A la découverte de Telek-F'ator [Expédition publique]

Ah l'air marin. Aussi détestable que les trois jours qui venaient de passer. Heureusement, la terre était enfin en vue et seul la nuit à venir le séparait du véritable acte de foi qui allait s'en suivre. Mike, durant la traversée, n'avait daigné accorder des moments de paroles qu'aux humains et avait tout bonnement éviter les autres. Et le dernier soir, alors que les passagers dinaîent avec le capitaine, lui préférait manger sa part de ration à la poupe, ne quittant pas du regard l'île.

La terre, la terre de Telek-F'ator,jaillissant fièrement à l'horizon trônait sur la mer comme un empereur sur son siège royal. Les hautes falaises aux façades acérées menaçaient les esprits aventuriers des mille dangers qu'elles abritaient encore. Les vagues s'écrasant comme des centaines de bateaux par le passé se démembraient contre la pierre intemporelle. Laissant couler leur cadavre dans l'écume bouillonnante.

L'imperturbable avançait dans la fraicheur du matin, fendant les flots avec son équipage avide d'explorations et de découvertes incroyables.

Sur les chefs de la côte déchiquetée, on apercevait de loin un sombre bandeau d'émeraude, signe d'une forêt luxuriante et oubliée depuis des siècles. Narguant fièrement les fous qui oseraient y pénétrer. Il fallut attendre plusieurs heures avant d'approcher suffisamment la terre pour que les regards se portent sur la première épreuve de l'expédition.

Aucune pente douce n'attendait l'équipage, il n'y avait que des falaises abruptes de part et d'autre du territoire, et rien ne laissait penser que le relief s'adoucissait dans les proches environs. Il ne restait plus qu'à escalader, ou perdre du temps et le peu de vivres restantes à espérer trouver un chemin ailleurs.

Le bateau finit par se poser sur une heureuse crique, entourée de ses hauts remparts. Là, à l'abri des vent et des tempêtes dans cet abri semblant étrangement comme "prévu", comme si elle avait été là pour protéger les navires de conquérants de tous âges.

Une fois l'ancre larguée et les voiles rentrées, Cocoon sortit de sa cabine, et s'adressa à ses compagnons:

-Bon, nous y sommes enfin, préparez vos paquetages, on part pour un moment, et surto...

La terre coupa soudain la phrase du capitaine. Des tremblements d'une force redoutable se déchaînèrent sur leur position. La crique entière fut perturbée par les vibrations, et le bateau tanguait de façon inquiétante.
Alors que chacun tenta de se protéger du mieux qu'il put, d'énorme blocs de pierre se détachèrent des murailles naturelles. D'immenses bruits se firent entendre, laissant comprendre que certains d'entre eux tombaient directement dans la mer aux abords des côtes.

-Mettez vous à l'abri ! Hurla le capitaine.

Mais le mal était déjà en route, et plusieurs monstres de roche chutèrent autour du vaisseau, projetant d'énormes ondes d'eau dans toute la surface de l'abri naturel. Malheureusement, deux d'entre eux percutèrent le bateau de plein fouet, éclatant avec violence les vétustes planches de chêne. Le craquement sinistre des éclats de bois, et le tonnerre provoqué par leur chute firent échos contre les falaises, formant un caisson sonore titanesque.

La scène sembla durer une éternité, mais il ne s'était écoulé qu'à peine 5 minutes. Quand le calme revint, beaucoup de poussière, de sable, et d'humidité trainaient encore dans l'air, provoquant un chaos indescriptibles parmi les décombres du bateau. Personne n'avait été touché, par le plus grand miracle qui soit; Cependant, le bateau lui, était irrécupérable.

Cocoon, comme les autres sorti des décombres en toussotant et grogna:

-Tout le monde va bien...?

- Tout le monde va bien...?
- Si le bateau est compté dans "tout le monde", je ne pense pas ...

Les voiles étaient déchirées en lambeaux sous l'impact des divers projectiles, sauf certaines miraculées qui étaient repliées. Le pont était toujours praticable, à condition de faire attention à ne pas glisser une jambe dans quelques trous. Quelques flaques de boue gisaient ici et là, dans lesquelles dépassaient des cailloux.

- Pour moi, rien de sérieux je crois.

Ce qui inquiétait surtout Jarwill, c'était les vivres et équipements qui étaient stockés dans la cale. Il espérait que l'eau ne se soit pas infiltrée par les trous et fissures causés par les ... En fait il ne savait pas de quoi il s'agissait. Golem ? Géants ? Dans tous les cas, ce n'est pas une simple lame qui allait les sauver dans ces terres inconnues.

Émergeant à grand peine d'un sommeil profond et agité par des rêves cataclysmiques, Notfallspür s'enquit de quitter sa couche pour rejoindre ses compagnons et s'informer du vacarme qui l'avait tiré de son repos matinal. encore engourdi et semi-comateux, il revêtit sa chemise et son gilet de velours brodé et emprunta la coursive. Ses pieds avançant difficilement dans le cours d'eau froide, il maugréa contre les conditions effroyables de cette. traversée... surtout qu'il n'avait pas emporté avec lui de cire pour lustrer ses bottines.

Parvenu sur le pont principal il s'adressa à la compagnie réunie :

"Ca y est ? on est arrivé ? Hey capitaine ?! Pourquoi on prend l'eau comme ça ?"

A ses propres paroles il se rendit compte de l'étrangeté de la situation. Il valait sans doute mieux qu'il aille récupérer son bagage avant que le vaisseau ne sombre totalement.

"Allez-y toujours, je vous rejoins !"

Et au moment où la panique commençait à s'immiscer au coeur de ses compagnons, le gobelin téméraire s'engouffra dans la coursive à la recherche de son sac de golf.

Mais où est cette vacherie de cabine ? Et pourquoi tant de valise se ruent comme ça au gré des ¤~¤~¤ !
AIE !!

Le nabot pataugeait à grand peine pour se frayer un chemin à travers le ru farouche que devenait les ponts inférieurs. Alors qu'il esquivait les valises et malles de voyages de ses infortunés compagnons, une caisse défoncée vint lui enfoncer le crâne à trop vive allure. L'impact fut soudain, bref et terrassant. Le malheureux aventurier n'eut pourtant pas le temps de maugréer ou se s'enquérir d'éventuelles blessures, puisque déjà il se noyait.

Tout d'abord pris de panique à l'idée de finir ses jours comme jardin décoratif pour la friture, il se ravisa et se convainquit qu'il ne pouvait mourir pour ses deux raisons évidentes : d'une part il serait grotesque - voire très grossier - de périr alors même qu'il s'apprêtait à faire les découvertes les plus excitantes de sa carrière et d'autre part, parce qu'en tant que gobelin, il était un élément minéral inoxydable.

Il est en effet de notoriété publique, que la race gobeline à cette particularité d'être constituée d'un amalgame de pierres, rochers, cailloux, sables, cristaux, scories, aérolites et quantité d'autres strates géologiques. Nés de la terre, ces lugubres entités sont capables pour survivre d'ingurgiter tout type de concrétions granitiques ou autre (bien qu'ils aient une très nette préférence pour le gibier et la bière).

Ainsi donc Notfallspur, en digne représentant de sa race, se mit à arpenter le vaisseau et passe de sombrer, immergé jusqu'à mi-oreilles, à la poursuite de son très cher sac de golf.

