La forêt des mille Sapins [zone publique]

Un air de lyre envahit le silence de la forêt pour se poser doucement sur le lac. Teysa percher sur sa branche chantait les étoiles et la lune qui veillait sur lui de leur multitude argentée. Toujours calme il se laissa choir et atterrit doucement sur les aiguilles de pins qui tapissait le sol. Il s’approcha doucement du lac ignorant ces habitants il se posa sur un rocher et se perdit dans la contemplation du disque d’argent qui trônait sur le lac.

- Tiens, voilà un visiteur... QUI NOUS SNOBE???

Seemy vit rouge. Très rouge.

- Toi qui contemple mon amie, vois ma fureur
Toi qui ne prête pas attention, vois ma rage

Une tenue de cuir rouge vînt la recouvrir. Son fouet aux mille lanières vînt orner son ceinturon. Son shuriken apparu dans sa main. Son épervier poussa son cri de guerre. Et Seemy s'avança, marchant sur l'eau, vers l'intrus impoli. Elle bénit en ce jour ses racines métissées: une mère sorcière, un père guerrier. Si sa maîtrise des armes blanches était parfaite, seulement dû à un apprentissage rigoureux, elle n'avait aucune maîtrise sur sa magie, capricieuse et erratique. Seule une rage profonde pouvait l'activer et la contrôler.

Sa chevelure d'ordinaire d'un blond assez terne, prit les teintes du brasier de ses yeux. Sa peau elle-même s'enflamma de teintes flamboyantes. Elle décrocha son fouet, fît tournoyer son shuriken et enfin s'adressa au nouveau venu:

- Es-tu prêt à souffrir étranger?

Et c'est sans attendre la réponse que Seemy attrapa l'homme par le col et l'envoya valdinguer dans le lac, retenant par la même occasion, si ce n'est tout ses habits, au moins sa veste...

- Te voilà mouillé et me voilà satisfaite! Bienvenue parmi nous!

A peine eut-elle le temps de finir sa phrase que sa tenue disparut à l'instar de sa magie... ce qui eu pour conséquence un retour précipité, involontaire et de façon brutale dans les eaux du lac.

Teysa avait atterris dans l’eau du lac avec une gerbe de perle glacée qui retombèrent sur son pâle visage. Il resta étendu à la surface du lac. Un sourire se dessina sur son visage. Il se releva avec la langueur gracieuse qui le caractérisait, puis s’approcha lentement de l’inconnue.

- Les manières veulent que l’on se présente a quelqu’un que l’on ne connaît point… du moins avant de l’agressé. Sachez donc que je me nomme Teysa Netzach Wesrena.

Six grandes ailes noires apparurent dans son dos. A chacun de ses pas une brume bleutée apparaissait cachant maintenant la surface du lac. L’ambiance était maintenant devenue pesante, menaçante. Le primera ne cessait d’avancer vers la guerrière, son sourire froid et inquiétant, ne quittait pas son visage.

- Je déplore vos manière violente la prochaine fois renseigner vous sur la personne que vous offensez.

Sa main agrippa la nuque de l’effrontée, il colla son front au sien, avant de murmurer d’une voie languissante.

- apprenez donc a vos dépend…

La douleur s’empara alors de la guerrière tandis que la brume recouvrait son corps.

- découvrez donc la folie mademoiselle.

Il récupéra sa veste et se rapprocha pour saluer Cassiopée qu’il venait de remarquer.

- bonjour ma dame, que fais donc une reine de sang à se promener seul sous le doux regard de la lune.

L’ambiance se calma, la menace disparue. La douleur quitta la guerrière, laissée à elle-même. Teysa fit une révérence en baisant la main de la dame étoilé.

Pendant un moment elle s’était sentie à l’unisson complet entre le monde de l’eau et de l’air et la seconde suivante, elle crachait l’eau que ses poumons refusaient.
Furieuse, elle chercha ce qui avait pu la tirer ainsi en arrière au moment même où elle avalait une grande goulée d’air qui s’était changée à son insu en tasse désagréable.
Quelle ne fut pas sa surprise de voir une jeune femme au corps splendide et musculeux l’invectiver comme si elles étaient d’anciennes amies. Pourtant Cassiopée considérait la naïade sans parvenir à se souvenir qui se cachait derrière ses traits.

Pourtant, comme la Belle l’avait appelée par son nom, elle se prépara à l’aborder en refoulant sa colère initiale quand la femme aperçut l’ombre qui s’était glissée entre les arbres. Cassiopée sourit en reconnaissant la silhouette habituelle de Teysa le Sombre suspendue sur une branche d’arbre.
Comme la femme esquissait des mots de la colère qui décidément grondait en elle, Cassiopée eut la surprise de la voir soudain vêtue de cuir rouge et marchant sur l’eau se précipiter sur Teysa avant même que celui-ci ne l’ait vue venir. Alors, la femme sembla perdre tous ses pouvoirs et se retrouva nue plongée jusqu’au cou dans l’eau.

