A la découverte de Telek-F'ator [Expédition publique]

- HEIN QUE QUOI ? ... MAGIE ? .... OUI ?

Le voyage avait été long et éprouvant, Jarwill venait de se réveiller auprès du feu avec le cou entièrement ankylosé. La nuit était un peu plus noire que dans ses derniers souvenirs, assez pour lui avoir donné une petite heure de sommeil.
Après avoir retrouvé ses esprit, il se releva et nettoya quelque peu ses vêtements pleins de sable

- Bon je pense que je peux m'être utile pour la garde vu que je me suis lâchement assoupis ! Vous pouvez rejoindre Morphée, je reste éveillé.

Voyant que la plupart de ses compagnons d'infortunes semblaient hypnotisés par le spectacle des monstres rôdeurs, le gobelin préféra les laisser là et prendre le parti de se reposer un peu plus bas... là où il pourrait mieux les épier, dissimulé dans le fourreau encombré de son sac de golf.

L'avantage quand on est tout petit, c'est qu'un rien suffit à devenir un grand luxe.

Maelun n’avait eu que le temps de se lever d’un bond entre le moment où il avait perçu un mouvement dans le fourré voisin et celui où il s’était retrouvé face à deux monstruosités. Leurs dents étaient si longues qu’elles auraient pu lui servir de sabres d’abordage.
Il s’était pétrifié et osait à peine respirer, comme si le moindre souffle de sa part pouvait inciter les monstres félins à se jeter sur lui.
Pourtant, il sentait autour de lui d’autres géants en position, prêts à l’attaque.
Ce n’est que lorsque la voix gutturale grogna des paroles à peine compréhensibles, qu’il détourna les yeux. Il ne bougea pas la tête, pétrifié qu’il était.
Son regard en coin lui dévoila un semi-homme, sale et couvert de plaies. Ses traits anormalement déformés suppuraient de toutes parts. L’autochtone semblait très agressif bien qu’il ne les attaqua pas ouvertement. Il se contentait de les chasser ouvertement en les mettant en garde.
Maelun n’était pas certain de bien comprendre ce que grognait le primitif. Mais il avait bien envie de partir… Si seulement cela avait été possible, il aurait pris dans l’instant les jambes à son cou.
Cette sensation s’accentua violemment quand, d’un coup, l’environnement prit des allures de folies. Dans une envolée de cris et hurlements déchirés, les lions gigantesques s’étaient jetés à la suite de celui qui semblait leur maitre. Ils étaient entrés en un éclair dans une lutte à mort contre des monstres invisibles à ses yeux. Seuls les bruits et les mouvements lui arrachaient les sens dans la nuit.
Soudain, une patte arrachée à quelque monstre fut projetée à ses pieds et il hurla en reculant d’un pas. Les griffes longues et crochues étaient chargées de sang et de poils. La patte était si large qu’elle couvrait le sol sur un bon mètre carré.

Pourtant, très vite, le calme total revint. Un silence si parfait qu’il pesait un poids d’enfer sur son thorax, l’empêchant de respirer. C’est alors que l’homme-bête armé d’un trophée de monstre aux yeux violets fit une seconde entrée sur leur campement.

La réaction du Commandant Cocoon fut lapidaire. Sa réponse fit bougonner Maelun :

-ça c’est sûr qu’on ne partira pas… On peut pas….

Grommeler dans sa barbe, l’avait soustrait de la paralysie qui l’avait assailli durant les combats dans lesquels il ne pouvait rien.

Il ne pouvait pas quitter l’homme-bête des yeux. Même l’espèce de folle venue de nulle part ne le fit pas se détourner comme si plus rien ne pouvait l’étonner.
Il ne réagit même pas quand elle se précipita sur les monstres pour le chatouiller la gorge. La folle les prenait pour des chatons !

Il restait interdit, se demandant dans quelle hérésie il avait été embarqué.

