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 Les courants d'air (Tome I)

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Sanz
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Sanz


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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 13:10

- Depuis quand t'es Amoureux TOi?

- Depuis jamais je me disais aussi

- Quel con ce mec...

- J'te jure.
.
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Silissia
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 13:35

De quoi ai-je envie ? De bijoux ? J'en sais rien, mais j'ai besoin d'aller me rincer l'oeil dans les magasins.
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Goldmund

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 17:11

La poésie aujourd'hui, en une phrase, par Paul Valéry:

"Certains hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même devient pour eux définition de la poésie."

Nous sommes dans une époque où le langage tend à la plus grande simplicité, et la plus grande efficacité. Cette parole utilitaire fait de la poésie un archaïsme absolument incompréhensible pour notre génération. Ce n'est pas pour rien je crois si les jeunes poètes singent, caricaturent sans vraiment s'en rendre compte l'emphase romantique: ils ont été touché par une écriture qu'ils ne comprennent pas, dont la forme les laisse indifférents, et ils s'efforcent de lui donner corps dans un cadre plus souple, plus moderne certainement, qui est celui du vers libre - ou simplement de la faute métrique systématisée. La poésie du XXe siècle est une déconstruction du langage poétique, déconstruction qui ne me semble pas avoir appelé, aujourd'hui, un quelconque renouveau.

Je file.
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Franz

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 19:42

J'aime ses tatouages et je déteste le fait qu'il se prenne pour un rebelle - alors qu'il n'en est absolument pas un - devant ses amis.
Et son "Lou, c'est un peu Sandy en cuir dans Grease" était drôle sauf que je ne suis pas blonde.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 19:54

Goldmund a écrit:
La poésie aujourd'hui, en une phrase, par Paul Valéry:

"Certains hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même devient pour eux définition de la poésie."

Nous sommes dans une époque où le langage tend à la plus grande simplicité, et la plus grande efficacité. Cette parole utilitaire fait de la poésie un archaïsme absolument incompréhensible pour notre génération. Ce n'est pas pour rien je crois si les jeunes poètes singent, caricaturent sans vraiment s'en rendre compte l'emphase romantique: ils ont été touché par une écriture qu'ils ne comprennent pas, dont la forme les laisse indifférents, et ils s'efforcent de lui donner corps dans un cadre plus souple, plus moderne certainement, qui est celui du vers libre - ou simplement de la faute métrique systématisée. La poésie du XXe siècle est une déconstruction du langage poétique, déconstruction qui ne me semble pas avoir appelé, aujourd'hui, un quelconque renouveau.

Je file.

"La poésie du XXème siècle est une déconstruction du langage poétique"

D'accord. Heureux

"Déconstruction qui ne semble pas avoir appelé, aujourd'hui, un quelconque renouveau"

Pas d'accord. Triste

Les calligrames d'Apollinaire, s'ils sont certes caractérisés par la pulvérisation des formes classiques, sont néanmoins un genre à part entière. Pourquoi ne pas plutôt se satisfaire de cette déconstruction comme une entité à part entière plutôt que de la considérer comme un dérivé ou la première étape vers autre chose?

Enfin je ne te taquine pas sur le sujet, je connais ton amour pour le XXème et imagine d'avance que tu chérirais cette chère paroisse, à raison par ailleurs. Un petit dérapage peut-être?
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 21:03

Hallucinant comme la moindre chose nous égare de nos buts ...
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Goldmund

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 21:42

La question d'une écriture nihiliste et autophage est véritablement au centre des préoccupations esthétiques de la modernité: cela va de Baudelaire et sa "vorace ironie", au surréalisme le plus sauvage, en passant bien sur par le terrible Maldoror, figure d'une transgression euphorique et magistrale. Au fond, la question peut-être formulée de manière très simple, et c'est ainsi que la présente Breton: pourquoi écrivez-vous ? Cette question appelle bien évidemment à une remise en cause des canons de l'écriture, mais aussi à la recherche d'un nouveau sens, d'une création nouvelle. De même que les symbolistes ont fait le choix de suggérer plutôt que de signifier, la poésie surréaliste fait montrer d'un souverain mépris envers le sens, le "bon sens".

Suintement cathédrale vertébré supérieur.

