Le Parc aux Mille Essences [zone publique]

Lentement elle parcourait les allées désertées. Pâle et les yeux cernés, âme en peine au milieu des feuilles mortes, ses pas n’éveillaient aucun écho. Répondant à sa solitude, l’automne avait fait fuir les derniers promeneurs.

Le soleil déclinait doucement sur l’horizon, embrasant le désert de mille flamboiements. Perdue, le regard dans le vague, elle ne vit rien de cette beauté qui l’émouvait tant auparavant. De petites gouttes cristallines s’échappèrent du lac de ses yeux, rigoles humides sur sa peau desséchée.

Laissée, délaissée, abandonnée, ne reviendrait-il donc jamais ? Son cœur tombait en morceaux sous l’assaut de ses pensées. De longs mois avaient passé depuis ses derniers instants de bonheur. Bulles éphémères qui faisaient gonfler sa poitrine et remplir son regard de larmes. Les rares nouvelles qu’elle avait eues avaient maintenu l’espoir en elle. Espoir fragile qui arrivait à son terme. Libellule battant frénétiquement des ailes pour échapper à la tempête, elle s’était enfermée pour lutter avant de tenter de renouer contact avec sa belle-famille, amis chers à son cœur. Peine perdue. Ses bases en cette terre se délitaient, la laissant désemparée.

Reviendra-t-il ? Que faire ?

Un cri de désespoir déchira l’air calme de la nuit. La lune scintilla, éclairant doucement la forme recroquevillée dans l’herbe, caresse lumineuse à une enfant perdue.

Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007

Les lois de la Nature n'aimant guère être troublées par la technologie, il arrive parfois que cette dernière commette des irrégularités notoires, que cependant personne ne pourrait lui reprocher, vu qu'elle gère suffisamment de choses importantes pour imposer son impérieuse force.

Une de ses irrégularités se produisit en cette belle nuit d'automne, au centre du Parc botanique de Sûl-Nar, au Sud-Est chaud et moîte de Ter Aelis.

Annonçant son arrivée par un incessant cri strident, une petite silhouette sombre chuta du ciel pour se ficher dans le terreau meuble d'un massif d'hibiscus, à quelques centimètres de Grendelor.
Une voix étouffée, terreuse, résonna :
HAN ... J'avais dit Galvorn-Centre comme arrêt ...

Le petit carnicureuil écarta deux tiges d'hibiscus plus hautes que lui, avant de se dégager du massif, se massant le dos et grimaçant.
Il eut un instant de stupeur, réalisant qu'il n'était pas seul, puis se ravisa en comprenant que c'était une figure connue ...

Heyyyy, salut poupette !!
Quel hasaaaard, dis donc ! Toi, ici ... Moi, là.
Un mauvais largage et BIM je tombe à tes pieds ... 'Pas BELLE la vie, hmmm ??

Il s'approcha d'elle, lui tapota fortement le mollet, puis s'assit sur ses pattes arrières, enroulant sa queue autour de lui, les bras croisés.

Tu comptes ronfler ici ?
Seule ? Rhoooooooo ... Nan je peux pas laisser faire ça.
Tsk Tsk Tsk.

Un cri traversa les brumes de son inconscience, ramenant Grendelor à la réalité. Un son mat. Suivi du babillage d’une voix bien connue. La jeune femme ouvrit les yeux quand une main griffue lui tapota le mollet. Elle se redressa lentement, le visage encore gonflé de ses pleurs.

Julius lui faisait face, drapé dans sa queue touffue comme un prince dans sa cape. Ses paroles sarcastiques tirèrent les lèvres de la dame turquoise en un fantôme de sourire.

On ne dit pas aux femmes qu’elles ronflent Julius ! Et en plus je ne ronfle pas !

Si l’idée y était, le ton lui était morne, sans vie. Alors qu’à la moindre occasion elle l’aurait attrapé par la peau du coup pour lui avoir dit une chose pareille, elle n’esquissa pas l’ombre d’un mouvement.

Un mauvais largage ? Tu veux que je t’amène quelque part ?

Même au plus profond de sa détresse, elle ne pouvait rester indifférente aux autres. Réflexe ancré à même son cœur.

Une lumière éclaira le parc, et un chevalier atterrit en manquant une marche, tombant sur le coup, lourdement et en armure.