Au bout d’un moment, il osa bouger un os. Il était si contracté que chaque mouvement lui tordait les muscles.
Il se força à souffler et à reprendre haleine. Lentement, pour ne pas se faire remarquer, il se rapprocha du groupe de commandement.
D’où il se tenait à présent, il pouvait à la fois surveiller l’inconnu, quelques une des ses bêtes et un individu qu’il avait à peine aperçu pendant le voyage.
Alors qu’il le dévisageait tout en gardant l’œil sur les indigènes, il constata qu’il se desquamait par grandes plaques et il sursauta quand il surprit ses yeux passer du vert tendre au rouge pour revenir au brun profond.

L'instant était devenu irréel. Un indigène avec des tigres de compagnie, une aliénée de la botanique, un gobelin râleur, un(e) marin qui se faisait dessus, une médecin associale, et lui au milieu de tout ce fatras... Plaquant sa main sur sa figure tandis que la connexion au continent via le sac sans fond de Notfallspur diffusait des plaintes en continu, qui suppliaient d'au moins fermer le sac pour atténuer le vacarme. Cocoon se demandait sincèrement s'il avait bien fait de faire une annonce publique pour son départ.

*Finalement, des mercenaires, ça aurait été tout aussi bien... Balancer une pièce d'or dans des sables mouvants pour un de ces gus, c'est marrant, mais avec les deux de wilwarin et les patrons qui me regardent... je vais vraiment devoir faire gaffe à pas en buter un ou deux...* Grogna-t-il dans sa barbe.

La scène était chaotique, un lion ronronnait entre les doigts gracieux de la botaniste, le gobelin s'énervait avec le continent, et Maelun avait décidé de rejoindre son capitaine pour surveiller tout le monde. Seul l'autochtone semblait rester impassible, scrutant les nouveaux colons avec un quelque chose ressemblant de très près à de la pitié, mêlé par de la consternation. Il faut dire que l'équipe de choc arrivait en fanfare. Et c'était à eux de sauver le monde, rien que ça.

Laissant s'échapper un sourire, Cocoon laissa choir sa main contre son flanc. Il releva la tête, soutint quelques secondes le regard de l'intrus, et lui répliqua:

-Je pense que le message est passé, si vous voulez bien nous excuser, il reste deux trois détails à régler pour notre "installation". Appuyant clairement sur ce terme, il venait tout juste d'officialiser leur lancée dans la conquête de Telek-F'ator.

Se tournant vers le feu, laissant l'homme et ses fauves dans l'ombre, il brailla un bon coup.

-BON CA SUFFIT LES CONNERIES !!! VOUS EN AVEZ DEJA ASSEZ FAIT!!!

Pour accompagner son geste, le capitaine lança la bouteille de rhum qu'il tenait à la main depuis le début du repas, et la fit s'écraser dans le feu de camp, embrasant d'une force encore plus vive les épaisses buches de flore locale. Sa colère soulignée, et l'attention de ses compagnons enfin reconquise, Cocoon incita tout les autres à se rassoir à leur place respective. Une fois ceci fait, il reprit la parole:

-Alors, demain, on se lance dans la recherche d'un coin pour l'avant-poste, croyez pas que ça m'enchante de dormir à la belle étoile tout les soirs. DU COUP, préparez vous à marcher, on s'arrête pas tant qu'on a pas trouvé de coin convenable. Une fois là-bas, on se répartira les tâches, je veux des gus pour récupérer du bois, d'autres de la pierre, le reste vous vous chargerez de faire des lits convenables et de trouver de l'eau et de la nourriture pour le repas, j'en ai marre de dormir sur des racines. Compris ? Dormez peu, mais dormez bien, si j'entends quelqu'un chouiner "parce que c'est trop dur" (il s'attarda particulièrement sur vasariah), il ou elle peut accompagner notre nouvel ami dans la forêt. Je suis sûr qu'il connait des coins sympas.