Enfin parvenu dans les décombres qui lui tenaient tantôt lieu de confortable cabine, il parvint à extirper des masses bois flottés et de flots courants son bien le plus précieux.

Le voici donc sauvé des eaux.

Le reste de l'expédition le retrouva quelques heures plus tard, affairé autour d'un feu de camp sur un tertre sablonneux. Il y faisait cuir une très odorante carcasse de ce qui semblait être issu des amours contre-nature d'un zèbre et d'une laie.

Lorsqu'on lui demanda comment il s'était extirpé du navire en perdition, il resta très évasif sur la question. Il baragouina de sombres paroles à peine cohérentes à propos d'un coup e poing dans la coque, d'une marche sous-marine et d'une caisse remplit d'attirail de premières nécessité.

Ses compagnons durent cependant attester de la véracité de ce dernier détail. Non loin d'un abris fait de planches et de palmes, se dressait ouverte, une des caisses aux armoiries de la Bibliothèques, affrétées par ses soins pour les besoin de l'expédition.

Compas, boussoles, trépieds, manomètres et divers instruments de mesures scientifiques, des plus usités aux plus idiopathiques, débordaient de la caisse. On y trouvait également un nécessaire de premier secours et un lot très complet d'épices et e condiments, fort heureusement confiné dans un solide récipient parfaitement étanche.

Ce fut d'ailleurs grâce à ces providentielles épices, que le gobelin parvint à transformer le fruit de sa chasse, en succulent souper.

Il tendit généreusement d'épaisses tranches de viande fumée aux naufragés qui s'écroulaient un à un, pantelants et dégoulinants, autour du feu.

Tiens ! Mange ! Ca a le goût des treets !

Tout en se demandant ce que pouvait bien être un "trytss", cocoon mordit à pleine dent dans le bout de nourriture douteux en faisant son possible pour bloquer les messages injurieux que lui envoyait son palais.

"Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Ne-pas-le-vexer-Nepas........"

Fermant les yeux en faisant mine d'apprécier le goût ne serait-ce qu'un minima, il se jura intérieurement de ne plus jamais toucher à des "trytss" une fois l'expédition achevée, ce qui était encore loin d'être le cas. Il espérait sincèrement trouver sous peu une source de nourriture décente, sinon son estomac ne lui pardonnerait jamais.

L'équipage quant à lui était, tout comme cocoon, en train de sécher près du feu. Il faisait froid, le vent s'était levé, et la lune grimpait peu à peu sur la voute céleste. Imposant son règne d'impératrice tout de blanc vêtue.
Le bateau était en miettes. Les quelques restes d'affaires qu'avait put sauver l'équipage, comprenant le paquetage de chaque membre, était étalé près d'eux (à sécher, eux aussi). La suite de l'aventure s'annonçait rude. Une terre inconnue. Peu d'équipement. Des regards fatigués, voir choqués pour certains. Et aucune idée de ce par où commencer. Il était temps de mettre les choses au clair. Profitant de l'occasion pour éloigner l'horreur gustative de sa bouche, cocoon prit la parole.

-Bon, écoutez moi tous, il va falloir mettre au clair quelques petites choses. Tout d'abord, j'imagine que nous avons chacun prit pied dans l'expédition pour des raisons précises. Mais pour notre propre survie il vaut mieux éviter de partir chacun de son côté et de suivre un itinéraire plus ou moins commun.

Il regarda l'assemblée et les paires d'yeux luisants dans la pénombre qui le fixaient en l'attente de la suite du discours:

-J'aimerais que chacun dise ce qui l'a attiré ici, et ce que vous attendez de cette expédition. On pourra tracer un itinéraire grossier après ça.

Toisant du regard les membres de son équipe, il s'adressa au gobelin qui l'avait si gracieusement nourrit. Car même si la nourriture n'était pas des plus excellentes, il fallait l'admettre, c'était de la nourriture. Et il était peu probable de trouver une viande en pleine nuit par terrain inconnu. De ce côté là, la créature s'était montrée des plus appréciables, cela faisait au moins une personne sur qui compter (restait à voir si la race gobeline se montrerait des plus loyales par la suite, de même pour toutes les autres personnes présentes autour du feu...).

- Je vous parlerez bien de pourquoi je suis là mais ... Je vois pas en quoi ça va changer notre itinéraire étant donné QU'ON EST PAUMÉ !!

Ses yeux s'agrandirent d'un coup, luisants à la lueur du feu.

Le bateau n'était plus qu'une épave, des bouts de bois flottant sur les flots, des barils échoués sur la plage. Autant dire que le retour s'annonçait très très TRÈS difficile.

- Je suis venu ici parce que je m'ennuyais tout seul, j'avais aussi envie de rencontrer du monde. Autant dire que c'est inutile pour le trajet qu'on va suivre ... Et vous ?

[HRP: petit message pour relancer le sujet, y'a des gens pour poster à la suite ? ce serait intéressant de poursuivre, d'autant plus qu'à ce stade du récit, c'est le tout début de la "vraie" histoire, donc le moment idéal pour réintégrer le rp, des motivés ?]

- Je suis venu ici parce que je m'ennuyais tout seul, j'avais aussi envie de rencontrer du monde. Autant dire que c'est inutile pour le trajet qu'on va suivre ... Et vous ?

L'auto-proclamé chef cuistot afficha un sourire en coin à l'écoute des motivations et prétextes de ses convives. Aucun d'eux n'avaient réellement de raisons valables pour s'être embarqués sur ce navire, si ce n'était...

LA GLOIRE, l'OR, la richesse, la découverte, l'appât du gain, le besoin de reconnaissance, l'envie d'aventures extraordinaires... voilà ce qui vous a poussé à accepter ce contrat d'enrôlement ! Si vous êtes tous ici c'ets parce que vous avez lu l'annonce ! Celle qui vous invitait à prendre place sur ce navire tout spécialement affrété pour une mission dangereuse - et faiblement rémunérée - à travers les forêts sauvages et inconnues de ce continent oublié !

Le gobelin fit mine d'attiser le feu du bout de sa baguette. Il prit un air inspiré pour ménager son petit effet avant de reprendre :

Le fait est que ces terres recèlent de richesses inconnues que nous sommes tous venus découvrir. Il court depuis des siècles d'étranges rumeurs et légendes à propos de cette île... Civilisations oubliées, temples abandonnés, magies ancestrales, technologies d'un autre monde... Je pourrais vous en conter la nuit durant ! Mais soyons sérieux ! nous avons ici, miraculeusement épargnées du naufrage, une poignée de caisse de matériel divers qui nous permettront de partir à la recherche des traces de ces mystères.

Ayant obtenu toute l'attention de ces condisciples, Notfallspur tira de son gilet une lettre décachetée aux armoiries de la prestigieuse Bibliothèque de Wilwarin.

J'ai ici un ordre de mission du Conseil de Recherche de l'Académie d'Histoire. Je voous épargne les détails, mais notre mission peut se résumer en quelques mots : explorer, fouiller et décrire toutes les traces qui prouvent qu'une ou plusieurs civilisations ont vécu (ou vivent toujours) sur ce continent. En ce qui me concerne, je me ferai un plaisir de partir dès demain à la recherche d'un des anciens temples des légendes. Mes recherches dans les archives du Culte de l'Unique, m'ont permis de trouver plusieurs descriptions, hérités par de très anciens missionnaires, qui font état de telles merveilles non loin des côtes. Hélas j'ignore où ont débarqué jadis ces culs bénis, mais à mon avis, ça ne doit pas être très loin d'ici...