Teysa se retrouva debout au milieu des deux femmes, mécontent d’avoir été maltraité et il s’en prit tout de suite à la jeune guerrière.
Quand il se tourna vers elle, Cassiopée les regardaient, légèrement courroucée par la situation qui donnait à son bain un goût amer.

- Oh Teysa ! Mais que fais tu donc ainsi au milieu de notre baignade ? Range donc ses ailes qui ne te serviront à rien dans l’eau.

Puis elle se tourna vers la femme :

-Pourquoi m’as-tu appelée ton amie et comment me connais-tu ? Qui es-tu ?

Se massant légèrement la tête, et déçue de la tournure des événements, Seemy tenta de résoudre ses ennuis un par un:

- Je t'ai reconnue, j'entends beaucoup parler de toi et pourquoi ne pourrait-on pas être amies? Quant à savoir qui je suis, je me présente, Seed of Madness, mais Seemy je préfère. Je reviens en ces terres après de longues années d'absence, mais sous une autre identité. De mes cendres, j'ai su renaître, et d'elles, mon envie de voir à nouveau ses terres s'est fait sentir. Guerrière comme tu as pu le voir, avec un soupçon de magie, enfin quand elle veut bien. Un humour un peu en marge aussi. D'ailleurs, à ce propos...

Se retournant vers l'homme, elle écarta les bras, paumes vers le haut, la tête légèrement penchée:

- Teysa Netzach Wesrena, je vous présente toutes mes excuses. Mon humour peut dépasser les bornes et peut être mal perçu. Je me présente donc à mon tour, Seed of Madness, mais appelez-moi Seemy. Quant à découvrir la folie, je la connais. Elle a simplement plusieurs facettes et nous ne devons pas connaître la même.

S'adressant enfin aux deux compagnons:

- Je m'excuse de vous avoir tirer de vos rêveries respectives, je ne vous importunerai plus.

Elle s'éloigna alors lentement, profitant une dernière fois de la caresse de l'eau sur sa peau.

Teysa apparue dans un nuage bleuté devant la guerrière.

- Seemy, donc… un charmant prénom, mais ne vous offusquez pas comme cela prenez donc place dans la conversation…

Le sourire de Teysa continuait de traverser son visage mais il était plus charmeur que menaçant, il prit la guerrière par la main et la ramena près de Cassiopée qui les attendait. Le primera sortit comme à son habitude une bouteille d’on ne sait où, dedans un liquide bleuté scintillait de paillettes argentées. Il en servit donc un verre à chacune avant de se servir lui-même, puis s’assit sur la surface argenté du lac.

Seemy se laissa conduire, sans résistance et sans un mot. Elle prit le verre que l'homme lui tendait et admira le breuvage:

- Mais qu'est-ce donc?

Elle fut immédiatement envoutée par la danse argentée qui avait lieu dans un liquide d'un bleu parfait. Des étoiles. Des étoiles filantes piégées dans un univers liquide. Fermant les yeux, elle trempa ses lèvres.

- Quel Délice...

Étonnée, elle observa à nouveau l'homme, tranquillement assis à la surface de l'eau, un sourire charmeur collé aux lèvres. Seemy pencha légèrement la tête comme chaque fois qu'elle devenait pensive, posa négligemment un doigt humide sur le bord de son verre et entreprit d'en sortir quelques sons cristallin.

La musique dérange toujours les étoiles, qu'elle s'en offusque ou qu'elle s'en arrange, c'est une petite révolution dans le silence bruyant de l'univers tellement vieux... .

La voix s'était approchée, douce et suave, dans le sillage d'une présence qui ne se cachait pas. Ce jeune Prince, Dépositaire du Sang, marchait lentement vers eux, faisant sonner une fine canne décorée d'un pommeau à l'effigie d'un Dragon d'onyx. La lumière mordorée de la lune glissait impétueusement ses nuances sur le métal puis dans l'iris triple ultramarin des yeux de Sanz. AU front, l'opale de pouvoir brillait de son feu fauve et éclairait son visage qu'il avait recouvert d'arabesques noires. A son allure, à la propagation des dessins sur son corps, il revenait d'un rite particulièrement éprouvant ou d'un récent combat. Souriant aux personnes présentes, saluant d'un hochement de tête sa confrère, jetant un sourire énigmatique vers ce Prince Sombre, puis décochant un " Mademoiselle enchantée" dans une pirouette étrange, il s'assit au bord de l'eau. Aussitôt une vague vient lécher son visage et dessiner des figures joyeuses a quelque centimètres de lui.