Laissant plâner quelques secondes de silence pour que la menace sous entendue sois bien assimilée, et que le programme de la journée du lendemain soit bien intégrée, il pointa du doigt la botaniste:

-Toi, tu prends le premier tour de garde, ça t'apprendra à dresser les chats du coin, (pointant sur jarwill), toi, tu t'es porté volontaire non? T'as gagné le deuxième tour, (pointant sur Maelun), et TOI, le troisième, histoire de rattraper ton "élan de courage" de tout à l'heure, ça te fera les pieds. Quant à moi, je prends le dernier quart. Lever aux aurores demain matin, sur ce, bonne nuit à tous!

Espérant que chacun mettrait le temps qu'il leur restait avant le lendemain matin pour dormir, Cocoon montra l'exemple en se préparant son coin de "lit", non loin du feu, et s'endormit comme une masse. La journée suivante risquait d'être longue, harassante, et pleine de surprises...

Iamayn broyait du noir dans son coin, il se sentait sale et détestait ça. Ses vêtements devenus râpeux par le sel le démangeaient atrocement. Vraiment, il n’avait plus qu’une envie, celle de rentrée. Il avait vu l’indigène repartir dans la forêt, incrédule face à la réaction de ces nouveaux venus.
Le jeune soigneur le comprenait, si l’équipe continuait de prendre si légèrement les menaces inhérente à une telle expédition, il ne donnait pas cher de leur peaux. L’autochtone nous abandonnait donc à notre triste sort.
Un sentiment de malaise avait pris Iamayn à ce départ, il avait étrangement était rassuré par une présence humaine vivante. Malgré ces menaces, l’être avait protégé le groupe d’une attaque. Son départ ramenait le groupe à la visite d’un dangereux inconnu sans aucun guide.

Le jeune homme fut tiré de ses noires pensées par sa vessie qui se faisait pressante. Hésitant, il se dirigea vers la bordure de la jungle. Il resta un moment à observer la monstrueuse muraille de végétation. Il serait difficile d’évoluer dans une flore aussi dense. Les plantes semblaient disproportionnées et lui donnaient l’impression d’être devenu minuscule et étrangement déplacé en ces lieux, un indésirable, un intrus.
Sous la pression de sa vessie, il tenta de se frayer un chemin parmi les immenses feuilles qui lui fouettaient tout le corps. Cet ensemble de verdure le transportait dans un monde où il était presque aveugle, où les tons de vert étaient les seules couleurs perçues. Plusieurs fois, il trébucha, butta sur des racines sinueuses qui ralentissaient son avancée voire l’obligeaient à modifier sa trajectoire.

Le corps déjà suffisamment écorché par ses nombreuses chutes alors qu’il avait encore si peu avancé, il se concentrait sur le sol tout en bougonnant. Il ne vit donc pas l’étrange espace ouvert entre deux arbres. Il ne vit pas non plus certains endroits briller curieusement dans cet intervalle. Il fonça droit dedans, soudainement surpris par l’absence de feuillage fouettant son visage jusqu’à un obstacle invisible. Brusquement, il était incapable de bouger, une substance collante le tenait emprisonné. Piégé, il chercha ce qui l’avait piégé. Levant les yeux du sol qu’il avait cru être le plus grand danger, il vit alors la lumière se reflétait sur de long filins qui remplissait un creux végétatif. Une toile géante habitait tout l’espace. Pris de panique, il n’osait imaginer la taille de l’animal capable de tisser une toile aussi immense. Sa respiration devenait hachée, il ne pouvait même pas crier à l’aide.
Après quelques minutes de panique pure, il réalisa qu’aucune bestiole n’était encore venue le manger. Se forçant au calme, il retrouva une respiration davantage régulière et enfin hurla à plein poumon de l’aide jusqu’à manquer de souffle et recommencer.

C'était à croire que le destin s'acharnait à lui compliquer la tâche, mais cette nuit, Cocoon n'avait même pas atteint cinq heures de sommeil, à cause de la garde qu'il tenait, qu'un hurlement l'arracha de sa garde. Les hamacs et moelleux coussins qu'il convoitait se retransformèrent en branches tordues et vicieuses, du genre de celles qui font une bosse gênante bien au milieu du dos pour vous broyer la colonne vertébrale 8h durant.