"Rhaaaaa plus l'habitude d'utiliser la vitesse de la lumière, faudra que je m'entraine encore"

Pensant qu'il devait encore s'améliorer dans l'arène, il vit sa reine de dos, son arrivée lumineuse et bruyante n'avait pas été remarquée et l'objet qu'il avait récupéré pour elle dans les profondeurs de l'univers. S'époussetant grandement, il voyait que Grendelor faisait un tour de garde dans son parc encore vide de monde. Sa quête pour cet objet a été long, un objet que seule une reine de la paix peut utiliser, cette fois il l'avait trouvé, il pouvait donc lui offrir.

Arrivant discrètement auprès de Grendelor, tel un chat farçeur, il lui plaça une de ses mains sur ses yeux, doucement, puis un bras autour de sa taille.

"Devine qui c'est ?"

Un sourire parcourait le chevalier, prévoyant sa réponse, et prévoyant aussi la joie du cadeau qu'il lui offrira tout à l'heure, un objet sans doute qu'elle connaissait, mais rare et difficile à trouver qui aiderait cette reine de la paix à mieux combattre le mal dans tout ses aspects.

Une main lui cache la vue. Un bras lui enserre la taille.

"Devine qui c'est ?"

Elle reconnait cette odeur. Elle reconnait cette voix. Elle reconnait ce rituel. Son visage ne change pas et elle tend doucement une main vers Julius, effleurant d'une main le carnicureuil, murmurant dans un souffle

Merci.

Sans rien dire de plus, Grendelor se tourne doucement vers le chevalier, pivotant dans ses bras et lève un regard triste vers lui.

Reviens-tu? Resteras-tu? Ou bien es-tu un mirage qui va s'évaporer avec l'aurore?

Elle est meurtrie plus qu'elle ne peut le dire et seule la larme qui s'échappe de son oeil en est le témoin muet. Elle attend la réponse de son chevalier, patiente et calme à l'extérieur, tempête tournoyante au fond de son âme.

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Alors qu'il regardait le ciel, Julius vit une main maladroite foncer sur lui, s'abattant sur .. sa truffe.
Se rendant compte que cela l'empêchait de respirer, il commenca à battre silencieusement des bras, pendant qu'il virait dangeureseument au bleu pâlot.

Merci.
.... HMFHMFHMFFFF !!!!

La main se décolla de son orifice nasal, mais alors même qu'elle repartait voir sa propriétaire, son poignet (qui suivait généralement derrière les cinq jumelles) heurta le petit bleu en pleine face, occupé à reprendre son souffle.
.. Et comme une surface d'épiderme ossifié de 10cm² rencontre une trogne de poils bleus de 4cm² ornée d'une truffe hypersensible, ce qui devait arriver arriva.
Il bascula en arrière, sans un bruit, puisque sa queue touffue lui amortit le contre-coup de la chute.
Ses petits yeux carmins roulèrent en arrière, une langue pendante surgit de ses canines effilées.
Knock Down au premier Round.

Ce que ne virent ni Grendelor ni Nichiren, puique très rapidement, une petite armada de fourmis (environ une centaine et demi, donc, c'est à partir de là que les experts considèrent l'appellation "armada") surgit d'un bosquet tout près, se faufila sous le corps inanimé du Carnicureuil, qui se souleva uniformément et prestement d'un petit millimètre, puis se mit à glisser en crabe vers le massif d'hibiscus, où le corps disparut dans la verdure des feuilles basses.

"Arrivée tapageuse, départ discret."
Tel était le Carnicureuil, dans toute sa classe à laisser des retrouvailles intactes de fraîcheur.
Ou pas.

"Mirage ou illusion, je ne sais pas, mais réalité il se pourrait bien."

Tendant sa main fermée, il tenait un sac contenant quelque chose de sphérique qui diffusait une lumière douce, une sorte d'orbe dont le pouvoir serait occulté par l'étoffe, dont seule une lueur en ressortait timidement.

"Seule toi ma reine peut user du présent que je t'ai trouvé."

Dévoilant l'orbe, les yeux de Grendelor reconnurent aussitôt, elle connaissait autant ses pouvoirs que la rareté de cet objet. Elle lâcha comme un cri de stupeur et de surprise

"Une orbe de soin !"

"Je suis désolé du temps que ça a mis, mais je n'ai pas autant de pouvoir et de sensibilité que toi pour trouver ce genre de relique, mais je voulais te l'offrir comme un cadeau."

