombris (au sens littéral) par la nouvelle, il entama à demi voix, comme pour lui même :

-Je crois que je suis arrivé au mauvais moment... la guerre est à nos portes semble-t-il.

Retournant s'assoir, il fit partager la nouvelle en passant le papier à tout les convives autour de la tablée. Après quelques minutes un brin lugubres, il poursuivit :

-Je quitte un pays en guerre pour en arriver dans un autre... Qui est ce dragon dégénéré ? Et ce "Sang" ? La dictature de ter aelis ?

Lorsqu'un bruit de verre renversé se fit entendre, et que l'air lui même sembla s'excuser d'une voix féminine, cocoon ne se retourna pas mais se contenta de fermer les yeux quelques secondes, comme méditant.

L'elfe avait écouté Nayima et Cocoon raconté quelque peu leurs histoires. Intéressant globalement, bien qu'ils semblent tous deux ignoré les problèmes ayant cours en Ter Aelis. Enfin, ces informations viendraient en temps voulus. Au moment où Sephi allait reprendre la parole, son confrère Teysa avait fait son apparition, avait comme d'habitude une annonce de ses titres plus effrayant les uns que les autres. Il décrocha un sourire à l'elfe.

Puis un Gobelin les salua, l'elfe cru le reconnaître, une connaissance probablement. Ce dernier placarda une affiche et s'en alla. L'elfe ne s'en était pas préoccupée, aussi entendit-il à peine ce que Cocoon énonçait, il venait juste de remarquer une présence inconnue et qui devait être là depuis un moment. Qui était cette petite personne, une lutine, mais pourquoi ici ?

Alors que toutes ces questions lui passaient en tête, elle renversa son verra et tenta de rattraper le contenue par magie, espérant apparemment qu'on ne la remarquerait pas. Et ces yeux avaient semblaient luire d'étranges couleurs. Il la sentit effrayée lorsqu'elle s'adressa à eux.

Et bien Pandore, si vous vous joigniez à cette petite réunion je suis certain que les gens vous diront qui ils sont.
Pour ma part, je suis Sephi, un elfe comme vous pouvez le constater. Le reste restera pour le moment caché.

D'un geste amical, il fit signe à la lutine de venir les rejoindre, désignant une chaise à son côté.

De plus il semble que vous aussi pourrez nous narrer une histoire passionnante.

L'elfe se retourna vers Cocoon, qui semblait préoccupé, par la lecture du papier.

A vos yeux j'en déduis qu'il s'agit d'une annonce de guerre ou d'un appel. Pour information, il y a depuis un moment une guerre qui rode entre les confréries d'Aelis. Le sang n'est autre qu'une des grandes confréries de Ter Aelis, et ce dragon leur fait référence, ils sont connus pour avoir des dragons à leur côté. Ils ne sont pas la dictature en Ter Aelis, mais prennent du pouvoir continuellement et ont réalisés des actes impardonnables aux yeux de certaines confréries. Actuellement, cinq confréries prédominent dans nos terres : Le sang, L'unique, Le cercle du Zénith, les vilains, et nous-mêmes : L'effronterie Lunaire.

Ce faisant, il désigna Teysa, Erlidann, Cordelia et lui-même.

Et une guerre opposant Le sang aux Lunaires couve depuis certains évènements. Je ne puis vous dire grand chose de plus pour le moment. Sinon que nous vous accueillons chez nous avec plaisir, cette guerre ne doit en rien éclipser la joie et les pleurs de la lune. Et ce soir, n'est qu'une soirée paisible dans une taverne ou moult récits peuvent être racontés afin d'enrichir notre savoir.

L'elfe sourit doucement, et se tut. Tournant son regard vers Pandore, elle l'intriguait vraiment.