En conclusion de sa tirade, le minuscule érudit, lança sur le sable d'un geste théâtral, une poignée d'insignes pieux, montés en pendentifs et accrochés à d'épais colliers de mailles, reconnaissables entre tous : il s'agissait de croix des missionnaires de l'Unique, à peine rouillées par les siècles.

Ca vous épate, hein !

A la découverte de Telek-F'ator [Expédition publique] - Page 2 Maelunpe

Maelun grogna en entendant le discours desservi par le gobelin en pleine veine d’exhibition verbale. L’affreux verdâtre n’avait pas grandi dans son cœur pendant le temps de la traversée. Il était aussi prétentieux que petit et aussi incertain que vaniteux.

Le marin avait quitté le navire à contre cœur, mais rester à bord n’était à présent plus possible. Le bateau sombrait peu à peu au fil de la marée montante. L’équipage était sorti trempé et fatigué d’avoir dû transporter tant bien que mal les cargaisons qu’ils avaient pu sauver. Lui-même avait porté quelques caisses dont il n’imaginait même pas le contenu. Il espérait seulement qu’il pourrait y trouver un peu d’alcool.

Maelun se tenait, debout, les mains tendues vers le feu à essayer de sécher des vêtements qui le glaçaient sur place. Il se surprit à taper des pieds afin de désengourdir ses doigts qui menaçaient de geler.
Alors, il se décida à s’asseoir pour retirer ses bottes encore pleines d’eau et tordre des chaussettes trempées. Il avait mal à la tête et écouter les diatribes du gobelin lui était désagréables.
Il tendit pourtant l’oreille quand le petit bout de semblant d’homme se mit à citer les civilisations oubliées et le Culte de l’Unique.
Il n’avait, jusqu’ici, eu aucune idée de la raison véritable qui l’avait poussé vers ces contrées hormis sa beuverie en compagnie du capitaine Cocoon. Mais, son intérêt pour l’expédition s’éleva soudain d’un cran en entendant ces mots.
Il fallait donc croire au Destin puisqu’il revenait toujours sur des sentiers qui le menaient dans cette direction inconnue avant de se perdre.

Ses vêtements commençaient à fumer et il sentait son ventre se réchauffer au contact du feu Son dos, lui, restait glacé au contact de la nuit qui s’épaississait et son cerveau en pleine ébullition en imaginant les mondes fantastiques qui peuplaient ses rêves.

Il courait, la langue pendante, les bras et les jambes déchiquetées par d’étranges blessures qui suintaient, lâchant un flot immonde de sang coagulé et de végétation collée à la peau. A quatre pattes comme les animaux, reniflant l’air, grattant la terre. Tout autour de lui la jungle criait, pleurait, chantait ; elle était vivante et résonnait dans sa tête comme des peuples aux langues barbares. Parfois il reconnaissait un mot une expression, par instinct, sans comprendre le sens, parfois ce n’était qu’un cri déchirant qui lui broyait la tête. Alors il se roulait à terre, gémissait et convulsionnant comme une misérable bête. Il avait l’impression sale qu’une horreur invisible grondait à l’intérieur et se nourrissait de sa chair ; elle semblait parler aussi, parler toujours, lui crier des ordres, dans l’écho de la chair, des os. Puis le calme revenait. Il se relevait, se léchait un peu de sa langue grossie et relevait sa tête sale aux yeux globuleux. Le monde lui paraissait toujours fluctuant, image instable de la jungle qui semble le regarder par des milliards d’yeux curieux. Longtemps il errait, incapable de se souvenir comment il en était arrivé ici, dans cet état, et pourquoi il semblait suivre un chemin écrit pour un but précis.

A la lisière de la forêt, après de longs jours de marche; la lune l’accueillit, froide et brûlante. Il plissa les yeux et scruta l’horizon des mers endormis. C’était vide et bleu, c’était sans vie comparé à sa jungle.

Mais dans un coin, petit comme un point, des choses étranges s’agitaient, venus de l’eau et de l’infini. Du bord de la forêt il ne voyait que des ombres et percevait de faibles cris dans le brouhaha de sa tête possédée. Levant ses narines il essaya dans le vent d’aspirer les odeurs qui pouvaient venir à lui. Il crût s’étouffer, mais il contint ses poumons gros et emplis d’odeur avant de recracher brusquement dans une toux sèche. Du sang noir macula ses pieds enfoncés dans le sable. Quelque chose dans sa tête lui murmura de rester à distance mais visible. Patient et prudent. Assis, grattant une de ses plaies, il les observa longuement. Ses doigts faisaient le tour de ses plaies en éliminant les parasites qui se nourrissaient de la chair pourrie puis d'un coup de langue rappeuse nettoyait la zone. Méthodiquement, sans se presser, il fit sa toilette, puis se remit sur ses pieds et ses mains, à quatres pattes, avant de se retourner pour rejoindre le couvert de la forêt dense. Ces autres là, il le savaient, finirait par venir, et il saura, celui qui parle dans sa tête saura quoi faire. Ils l'ont toujours su.

A plus de quatre cent miles de là, à la lueur d'une lampe à incandescence comme il y en avait des rangées entières alignées sur les tables de travail de la Bibliothèque de Wilwarin, Axel fronçait les sourcils.

Il venait de trouver un nouveau volume des mémoires de Gruntlingd, le corsaire de Galvorn. De toute évidence ce livre là avait échappé à la recherche méticuleuse de Notfallspür lors de ses préparatifs.

Axel, à la lecture de ces sombres récits, commençait à se faire du mouron pour son ami à la peau verte. S'est-il suffisamment bien équipé pour cette expédition de l'autre côté de la mer ?

Plus il avançait dans les pages, plus il sentait le danger approcher des aventuriers qui avaient levé l'ancre il y avait déjà plusieurs semaines.

Citation :: Extrait des "Mémoires d'un corsaire galvornien" par Gruntlingd

On dit de ce continent maudit, dont le mythe est connu depuis des millénaires, qu'il est l'écrin de bien des maux. Depuis des lustres, d'innombrables navigateurs ont fait route vers ses richesses enfouies, mais bien peu en sont revenus sains d'esprit. En réalité, bien peu en sont un jour revenus. L'immensité des richesses rapportées par les légendes s'avère être peu de choses en rapport des menaces et des périls que Telek F'Ator abrite.

La chose la plus étrange et la plus habituelle qui ait été rapportée à son sujet, est son absence de imites déterminées. De tout temps il a été impossible de la localiser précisément, comme si par un puissant enchantement, l'île se mouvait au grès des vents, des ondes et des siècles. On sait à peine quel azimut suivre pour l'atteindre et sa distance à partir du port de Galvorn semble varier à chaque nouvelle expédition.

Tout ce que je sais de cet endroit, c'est ce que j'y ai découvert moi-même, il y a plus de vingt ans de celà, lorsque, au retour d'une mission de l'archipel de Lysandras, comptoir méridional d'Aelis, une tempête nous fit dériver des jours durant vers des côtes inconnues.

Lorsque le cyclone se tarit et les nues se dissipèrent, le ciel nous offrit un spectacle des plus effrayants : aucune étoile, aucun repère de navigation, aucun point cardinal nous était connu. Le sextant inutilisable, la boussole fut notre dernier refuge, mais celle-ci nous apparut comme folle et mue par une force invisible et surnaturelle.