Je ne suis jamais venu ici. Il parait que tout est si discret, si calme, que c'en est suspect. D'aussi long que je m'en souvienne l'eau est filtré en amont par une histoire si sanglante que la bas, au plus haut, le jour ne se lève pas. On dit que sa source vient des Monts Enneigés d'Echoriath, dans le remugle des frontières de Ter Aelis, obscures et mal définies. Entre la sauvagerie du polaire et la la rigueur rustre du montagnard, dans l'affectivité des zones inhospitalières.

S'il semblait ne parler qu'à lui même, ce n'était pas exact. Des jeux d'eaux il avait construit des perles d'eaux qui venaient les entourer et tresser les hiéroglyphes que l'on retrouvait sur les frontons des Palais du Sang, dans la langue des purs, et qui disait à peu près:

"L'Homme s'est incliné, Dieu s'est incliné, le Destin s'est incliné"

Il sourit aux observateurs.

Ne vous occupez pas de moi, continuez vos jeux, je venais seulement me reposer.

Chargée du désir de trouver la trace de l’énigme laissée par la fée Taalibane, Cassiopée avait traversé la forêt pour atteindre ce lac. Mais elle ne savait pas où la mènerait sa quête.

Or, au lieu et place du lac tranquille et dénué de vie humaine qu’elle pensait trouver, elle rencontrait deux Princes, l’un de Sang Pur, son propre confrère, l’autre de sang sombre sous les traits de Teysa et une jeune guerrière au corps de déesse.
Etaient-ils les signes que Taalibane lui envoyait pour la guider ?

Cassiopée restait perplexe, le regard mobile valsant de l’un à l’autre sans bien comprendre ce que chacun faisait là.
Le verre qu’elle tenait en main n’avait rien pour la rassurer car elle pouvait y contempler la course des étoiles et y lire leur désarroi face à leur destinée.

- Boire les étoiles ? Goûter l’amertume des astres ? Non merci Teysa, je ne m’y risquerai pas. Je préfère libérer leur reflet et me contenter de l’eau claire.

Elle versa le contenu de son verre sur son bras, laissant luire les étoiles qui en profitèrent pour briller de mille feux avant de glisser lentement sur sa peau nue vers l’eau limpide du lac où bien vite elle les perdit de vue.
Elle enfonça alors doucement son corps dans l’eau, laissant son regard émerger de la surface liquide le temps de contempler une dernière fois Seemy, Teysa et Sanz qui venait de s’installer sur les bords du lac.
Puis elle disparut sous les flots pour réapparaitre, luisante, plusieurs mètres plus loin, aux abords de la cascade où elle s’installa pour laisser l’eau courante et fraîche désaltérer sa peau. Entre ses seins la marque du dragon était bien visible et venait enserrer son cœur.

Elle haussa le ton pour se faire entendre sous le joug du jet du torrent d’eau qui l’inondait :

-Que faites-vous, tous autant que vous êtes, dans cet endroit qui devrait être désert ?

-Que faites-vous, tous autant que vous êtes, dans cet endroit qui devrait être désert ?

Seemy jeta un coup d'oeil aux deux hommes et comme ils ne semblaient pas être sur le point de répondre, Elle s'avança pour rejoindre Cassiopée sous la cascade. Ce faisant, elle envoya quelques gerbes d'eau en direction de l'ensommeillé d'un coup de pied. Elle surveilla la réaction de sa victime du coin de l'oeil et un sourire au coin des lèvres.

- En ce qui me concerne, mes pieds m'ont guidée jusqu'à l'orée de cette magnifique forêt, et c'est un souvenir qui m'a portée en ces lieux précis. Comme une impression que je devais être là...

Quelque peu rêveuse, Seemy se laissa submerger par la cascade, rêveuse et pensive.

Les gouttes d'eau de la jeune étrangère lui arrivèrent au visage. Insensible, âme vidée d'émotion il ne perçut que le mouvement essentiel en contact avec ce corps emprunté. Dans la déduction des trajectoires pour deviner d'où cela venait il jeta un regard vers elle qu'une cascade dominait de son élan impétueux. Lentement, sa peau se mit à luire sous la lune brillante puis chaque fibre de sa peau se décomposa et se mêla au courant dans l'espace marin tel une présence insondable. Mélangé à l'eau, énergie libre et noyée, il imprima dans l'eau courante une harmonie rebelle, révolte d'écueil latente, jusqu'à remonter le courant, créer des zones de turbulence qui vinrent mettre à mal l'équilibre de l'audacieuse. Quand enfin elle lâcha prise il réapparut à la faveur d'une vague, prince insouciant au regard sombre, au sourire emprunté, près d'elle ; sa main caressait la surface de l'onde tandis qu'il murmura:

Au fond de l'eau, il y a de belles créatures.