Pandore hésitât longuement, partagée entre la peur et la curiosité, elle écouta avec attention les paroles de l'elfe... Une guerre... Les guerres ne l'effrayait pas, elle n'avait connue que ça depuis sa naissance. Partout où elle était allé, elle c'était battue.. Quand l'elfe se retourna la deuxième fois pour la regarder, elle lu dans ses yeux qu'il était intrigué. Finalement, elle se leva, et c'est assise sur la chaise proposé. Timidement son regard passa en revu chaque membre de la tablée. Chacun avait leur secrets, leur silences, leurs pensées, Pandore ne voulait rien savoir qu'ils ne voulaient pas dirent, elle c'est juste contentée de les admirer. Quand elle pris la parole, sa voix était plus assuré bien qu'encore fébrile :

-L'Effronterie Lunaire... Quel beau nom. J'imagine que la confrérie qui le porte est plus belle encore. Je vénère la Lune, je suis une de ses filles, là d'où je viens, la Lune effraie, elle ne présage rien de bon. Une fille de la Lune est une menace. J'ai étais bannis de mon pays. Depuis je traverse villes, cités, villages, en quête de quelques heures d'oublis.

Les yeux de Pandore, ont revêtues un violet intense, quand elle repris la parole, sa voix était sombre :

-Peut-être avaient-ils raison. Peut être suis-je dangereuse. Mes pouvoirs... Sont presque sans limites. Chaque jours depuis ma naissance ils n'ont cessé de s'accroitre, se multipliés, mutés, évolués... Je suis une Evo', une Évolution pour être clair. Il n'y a rien de bien là dedans... Depuis mon départ, je sais que je ne peux avoir de compagnons de route, de peur qu'il me prenne pour une folle, là d'où je viens, c'est ce que j'étais, un mauvais présage, une folle qu'il faut éviter.

Pandore se tue. Elle avait peur, peur de ce qu'elle allait ressentir, des sentiments qui allait résulté de son récit. Elle ne voulait pas les effrayer... Elle avait envie de partir en courant loin, mais elle ne l'a pas fait. Elle est restée là, et à attendue.

Tout se déroulait tellement vite. Elle qui se plaignait de la solitude, voila qu’elle était entourée de plusieurs individus tous plus insolites les uns que les autres. Si cela continuait ainsi, les marques de stupéfaction resteraient à jamais gravé sur son visage.

L’entrée du gobelin l’avait médusée. La lecture de l’annonce par Cocoon l’avait interloquée et effrayée. L’attitude « blasée » de l’elfe Sephi l’avait perturbée (comment pouvait-on être blasé à l’annonce d’une guerre !). L’existence d’une Confrérie qui réunissait ces personnalités extravagantes l’avait emplie d’espoir, espoir de pouvoir être leur compagnon. Avec eux, jamais elle ne s’ennuierait pour sûr !

Mais ce qui perturba le plus Nayima, ce fut la détresse de la lutine. Bouleversée, Nayima sentie les larmes monter à ses yeux. Qui pouvait être assez cruel pour bannir ce petit être si fragile juste à cause des pouvoirs qu’elle possède ?
Pandore semblait si effrayée que Nayima eût un élan pour la prendre dans ses bras. Mais elle s’arrêta de peur que la lutine déjà si apeurée prenne mal son geste. Et ces yeux ! de si beaux yeux, aux couleurs changeantes. Comment pouvait on ressentir autre chose qu’un désir de protection ? peu importe les pouvoirs qu’elle possédait, une fille de la lune avait nécessairement bon cœur (Nayima naïve ? naaaaannnnn). Nayima commençait déjà à espérer que la lutine pourrait l’accepter, mais que faire pour l’approcher sans la faire fuir ?

L’elfe se plaisait déjà dans ce lieu si étrange aux rencontres improbables.

Sephi écouta Pandore, ses yeux restèrent de marbre à la fin, il semblait absent, dans un autre monde.
La tentative d'affection de Nayima ne lui échappa pas. Ainsi le sort de deux d'entre eux étaient presque scellé.
La lutine et l'elfe étaient d'ors et déjà de futurs confrères dans son esprit.
Seul Cocoon, n'avait pas eut de réaction pour le moment. Que penserait-il de tout cela.

L'elfe se concentra, appelant son phénix, il en aurait besoin pour repartir. Ses pouvoirs ne seraient pas révélés aujourd'hui. En plus de cela, il posa une main réconfortante sur le bras de Pandore. La lune blanche brillait toujours sur son cou.