A quelques coudées se dressait les falaises noires et menaçantes d'un littoral inconnu. Nous le longeâmes plusieurs jours durant avant de déceler les premières plages. Une forêt vierge naissait presqu'immédiatement au delà de la langue de sable.

Nous avions perdu beaucoup de vivres lors de ce fâcheux contre-temps, aussi en tant que second je parvins à convaincre notre capitaine de mouiller une chaloupe et de la dépêcher vers ces rivages, afin de cueillir fruits et gibier pour notre retour.

Sur la douzaine d'hommes d'équipage que nous y expédiâmes, seuls quatre en revinrent, soutenant le seul officier à avoir accoster avec eux. Celui-ci, blessé par diverses morsures de bêtes ou de démons, s'enferma dans un mutisme obstiné jusqu'à notre retour à Galvorn. Des quatre mousses et matelots rescapés je ne puis obtenir que peu d'informations.

Toutefois il était évident qu'une horreur indicible rôdait dans cette forêt. L'équipage qui avait mis pied à terre, s'était aussitôt enfoncé au delà de la lisière sur plusieurs lieues avant de trouver des arbres à pains et des fruits semblables à ceux que l'on cueille en Lysandras. Ils détectèrent également la présence d'animaux de belle taille, et se mirent en chasse. Les traces laissés par leurs proies les menèrent à une temple tout de pierres taillées. Bien que dévoré par la végétation, celui-ci avait, semble-t-il, été épargné par l'érosion et le délabrement de siècles d'abandon. Il ne paraissait cependant habité par aucune âme, et délaissé depuis bien des années, puisqu'aucune relique n'y fut découverte.

De tous les témoignages recueillis par ces pauvres âmes réchappées du massacre, une constante me fit froid dans le dos. Nos hommes assuraient avoir vu des chapelets de pierres léviter tout autour des ruines. Plus encore, d'elles émanait un bourdonnement permanent et lorsqu'il leur arrivaient de s'entrechoquer, elles émettaient de furtifs éclats ignés.

Notre expédition n'eut par malheur, aucun autre loisir de mieux étudier ces étrangetés, puisque surgît de toutes parts des assaillants aux formes floues et sombres, comme autant d’ectoplasmes se matérialisant uniquement pour frapper et entailler les chairs de nos amis.

Leur fuite fut sans honneur et sans espoir, puisque les monstres éthérés les poursuivirent jusqu'au rivage, les éliminant farouchement un à un.

Ce ne fut que sur la mer retrouvée que l'assaut cessa. Les fantômes se montrèrent terrorisés par les ondes et regagnèrent le néant d'où ils étaient apparus.

Bien des années plus tard, l'officier blessé ouvrit son coeur au mien et me révéla avoir vu les horreurs tapies au fond de ces ténèbres désincarnées. L'une d'entre elles le frôla, ou plus exactement le traversa, ce qui eut pour effet de le transporter dans "l'esprit" de la bête pendant ce bref échange. Le pauvre homme m'avoue cependant avoir eu l'oppressante sensation que cet échange dura une éternité. Eternité durant laquelle il fût comme prisonnier d'une entité magistrale et séculaire, enfermé dans l'infini d'un noir désert où ne soufflait que les murmures de millions d'âmes égarées, de toutes formes et de toutes espèces. Et partout dans cette désolation régnait l'omnipotence et l'omniprésence d'un de ces dieux que l'on dit Très Anciens. Sa peur et son martyre durèrent plus d'un millier d'année, alors qu'il errait sans but, dans une soif, une faim et une détresse perpétuelle à travers les dunes noires et les marécages primitifs d'un monde encore à créer.

Ces évocations furent aussi pénibles à mes oreilles qu'à ses souvenirs, et le rescapé m'avoua que lorsque le mal quitta son corps il sut que le contact fut aussi bref qu'un battement de coeur. L'effroi le fit tomber à terre, et ce fut par le courage de ses subalternes qu'il ne fut fauché à son tour par les maléfiques griffes que faisaient apparaître ces éons tourmenteurs.

Le pauvre hère avait gardé en lui une part de ce mal, et il n'était par rare qu'il se sentait transporté dans ces étendues dévastées durant les nuits de tempête.

pour ma part je ne sut jamais déterminé si ces visions étaient le fait d'un puissant poison neurotrope ou l'authentique témoignage d'une magie qui transcende notre monde matériel.

Axel referma brusquement le volume et resta songeur un long moment. Il tait à craindre que son ami courrait un risque inconsidéré en ce moment même. Il devait coute que coute l'en avertir.

Hélas à une douzaine de jours de mer, il ne pouvait communiquer avec lui aussi facilement qu'il l'aurait voulu. Et toute missive ou tout messager quel qu'il fût, n'aurait pu l'atteindre avant des jours et des jours.

Il ne lui restait donc plus qu'une solution pour prévenir un grand malheur...

Axel se dirigea vers le grand hall de la Bibliothèque, et au delà la nuit illuminée de Wilwarin.

Les Mémoires du Corsaire, empaquetées dans la doublure de son long manteau, semblaient encore émettre un long mugissement, comme un corne de brume avertissant les âmes en peine de tous les océans qu'il existait en leur sein, au plus noir de la nuit, un péril du nom de Telek F'Ator

La soirée se déroulait calmement. Après le choc de l'échouage, la pénible remontée de la falaise, et un maigre repas autour d'un feu luttant pour sa survie, nos aventuriers s'écroulèrent un à un de sommeil. Certains restants discuter, d'autres encore scrutant le nouveau monde autour d'eux.

Que pouvait cacher cette terre ? Quels mystères ? Quels secrets inavouables, et que dangers ? Tout cela leur serait révélé bien assez tôt. Songeant à leur arrivée, et à ses objectifs, Cocoon fixait l'ombre massive de la forêt couchée devant eux. Couchée, certes, mais loin d'être endormie. On entendait régulièrement des cris et des murmures, portés par le vent tiède de cette île étrange. Les branches chantaient leurs plus douces berceuses, les oiseaux brassant l'air de leurs ailes comme pour alimenter la brise. Certaines silhouettes se distinguaient au loin, vastes formes ailées s'envolant dans le ciel. On pouvait reconnaître des espèces familières à la faveur de la lune, mais bien d'autres étaient totalement étrangères à l'oeil du capitaine.

La chaleur du feu restait vive malgré l'écoulement de la soirée. Nourrissant le feu à coup de bûches, celui-ci gardait sa flamme et crépitait joyeusement. Tant de mystères. Et si peu d'indices... Cocoon ferma les yeux en repensant au but de cette expédition. Si son équipage improvisé avait ses propres motivations pour fouler cette terre du pied, lui s'était vu imposé la sienne.

Les brumes de ses souvenirs le ramenèrent quelques mois en arrière, lorsqu'il reçut une missive de son peuple.
Le parchemin était marqué du sceau de sa patrie, un symbole représentant le cristal que lui même portait au cou. A l'ouverture, le papier était vierge de toute inscription, mais le pendentif du terraformeur s'était mit à luire, et comme par enchantement, le message se rédigeait à nouveau sous ses yeux.

Citation :

Il allait falloir faire vite... Les ombres de Telek-F'ator, elles, n'attendaient pas dans leur tanière. ..

Ayant enfin fini de bâfrer sa carcasse ô combien savoureuse, le gobelin émit un rôt sonore et satisfait.

Il passa de groupes en groupes pour dénombrer les survivants, et un sourire ravi aux lèvres, s'approcha de celui présidé par le capitaine Cocoon.