Le mot n'est plus véhicule d'une définition, mais entitée à part entière, ce qui a permis à des gens comme Rimbaud de chercher une couleur dans l'écriture, une couleur pour chaque signe de notre alphabet. Ces quelques exemples ne sont là que pour te donner raison: nous avons détruit, mais avons voulu reconstruire: il y a dans la création littéraire un refus âpre de l'aporie. Et pourtant... Je ressens à la lecture de toutes ces oeuvres un violent sentiment d'inachevé. Mallarmé rêve d'un livre total, qui contiendrait tous les autres: utopie. Desnos conclut peu avant de mourir le dernier de ses recueils poétique, Corps et Bien, qui se ferme par cette phrase inquiétante: voici venir les jours où les oeuvres sont vaines. L'on peut aussi lire chez Bonnefoy cette phrase superbe qui a hanté toute mon adolescence: il faut oublier les mots. Le contexte historique, les deux guerres mondiales, ont largement contribué à favoriser cette suprême remise en cause de la littérature, cette "crise de l'esprit" que dénonce Valéry et qui fait écho à un autre leitmotiv célèbre martelé tout au long du XXe siècle: peut-on écrire de la poésie après Auschwitz ?

Je te donne donc mon sentiment, il vaut ce qu'il vaut: l'écriture, et pas seulement la poésie, est agitée depuis environ 150 ans par une véritable angoisse de la création. Au "malaise dans la culture" que Freud pointe du doigt se joint il me semble un "malaise dans l'écriture". Nous vivons dans un monde ébranlé par le doute: nous ne sommes plus très nombreux à croire en Dieu, les deux guerres ont porté un coup fatal aux théories positivistes selon lesquelles les progrès de la science pourraient nous mener à un âge d'or. Sur ce monde étranger que nous parcourons voracement à la recherche du Sens, tels des Godots, attendant ce qui ne viendra peut-être jamais, la littérature porte un regard très noir. L'écriture ne serait-elle pas finalement résistance acharnée, désespérée face à la page blanche ? L'écriture ne serait-elle pas, comme le suggère Ionesco, une parole vide de sens, un bavardage, un mouvement inutile, un vague bruit de fond dont le seul bien et de nous préserver du silence - angoisse terrible du silence - de la non parole, de l'arrêt de toute communication, de tout sens: le degré zéro de l'écriture ?

Je ne nie pas qu'il puisse y avoir création, mais cette création est toujours empreinte de la même angoisse: notre écriture est souvent une écriture légère, minimaliste, ironique tout autant envers les autres créations qu'envers elle-même. Nous sommes drôles, subtils et désabusés: c'est un flirt entre l'ego et le néant. Je dis: "j'existe", et la page souillée d'encre me répond qu'exister, somme toute, ce n'est qu'un mot...
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeSam 27 Déc - 23:54

Citation :
Au "malaise dans la culture" que Freud pointe du doigt se joint il me semble un "malaise dans l'écriture".

Waaah hééé l'autre comment il détourne l'ouvrage de Freud! Saligaud! Entre les passions océanes ou les pulsions de mort censurées par le Gardien du Surmoi et le malaise dans l'écriture, il y a un pas à faire que l'analogie a bien du mal à réaliser sans écarteler ses pauvres cuisses.

Ceci étant mis en aparthée, c'est tout à fait brillant, tout du moins relativement à la réponse que j'attendais.

L'angoisse qu'éprouve les écrivains dont tu nous parles ne sont-ils pas destinés à s'éteindre dans les décénies qui viennent avec leurs petits tracas? Ad vitam eternam les Primo Levi, les Perec?

Oui, c'était un argument pourri et macabre: justifier de la fin de l'angoisse littéraire par la mort des témoins des grandes guerres, c'est ignoble et ça n'est pas juste. Mais quelque chose, mes petits doigts remuants sans doute, m'y ont poussé. Va savoir pourquoi...Je crois que j'aime ça Très Heureux

Bref: je n'en suis pas parfaitement convaincu.

Si l'angoisse de l'écrivain est éprouvée au XXème, ne l'était-elle pas tout autant au XIXème et dans les siècles passés mais sous d'autres formes? Flaubert était-il heureux de son existence, voyait-il dans la condition humaine une forme parfaite? Voltaire en dénonçant l'homme comme une créature absolue et non pas comme une création de Dieu ne montrait-il pas lui aussi ce même malaise, ce même besoin de prouver son existence? Les réflexions sur ce que sont le Sujet, l'Être, la vie, ne sont-elles pas, sous d'autres formes, tout aussi bien exprimées dans les ères précédentes?