Et il rit, comment on l'entendit jamais rire, mais ce rire là, c'était un rire de tempête, d'orage naissant affleurant les jeux d'enfants et d'oisiveté. Le lac se gonfla et sur les rives des lames venaient s'entrechoquer aux bords herbeux. Et dans le désordre marin, il observait cette Seemy s'agiter et refaire surface.

Voyons, souriez, ce n'est qu'un jeu.

Teysa regarda le désordre se créer avec son calme habituel, mais son visage trahissait une certaine gêne devant l’anarchie destructrice qui prenait place sous ces yeux. Il s’avança calmement vers Sanz, posa délicatement sa main sur son épaule. De son autre main il fit un arc de cercle comme pour montrer le paysage, mais derrière son passage la paix reprenait sa place.

- Laisse donc a cette endroit oublier des hommes, qui joui encore d’une certaine harmonie, calme et douce, la paix qu’il mérite.

Il fit quelque pas sur la surface de l’eau pour se placer au centre du reflet lunaire. Il leva les bras au ciel et goutta doucement à la douce lueur argenté qui baignait son corps.

- Apprend donc à savourer cette douceur, ce léger instant de calme dans nos tumultueuses vies. Goutte à cette paix, avant de repartir plus tard dans les incessantes batailles que nous menons constamment contre nos propres vies. Goutte donc l’équilibre de se lieu, et réjouit’ en ces instants privilégier ne son offert qu’a ceux qui savent les apprécier.

Passé le moment d'angoisse, à crachoter l'eau infiltré entre ses lèvres, Seemy sourit. Légèrement malmenée, elle n'en était pas moins heureuse d'avoir su arracher un rire au prince mystérieux. L'observant toujours, Seemy s'abîma dans ses pensées, voulant toujours plus repousser les limites de son audace et de ses jeux.
Elle nageait donc doucement sur le dos depuis un moment quand une idée lui vînt. Elle garda la position, les yeux dans le vague, perdu dans le firmament, et un sourire naquis sur ses lèvres fraîches.

- Cher Prince, vous qui savez si bien domestiquer ces forces qui engendrent destructions et chaos, laissez moi vous défier. Voudriez-vous ?

Sans attendre de réponse, Seemy plongea. En bonne nageuse qu'elle était, elle parcourue une bonne distance dans le lac, s'amusant à faire quelques pirouettes immergées, se laissant aller au gré des remous, savourant la caresses de courant plus frais sur sa peau. Elle s'attarda même en compagnie des créatures sous marines.
Puis, sentant ses poumons réclamer leur oxygène, Seemy s'élança vers la surface pour en émerger brusquement, éclaboussant tout ceux qui se trouvaient près d'elle.

- Alors, qu'en dites-vous? Accepterez-vous de relever un défis sans en connaître le contenu?

Sanz jeta un vague regard vers Teysa, en haussant légèrement des épaules. Apprécier quel moment? L'histoire s'écrit et il perd déjà plus ou moins son temps dans les langueurs de cette forêt lacustre. Il ne s'encombra pas de déranger la paix qui revenait, écartant d'un coup de brise légère les éclaboussures de la jeune humaine. L'onde continuait de danser autour de lui dans des courants contrariés. Son visage avait marqué un léger intérêt au mouvement fluide du corps dans l'eau, au jeu d'attitude, avant qu'elle ne sorte brusquement et ne lui propose d'étrange marché. Il laissa d'abord le silence répondre avant de de répondre dans un murmure:

Pourquoi pas. Proposez donc.

- Vous qui savez donc si bien manier les éléments de manières brutales et chaotiques, je vous défie d'en faire usage, à présent, avec douceur. Composez, imaginez, créez donc une peu de beauté pour égailler quelque peu ce triste monde. Le pouvez-vous ? Pas de contraintes particulières, le rendu doit seulement être Beau. Beau comme une rose perlée de rosées, beau comme un coucher de soleil sur l’océan, beau comme le scintillement du firmament, beau comme un sourire, beau comme une âme amoureuse, beau comme le reflet de la lune sur ce lac… Une beauté emprunte de légèreté, de sérénité. Le saurez-vous ?

Seemy se laissa de nouveau aller dans les eaux calmes de l’étendu liquide, tournant lentement autours du Prince, attendant sa réponse, ou sa création.