Nichiren baissa la tête, honteux que ça ait duré un temps infini et d'avoir fait attendre ainsi sa reine.

Dans son coeur, le débat faisait rage et la tempête grondait. Elle mourrait d'envie de se jeter dans ses bras et en même temps sa main la démangeait, rêvant d'une claque magistrale. Pour se contenir, elle prit l'orbe, chaude et pulsante. D'un rose profond, elle était animée de courants changeants qui lui donnait un aspect de mer agitée. Elle était considérablement plus grosse que celle déjà en sa possession et le pouvoir qui en émanait était conséquant.

La jeune femme lève les yeux vers le chevalier, le regardant, le scrutant, essayant de voir au plus profond de lui.

Tu m'as manqué tu sais?

Sa voix était douce.

Si jamais tu refais ça, une orbe ne te sauvera pas. Même si elle est plus grande que moi...

Sa voix était très douce... source de danger.

"Je mérite un baffe pour l'attente que tu as encouru, mais je voulais te faire une surprise qui a duré plus que prévu, en mal c'est vrai à cause du temps."

Le chevalier s'attendait à avoir un baffe ou pire et ce serait purement mérité. Il ressentait empatiquement la colère de sa royale femme.

Il enleva par l'esprit son armure, se révélant torse nu, bardé de cicatrices qu'il n'avait pas encore pu guérir à l'hôpital de l'arène de Echoriath. L'amure se constitua non loin du chevalier, formant un lion d'or

"Désolé de me présenter ainsi, ce fut difficile, mais je mérite pire pour t'avoir fait attendre, ma reine d'amour, ce présent est certes peu de choses comparé à notre amour, ma témérité pour chercher un tel présent pour toi et ma vanité ont été un grand tort, et tu as beaucoup souffert, tu as souffert de cette vantardise personnelle, et je m'en veut."

Comment lui en vouloir encore plus longtemps?

Eperdue, Grendelor se jeta dans les bras du chevalier, lui arrachant un grognement quand elle percuta sans ménagement ses blessures. Pleurant à chaudes larmes, elle s'effondra contre son mari, se retrouvant bientôt tous les deux dans l'herbe humide. Evacuant enfin son angoisse des derniers mois, les larmes ruisselaient sur ses joues, trempant le torse de Nichiren, drainant son énergie. De longues minutes passèrent ainsi, le chevalier serrant sa reine dans ses bras, désemparé.

Enfin, sa détresse se calma, les flots se tarirent progressivement. Epuisée, la jeune femme passa un doigt tendre sur la peau de Nichiren, suivant les cicatrices encore fraîches. Levant des yeux mutins elle lui dit.

Je te les laisserais bien comme ça, en rappel... Mais comme tu le sais ce n'est pas dans ma nature.

Elle posa ses mains à plat sur le torse de Nichiren et se concentra. Une douce chaleur irradia, refermant les plaies, les faisant disparaitre comme si elles n'avaient jamais été là. Toute douleur quitta le chevalier qui sembla retrouver toute son énergie.

Satisfaite, Grendelor commença à se relever, chancela. Elle porta une main à sa tête avant de s'écrouler, vidée.

Le chevalier guéri porta sa royale femme dans sa demeure non loin du parc, l'installant doucement sur son lit afin qu'elle se repose de l'effort qu'elle a fait pour soigner son mari.

L'allongeant afin qu'elle puisse récupérer, le chevalier s'installa auprès d'elle pour dormir à ses côtés.

Concernant le carnicureuil, le chevalier lui avait dit que le boucher du coin aurait sans doute déposé des restes qu'il pourrait dérober à son insu et qu'il pourrait manger ainsi dans le parc sans problème en attendant le retour. L'animal avant tout savait se débrouiller et comprenait bien le mot "viande", il avait couru, ou plutôt sauté, quand on sait que un écureuil normal est le seul mammifère à ne pas savoir marcher.

Revenant à la maisonnette du chevalier et de la reine, celle-ci se reposait, apaisée et souriante depuis des mois, le chevalier allongé auprès d'elle, lui caressait doucement une mèche de ses cheveux turquoises qui avaient repris toute leur vigueur et leur joie. Lentement il l'embrassa sur les lèvres avec amour.

"Je suis de retour et je ne partirais pas cette fois, sauf pour partir avec toi"

Grendelor sétait éveillée apaisée. Elle n'avait pas dormi ainsi depuis des semaines. Son mari était près d'elle, la cajolant. Le poids qui l'oppressait avait disparu. Enfin. Elle se sentait revivre.