L'être face au Néant et l'angoisse d'exister face à la page blanche ne sont pas non plus des sujets nouveaux. Seulement si l'écriture de l'époque s'occupait d'autres sujets, ne retrouve-t-on pas sempiternellement ces sujets?

Car après tout, à l'instar de ce cher Turgeon, ne peut-on pas dire que
"Une page ne devient blanche que lorsqu'on l'a écrite"?

Et n'est-ce pas précisément la remise en cause de la création, de l'existence, de l'expression de cette existence, qui forme la création de notre siècle?

La destruction ne laisse jamais un espace vide: elle déblaye, laisse des ruines. La littérature a de surcroît la conscience d'un passé, les images précises de ce qu'il y avait avant Appolinaire, avant Ionesco, et elle ne l'oublie pas!

Pourquoi diable détruire ne serait pas une forme de création en soi? Quand Dieu détruit son oeuvre, ce chapitre est fourré dans le même tome que la Genèse. Détruire n'existe pas dans l'absolu puisqu'il y a nécessairement une suite. A moins d'une fin absolue, d'un chaos infini, il n'est pas possible qu'il n'y ait pas de suite. Ici, la suite, ce sont ces poètes qui reprennent à l'horizon où leurs ancêtres se sont échoués.

Cette destruction qu'amorce Rimbaud, n'est-ce pas au contraire un formidable coup de bélier dans les gardes-fou de la littérature? N'est-ce pas une infinité de routes supplémentaires qui sont ouvertes aux auteurs d'aujourd'hui par ceux d'hier? Comment dire que Ionesco n'a rien crée en détruisant tout? Comment dire que l'OuLiPo, parce qu'il joue sur la forme et plaisante avec les mots, n'a rien crée, si l'on dit que le Parnasse lui, a crée?


De plus Heureux Bleu

Les soucis que tu évoquent sont ceux des Grands. En dépit de leur légitime manque de reconnaissance, il serait dommage de ne pas s'acharner un coup sur les débutants. Chez eux, il n'y a aucun souci d'existence, aucune angoisse.

Les thèmes sont choisis par la télé (au choix: viol, meurtre, guerre, soirée, décadence, naissance d'un bébé, grand-mère malade, chat pensant, humanité à la con, etc...), les mots par le papa (le blanc manteau de la neige, le chemin de la vérité, des larmes en forme de perle, la mort et sa faux fauchaient l'homme comme le blé, etc), la forme par l'absence totale de réflexion ("..." partout, signe absolue d'absence de réflexion achevée et bien balancée, "," à n'en plus finir, fautes d'orthographe, etc).

A croire que je préfère la destruction des grands que la création des petits.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 13:07

Et dire que les posts représentent une pensée rapide et brève.
Voir çi-dessus...
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 13:52

Pensée éphémère des instants oubliés dans un long fleuve de mots.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 13:53

Une pensé à lui, éloigné des autres.
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Franz

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 22:46

Dans 17 jours, je passe sur le billard.
Majeure, vaccinée et tatouée.
Je vais agoniser vu la taille de l'engin.
Pensez à moi le jour-j. Gateau d\'Anniversai
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Junie

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 22:52

Le silence, la nuit, c'est triste. Je monte le son au maximum. Radiohead c'est tellement mieux que le silence. Et toi t'es tellement mieux la nuit.
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Franz

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 22:59

C'est de Guillaume ça ?
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeDim 28 Déc - 23:46

l'heure passe trop vite
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Junie

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 0:44

Franz a écrit:
C'est de Guillaume ça ?

Non ! C'est une pensée que j'ai eu, un jour.
Ou alors j'ai pas compris l'intérêt du topic. Faut mettre une citation ou une pensée qui nous est venue ?
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Franz

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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 0:55

Ce qui te passe par la tête, des citations ou des paroles qui se baladent dans ton esprit...
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 1:04

Ok !

Je ferme les yeux et j'oublie. Même si j'ai rien à oublier. Histoire de pas faire de HS.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 1:18

Le monde tourne et tourne encore... Si un jour la Terre s'arrêtait de tourner, mon coeur lui continuerait de battre ton nom, pour que tu n'oublies jamais mes sentiments...
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 2:55

je passe, repasse et trepasse
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 2:58

Sombre éclat de lumière au milieu d'une mare,
Un cygne se meure de désespoir en haine,
Et souillant de beauté son plumage de peine,
Etouffe son silence en des baisers épars.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 19:22

Nos pensées subites, immédiates, n'ont pas forcément à être une petite phrase.

