[Divagation] Les courants d'air

Magali Noel Fais-moi mal Johnny par gerald_w-a

A l'attention des censeurs :



Je tiens à préciser que je n’ai été mis au courant de la « crise » des bibliothèques du board que hier soir par téléphone.

Le texte incriminé, c'est-à-dire celui qui a été partiellement et partialement reporté au staff du board, était en place depuis des mois, voire des années. Mieux encore il a reçu de la part de cette communauté un accueil des plus enthousiastes, puisque cette même communauté l’a fait entrée au Panthéon des textes les plus remarquables par vote. Samedi était donc connu et apprécié tant des lecteurs, que des admins.

Evidement ce texte est difficile, dur, dérangeant. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il s’agit de dénoncer ce qu’il y a de plus vil et de plus cruel dans l’Homme ?

Samedi a été présenté sur d’autres forums au cours des dernières années. Il a été remarqué par sa forme et son fond et commenté, critiqué, et même une fois partiellement censuré.

Je tiens à préciser également qu’il est nécessaire d’en lire et d’en comprendre toute la globalité avant de pouvoir trancher sur sa portée réelle : celle de la dénonciation et du dégout. Se borner à mettre en exergue les scènes les plus malsaines, sorties de leur contexte, tronquées de leur mise en forme, reviendrait à amputer tout le travail fait en amont. Et au final il s’agirait de faire le jeu des criminels bien pensants que j’ai souhaité dénoncer, ces personnages que j’ai eu la chance de ne pas croiser, mais qui ont pourtant existés et qui pour la plupart sont encore en vie aujourd’hui.

En voulant écrire cette histoire, j’ai voulu faire un geste nécessaire à la mémoire des victimes. En le censurant de la sorte et en bafouant sa portée et sa lettre, les irresponsables qui ont agis sous le coup de la peur ou de la bienséance, n’ont fait que brutaliser une fois de plus ces victimes.
Lorsque l’on subit de telles ignominies il est pratiquement impossible de les exprimer. Certains autres membres de cette communauté, des membres exceptionnels, le savent et l’ont décrit mieux que moi.

Lorsqu’un auteur prend sur lui d’affronter un sujet aussi effrayant, il ne le fait pas par plaisir, mais par respect afin de rendre la parole à ceux qui sont déchirés.

Le crime étouffe la victime tant et si bien qu’elle ne peut plus s’exprimer. La pression de ce monde est telle qu’on préfère souvent ne pas avoir à entendre la victime, comme pour mieux se persuader de l’inexistence de cette terrible noirceur de l’âme humaine. On veut bâillonner la victime pour ne pas se rappeler que nous sommes aussi des humains et que ceux qui nous entourent, ceux que nous croisons tous les jours, peuvent être eux aussi des fous et des monstres qui se cachent au grand jour.

Lorsqu’un texte vous rappelle cette insoutenable réalité, il est tout aussi criminel de se voiler la face et d’éteindre une nouvelle fois, la voix des victimes.

La censure n’est pas un acte de courage, elle ne le sera jamais.