Elle répondit doucement au baiser de Nichiren avant de poser sa tête sur sa poitrine, écoutant les battements réguliers de son coeur.

Partir? Ce pourrait être une idée... Oui mais où?

Ce voyage lui plaisait. Juste eux deux. Rien qu'eux... Elle eut un sourire.

Trouvons une cabane en montagne, isolée du reste du monde. Il y a un tas de choses dont il faut qu'on parle...

Le ton était taquin. Elle dessinait des arabesques sur la peau du chevalier, souriant aux frissons qu'elle provoquait ainsi.

"Je ne sais pas, mieux vaut peut être marcher ensemble et laisser nos pieds nous guider pour cette fois."

Cette proposition sincère était certes inattendue, mais permettrait de découvrir des choses improbables et inconnus. L'aspect prévu souvent écarte diverses merveilles du monde. Mais le chevalier avait une autre idée en tête, une curiosité latente depuis son mariage avec sa dulcinée.

"Sinon je pourrais enfin voir le monde ou tu vis, afin d'en découvrir ses recoins, depuis qu'on est marié, tu ne m'as jamais montré ta planète natale, ta planète d'origine, j'aimerai bien voir l'endroit ou tu es née, ou tu as régné avec paix et équité."

Avec un sourire gentil et presque suppliant, il lui demandait, ou mimait plutôt le fait qu'ils y aille un jour quand elle serait d'accord pour y aller.

Jouant ses doigts avec les lèvres de Grendelor, il attendait la réponse, approchant légèrement sa tête et ses lèvres d'elle.

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Ils avaient roulé longtemps et c'est en plein coeur de la nuit qu'ils arrivèrent à Sûl-Nar. Le froid du désert leur mordait les chairs et c'est avec soulagement qu'ils pénétrèrent dans le Parc tempéré. Lùthien regarda avec effarement ce lieu qui s'offrait à elle. Les larges allées étaient bordées d'un foisonnement de plantes. En même temps de larges clairières étaient aménagées pour les promeneurs qui voulaient profiter de la nature. L'elfe était stupéfaite par l'ambiance qui se dégageait de ce parc, calme et apaisante, où tout semblait en harmonie.

Je ne m'attendais pas à ça, fit-elle doucement.

Aspharoth était à ses côtés, l'air de découvrir aussi cet endroit. Une légère brise souleva ses cheveux provocant un frisson chez Lùthien. Elle avait laissé sa veste sur sa moto, pensant trouver un endroit confiné et surchauffé.

Allez sur Warifi?

L'idée ne lui était pas venue et elle fronça les sourcils, réfléchissant pendant que Nichiren déposait un léger baiser sur ses lèvres. Elle lui répondit distraitement. Dans sa tête tourbillonnaient toutes les raisons pour, toutes celles qui lui faisaient hésiter. Certes, cela faisait quelques mois maintenant qu'elle n'y était pas retournée et le temps du prochain voyage approchait à vive allure. Cependant, il serait difficile d'y passer inaperçu. En vérité, elle était toujours l'impératrice même si c'était ses sœurs qui géraient la plupart des affaires courantes. Grendelor était toujours consultée pour les décisions importantes et elle s'absentait régulièrement de Ter Aelis pour des dîners diplomatiques.

Revenant à la réalité, elle posa son regard turquoise sur son mari.

C’est une idée. De toute façon il va bien falloir que je te présente à mon peuple un jour. As-tu jamais réalisé qu’en m’épousant tu étais devenu empereur ? Sa voix était légèrement taquine mais surtout très sérieuse. Heureusement pour toi tu n’as pas un rôle décisionnel…Elle s’arrêta, à nouveau pensive. Il va falloir que je t’explique certaines choses… Très bien, je pense que nous pourrons partir à la fin du mois. Nous irons en vaisseau pour que j’aie le temps de te préparer. En attendant…

La Dame turquoise se pencha vers Nichiren et l’embrassa goulûment.

J’ai bien mérité de passer un moment avec toi. Tu sais que je n’ai jamais visité la forêt d’Echoriath ?

"Vraiment ? Moi aussi je n'ai jamais vu la forêt enchantée d'Echoriath, enfin l'envie ne me manque pas, mais contempler les joyaux de la nature serait à voir avec quelqu'un a ses côtés, telle une invitation. Si c'est une invitation que tu me fais alors j'irais avec toi contempler ces merveilles."