Et puis le débat demandait un tantinet plus qu'une ou deux sentences prononcées à la hâte...Pis la flemme d'ouvrir un autre sujet avec le Goldmund!
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 22:53

Un mot de toi,
Une intimité.

Un regard sur moi,
Une éternité.
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 22:58

Silence, j'ai mal...


Je veux, je ne sais pas...


Aimez moi?
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MessageSujet: Re: Les courants d'air (Tome I)   Les courants d'air (Tome I) - Page 28 Icon_minitimeLun 29 Déc - 23:19

Je ne censure pas Freud, j'établis un parallèle entre la "kultur" et la littérature: parallèle qui ne me semble ni particulièrement ambitieux, ni particulièrement sujet à controverse. Je ne parle pas du Thanatos et du désir océanique pour la simple raison que cela n'a pas de rapport direct avec mon exposé. C'est une chose importante que de mobiliser ses connaissances à bon escient, sans quoi le discours bascule irrémédiablement dans une pédanterie qui nuit à la démonstration.
En ce qui concerne l'impact des deux guerres mondiales sur notre civilisation, c'est, je crois, porter un regard bien naïf que de restreindre les effets à l'oubli des causes: ce n'est pas parce que la génération ayant vécue ces évènements s'éteind, que magiquement ces guerres n'existent plus; et il se trouve que la littérature est l'un des ressorts qui contribuent à rendre la cause toujours plus vivante, vivante non pas telle qu'elle a pu être, mais vivante en tant que fantasme, que mythe, bientôt indissociable du regard que nous faisons porter sur le monde. Si mes études en tant qu'historien m'ont appris une chose, c'est qu'il n'y a pas - j'emprunte cette expression à Barthes - de "génération spontanée".

Lorsque je parle d'une angoisse dans l'écriture, et que je fais courir, de manière très schématique comme le sont tous les bornages, cette angoisse sur les 150 dernières années, cela comprend bien évidemment Flaubert. Flaubert qui se livre dans ses ouvrages à une glose satyrique de la matière romanesque même, Flaubert qui illustre parfaitement cette tentation de l'autodestruction, Flaubert qui écrit Salembo non pas pour raconter une histoire, mais pour donner le sentiment de la couleur jaune. Ce nihilisme, cette simplication de l'oeuvre qui devient impression chromatique, tout cela est très moderne, très surréaliste au fond.
Quant à Voltaire, je ne suis pas le moins du monde d'accord avec toi. Voltaire appartient à cette génération des Lumières pour qui le développement des sciences, et par là même de la littérature - au XVIIIe siècle on ne fait pas encore de distinction nette - est le présage infaillible d'un âge d'or de l'humanité. C'est une écriture foncièrement rationnalisante et optimiste qui nous est aujourd'hui parfaitement étrangère. Voltaire écrit pour imposer son idéal, et les difficultés qu'il croise, et les angoisses que lui procurent l'adversité n'ont strictement rien de commun avec l'angoisser scripturaire dont je te parle ici. Il n'est pas besoin d'être agrégé de lettres modernes pour se rendre compte du plaisir que prend Voltaire à rédiger ses oeuvres: de la légèreté, de l'humour, de la finesse. Voltaire à ce titre est très proche d'un autre écrivain des Lumières - que je lui préfère de beaucoup - c'est Diderot: ce sont tous deux des bavards, et leur esthétique est une esthétique de la conversation, du plaisir de dire. En outre, je me permets de te signaler que tes connaissances sur Voltaire sont imparfaites. Voltaire n'a jamais affirmé que l'homme n'était pas créature de Dieu - contrairement à Diderot faisant profession d'athéisme -, Voltaire est DEISTE. Ce contresens vient je crois d'une mauvaise compréhension du concept de "providence générale", thème sur lequel j'ai été amené à travailler cette année, puisque mon professeur d'histoire des idées est un spécialiste de Voltaire. Voltaire ne croit pas que Dieu se soucie de sa créature, il se le figure comme un "grand horloger", un "sultan menant son navire" sans prendre garde aux rats qui en infestent les cales. Dieu fait tourner les astres, veille à l'équilibre de la nature, mais il reste suprême créateur. Aux antipodes d'un théisme rousseauiste, l'homme, en état de déréliction, se trouve livré à lui même: mais cela n'arrête pas Voltaire qui propose des idées très pratiques, très concrètes pour s'accomoder de cette existance. Cultiver son jardin pour Candide, s'instruire Pour Zadig- toujours cet idéal vaguement positiviste. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois vraiment rien qui aille dans le sens du Voltaire pseudo-beckettien que tu me peins là. L'on peut difficilement faire plus éloigné.