-Mh? grommela-t-il, tout en se frottant les yeux avec ses paluches de marin, le sommeil commençant à le gagner un peu trop.

Regardant autour de lui, il remarqua d'un bref coup d'oeil que vasariah et l'autre médic' (kéksssé s'nom déjha ?) manquaient à l'appel. Le tour de garde allait pourtant se terminer, tout s'était bien passé jusque là...Enfin, il aurait du s'en douter... Des gens qui sortent de l'intérieur d'un sac sans la permission du propriétaire...déjà, ça partait mal. Alors quand les cris de deux équipiers se firent entendre, que le brouhaha du camp termina d'achever ce qui restait de sommeil chez Cocoon, celui ci agrippa sa lampe tempête, un couteau de la taille d'un avant bras (oui, une machette, quoi! ) et s'enfonça dans les fourrés, en direction du cri. Ameutant ses camarades au passage, il hurla à chacun de se réveiller et de prendre les arm...

Là il se rendit compte de l'horreur. Un mot se mit à luire en rouge écarlate dans son esprit:

Scientifique.

Cette expédition était à but scientifique. Autant dire que l'armement n'était pas la première préoccupation des participants. Même si plusieurs d'entre eux avaient poisons, coutelas, épées peut être, ou tout autre accessoire, l'expédition parlait d'aventure, par de génocide. L'armada était donc sérieusement négligée. Et c'est à ce moment que Cocoon comprit deux choses:

La première, c'est que finalement, il serait peut être de bon ton de retrouver cet indigène aux tigres, histoire de voir si des négociations pouvaient s'engager. Il connaissait ces terres, et un guide ne serait pas de refus, à condition qu'il arrive à articuler...

La deuxième, c'est que parti comme ça, Cocoon allait tout au mieux effrayer des bestioles. Une flamme, ça peut repousser les petites bêtes, mais il n'était pas envisageable d'allumer un vrai feu de forêt avec l'humidité qui devait traîner dans le coin. Une fois dans la jungle, il faudrait oublier la flamme comme arme de nuit, et se contenter de la machette.

C'était donc un double problème, et pendant que chacun s’affairait à attraper son équipement pour porter secours aux membres disparus, s'enfonçant dans la jungle manu militari, le capitaine redoutait déjà ce contre quoi ils auraient à faire.


Les ennuis commençaient enfin vraiment.

Le sommeil avait finalement eut raison de Maelun qui n’avait pas dormi depuis que leur navire s’était échoué sur les rivages de Telek F’ator. Ses rêves douloureux n’avaient même pas réussi à le réveiller bien qu’ils agitassent son repos.

Ce fut un long hurlement d’effroi qui le sortit brutalement de ses cauchemars. Il fut debout dans la seconde où il l’entendit, habitué qu’il était à réagir dans l’instant aux besoins de la mer et du vent. Mais l’océan qui l’environnait n’était constitué que de végétaux et ses points de repères familiers avaient perdu leurs aplombs. Il se contenta donc de suivre les autres marins, l’esprit nauséeux et le corps lourd.
Ils arrivèrent à la clairière aux araignées pour voir la scientifique jouer les guerrières. Elle était aux prises avec une araignée d’une taille colossale, mais ne mit pas longtemps à la tuer.
Pourtant, au-delà des cris liés à l’agression, Maleun, habitué à écouter la Nature et à en lire les signes annonciateurs, sentait autour de lui un silence qui n’était pas naturel. La forêt se taisait. C’était comme le calme avant la tempête.

Renonçant à sa torpeur physique, il revint sur ses pas alors que tous s’étaient précipités vers la forêt, et se dirigea sans hésitation vers une série de caisses empilées dans un coin. En les transportant, il avait repéré que certaines, désarticulées par le naufrage, laissaient apparaître une cargaison destinée aux cuisines. Avec précipitation, il ouvrit sans difficulté une première caisse qui ne contenait aucun outil contondant. On y trouvait que des gamelles et des bols. La seconde caisse, par contre, s’ouvrit sur ce qu’il attendait. Il avait devant lui les outils de boucherie. Il s’empara d’un gros hachoir à main qu’il glissa à sa ceinture et d’un long coutelas. Les deux engins, de grosse taille et aiguisés avec le soin du connaisseur devaient être destiné à tuer un bœuf certainement. Au passage, il mit une pierre à aiguiser dans sa poche ainsi qu’un briquet, un peu d’étoupe et une longue corde.