Rendant la baiser à Grendelor, il lui sourit tendrement.

"Alors c'est oui, je viens avec toi dans la forêt d'Echoriath, peut être verront nous les cités elfes dissimulés."

Le regardant dans les yeux, l'étincelle et la flamme d'amour était revenu dans les yeux de la reine et ce voyage dans cette émeraude forêt serait un enchantement digne des puissantes magies qui la traverse.

Aspharoth était ébahi. Il vit à Sûl-Nar, il y travail et il ne connaissait pas cette endroit. presque un monde parallèle, constitué de dôme délimitant des zones de végétations différentes.

Je ne m'attendais pas à ça.

Moi non plus à vrai dire...

Un coup de vent vint lui caresser le visage, le ravivant après l'épuisement qu'il avait eu à la taverne. Lùthien frissonnait, Aspha se rendit compte qu'elle commençait à avoir la chaire de poule. Le froid ne le gênais pas, il y est habitué, alors il s'avança vers elle, la pris dans ses bras et la serrant contre son corps il lui murmura à l'oreille:

Tu as froid? Il lui glissa un baiser dans le cou.

Lui caressant le ventre, il lui proposa de rentrer dans un des dômes pour voir se qu'il renfermaient.

Qu'en penses-tu?

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Son corps chaud contre le sien, un baiser dans le cou... L'ivresse lui monta à la tête et elle aquiesça à la proposition d'Aspha. Dans ce premier dôme, il semblait que ce soit le climat des plaines qui était représenté, ce qui expliquait la relative fraicheur de la nuit à cette époque de l'année. Lùthien, frigorifiée, restait collée contre son compagnon, profitant de sa chaleur. Elle regardait avec de grands yeux émerveillés cet endroit où la nature, contrairement à ce qu'elle pensait, n'était pas domptée ou brisée mais semblait plutôt s'être prêtée avec grâce aux caprices des hommes qui avaient fait ce parc.

L'elfe tourna la tête pour parler et se retrouva nez à nez avec Aspha. Bien sûr, elle l'avait déjà embrassé, avec plaisir même, mais dans ce lieu à l'ambiance si spéciale, presque magique, elle se troubla de se trouver si proche de lui. Elle s'arrêta, le contemplant. La lune était pleine, éclairant le parc, nimbant Aspha d'un halo argenté qui se perdait dans sa chevelure. Ses yeux étaient totalement gris maintenant, envoûtant. Une force irrésistible commençait à monter en Lùthien, et elle ne voyait pas ce qui l'arrêterait. Elle passa ses mains derrière le cou d'Aspharoth et l'embrassa longuement, de plus en plus passionnément. Avec un gémissement inaudible, elle s'arracha à lui, lançant un regard implorant à la lune. Une seconde, rien qu'une.

Et ses yeux se posèrent à nouveau sur son compagnon. Une douce lumière semblait pulser derrières ses pupilles. Etaient-elles plus étirées? Lùthien passa une main légère sur la joue d'Aspharoth.

Et si nous continuions notre découverte? demanda-t-elle avant de l'emmener hors des allées, là où seule la nature était visible.

Aspharoth rendu langoureusement le baiser de Lùthien. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'embrassaient mais ce baiser avec quelque chose d'étrange une sensation qu'il n'avait pas eu avec les autres.

Et si nous continuions notre découverte?

Avant même qu'il réponde, elle l'emmena hors des allées, traversant la végétation. De là le dôme est à peine visible et on semblerait se trouver en plein nature. Toujours collé à sa compagne Aspharoth se laissé guider par elle, ils s'enfoncèrent dans la nature. Posant sa tête sur l'épaule de l'elfe il lui demanda:

Tu m'emmènes où comme ca?

L'elfe ne répondit pas et l'emmena encore un peu plus loin en profondeur.

Toi alors, dès que tu es en présence de la nature tu es dans ton élément.

Continuant a se laisser guider, un sourire aux lèvres, Aspha lui posa un baiser sur la joue.

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De minute en minute, l'agitation gagnait Lùthien. Elle sentait Aspharoth contre elle et une chaleur sauvage se répandait dans ses veines.

*C'est vraiment pas le soir, il faut que je...*

Elle s'arrêta subitement et son compagnon la heurta assez violemment, surpris. Il sentit l'elfe se raidir contre lui, ses muscles tremblant. Lùthien se tourna vers lui. Ses yeux étaient clairement phosporescent miantenant et ses pupilles ressemblaient à celles d'un félin.