Le reste de tes remarques sont un peu lapidaires je trouve et gagneraient à être développées: je m'y perds un peu.
Oui la métaphysique ne date pas d'aujourd'hui, oui, la souffrance n'est pas une invention de notre siècle, oui, il se trouve des écrivains anciens pour chanter l'indicible - et je pense notamment à quelques très beaux vers de Dante - et bien entendu, comme je le disais dans mon apologue sur l'histoire: rien ne se crée, tout se transforme, il n'y a pas de génération spontanée... et cependant tout cela ne fait pas véritablement avancer le débat. C'est encore une fois être très naïf que de comparer le sentiment de l'écriture tel qu'il peut l'être aujourd'hui, et ce qu'il était il y a quelques siècles, de comparer les angoisses d'hier à celles, très spécifiques, d'aujourd'hui. Le concept même d'indicible ne résonne pas de la même manière aujourd'hui que du temps de Dante, pour rebondir sur cet exemple: l'indicible de Dante est une figuration hyperbolique de la beauté (si beau que je ne peux le dire, c'est donc très beau), celui de Ionesco est aveu accablant de la porosité de la condition humaine, que l'on ne peut envisager sans avoir tout de suite à l'esprit un contexte historique très précis (aussi le rhinocéros est-il référance très claire au nazisme). Sauf erreur de ma part, tu ne trouveras pas d'évocation du nazisme chez Turgeon. Il faut être, je crois, très prudent dans les parallèles que nous tissons entre des civilisations éloignées dans le temps: certains thèmes sont récurrents, mais ils ne sont pas forcément d'exactes répliques pour autant. Le théâtre classique, par exemple, est très inspiré de la Poétique d'Aristote, mais il n'a pas grand chose à voir avec le théâtre antique, que ce soit dans la forme et même dans le contenu. Le parfait écho n'existe tout simplement pas en histoire.
Est-ce à dire que Ionesco ou Beckett ne créent pas ? Mais il créent au contraire, ils créent une écriture de l'angoisse, ils créent le vide, ou du moins ils figurent le vide dans leur écriture: c'est une subtilité que tu n'as pas saisie. Lorsque Beckett écrit un chef d'oeuvre tel qu'En attendant Godot, il crée bien évidemment, ce n'est pas une page blanche qu'il nous livre, c'est l'histoire d'une page blanche. La création réside toute entière dans le subtil appareillage stylistique qui permet d'élever les "aventures" de notre Godot au rang de mythe, de nous le rendre sensible, de l'imprimer profondément dans nos esprits. L'attente infructueuse de Godot devient allégorie du vide; et c'est bien ainsi que procède la littérature: elle ne dit pas les choses, comme le ferait un ouvrage de philosophie par exemple, elle les suggère par le truchement de la fiction. Ainsi, je n'ai pas parlé d'une écriture aujourd'hui brusquement silencieuse, j'ai parlé d'un concept très moderne qui est celui du silence dans l'écriture, d'une esthétique littéraire du silence: sujet que je ne développe pas ici car c'est le thème d'un article que j'ai écrit pour le prochain numéro du journal.

Je pense, enfin, que tu as tort de circonscrir cette angoisse de l'écriture aux seuls Grands. Je la vois chez Marc Levy, je la vois chez Nothomb, je la vois chez Rowling, sur les plateaux de télévision, je l'entends à la radio, dans le discours de tous ces critiques vulgarisateurs de TF1 et M6, je l'entends dans ce dialogue de sourds qui oppose l'auteur classique et l'auteur à best seller - avec toujours cette question sous-jacente: qu'est-ce qui fait la valeur du texte ? suis-je capable de dire avec certitude si tel texte est meilleur que tel autre ? -, enfin, je la sens sur Ter Aelis. Ces gens qui ne savent qu'écrire, ou pour mieux dire, qui ne savent exactement ce qu'ils écrivent, pourquoi ils l'écrivent. Ils ne sont pas plus bêtes que les autres: ni plus intelligents ni plus demeurés, ils sont tout juste produit de l'air du temps. C'est un problème de définition, comme le sont tous les grands problèmes qui se posent à l'humanité. Et nous retombons ainsi avec plus ou moins de finesse sur ma citation de Valéry:

"Certains hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même de leur idée devient pour eux définition de la poésie."


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