Ainsi armé, soumis à tous les dangers que cette terre inconnue semblait leur présenter, il se sentait un peu moins inutile et se décida à rejoindre le groupe.
Un cri d’effroi retentit suivi d’un hurlement. Pourtant, le silence de la forêt continuait de le hanter. Il s’arrêta au second hurlement. Il écoutait la forêt. Au-delà des cris, un mouvement s’opérait dans leur direction. Un mouvement qu’il ne savait définir mais qui lui signifiait d’être totalement sur ses défenses.
Reprenant sa course, il arriva aux abords de la clairière au moment où tous couraient dans sa direction mêlant leurs cris pour tenter de chasser le diable. Il fit demi-tour et les précéda pour monter dans un arbre gigantesque.
Il était habitué à grimper dans la mâture et il escalada le fût sans difficulté pour se retrouver rapidement à des hauteurs qui lui fit découvrir la source du drame.

-Putain !! Ne put-il s’empêcher de gémir. Elles vont nous dévorer ! Mais Bon Dieu… Qu’est-ce que je fiche là ?

Sous lui, un troupeau d’araignées géantes couraient en jouant des mandibules pour atteindre ses congénères.

Le gobelin, dans son désespoir, n'avait pas parlé bien fort, mais le hasard voulut qu'il se fut arrêté au pied de l'arbre sur lequel était monté Maelun qui l'entendit.

Les hommes s'étaient éparpillés, certains étaient partis s'enfoncer vers la jungle profonde sous la pression d'une peur insurmontable. Maleun fit la grimace en voyant quelques araignées les suivre là où ils croyaient trouver refuge.

D'autres avaient couru vers le feu de camp pour s'emparer des longues buches enflammées qu'ils utilisaient contre les araignées géantes qui formaient cercle autour d'eux.

Pour l'instant, son arbre semblait être encore à l'abri d'une attaque immédiate. Il se risqua à descendre jusqu'à la branche la plus basse et héla le gobelin qui attendait l'impossible.

-Hep !

Le gobelin parut prêt à se signer en entendant la voix, comme si le Saint Esprit s'adressait à lui, mais Maelun poursuivit :

-Attrape la corde et monte là-haut. Pour moi, pas question de descendre.

Comme le gobelin ne bougeait pas assez vite au vu du danger qui les menaçait, Maelun insista :

-Avec la tête de singe que t'as, tu dois pouvoir attraper une corde Mordiou ! Magne-toi !! J'ai du feu si t'as besoin !

De l'agitation vint perturber le sommeil de plomb de Jarwill, qui se redressa avec difficulté, le dos courbaturé, les yeux lourds. Il avait rêvé ... Enfin si cela était un rêve.

- Hey les amis vous n'allez pas me croire ! J'ai rêvé que notre camp se faisait attaquer par ...

A ce moment il vit les araignées fondre sur eux, les mandibules humides de leur venin, surement mortel. Et il comprit ce qu'il devait faire ...
Quoi ? Se battre ? Naaaaaan ....

- Des araiiiiiignééééées !!!

Il regarda aux alentour et trouva ses compagnons juchés comme des oiseaux dans les arbres, d'autres en train d'y grimper avec plus ou moins d'aisance à l'escalade. Qui avait dit qu'on devait avoir ses compétence pour une expédition de découverte et d'exploration ? Tant pis, il va falloir apprendre sur le tas.

Il en trouva un, plutôt robuste à priori, déjà occupé par quelques rongeurs apparemment habitués à ces exercices matinaux. Il courut aussi vite que son corps, en phase de réveil, le pu, c'est-à-dire pas très très vite.

