Le Troquet Romantika [zone publique]

Il y a du monde ce soir. Les verres et couverts tintent, pas le temps de s'arrêter. Pourtant le paysage est surprenant, c'est le crépuscule. Le troquet est orangé ce soir-là, l'or des couverts brille et les reflets viennent y ajouter un peu de féérie. Une petite serveuse rentre en scène. Quelque chose, il y a quelque chose, elle ne sait pas ce que c'est, mais elle sait que c'est là. Pas le temps de rêvasser, elle se remet au travail, débarrasse, sert aux clients plats et sourires polis. Personne ne prête réellement attention à elle. Elle a des airs de lutine, cette serveuse. Elle est concentrée à sa tache, prend note, on peut lire sur ses traits de la fatigue, de la concentration mais pas seulement... Elle s'avance quand soudain une main se lève. Gracieusement elle se retourne, et s'apprête à satisfaire une commande en plus quand soudain... Ses yeux ! La petite serveuse est fascinée. Elle reprend cependant vite contenance. Ça y est, ça c'est produit, les yeux de la serveuses échappent de nouveau à son contrôle. Il faut qu'elle se calme... La cruche, il veut du vin dans la cruche, elle baisse les yeux, elle ne veut pas qu'ont les voit, ils sont maintenant vert intense. Elle n'avait pas bougé depuis que cette main, sa main c'était levée... Elle était en plein débat quand soudain un murmure vint la sortir brutalement de ses songes :

- Je ne vous connais pas, je viens régulièrement ici pourtant... . Quel est votre nom?

Elle ne relève pas immédiatement les yeux... Un instant son regard se figea sur ce tatouage. Le sang. Elle l'aurait parié. Ses yeux virent dorés, l'inquiétude, la colère, la peur la traversait. Elle se mit en position d'attaque, intérieurement tout était scellé, il était puissant elle le sentait, il allait essayer d'accéder à son esprit elle le savait aussi. Lentement elle releva la tête, ses yeux à présent couleur or plongèrent dans les iris envoutant de son interlocuteur. Sa voix s'éleva, douce, comme une caresse :

-Je ne suis ici que depuis hier, monsieur. Mon nom est Pandore. Je vous apporte votre vin.

Pandore était sur le départ quand quelque chose la stoppa. La douceur de cette main et la fermeté de la prise la désarma. La cruche lui échappa de la main, et c’est avec fracas qu’elle atterrit sur le sol. Pandore avait à peine prêté attention à cet éclat. La voix de l’étranger vint rompre le silence.

C'est un très joli nom, Pandore. Je suppose qu'à ce regard, plein de couleur... vous devinez qui je suis et qu'il vous reste donc peu de choix.

En effet il ne restait que très peu de choix à Pandore. Doucement elle sentit sa présence autour d’elle qui ce resserrait comme un étau. Il essayait d’accéder à son esprit. Elle luttait, ne voulant perdre le contrôle d’elle-même sous aucun prétexte. En reine de son esprit elle résistait, malheureusement son corps était épuisé et il était en position de force. Doucement il relâcha sa prise et prit la parole.

Vos défenses mentales sont remarquable. Un initié ne saurait quoi faire pour les passer. Asseyez vous donc un peu et discutons tous les deux. Votre..maladresse n'est pas bien grave, ils s'en accommoderont?

Pandore était troublée, intriguée aussi. Ses prunelles ne cessaient de changer de couleurs, alternant entre vert foncé et or brûlant. Elle n’aimait pas que l’on pointe du doigt sa maladresse. Et que cette remarque vienne du sang n’aidait pas. Elle se ressaisit rapidement, un serveur arrivait, le regard furieux, il marmonnât quelques excuses au curieux personnage qu’elle avait en face. Elle n’aimait pas se qui était en train de ce produire, elle se sentait prise comme un animal en cage. Sans qu’elle s’en aperçu la nuit était tombée sur le troquet. Une nuit noire, une nuit sans Lune. Elle était seule ce soir, elle n’avait pas sa mère pour la guider. Alors que son esprit divaguait, un murmure vint la sortir de sa rêverie.

Asseyez vous, un peu. Et dites moi d'où vous venez.

Elle n’avait plus le choix. Gracieusement, elle tourna le dos à son interlocuteur et alla s’assoir sur la chaise, face à lui. Sa voix se fit comme une amère caresse :

Monsieur, assez de faux semblant. Vous complimentiez il y a un instant mes défenses mentales. Cependant, nous savons tout deux, que je ne suis pas assez adroite pour vous contrer indéfiniment. Vous appartenez au Sang, et moi à la Lune monsieur, mais je n’ai pas peur, je suis intriguée… Et je sens que je vous intrigue aussi… Pour répondre à votre question, je viens d’une lointaine contrée, dans un endroit sombre et reculé.