Vous avez remarquez vous aussi ? Les étoiles : on en reconnait aucune ! Et je vous demande bien où est-ce qu'on a bien pu déjà voir une lune aussi grande et rose coupée par un tel anneau ? Quelqu'un a un avis là dessus ?

Attendant une réponse d'un des compagnons de fortune, il se laissa choir dans le sable de toute sa courte longueur et se mit à admirer l'étrange ciel.

- T'façon on est bien loin d'la maison, alors ça ne m'étonne pas de voir des choses qui me sont inconnues. Et puis, ne sommes-nous pas ici pour découvrir l'inconnu ?

Jarwill leva la tête en direction du ciel pour lui aussi contempler l'étrangeté de ce nouveau monde.

- Mais c'est vrai que ce ciel là on aurai du le voir du continent ... Magie ?

Le soir, l'heure des contes pour certains, l'heure des songes pour d'autres. Cocoon avait toujours bien aimé ces instants secrets et conviviaux, ceux où la magie d'une histoire tenait tout un groupe en haleine. Quand l'imagination s'emballait, traçait des mondes et des légendes au gré des phrases débitées par le conteur. Des myriades de rêveries que provoquait un seul homme, un seul conte.

Si le peuple de Cocoon aimait tant les histoires, ce n'était peut être pas pour rien. Etant terraformeurs, l'idée de créer des univers entier avec de simples mots les avaient toujours fasciné. Certains s'était même lancés dans des recherches sur leur cristal vénéré pour tenter d'entrer dans un monde personnel, une rêverie, un plan caché accessible par l'imagination seule de son créateur. Mais bien peu d'échos de réussites en étaient ressortis.

Comme le faisaient les conteurs de son pays, Cocoon s'empara d'une pipe de bois de chêne, polie par les âges, usée par le temps, mais solide à n'en pas douter. Tassant son herbe au fond du réceptacle, embrasant sa drogue, une douce fumée odorante s'en élevait déjà... Tirant une grande bouffée de rêve, un panache blanc s'envola tranquillement dans le ciel étrangement étoilé.

-Magie...en effet.

Laissant planer ses mots pour attirer les oreilles encore éveillées, il regarda d'un air amusé le gobelin assit non loin. Ce petit être cachait derrière sa petitesse et ses traits taillés au gourdin une intelligence et un savoir jalousement gardés. Que leur cachait-il encore de secrets et de missions ? Qu'en était-il de ses objectifs, et de son passé sans doute original ? Qui pouvait savoir ? Quoi qu'il en soit, il l'avait remarqué.

-Réjouissez-vous. Vous avez le privilège de poser le regard sur le ciel de Telek-F'ator...Rares sont ceux qui, aujourd'hui, on put le contempler et revenir en parler chez les vivants... Même ceux de mon peuple se contentent de le surveiller à distance. Le ciel que vous voyez ce soir est vieux, très vieux. Il n'a pas bougé depuis bon nombre d'années, sans doute depuis "le bannissement des Trois". D'après nos légendes, une race bien antérieure à toutes celles que l'on connait aurait enfermé les trois grandes divinités de ce continent dans un plan "prison", et scellé la porte avec une magie bien plus complexe que ce nous pourrions imaginer.

Les conséquences de cette magie surpuissante ont été d'isoler totalement Telek-F'ator du temps lui même...

Tirant une nouvelle bouffée de fumée, le capitaine projeta son souffle vaporeux au dessus des flammes, bien au centre du groupe.

-Voyez...La fumée n'est pas figée, nous non plus d'ailleurs. Le continent en lui-même vit, évolue, mais le ciel est toujours le même depuis des millénaires. C'est le triste héritage qu'a laissé l'ancienne race. Les habitants de cette îles doivent sûrement ignorer ce fait, mais le ciel que vous voyez date d'il y a plusieurs milliers d'années. Les étoiles ont bougé depuis, et j'imagine que l'étrange lune rose que vous voyez par là a été détruite ou changé en la lune actuelle depuis longtemps, qui sait ? Peut être que les vieilles batailles ont causé bien plus de dommages que ce que j'en connais, mais le résultat est là. Ce ciel est le témoin de ce qui s'est passé, et ce qui reste à venir.

Voyant que son groupe ne saisissait pas réellement l'ampleur de la situation, Cocoon se décida à leur en dévoiler un peu plus sur le but principal de cette expédition.

-Les peuples de Telek-F'ator vénéraient trois grandes divinités, Vrompt que servaient les chtoniens (proches de la terre), les animistes, familiers de la nature, servaient Atanass, et les séléniens, peuple des airs et de l'esprit, vénéraient Svasn'Mphelek.

Dans l'ordre, le premier était le dieu de la technologie, de la science et du progrès, du monde "matériel" brut, le second représentait la vie animale et végétale, l'évolution biologique et naturelle, et enfin le dernier incarnait le savoir, le mental, l'esprit et tout ce qui y est rattaché. Ces grands dieux vivaient en harmonie avec leur peuple, mais pour une raison encore inconnue se sont voués une haine sans borne au fil du temps. Les peuples se sont scindés, divisés. Ils se sont battus jusqu'à la mort, et qui sait ce qu'ils ont put s'infliger au plus fort de la tempête ? De toute manière, il n'est resté de cette histoire qu'une série de tablettes et de gravures indiquant qu'un grand mal fut créé, une corruption au delà de ce que l'on pourrait redouter le plus, et que les stigmates de cette grande catastrophe seraient cachés dans les terres du continent. Nous savons que les peuples se sont répartis en "territoires", mais un seul obstacle nous résiste, les montagnes à l'Est. Nos savants ont réussit à comprendre dans les grandes lignes qui était installé où, mais par delà les montagnes orientales, il n'y aucun moyen pour deviner ce qu'il s'y cache, c'est peut être là que se trouvent les traces de ce mal étrange.

Cependant, même s'il ne faut pas sous estimer ce point de l'histoire, revenons au sujet. Une fois ces Dieux enfermés dans leur prison, les écrits racontent que les anciens ont scellé Telek-F'ator hors du temps, en espérant que le pouvoir des dieux disparaitrait avec le temps et l'oubli de leur peuple, jusqu'à mourir totalement. Si la situation aurait été celle-ci, nous ne serions pas là désormais. L'une, ou plusieurs de ces trois créatures a réussit à laisser des traces, des cultistes, ou un genre d'héritage. Quoi que ce soit, les cérémonies ont reprit, les rites et les sacrifices souillent à nouveau la terre du continent, et le pouvoir grandit dans l'ombre. Je ne sais pas lequel de ces peuples renoue des liens avec son maître, ou si tous ont retrouvé les restes de leur religion ancestrale, mais le danger approche. Si l'un des Trois brise ses fers, il reviendra sur ce plan d'existence, prendra le contrôle de tout Telek-F'ator, et serait capable d'étendre son invasion au reste du monde, et donc: Ter Aelis.

Le discours que tenait Cocoon semblait mêlé de conte et de prophétie, de farce et de sérieux. Etait-ce vraiment crédible ? Des dieux bannis qui reviennent prendre le pouvoir ? Une magie surpuissante ? Des peuples en guerre ? Vraiment ? Et pourtant... L'air sombre du capitaine ne laissait que peu de place à la plaisanterie. Il n'avait pas fait monter une expédition juste pour une soirée conte. La situation était donc beaucoup plus grave que ce qu'il n'y paraissait à l'embarquement; Mais les membres de l'équipe venaient de Ter Aelis, et tous étaient capable d'apporter leur pierre dans cette dangereuse mission. Ou tout du moins, Cocoon y croyait sincèrement...