Une douzaine de modèles réduits d'araignées géantes écrasées, une bonne poignée d'échardes et deux ampoules plus tard, Jarwill arriva en haut de l'arbre. Enfin d'un arbre, l'autre était un peu trop grand une fois pité devant son tronc. Beaucoup trop grand.

Peu importe, il était probablement en sécurité un l'air.

Le gobelin avait eu vit fait de se percher au coté de Maelun. Sa face grotesque ébauchait une sorte de sourire tragique. Maelun avait toujours entendu dire que les gobelins étaient des êtres à part, capables de se lancer corps et âmes dans une bataille par tous les chemins envisageables, même celui de servir de boulet de canon. Celui-ci serait-il du même acabit ? Serait-il capable de servir d’appât pour écarter les monstres vers d’autres objectifs ? A quoi pouvait lui servir un feu ?
Pourtant Maelun ne chercha pas plus loin quand il sortit le briquet de son sac.

- Je t’allume quoi ? En tout cas, quoi que tu veuilles faire, agis vite mon gars ! Parce que je ne suis pas sûr que les bestioles, là-bas, nous épargnent encore longtemps.

Le gobelin s’était assis à cheval sur la branche et avait plongé la moitié haute de son corps dans un sac de golf bien trop grand pour lui. Il farfouilla un petit moment avant d’en ressortir victorieux une balle de golf qu’il exhiba d’un air triomphant devant les yeux de Maelun.

Le marin, le regardait perplexe, le briquet à la main et s’interrogeait sur l’utilité d’un tel engin et sur sa complémentarité avec celui qu’il tenait entre ses doigts.

Les chuintements grinçants des araignées emplissaient, à présent, le monde sonore qui les enveloppait. Ils accompagnaient les bruits des craquements du bois écrasés et les cris lancés par les hommes alors que les bestioles géantes approchaient.

Maelun s’était recroquevillé sur lui-même en une boule compacte. Les mains fortement appuyées sur les oreilles et les yeux fermés, il était resté un moment indéfinissable en position fœtal. Il s'était contenté de prier des dieux qui l’avaient abandonné.
Il sentait la chaleur sur son visage et il lui semblait voir les feux l’éclairer au travers de ses paumes collées sur ses paupières closes. Les feux qui faisaient rage autour d’eux lui brûlaient la peau sans le toucher. Le gobelin n’y avait pas été mollo. Et il se demandait s’ils en ressortiraient vivant.
Alors, il s’était terré en lui, histoire d’oublier de vivre le temps du désastre et peut-être de découvrir un monde meilleur à son réveil. S’il se réveillait un jour de ce cauchemar.

Quand il entendit dans un lointain grésillement le son de mots formulés près de son oreille, il ne fut pas certain d’être rassuré. Le gobelin était toujours vivant mais lui annonçait la perte de la moitié de l’équipage.
La sentence lui fit pourtant ouvrir les yeux. Autour de lui, il ne vit d’abord que fumée opaque. Les larmes lui vinrent aussitôt pour contrer l’agression physique des cendres qui volaient.

- Mais bon sang de pourceau ! Qu’est-ce que t’as fichu ? T’étais quand même pas obligé de faire de nous deux les seuls rescapés !

Les araignées paraissaient terrassées. Il pouvait les cadavres ventres en l’air ou à moitié carbonisés. Certaines d’entre elles avaient dû exploser en plein vol car des débris noirâtres jonchaient le sol.

-Viens on va voir ce qui reste au campement.

Puisqu’ils étaient deux, et même si le deuxième à faire la paire était un drôle de pigeon vert, il allait rester à ses côtés le temps de retrouver un bateau et rentrer chez lui.

Mais le gobelin ne se préoccupait pas de lui, il avait dégringolé de l’arbre plus facilement que ne l’aurait fait un singe et cavalait déjà au milieu des cadavres en direction du camp.

Maelun tenta tant bien que mal de le suivre en espérant y trouver des survivants au carnage.