Et pendant que nous mangerons, vous me parlerez de ce pays étrange. Croyez le ou non, cela m'intéresse.

Pandore se détendit légèrement. La nuit noire lui semblait triste, ses yeux couleur prune divaguaient au loin. Elle était fatiguée, et le sentiment que faisait planer ce curieux personnage elle n’avait plus du tout envie de le repousser. Pandore posa de nouveau son regard dans les yeux changeants de son interlocuteur.

Je viens d’une contrée perdue. Une forêt reculée de toute civilisation disons… Normale. Elle n’est pas très intéressante, les gens font tous ce qu’ils sont censés faire, sans se poser de questions. Travaillent, ce reproduisent et meurent sans trop réfléchir. Ils ont leurs légendes, leur peurs et leurs malédictions…

En disant cela la petite Pandore s’était assombrie… Ses yeux désormais violet abyssal fuirent ceux de cet homme. Elle n’avait plus envie de parler de cette contré dont elle avait était bannis à jamais. Elle ferme les yeux, il faut qu’elle chasse ses images de sa tête. Elle voit une petite fille qui a les yeux violet vif mais ils sont embués de larmes, et ses joues rosées sont un peu bouffi. Elle regarde au loin et voit deux personnages, un homme et une femme. L’homme à l’air répugné, et la femme inquiète. Cette petite fille leur tourne le dos part. C’est la dernière fois que cette petite fille à vue ses parents. Doucement Pandore réintègre le décor. Il lui fallut quelque secondes avant de reprendre contenance, elle leva les paupières sur deux yeux à la limite de l’or et du violet, une couleur qui surprit son interlocuteur, qui était de plus en plus intrigué par la petite lutine.

Vous pourriez être quelqu'un de grand et de puissant, le savez vous, Pandore? Alors plus personne ne vous abandonnera, où ils le regretteront amèrement... .

Pandore était déboussolée, trempée et grelottante. Elle ne savait plus quoi penser, elle se sentait bien trop fragile. Doucement la force la regagna et lentement les choses se mirent en place dans son esprit. Il y avait accédé, elle pouvait encore sentir sa présence … Il avait vécu sa souffrance et l’avait illusionnée.

Ses yeux se réimprimèrent de leurs couleurs familières. Tout d’abord ce fut un vert éclatant qui jaillit de ses iris, droit dans les prunelles de cet homme étrange, elle sentait le pouvoir, la force. Doucement ses yeux s’embrumèrent de violet. Pandore n’avait pas peur, elle savait qu’elle avait suscité, en ce curieux personnage, de l’intérêt, beaucoup d’intérêt.

Elle était perdue, tout allait beaucoup trop vite. Soudain les paroles de l’homme prirent tout leurs sens. Pandore n’était pas dupe, elle savait qu’elle était puissante, elle l’avait toujours su, mais qu'il le lui dise la dérangeait, qu'il lui dise quoi faire aussi.

Pour la première fois depuis le début de cette discussion Pandore usa d’un de ses pouvoirs, elle entoura son interlocuteur d’une aura de haine. Pandore était en colère, ses yeux luisaient l’or liquide, elle était en feu. Toujours les yeux dans les yeux, Pandore renforçait son étau autour de lui. Elle voulait qu’il ressente combien elle était en colère elle modifiait chaque sentiment qui le parcourait, elle jouait, il avait l’air très légèrement perdu.

Les flammes dans ses yeux dansaient, envoutantes et enivrantes. Pandore était hors d’elle. Elle se sentait Lunaire, elle aimait sa confrérie, qu’un inconnu du sang, tout aussi puissant qu’il puisse être, lui dise qu’elle ne pourrait rien pour elle la mettait hors d’elle. D’un geste habile, elle se dégagea de l’emprise de l’homme. A présent sèche, Pandore, rageuse, renforçait autant qu’elle le pouvait l’étau de haine qu’elle avait bâti autour de celui qui appartenait au Sang. L’homme était un peu troublé, elle l’amusait beaucoup et l’agaçait terriblement à la fois. Il était très intrigué par elle et il n'avait pas l'air d'aimer ça du tout. Pandore un peu calmée, lâcha prise et dans un souffle dit :


Qui êtes-vous ?