La beauté, Sanz ignorait ce que cela était, ce que cela représentait. Ses yeux se fendirent tandis qu'elle annonçait le défi. Sur son visage, les arabesques couvrirent chacun de ses traits fins. Le Pouvoir du Sang enflait en lui tel une vague et dans le même temps c'était sa puissance qui croissait, commandant peu à peu aux éléments. Dans les mouvements de lames d'onde, dans l'enfer marin qui se soulevait brillait l'iris flamboyant du Prince. Des essences il en faisait des foyers de désordre et de mouvement en attendant de créer ce qui devait ressembler à ce qu'il ignora. Incapable de l'éprouver lui même, son âme s'immisce dans le sang pur de Cassiopée, et cherchant en elle la trace d'une affection, de sentiments et de beau, plongeant dans l'harmonie de son Sang, il se recueillit autant qu'une âme curieuse et chercha au fond de sa mémoire si quelque chose de beau pouvait l'avoir touché. Il connaissait ce corps, il connaissait sa compagne tel que dans la naissance de ce monde il l'avait crée, fécondé dans l'humain pour qu'elle prenne forme et s'inscrive dans le réel. Chaque fibre, chaque humeur lui était secrètement connu ; la Protectrice du Sang était presque son oeuvre, et pourtant libre, et pourtant unique à la fois: de ces créations qui échappe aux Créateurs. Elle était désormais une harmonie à elle même qui avait forgé en elle la Connaissance du vivant. Au fond des rêves de Cassiopée, il empruntait des sensations, des émotions, il empruntait tout l'humain, lui qui n'en était plus un. Et tandis qu'il aspirait ainsi sa mémoire, il s'éleva dans le lac, tel une ombre balayé par l'orage. Autour de lui les lames d'eaux s'entrechoquaient, quittaient leur lit pour monter à l'assaut du ciel. Des bêtes étranges étaient projetées et on les voyait parfois sortir brusquement de l'eau avant de replonger. Et quand alors on ne voyait plus rien tellement tout était chaotique, il sculpta patiemment, de vent et d'eau ce qui semblait être un corps humain, traversé de part en part par les brises. Peu à peu l'eau pliée tel la matière de l'architecte construisait dans une lenteur qui parût une éternité un visage, des bras, des jambes ; et les membres marins se mirent à s'agiter, a devenir vivant, inspirés, soufflé par les vents violent.

Quand alors il eut enfin finit son oeuvre. Elle se tenait devant celle qui l'avait défiée, onde forgée par le vent et la lumière, sculpté telle l'imitation exacte, et pourtant différente, de Seemy. Un reflet vivant touchant la jeune fille avec une douceur incomparable, effleurant ses cheveux, son nez, descendant vers le cou et les épaules et s'arrêtant au ventre murmura:

Le Beau serait peut être une image, un rêve qu'on épuise en soi et qui nous ressemble. Serait-ce l'appel du mouvement, du vivant, de tous ces courants qui me traversent et sont tes pensées, tes émotions, tes sensations. Je suis ton Vif, Ton Mouvement, Seemy.

Ce qu'il avait trouvé en Cassiopée? Le Vivant, seulement le Vivant. Le Temps se calma et il ne resta plus que cette statue contemplant son la jeune fille. Sanz les fixait de son regard impassible, immobile dans cette rencontre.

Très haut dans le ciel, au dessus d'une mer de cumulus, quelque chose naviguait rapidement et laissait un sillon derrière lui tel un brise-glace dans l'océan nordique. Difficile d'un bref coup de d'oeil de voir ce qui pouvait provoquer un tel phénomène car il semblait invisible, dissimulé derrière une sorte de champ de réflexion. En s'approchant ou avec des appareils sophistiqués, on aurait pu détecté une source de chaleur et les vibrations d'un vaisseau à défaut de trouver le modèle. L'engin invisible sembla ralentir jusqu'à se stabilisé en pleine forêt des Mille Sapins à 1500 mètres d'altitude.

*

- Es-tu bien sûre que c'est juste en dessous de nous ?
- Douterais-tu de ma fiabilité ?

Astriel ne lui répondit que par un haussement de sourcil puis un sourire taquin. Il pianota sur la console de bord puis se leva du siège confortable.

- Je ne vois vraiment pas pourquoi tu n'y es pas aller à pied ou par toi même.

Il se tourna vers la petite fée à l'aura doré de jade, mesurant tout de même une bonne vingtaine de centimètres, qui lui adressait un regard circonspect.

- Je n'y serais pas arrivé si vite et...
- Et...?
- Et bien...
- Tu avais la flemme d'y aller par tes propres ailes.
- Certes. Est-ce un mal ? Cela fait longtemps que nous n'avons pas fait un petit tour ensemble.

Elle ne lui répondit pas et se contenta de cueillir une mûre de variété peu commune, en effet elle était deux fois plus grosse que l'espèce locale et avait une teinte rosacé. Les tiges quant à elles présentaient de longues épines contenant une neurotoxine paralysante puissante, une dizaine de piqûres venait à bout de n'importe quel humain. L'ange s'y était déjà fait surprendre par ailleurs, une fois seulement, mais Arnä n'hésitait pas à lui rappeler ce passage avec toute la cruauté féminine et féérique qu'elle pouvait.