Attends un instant.

Sa voix aussi avait changé, plus rauque, comme un grondement. Elle lança un regard d'avertissement à son compagnon, signifiant clairement que ce n'était pas une suggestion et s'élança, à moitié courbée vers un bosquet. Sa démarche était encore plus coulée que ce qu'il avait plus voir jusqu'à présent. L'elfe se pencha au dessus d'un buisson sur lequel elle préleva quelques baies.

*Ce n'est pas exactement ça, mais ça devrait suffire... ça devra suffire!*

Elle grimaça en les avalant. Elle revint rapidement vers Aspharoth, image vivante du félin en chasse. Lùthien fit un sourire rassurant à son compagnon et regarda autour d'elle. Ils étaient dans une petite clairière que la lune éclairait doucement à travers le dôme. On aurait pu croire qu'ils étaient en pleine nature et non pas dans un parc artificiel au milieu du désert. L'elfe s'allongea dans l'herbe, écoutant le bruissement des feuilles.

C'est vraiment un bel endroit...

Lùthien eu une réaction étrange, tout à coup elle s'arrêta sans prévenir. Tremblante elle se tourna vers lui, ses yeux était étincelant, perçant la nuit comme ceux d'un félin. Sa voie avait également changé. Elle lui demanda d'attendre en lui lançant un regard avertisseur, comme quoi elle était sérieuse et qu'il ne fallait pas qu'il la suive. L'elfe alla jusqu'à un bosquet, se pencha et cueilli une sorte de baie. Elle porta le fruit a sa bouche puis l'avala. Elle revint vers son compagnons en lui adressant un sourire rassurant. Aspharoth n'était pas plus rassuré que ça. Il avait rêvé ou ces yeux était phosphorescent? Peu importe la cause ou la raison, il s'en moquait mais il voulait savoir. Il avait peur que sa compagne réagisse mal comme la dernière fois où il l'avait questionné sur son passé. Il décida quand même de vouloir découvrir la vérité, en espérant qu'elle réagirait modérément par rapport à la dernière fois.

Il s'allongea alors dans l'herbe à ses côtés, se blottissant contre elle. Il posa sa tête sur l'épaules de Lùthien et une main sur son ventre.

C'est vraiment un bel endroit...

Oui, un endroit merveilleux. Il faudra que j'y vienne plus souvent pour mes peintures.

Il marqua un pose, hésita puis se décida quand même à la questionner.

Dis-moi, je peux te poser une question?

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Elle sentait Aspharoth contre elle, douce chaleur, noeud rassurant. Sa main sur son ventre lui faisait une drôle d'impression, envie et gêne, douceur et douleur. Lùthien ferma les yeux pour ne plus voir la lune la narguer dans le ciel étoilé. Aspharoth remua près d'elle, visiblement hésitant.

Dis-moi, je peux te poser une question?

L'elfe trembla. Pourtant, elle savait qu'elle devrait répondre, ou mettre un terme à la chasse. Certaines choses ne peuvent être cachées. Elle avait peur, de cette peur primale qui vous faisait vous enfuir au moindre bruit. C'était tôt, beaucoup trop tôt. Certes, tout avait été plus vite qu'elle ne l'avait pensé mais aussi... Poussant un soupir, elle rouvrit les yeux, absorbant toute la lumière au fond de ses yeux. Elle se tourna sur le côté pour faire face à Aspharoth.

Je sais déjà laquelle est-ce... Elle avait tenté d'adoucir sa voix mais elle était encore très proche du grondement, ce qu'elle détestait par dessus tout. Non tu ne rêves pas et mes yeux luisent bien. J'ai une sorte de lycanthropie, incomplète. Ses yeux dorés scrutaient son compagnon, guettant les signes de sa réaction. Je ne me transforme pas totalement et je connais quelques plantes qui ralentissent l'évolution. Les soirs comme ceux-ci je ne sors pas normalement mais ici la lune n'est pas dans la même phase que celle de la dernière planète d'où je viens et je me suis laissée surprendre... Pourtant j'aurais du le savoir avec l'épisode de la Taverne.

Elle caressa d'un doigt la joue d'Aspharoth. Ses ongles avaient poussé.