-Je sais que c'est une bien triste histoire que je vous raconte ce soir, mais c'est pourquoi vous êtes ici. Que vous ayez vos désirs propres, bien. Pour ma part, vous faites ce que vous voulez sur ces terres, tant que ça ne dérange en rien la mission. Mais gardez bien ça en tête: si vous avez put traverser les frontières de Telek-F'ator et y survivre, c'est que vous avez une chance de mener à bien cette tâche. Cela parait peut-être injuste de vous embarquer là dedans, mais vous ne pouvez plus faire marche arrière, et si vous n'arrêtez pas ces dieux avec moi, alors personne ne le fera. Et je doute que Ter Aelis veuille d'un grand ancien en quête de pouvoir sur son seuil... Vous vouliez de l'aventure ? Vous en avez!

Vous pouvez prendre, utiliser ou exploiter ce que bon vous semblera ici. Aucune règle, aucune contrainte, si ce n'est de remplir la mission. Une fois ceci fait, libre à vous de retourner chez vous, ou de rester ici. Il y a plein de choses à faire, et ce continent est remplit de dangers, mais aussi de trésors inimaginables. Pour être franc avec vous, dès demain nous partirons nord nord-est. Nous contournons le coeur de la jungle, et nous bâtirons une ébauche d'avant poste. Il nous faut un campement de repli, un endroit où nous reposer et où mettre à l'abri le fruit de notre travail, et de nos découvertes. Que vous restiez ou non, sachez qu'il y aura toujours ce bastion pour accueillir les aventuriers, que ce soit notre expédition, ou les prochaines. Je compte bien m'installer ici pour un moment, et je ne serais tranquille que lorsque la menace sera repoussée. Quand à vous... vous aviez une bonne raison pour venir, non ? Vous allez avoir du temps pour vous en occuper !

Cocoon lança un regard plein d'étincelles sur son assemblée. Son esprit brûlait de partir affronter Telek-F'ator et ses nombreux démons, et il comptait bien en faire profiter ses compagnons. Certes, c'était un endroit dangereux, mais combien pourraient-ils en retirer par la suite ? Un bastion sur un nouveau continent, de nouvelles terres à explorer, le frémissement du risque et de l'action, des combats épiques, des trésors, des reliques à découvrir, et plus que tout, se battre pour Ter Aelis, pour sauver tout un monde. Voilà ce que donnait le programme, et l'ex capitaine de navire comptait bien participer à tout ce qui était prévu.

Alors que le navire sombrait, la panique paralysa Iamayn. Le jeune homme avait été recruté par le capitaine comme guérisseur. Bien qu’il se soit présenté comme encore apprenti Cocoon l’avait accepté dans son équipage. Après tout, un guérisseur, même encore novice, était toujours utile dans une expédition et au regard du début de cette aventure, Iamayn pourrait être très utile.

Alors que l’eau lui montait déjà jusqu’aux genoux, le jeune homme sortit enfin de sa léthargie ; il devait absolument sauver son matériel. Tant de plantes, d’outils, qui serait probablement impossible de retrouver sur cette étrange terre. Il y avait aussi un petit nécessaire afin de tester les nouvelles plantes qu’ils rencontreraient.
Le guérisseur était tout excité à l’idée de la découverte de cette nouvelle flore. Mais le moment n’était pas aux découvertes à venir, mais bien de sauver ce qui pouvait encore l’être.

Ce fût dont chargé de ce qu’il estimait être le minimum vital que le jeune homme sortit trempé des eaux glacés pour rejoindre le feu. Il se posa exténué, en écoutant d’une oreille distraite les dires du capitaine. Il sentait la fatigue prendre possession de son corps, et bientôt il cesserait de lutter pour enfin s’endormir.

Avisant le nouvel arrivant détrempé, Notfallspur s'approcha de lui, une brochette de viande chaude à la main.

Il reste du sangliéléphant grillé si tu veux (c'ets comme ça que je l'appelle). Installes toi près du feu pour te sécher. Moi je prends le premier quart pour cette nuit alors ne compter pas sur moi pour vous préparer le ptit déj demain matin ! Bonne nuit les naufragés !

Notfallspur, s'installa sur un rocher et s'emmitoufla dans son manteau, ses yeux perçants rivés vers la lisière de la jungle. Il venait d'écouter avec beaucoup d'attention le récit du Capitaine et commençait déjà à percevoir les implications que ces quelques bribes d'informations pourraient avoir sur sa mission. Les Dieux Très Anciens ne l'intéressaient pas le moins du monde. Les religions, antiques ou modernes, ne l'intéressaient que lorsqu'il pouvait en tirer un profit quelconque, qu'il soit scientifique, artistique ou purement matériel.

A vrai dire il allait dans son intérêt que ces divinités exotiques demeurassent dans leurs prisons magiques. En tant que représentant de l'Académie, ne l'intéressait que les artéfacts magiques ou mécaniques qu'il serait en mesure d'exploiter pour le compte de Wilwarin. Et s'il trouvait un ou deux articles de valeur marchande, il pourrait toujours le rajouter à son Trésor de Guerre - ne serait-ce que pour se pavaner devant les Prélats de l'Uniques...

Il devait cependant prévenir son ami Axel à Belthil; ces nouveaux éléments pourraient lui permettre d'orienter ses recherches dans les Bibliothèques. Pour cela il attendrait que la nuit soit plus avancée et que tout le monde dorme.

On ne prenait jamais le premier quart par simple déférence sociale...

Maelun cracha derrière lui tout en jetant un œil désabusé sur Cocoon. Il n’était absolument pas réceptif aux fables que déversait le capitaine en envoyant des ronds de fumée vers l’espace.
Bien-sûr, il avait pu, comme tous les autres noter les changements survenus dans leur ciel. Mais ce qui l’étonnait le plus, c’était de n’avoir pas vu le passage d’un ciel à un autre. Il s’était trouvé tout d’un coup éclairé différemment, comme baigné dans une lueur orangée, légèrement rosée.
Tout en grelotant, il se déplaça pour mieux capter la chaleur des buches encore en flammes et se retrouva au côté du dénommé Jarwill.

-Tout ça c’est des trucs qu’on voit qu’en rêve. Moi, je ne crois pas aux rêves. Et pourtant, j’en fais beaucoup ! Vous y croyez vous ?
Misère !! Fait froid ! J’arrive pas à me réchauffer ! Tout est trempé.

Il attrapa une des caisses en bois exotique qui se trouvaient entassées derrière son dos. Elle était lourde et eut du mal à la déplacer seul. Mais elle faisait un siège parfait et il se trouva bien plus confortablement installé.

Il héla à la ronde, sans savoir si le capitaine se chargeait de l’organisation du tour de garde :

Hé ! Je ferai le deuxième quart si vous voulez, j’me sens pas d’y aller maintenant, j’suis trop mouillé encore. Et puis, le deuxième vous l’aimez pas, vous, les « pieds de terre », donc je sais que j’aurai pas trop de concurrents !

Se retournant à nouveau sur Jarwill, il ajouta :

Vous n’y croyez quand même pas à la magie, vous ?