- Bon, va voir ce qu'il en est, moi je continue mes analyses et mes scans. Il y a tant de choses à découvrir dans cette forêt c'est impressionnant ! Même dans une centaine d'année je suis sûr que nous pourrons encore trouver des trésors biologiques et géologiques, voir magiques !
- Hum, tu penses maintenir le camouflage optique ?
- Oui, pourquoi ?
- Penses aux petits oiseaux qui vont se jeter sur toi.
- J'émets des ondes vibratoires répulsives, ils me contourneront.
- Je n'ai pas spécialement envie de donner l'impression qu'on espionne, il semble y avoir plus de monde que prévu en bas, d'ailleurs ce n'est pas pour me plaire. Je me demande ce qu'ils font tous là...Et de toute façon, ils savent déjà que nous sommes là, pourquoi nous cacher ?
- D'accord je l'enlève, de toute façon nous ne faisons rien de mal, et à cette hauteur.
- Si seulement il y avait plus que ça.

La présence de deux princes, dont son frère de sang, de Cassiopée et d'une inconnue le laissait perplexe. S'ils étaient là, était-ce un jeu de circonstances ? De hasard ? Il n'y croyait pas trop. Avaient-ils eux aussi reçu une lettre de cette fée dénommée Taalibane ? Etait-ce une réunion importante, secrète ? Il n'avait qu'à descendre pour le savoir. Il adressa un hochement de tête à Arnä, se rendit dans les écoutilles et accéda au sas pour sauter dans le vide d'un saut de l'ange.Chutant en silence, il déploya ses ailes à quelques centaines de mètres du sol puis décrivit plusieurs cercles concentriques. Arrivé à la cime des arbres les plus hauts, il rétracta ses ailes et sauta de branches en branches pour prendre pied à terre tout près du lac, côté source.

Il se faufila avec aisance dans la végétation dense de cette partie de la forêt et se retrouver près de la chute d'eau qui donnait sur le lac. Le lieu avait quelque chose de singulier, et il regrettait presque d'imposer sa présence en ce lieu qui ne désirait qu'à rester vide de toute présence humaine, humanoïde et intelligente. Il glissa entre les roches et atterrit au pied de la petite cascade, tombant nez à nez avec une Cassiopée dénudée ainsi que de l'inconnue dans la même disposition. Un bref regard puis il se détourna en s'asseyant près du bord, des gouttelettes mousseuses vinrent lui caresser le corps, le rouge lui montant aux joues.

- Bonsoir dame Cassiopée, mademoiselle, excusez de vous surprendre en de telles dispositions...la surprise fut des plus agréable, dit-il d'une petite voix timide. Vous avez aussi reçu une lettre où est-ce un hasard aux origines mystérieuses qui vous amène en ces lieux ?

- Bonsoir dame Cassiopée, mademoiselle, excusez de vous surprendre en de telles dispositions...la surprise fut des plus agréable, dit-il d'une petite voix timide. Vous avez aussi reçu une lettre où est-ce un hasard aux origines mystérieuses qui vous amène en ces lieux ?

Seemy s'arracha à la contemplation de son Vif pour découvrir qu'un nouvel arrivant venait de les surprendre en petite tenue d'Eve. Un sourire fugace et une lueur de malice égayèrent son visage pendant quelques secondes avant qu'elle ne décide de se présenter:

- Bien le bonjour à vous. Enchantée de vous rencontrer, je me nomme Seemy, j'espère que nous nous entendrons. Mais retournez-vous donc, si notre pudeur devait souffrir de votre regard, nous ne serions pas ainsi en compagnie des deux Prince qui nous tiennent déjà compagnie. Veuillez m'excuser.

Sur ces mots, elle se retourna vers son reflet, son Soi, son intérieur, son être. Elle en fit le tour, l'effleura prudemment, ne voulant pas la faire disparaître puis se dirigea vers le Prince de Sang. Une fois devant Lui, elle pencha légèrement la tête d'un mouvement lent et déclara:

- Défis relevé et remporté. Un peu trop de violence dans la création, mais pour une chose aussi empli de beauté, cela n'est peut-être pas évitable. Un baiser chaste vous conviendrait comme récompense?

Interloqué, surprit, décontenancé. Voici l'état d'esprit dans lequel se retrouvais le félidé angélique.