Chez nous les enfants de la lune sont les bienvenues, n'ait pas peur.

Sur ces mots, il replongea dans une sorte d'absence. L'elfe s'amusait, laissait son esprit flirter avec l'air ambiant, l'envie de s'envoler dans la tempête le tourmentait, enivrait presque.

Pandore se laissa submerger par leurs sentiments. La tendresse de l'Elfe la toucha, le petit geste de Sephi' lui réchauffa le cœur, et doucement l'ambiance la calma. Alors que la tendresse régnait, tout à coup elle tomba dans les abimes d'une noirceur extrême... La colère, l'ombre, la guerre, le peur, l'angoisse, elle perdait le contrôle... Ses yeux se posèrent sur cet étrange personnage qui avait l'air de méditer... Soudain elle compris. Il ne méditait pas, il était prisonnier de son passé. Les images arrivaient et repartaient aussi vite,par flash, elle ne contrôlait rien... Victime, elle avait peur. Durement, elle a réussi à reprendre son contrôle. Un peu étourdie elle ne comprit pas immédiatement le sens des paroles qui lui était destinés. Quand elle réalisa, l'ombre résonnait dans sa voix :

- Que ce sois noble ou pas, je n'ai peur. Je ne crains pas de mourir, ni de me battre. Je n'ai connue que ça, la guerre. Je connais ses feintes, son ciel noir, son vent annonciateur de mort, cette peur qui tiraille le ventre, et les larmes à chaque victimes... Si je me bats c'est pour toutes ses morts anonymes, pour la vie, pour la Lune et pour tout ses enfants. Je suis prête, mais pas désireuse de me battre.

Les yeux de Pandore étaient un mélange de Vert et d'Or. En disant ces dernières paroles, la mélancolie l'avait gagné, elle ne voulait pas la faire partager aux autres, ils étaient encore trop tôt pour leurs montrer tout l'étendue de ses pouvoirs. Elle ne voulait pas se battre, mais si elle devait le faire, elle ne reculerait pas.

Ils semblaient prêt à se battre pour la confrérie, alors qu'il n'en était pas encore réellement membres.
Sephi souriait intérieurement, ces membres seraient un bon renfort en cas de problème.
Enfouis dans ses pensées il ne prêta pas attention aux dernières échanges entre Cocoon et Pandore.
Que faire maintenant, la plupart des présents semblaient endormis. Absent dans leur songes et Cordélia s'était matérialisé en tissu.

Vous battre ? Peut-être n'en aurez vous pas besoin.
Tout dépend comment cela tournera. Mais n'en parlons plus pour ce soir.
Certain d'entre vous avaient émis le souhait de visiter le coin! Si un tour dans les lunaires vous tentent venez.


Sur ces mots, Sephi se leva et passa la porte de la taverne, le froid et la neige l'entourèrent rapidement.
Il leva les yeux vers le ciel, souvenir succinct des causes de la guerre, un enfant de l'une de leurs. Un enfant, auquel il était quelque peu lié depuis longtemps, ce dernier semblait en proie à une menace apparemment.
Enfin c'est qu'il avait cru comprendre des émotions parvenant de ses mentors. Que se passait-il là bas ?

Bien qu'éclairé par la lueur de la Lune, Jarwill fut attiré par la lumière qui passait au travers des fenêtres de l'auberge à sa droite. Il fit longuement face à la porte de bois, vielle mais robuste, et se décida enfin à tourner la poignée froide puis à pousser la porte. Un long grincement prévint les autres clients de l'auberge de son entrée, mais cela ne suffit pas à arrêter les conversations.

Il alla s'assoir à une petite table bancale contre un mur, en dessous d'une fenêtre. La chaise était encore chaude, mais il n'y avait pas d'affaires à proximité. Il déposa donc les siennes a ses pieds, déchargeant ainsi ses épaules courbaturées. Quoi de mieux après un long voyage qu'un long repos. Jarwill se détendit peu à peu laissant l’atmosphère de la pièce prendre contrôle de ses pensées. Le voyage avait été long, et la vie urbaine l'avait manqué. Le bruit, la joie, la chaleur.