La nuit tombait doucement dans son regard brillant. Des heures durant il observait le ménage des inconnus qui venaient de bivouaquer. Depuis la lisère de la forêt, il percevait les effluves de chacun ; et parfois une idée, une pensée l'effleurait comme s'il pouvait les entendre sans les comprendre. Puis, relevant ses mains vers son visage pour se gratter les joues, un fauve aux dents si longues qu'elles dépassaient de ses babines s'approcher et s'installa à côté de lui. Il caressa machinalement l'encolure tandis que d'autres de la même race les rejoignant, la tête basse et un léger grondement au fond de leur gorge. Ils semblaient nerveux, attendant chacun que l'ordre soit lancé. Lui était accroupi au milieu d'eux, arrosé d'un faible éclat de lumière, jusqu'à ce qu'il grogne à son tour du même cri que les fauves qui l'accompagnaient.

Dans un même élan, les bêtes s'élancèrent vers le camps, leur allure souple et silencieuse comblait l'espace. Ce ne fut qu'assez près du camps que leurs formes géantes s'imposèrent aux étrangers. Certains tournèrent la tête avant de voir bondir vers eux des gueules de lions enragés. Mais étrangement, elles se contentèrent de tenir en respect les humains à coup de grognement significatifs et de coup de patte dans l'air froid de la nuit.

Enfin quand la tension était palpable et que chacun mesurait le comportement surprenants des bêtes il arriva a demi agenouillé, adoptant une démarche hésitante entre la posture d"un bipède et celle d'un quadrupède. Quand sa voix s'éleva, elle s'apparenta à un grognement d’où le ne comprenait que difficilement quelque mots jetés par hasard tant sa langue semblait varier de ton, d'origine ou même de son :

Vous... être pas bienvenu ar Telek f'ator... ici no ver monstre à votre... taille. Ariez, ariez, mansha .

Et tandis qu'il répétait en boucle " Ariez mansha" il fixa la mer comme pour leur recommander de reprendre la mer et de quitter les lieux. Les bêtes avancèrent d'un pas tout en continuant de les menacer comme pour leur intimer pareil ordre quand, brusquement, dans le silence de la nuit des hurlements se firent entendre, puis plus rien. Il hurla à son tour, se désintéressant des inconnus, pour se concentra sur le bruit qui se faisant de plus en plus pressant.

Face à eux, dans un arc de cercle, des yeux violets apparaissaient et disparaissaient. Tirant de sa taille deux dagues à lames d'os il se rua dans un élan furibond vers les pupilles violacées. Derrière lui, dans une trainée violente, les bêtes le suivirent. Il y eut pendant quelque bref instants, caché par des masses d'ombres étranges, des flots de sang et de silhouettes qui se jetaient les unes contre les autres. Peut être put-on discerner par fois les signes évidents de monstruosités dont certains membres étaient arrachés et jetés au pieds des inconnus. Tombaient ainsi à leur pieds des formes de pattes étranges, à la fois chair et plante, pourvues de griffes acérées ou de têtes géantes aux yeux ternes, encore faiblement violet.

Enfin, dans un dernier éclatement de bruit d'hurlement, au milieu de la nuit ne resta plus que deux yeux violets qui s'éteignirent d'un coup sec. Revient lentement vers le camps l'homme- bête avec dans sa main droite une tête d'un des monstres, traînant sa patte gauche d'où des blessures suitantes crachaient encore quelque flot de sang. Derrière lui les lions, parfois blessés, parfois titubants, s'allongèrent sur le sable, épuisés. Alors sa voix reprit, brisée par l'effort:

Mansha...Lieu dangereux. Comprendre.

Le premier autochtone... s'il fallait en retenir une chose, c'est qu'il était à l'image de Telek-F'ator: violent, sauvage, et pas très accueillant.

Dans une entrée que certains french-like anglophone caractériseraient de "Chawismatik", l'étranger s'imposa avec sa belle escorte et leur fit comprendre, d'une manière parfaitement discutable, que l'endroit était truffé de bestioles encore plus vindicatives que les félins allongés à ses côtés. Amusant.

Le problème, c'est que Cocoon savait ce que ses compagnons ignoraient encore: la magie Aélissienne n'était pas spécialement bienvenue en ces terres. Techniquement, vous pouviez tenter d'y faire appel, mais les premiers colons de son peuple avaient noté quelques effets "secondaires" particulièrement gênants suite à la tentative d'executer des sortilèges. La magie avait un effet aléatoire, voir dangereux pour les mages étrangers. Les non-natifs du continent voyaient leur magie s'altérer, se troubler, ou tout bêtement cesser une fois posé pied à terre.

Rabattre son caquet à cet indigène aurait été une tâche facile, et certainement la même pour des membres de l'équipage, mais sans magie...il allait falloir trouver un autre moyen de se défendre, en plus de la diplomatie. Et écouter attentivement les conseils d'un "local" était l'une des choses qui pouvaient se montrer très utiles.

Acquiesçant du chef, Cocoon salua l'étranger et le toisa du regard

*Et maintenant ?* Pensa-t-il.

Voyant que l'inconnu semblait décidé à rester dans les environs, le terraformeur enchaîna:

-Pas le bienvenue, peut être, mais nous sommes bien décidés à rester ici un moment...

Mentalement, il fit un clin d'oeil au gobelin. Il n'était pas le seul à chercher quelque chose en ces lieux...

A la découverte de Telek-F'ator [Expédition publique] - Page 2 Bannie22

Du bout d'une baguette ramassée à même la plage, le gobelin poussa l'épaule d'un des grands animaux qui venait de s'allonger près de lui.

GROAARRrr !

Le nabot failli choir de son rocher au moment où il reçu en pleine face le grondement imposant de la créature.

groar aussi, fit-il exhibant ses propres crocs pointus et reposant doucement, tout doucement le bâton alors que le félin le dévisageait d'un regard affamé.

Légèrement anxieuse, Vasariah s’avança vers le portail. Les érudits derrière elle, l’encourageait en l’assurant qu’il n’y avait eu que très peu de ratés. Nullement rassurée elle posa les yeux sur son compagnon de toujours. Le fauve s’avançait calmement vers le passage. Et il disparut, englouti par le portail. Alors, la jeune femme remercia rapidement les sages et s’élança derrière lui.

Ils se retrouvèrent dans un étrange tunnel, qui sentait le vieux cuir. Après avoir trébuché sur ce qui semblait être un club de golf, et qu'un tee lui ait transpercé le pied de part en part (ou presque), ils débouchèrent au milieu d’un groupe endormi. Vasariah plissa les yeux, et malgré la pénombre put constater, soulagée, qu'elle était arrivée entière.

GROAARRrr !

Derrière elle résonna un sourd grondement. En sursautant, elle se retourna et vit une petite bestiole avec de grandes oreilles, aux prises avec un matou, autrement plus gros.

- Saperlipopette, mais c’est un Fulvus ! C’est incroyable, ils ont pourtant disparus depuis des siècles !

Vasariah se rua sur le fauve et lui ouvrit la gueule.

- Voyez, 2 rangées de crocs alignées. Chacun mesurant sept centimètres. Les gencives sont légèrement enflammées avec de légères tâches blanches. Elles doivent le faire atrocement souffrir. Cela signifie que la végétation de cette terre manque d’ortianus. C’est un purgatif très rependu et naturel. Mais attendez… Je dois en avoir, dans ma sacoche !