- Bien contraire, et pardonnez mon franc parler, vous êtes exquise à contempler et dévorer du regard, mettons ceci sur le compte de la surprise. Et ci cela ne vous gène pas, je pourrais regarder vos lignes et courbes afin de les inscrire au sein du firmament des étoiles à ma prochaine traversée interstellaire. Mais j'avoue que d'un autre côté je trouve cela quelque peu indécent de ma part de vous toiser longuement de la sorte, et jouer avec la tentation n'est pas à mon goût en ce moment précis. Mais puisque cela ne semble pas vous déranger, puis-je me permettre de poser mon attention où bon me semble ? Et puis vous n'avez même pas prit la peine de répondre à ma question, conclut-il par un clin d'oeil, ses moustaches frétillèrent.

Le félidé laissa sa queue remuer dans l'eau claire et accorda un regard intrigué à la création du prince de sang. Belle et presque parfaite, il était déçu de ne pas être arrivé au bon moment pour le voir à l'oeuvre. La peine en aurait valu surement plus d'une goutte de sueur. Après un moment passer à contempler cette création et son original, il s'adressa de nouveau à Cassiopée.

- Et bien, qu'en dis tu ?

Arbres.

Buissons.

Sous-bois.

Champignons.

Cimes.

Canopée.

Vent dans les feuillages. Lapins détallant au moindre frisson d'air. Petits yeux brillants et avides scintillant dans l'ombres d'un fourré. Biche s'abreuvant au bord d'un lac d'eau claire. Casacade. Baigneuses nues. Musicien ailé. Chaton ailé. Sculpture bizarre. Mec bizarre flottant au dessus de l'onde. Petits yeux incrédules sous un front plissé tapis dans l'ombre d'un fourré.

Et aucune trace de sphère blanche et cannelée.

Un froncement dans les taillis suivi d'un galop rapide et trépignant. Une nouveau frémissement dans un nouveau buisson.

Silence.

Oeillade vers les deux naïades.

Silence.

Nouveau bruissement. Nouveau buisson.

Ahah ! ... Oh ! Ah non c'est un oeuf...

Petit craquement.

Piou piou piou !

Scruntch... Peuh ! j'aime pas le bec !

Un autre fourré, un autre froncement de branches dérangées.

La forêt des mille Sapins [zone publique] - Page 9 Grukti10

Gruk’ti’ko (ou un nom approchant) s’avança sur une plateforme de bois. La dite plateforme était située en haut d’une tour brinquebalante (comprendre construit par un gobelin), elle-même située en haut d’un arbre, lui-même placé au sommet d’une montagne, qui se trouvait près d’Ecoriath.
Le dit gobelin (rappeler vous celui du début) plaça sur son dos un harnais de cuir d’animal (?), sur lequel se trouvaient deux énormes fusées artisanales reliées à une mèche. Il tenait entre ses dents une allumette d’une taille significative (pour un gobelin).

- expérience de vol expérimental numéro 976543216459, utilisation de fusée a poudre de démonstar. Mise a feu dans 10, 9, 8, 7, 6, 5, 3, 9, 4, 1, 7, 5, 0, 3, partez !

Le gobelin alluma la mèche avec l’allumette (on ne sait comment il avait allumé l’allumette mais il ne vaut mieux pas le savoir). L’étincelle atteignit les deux explosifs, qui bien entendu explosèrent envoyant le gobelin dans les aires sans aucune maitrise dans sa trajectoire. Petit à petit le sol se rapprochait, et par d’ingénieux mouvement de brasse Gru’k’ty’k’aux’ essayait de se rapprocher d’une piste d’atterrissage valable (c'est-à-dire un petit lac perdu dans les montagnes). Sa vitesse vertigineuse (ainsi que sa hauteur), faisaient perler sur sont front une sueur rance, dont il était très fier.

Plus bas un groupe de personnage discutait, totalement ignorant de l’incident (insignifiant) qui se déroulait au dessus d’eux. Un des personnages souhaita aimablement au revoir aux autres, tout en s’éloignant, prétextant un quelconque travail dans un certain pays des rêves. Il échappa donc au drame goblinoïde qui devait se dérouler peu après.

En effet se fut dans un cri des plus démonstratifs :

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Que le gobelin fit son atterrissage, rebondissant sur les gens (et le sol)il fini le spectacle sur un monticule de personnalités Alésiennes, dont il ignorait tout.

- Fin de l’expérience 976543216459. Conclusions de l’expérience, ajouter un système de direction au harnais.

Seemy en resta sans voix pendant quelques secondes puis:

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!! (cri de rage) Mais c'est quoi ce BORDEL?

Seemy n'en revenait pas, son petit lac tout tranquille venait d'être victime d'une attaque qui les avait tous plaquée au sol. Elle se releva sans ménagement pour les corps qui reposaient sur elle et couvrît rapidement son corps de ses habits maintenant trempés.

- On regarde mais on ne touche pas sans permission.

Sur ces mots, Seemy se fondit dans la fôret, appréciant le calme qui revenait doucement sur sa vie. Un besoin de solitude l'étreignait sans qu'elle sache pourquoi.