Tu n'as pas vraiment à t'en faire. Même si je suis plus sauvage, je deviens rarement violente. Je me maîtrise suffisament pour savoir quand il faut que je m'éloigne des gens. Avec les baies que j'ai pris, je devrais pouvoir garder la faculter de parler d'une manière compréhensible même si je déteste cette voix.

Dans un effort pour alléger ses paroles, elle ajouta avec un petit sourire où seulement deux canines effilées apparurent.

Ha et non je ne vais pas me couvrir de poils !

Le sourire ne fut qu'un éclair et son visage reprit une expression de tristesse et de souffrance.

Elle s'assit devant Aspharoth. Maintenant c'était elle qui craignait sa réaction.

Aspharoth se sentit soulagé lorsque Lùthien répondit a sa question avant même qu'il lui pose. Elle lui expliqua qu'elle est a moitié loup-garou mais qu'elle arrivait a maitrisé lorsqu'elle se transformer. Il l'écouta attentivement, n'ayant aucune réaction. Elle finit son explication par un sourire qui dévoila ses crocs mais se sourire ne resta pas longtemps. Elle s'assit face à Aspharoth, le visage triste, exprimant sa souffrance. Elle attendait de voir comment aller réagir son compagnon.

Aspharoth se redressa à son tour, il ne parla pas de suite. Il la fixait dans les yeux réfléchissant à comment il allait lui répondre. Finalement il lui passa tendrement la main le long de la joue puis l'embrassa amoureusement. Il retira sa tête lentement sans ouvrir les yeux, se mordillant la lèvre. Il les ouvrit doucement fixant Lùthien dans ses yeux félins.

Peu importe que tu sois une lycanthrope, une vampire ou tout simplement une elfe. Je t'aime... Et j'aime prendre du plaisir à te chasser...

Il lui passa sa main sur son visage en lui adressant un sourire réconfortant.

Pis phosphorescent ou non, tes yeux sont toujours aussi magnifique...

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Elle l'avait bien observé mais n'avait senti aucune peur chez lui. Peut être un léger étonnement. Mais surtout une intense réflexion. Lùthien avait craint le résultat de ces pensées. Alors, quand il s'était penché vers elle et l'avait embrassée, l'elfe avait cru exploser. Peur, anxiété et doutes furent balayés par ce simple geste.

Il avait ensuite prononcé des mots dangereux. Pour lui. Pour elle.

Je t'aime.

Pendant son baiser, son coeur s'était emballé, folle machine caracolante, bondissante, pulsant une chaleur diffuse. A ces mots, il s'était arrêté, avant de repartir, dans un bouillonnement incontrôlable, charriant le loup qui essayait d'achever sa transformation, affinant ses sens, effilant un peu plus ses oreilles, bloqué aux portes de son esprit. Limité. Atrophié.

Lùthien entendit à peine la phrases suivante, la main d'Asparoth l'électrisant. Le loup courait dans ses veines, bondissant sur sa proie. Elle se pencha vers Aspharoth, sur Aspharoth, le poussant d'un baiser passionné jusqu'à ce qu'il se retrouve allongé dans l'herbe, le visage de l'elfe au dessus de lui le fixant avec intensité.

Ce soir, j'ai gagné. Tu es à moi. Demain, qui sait. Dans sa voix s'entendait les échos d'un ronronnement de contentement.

En elle, le loup hurla à la lune, réclamant son dû. Lùthien sourit et embrassa à nouveau Aspharoth, détachant d'une main, en une caresse soyeuse, les quelques boutons de sa chemise entrouverte. Ce soir, elle perdrait une partie du contrôle d'elle-même. Ce soir, la nature reprendrait ses droits sur son enfant perdu.

Dans le ciel, la lune souriait.

Lùthien sauta sur Aspharoth comme un animal se jette sur sa proie. L'embrassant jusqu'à le faire tomber à la renverse.

Ce soir, j'ai gagné. Tu es à moi. Demain, qui sait.

Elle l'embrassa en déboutonnant sa chemise. La nuit passa et les premiers rayons du soleil pointèrent leurs lueurs jaunâtre au travers du dôme. Le peintre se réveilla le premier, l'elfe était allongé sur lui, la tête sur son torse nu. Aspha remarqua qu'avec l'éclat du soleil ces griffes se rétractaient, elle redevenait l'elfe chasseuse. Il lui passa la main dans les cheveux, lui découvrant le front où il posa un baiser. La serrant dans ses bras il attendit patiemment qu'elle se réveille.

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