Le fauve fut trop surpris pour réagir lorsque la jeune femme lui attrapa le museau. Mais lorsque celle-ci, le relâcha, il attaqua. Gracieusement il bondit. Sa mâchoire en direction de sa gorge. Ily s’interposa, et les deux fauves roulèrent, griffes contre griffes, crocs contre crocs. Pendant ce temps, sa maitresse fouillait dans sa besace et, après avoir sorti l’herbe en question, se mit à la mâcher.

Alors que le combat commençait à mal tourner pour Ily, la jeune femme s’approcha des deux bêtes, cracha la mixture dans sa paume, et la fourra rapidement dans la gueule du fauve.
Méfiante, elle se recula précipitamment, mais ce fut inutile. L’animal semblait paralysé, seule sa mâchoire bougeait. Lorsqu’il eu avalé la pâte, il s’allongea et commença nonchalamment sa toilette.

- Hihi ! Ca a marché !

La jeune femme s’approcha du fauve, et lui gratta les oreilles. Gentil minou…

Puis, elle se retourna vers le groupe, désormais réveillé et qui la fixait, médusé.

- Bonsoir bonsoir ! Vous devez surement être la troupe qui est partie de Ter Aelis. Je me nomme Vasariah, et voici mon compagnon : Ily. Je suis en mission pour le Conseil de Recherche des Sciences. On m’a donc envoyée ici pour étudier la faune et la flore de cette terre.

Elle leur adressa son sourire le plus étincelant, mais ne croisa que des regards ahuris.

- Serait-ce le fumet de brochette de viande chaude que je sens ?
Je meurs de faim !

Le conseil de recherche des sciences, que ce fut par stupidité notoire ou par un plan calculé de façon fourbe et perverse, venait d'envoyer par portail le plus grand danger que l'équipe pouvait redouter. Ah, oui, certes, Vasariah était une pionnière dans son domaine, elle avait travaillé sur de nombreux "grands" projets, comme la création d'arbres à pyro réaction, dont le bois s'enflamme dès lors qu'il n'est plus humide, soit disant une "invention révolutionnaire pour la défense des marais contre l'assèchement intensif des humains". Elle était aussi la coordinatrice de l'idée fort louable du croisement de racines et d'espèces de serpents venimeux. Après tout, l'idée était bonne: rendre les serpents aussi discrets, résistants et furtifs que possibles en milieu forestier pour élever une armée animale capable de détruire n'importe quelle force dans un milieu forestier. Redoutable, certes, et l'idée était excellente, si les cinq années de travail n'avaient pas abouti à des prototypes tenants plus de la branche caoutchouteuse que du serpent à écorce...

Sans oublier bien sûr l'invention malencontreuse et accidentelle de la "pâquerette de 30m de haut", née dans un coin de son bureau, entre deux préparations de fertilisants ultra nutritifs...

BREF. Vasariah était une scientifique quelque peu... révolutionnaire dans son domaine. A peine arrivée, elle se dirigea vers le fauve que titillait le gobelin, fit quelques remarques bourrées de noms savants, se fourra quelques herbes étranges dans la bouche et les cracha droit dans la bouche du pauvre félin qui s'en trouva calmé. Drogues ? Peut être bien... elle en serait capable. Après tout, ce ne serait pas la première fois que la scientifique tente quelque chose de contre nature ou d'insultant envers la race animale. Mais si sa devise ressemblait quelque peu à ceci "Un pas de plus vers la nature !"... Cela se traduisait par de nombreuses tentatives de modifications et d'amélioration de ladite "nature", avec ou sans son consentement, pour le plus grand bien de la faune et de l'humanité.

Ainsi, quand Cocoon vit débarquer la scientifique, le premier réflexe qu'il eut fut de plaquer sa main sur son front d'un air franchement désespéré. Il imaginait déjà la scène lorsque le groupe serait en pleine jungle:

-Mais c'est une espèce vieille de six cent ans, vous ne comprenez rien ! Allezzzzzzz ! Laissez moi en prendre un bout !
-Ton espèce, elle veut nous bouffer, alors traines pas.
-Mais non!! Elle défend juste son territoire, si je m'imbibe de fleurs locales, leur parfum lui fera croire que je suis de son domaine,elle m'attaquera pas. Vous savez au moins ce que c'est, la botanique ? Rah bande d'ignards! Mais laissez moi prendre un échantillonnnnnnnnn! S'il vous plait !!!
-NON on t'a dit!
-Oh, regardez, un favetus limpina ! J'y crois pas ! Cet espèce de chat carnivore avait disparu depuis la troisième ère! Il faut que je lui prenne une touffe de poils!
-Mais il mesure 3 mètres de haut! Non! Reste ici! VASARIAH AU PIED !!!

...

Il faudrait...sérieusement...la tenir avec une laisse...

Quand les choses se terminèrent, il ne restait plus qu'une chose à dire devant les yeux éberlués de toute l'assemblée devant le comportement pour le moins étrange de la nouvelle:

-Chers amis...je vous présente Vasariah...

Quand le gobelin offrit une brochette à Iamayn, le ventre de celui gronda et la faim l’éveillant, il sortit de sa somnolence. A peine avait-il avalé le premier morceau qu’il lâcha dans un sursaut sa brochette. Des félins attaquaient le camp de fortune, dirigé par un … un humain sauvage semble-t-il, qui leur souhaitait la malvenue.

Le voyage s’engageait si bien qu’il se maudissait déjà d’être là. Le naufrage du navire avait déjà été une douche froide (et pas seulement à cause du bain forcé dans l’eau glacé), et à peine faisaient-ils quelques pas sur ces terres qu’ils étaient agressés par des bêtes sauvages. Mais ce qui agacait particulièrement Iamayn, c’étaient ces picotements sur tout le corps, comme si quelque chose dérangeait toute la surface de sa peau, le démangeant horriblement, lui donnant même la nausée. Le voyage serait insupportable si cette sensation ne passait pas.

Apparemment, nous avions trouvé le lieu de fête des bêtes sauvages, d’autres arrivèrent derrière les premiers et participèrent au concert de hurlements.

Une fois le combat terminé entre les deux camps , le sauvageon devenu blessé décida de conclure l’épisode en nous indiquant la dangerosité de l’endroit. Ben voyons !

Bref, l’équipe savait qu’elle ne partait pas pour des vacances au soleil, la menace ne fit donc que peu d’effet. Iamayn hésitait à aller soigner le chef de leur comité d’accueil, mettant en balance ses obligations de soigneur et son instinct de survie.

Question instinct de survie, certains semblaient en être dépourvus, comme le gobelin qui s'amusait à titiller un fauve ou la nouvelle, arrivant de nulle part (ayant ainsi la chance de s’épargner ce charmant voyage en bateau… mais bordel pourquoi personne de lui avait parlé de ces portails !!) qui jouait les charmeurs de bêtes sauvages.

Un mal de crâne considérable investissait le jeune soigneur qui se demandait s’il était possible de prendre l’un de ses vortex pour rentrer dans un lieu civilisé où il n'y aurait personne.

Sans compter que les fourmillements s’accentuaient. Parfois il avait l’impression d’une perte d’équilibre comme si son centre de gravité changeait brusquement. Il décida de s’asseoir et indiqua à l’assemblée :

« Bon si quelqu’un veut des soins, il me trouvera assis ici. Et si quelqu’un se fait mordre parce qu’il s’amuse au chat et à la souris avec nos hôtes, qu’il se démerde, ou prenne le risque d’une bosse en plus. »

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