Cassiopée laissa longtemps son corps se pénétrer du sang de la Terre et l’eau fraiche revigorait son tonus comme elle y puisait l’énergie utile à son équilibre.
Une petite voix interrompit sa concentration et la sortit de la transe dans laquelle sa douche vitale l’avait mise.

- Vous avez aussi reçu une lettre où est-ce un hasard aux origines mystérieuses qui vous amène en ces lieux ?

Le temps qu’elle comprenne qu’Astriel en personne venait de faire irruption sur le lac Seemy se pavanait provocante devant lui. Elle sourit à la jeune guerrière en approuvant ses facéties.

Cassiopée se dégagea de la cascade. Elle miroitait sous les éclats chauds du soleil montant elle assura scintillante :

-Les étoiles et leurs Dames sont faites pour être contemplées…

Puis elle ajouta, rapprochant les propos du chat ange à sa propre quête :

- En effet, Astriel, j’ai reçu un message de la fée Taalibane. Je souhaitais t’en parler la dernière fois que nous nous sommes attablés ensemble à Galvorn devant une bière accompagnée de colosses et de batailles désordonnées. Nous n’en avons pas eu le temps et le hasard nous a vite séparés mais je me doutais bien que Taalibane chercherait également à te joindre.

Tout en parlant, Cassiopée était venue s’allonger sur la roche chauffée par le soleil et laissait son corps attirer la lumière du jour comme autant de points qui irradiaient sous sa peau et rayonnaient agréablement.

- Elle t’indiquait le lac elle aussi ? Sais-tu pourquoi nous devons la trouver ? Sais-tu ce qu’elle a à nous dire ?

A peine avait-elle achevé sa question, qu’un bolide plongea dans l’eau à une vitesse délirante, déclenchant une vague monstrueuse les submergea tous, entrainant dans son flux ceux qui se trouvaient au milieu du lac et dans le reflux ceux qui séchaient au Soleil, comme Cassiopée ou Astriel qui était à ses cotés.
Si bien qu’ils se retrouvèrent tous à bagotter en crachotant et en tentant de reprendre pied.

Citation :: - Elle t’indiquait le lac elle aussi ? Sais-tu pourquoi nous devons la trouver ? Sais-tu ce qu’elle a à nous dire ?

Avant qu'il n'est le temps d'y répondre, quelque chose les percuta et fit valdinguer les aelisséens et aelisséennes. Il se retrouva au sol et entremêlé avec Cassiopée, une chose non identifiée, et Seemy. Dans la suite, une vague d'eau lui fit craché ses poumons. Une voix aigrelette irritante attira les foudres de son regard alors que Seemy se dégagea sans ménagement, elle aussi en proie à la colère.

- Fin de l’expérience 976543216459. Conclusions de l’expérience, ajouter un système de direction au harnais. (hrp : la couleur est vraiment horrible et illisible !)

Chacun se releva. Astriel saisit le gobelin par le cou et le souleva du sol, montrant légèrement ses crocs. Sa courte crinière dorsale hérissée et son regard prédateur n'était pas pour rassurer le gobelin qui venait de se mettre dans de beaux draps. L'animal se tortillait dans tout les sens mais le félidé courroucé était trop forte pour qu'il puisse se dégager de lui-même.

- Continue à te tortiller comme un ver de terre et je te broie le cou, mord moi et je te noie, répond moi ou je te tue. On est d'accord ! Qu'est-ce que tu fous là ? Oh et donne moi trois raison de ne pas te lapider ou de te jeter depuis le ciel, au dessus des nuages pour que tu puisse t'écraser comme la petite fiente que tu es ?

Son intrusion venait de l'énervé au plus haut point, et il n'aurait aucun remord à le briser sur place.

Le sourit de toute ses dents, il regardait l’inquiétant personnage qui le tenait par le col (il avait oublié d’avoir peur). Il sortit calmement une pipe finement sculpter, la bourra d’une herbe a forte odeur (beuh au champignon), l’alluma délicatement, et tira une longue bouffée. Il épousseta calmement sa longue robe violette.

- Je suis bien désoler de vous avoir importuner monsieur, je dois avouer que je n’avait pas du tout prévus d’atterrir sur votre lieue de rencontre. Je mène une expérience de la plus haute importance… il se pencha pour murmurer a l’oreille de l’inconnue (de sa voie nasillard, so sexy). J’invente un jet pack à base de poudre de démonstar. (noter que personne ne sait se qu’est le « démonstar » en question).

Le gobelin tira une autre bouffée de sa pipe. Regarda l’énorme cratère de son atterrissage, et les dégâts causés par la même occasion.

- Tient j’ai encore oublié de mourir.

Constata t’il (comme quoi les gobelins son vraiment stupide).

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