Mais son regard se porta tout de même au dehors par la fenêtre, comme attiré. Ne voyageant que la nuit, il s'était habitué à regarder la Lune dès qu'il le pouvait. Elle qui avait guidé ses pas dans l'obscurité, elle était là, presque ronde, niché dans le ciel comme un petit soleil.

Son regard se perdit dans ses cratères.

Jarwill regardait patiemment son interlocuteur, qui ne l'était plus autant, depuis sa réponse. Il tourna son regard de part et d'autre de la table pour vérifier si le temps ne s'était pas arrêté autour de lui, mais visiblement, seul l'homme en face de lui était en train de rêver.

- Où êtes vous ?

- Enchanté Cordelia, je vois que vous connaissez déjà mon prénom.

Jarwill savait que cacher ses ambitions n'était maintenant plus utile et qu'il devait aller droit au but. Même si l'apparence de Cordelia ne lui est pas très familière, il devait lui faire confiance. Il avança les coudes sur la table glacée et regarda l'étrange hérisson tout en lui avouant :

- Non je ne suis pas arrivé ici par hasard, j'ai entendu parler de vous à multiples reprise. Je souhaitais alors vous rencontrer et peut-être me joindre à vous. Mais ça, cela dépend de vous.

Le froid de la table parvint enfin à ses épaules, Jarwill fut parcouru d'un frisson de haut en bas. Mais cela ne l’empêcha pas de sourire à Cordelia.

Cordelia tira à elle avec peine un tabouret et s'y assit, devenant dans le même mouvement une grande femme maigre. Son visage disgracieux en lame de couteau était encadré par de magnifique cheveux roux qui ondulaient jusqu'au sol.

Vous êtes donc intéressé par l'Effronterie Lunaire... mais puis-je me permettre de vous demander pour quelle raison ? Et pourquoi pensez-vous y avoir votre place ?

La voix de la femme était froide et tranchante. Ses yeux vrillaient Jarwill et le clouaient sur place, menaçant tout mensonge d'un cruel châtiment.

Lors de la transformation de Cordelia, Jarwill hésita un regard sur le coté de la table pour voir s'il ne restait pas des aiguilles du hérisson. Maintenant, il a un visage à mettre sur son nom.

- Voila quelques temps que je désire m'être utile, faire quelque chose de mes mains, de ma voix, de mon esprit. J'ai trop longtemps côtoyé la Solitude.

Ses yeux étaient toujours plongés dans ceux de la femme qui lui faisait face, comme hypnotisé. Il ne fallait pas quitter ces yeux, sous peine d'y rester.

Après une profonde inspiration, il reprit :

- Je pense avoir ma place parce que comme chaque personnes je suis unique. Ne vous attendez pas à des pouvoirs surpuissants, je n'en ai pas. Mais j'ai deux amies qui n'attendent que de sortir prendre l'air.

Sur ces mots, il posa prudemment sa main gauche sur les deux fourreaux noirs, renfermant chacun une dague, attachés à sa hanche. Pour ne pas agiter Cordelia, il reposa sa main sur la table, encore froide.

Une voix s'éleva d'en dessous de la table :

- "Ces deux beautés" ? Hey mais elle parle de nous là ?
- Bah faut croire que oui ...
- Les filles, s'il vous plait.
- D'accord d'accord on se tait ...

Jarwill sourit alors que Cordelia s'écarta de la table dans un souffle.

- Ah, oui, je te présente mes deux amies, dit-il en sortant les deux dagues de leur fourreaux. Elisa et Ayala.

Il glissa alors furtivement sur le coté, ne laissant à sa place que son espèce de cape de voyage. Il paraissait presque décontracté, mais en position avec un pied en avant. Jarwill tenait sa dague gauche telle une épée, légèrement penchée sur sa droite. La droite cependant était tenue de l'autre sens, collée à sa hanche.

*Mais qui est elle vraiment ?*