La Taverne L* P*lace ... [zone publique]

Cyn laissait la pluie couler lentement sur son visage, ses joues, les commissures de ses lèvres. Il resta un certain temps dans le froid glacial essayant de contenir la marque qui s'insinuait sur son poignet. S'appuayt contre le mur de la taverne, il se prit à rêver un peu. Ce jeune Primat, il s'en souvenait bien. Longtemps il l'avait fait souffrir comme il avait du faire souffrir tous les prétendants au titre. C''était pour leur bien, pour qu'ils avancent sans effroi face au Malin. Il frotta machinalement la paume de sa main droite sur les hiéroglyphes naissants. Cette affaire d'enfant était intéressante et il avait hâte de le rencontrer.

Quand il se décida à rentrer à l'intérieur, il se retrouva face à des regards scrutateurs. Une seconde, il se sentit légèrement gêné puis reprenant une contenance il emprunta une voix douce:

Il fait bien froid dehors. Je reprendrai bien une autre coupe. Pas vous?

Devant le manque de réponse il murmura, à peine audible

Si vous vous êtes tous mis d'accord, ce dont je ne doute pas, on pourra commencer dès demain. Il parait aussi assez évident que des logements près de Sargas permettront de mieux prendre en compte l'ensemble de sa vie au centre de nos préoccupations... .

Cyn avait quitté leur tablée l’ai hagard et Cassiopée buvait lentement le verre de rosée qui lui avait été servi tout en se demandant la raison de son départ.
Elle en goûtait la saveur en y trempant ses lèvres et en laissant la gorgée imprégner ses papilles doucement. Elle buvait sans précipitation, en observant chaque sensation et en prenant soin de noter chacun des mouvements qui accompagnaient les paroles du Primat et de ses compagnons.

La présence du Primat des Enfants de l’Unique au coté de Cyn la rendait méfiante.
L’homme qui se cachait derrière son armure devait être soit bien faible ou beaucoup craindre pour ne pas pouvoir la retirer.
Soudain, un sourire vint effleurer les lèvres sur verre à moitié vidé. Une image était venue lui montrer combien le Primat lui était opposé. Lui, entièrement caparaçonné de métal qui ne laissait rien apercevoir de son corps et toujours épaulé d’acolytes tout autant armés. Elle-même, le corps libre comme l’air, habillée d’ombres et de lumières, équipée de sa seule personne.

Sargas serait différent. Il pourrait devenir cet être dont la complexité en fait la force, éduqué à la guerre en connaissant les liens de causalité, il se placerait dans l’Histoire, prévenu des faux-semblants qui ne font pas des dieux ceux se disent l’être. Il apprendrait à maîtriser la puissance détenue dans les trois confréries.

Cyn revint s’asseoir auprès d’eux, mal à l’aise et se servit un verre de vin.

Elle ne lui faisait pas une totale confiance, mais en elle, la présence d’Issac se voulait rassurante et encourageante. Aussi se décida-t-elle à poser son verre en disant :

-Mr le Primat pourra apporter sa part à l’éducation de mon filleul.

Puis, elle se leva et salua sa sœur d’un sourire :

-J’ai promis de mener ton fils là où il doit être. Je le protègerai. Sur ma vie.

Elle se tourna vers Cyn :

-Je vous attends demain matin, à l’aube. Vous pourrez loger au château. J’aimerais vous entretenir un moment avant l’arrivée de Sargas.

Saluant de la tête le Primat et ses hommes, elle quitta la taverne d’un pied léger.

Grendelor était plus inquiète en partant de la taverne qu'en y entrant. Toutefois, elle salua les deux hommes d'une manière très... franche.

Je compte sur vous. Je sais que vous n'irez pas par quatre chemins et qu'il n'en sortira sûrement pas tous les jours indemne. Mais sachez que s'il lui arrivait malheur par votre faute, je n'aurais de cesse de vous le faire payer.

Le regard glacial qu'elle tenait sur Cyn et De Vaanne ainsi que l'aura forte de détermination qui l'entourait convainquirent sans doute possible les deux hommes du sérieux de ses paroles. S'il est une personne dont il faut se méfier, c'est d'une mère.

Sur ces mots, la guérisseuse s'inclina devant eux et sortit retrouver son fils.

Essoufflée après s'être tant hâtée, une jeune femme arrive enfin à la porte de la taverne, le lieu de rendez-vous fixé par le beau gentleman rencontré plus tôt. Essoufflée, échevelée et au bord de l'inconscience dans son corset, elle tente de reprendre son souffle tout en se félicitant d'être plus ou moins à l'heure... à plus ou moins 30 minutes près... plus plus que moins d'ailleurs... Elle bénit sa meilleure amie qui lui a glissée un petit miroir dans la poche, lui permettant ainsi de revoir quelque peu sa coiffure désordonnée.

- Le saligot a intérêt à être là et à apprécier les efforts! J'étouffe la dedans!

La demoiselle baisse la tête et jette un regard tueur à l'instrument de torture qui lui enserre la poitrine.

- Mais il faut avouer en toute bonne foi que ça vaut le coup...

Époussetant ses pieds nus, elle enfile ses petits talons hauts: le gentilhomme était bien heureusement assez grand pour qu'elle puisse se le permettre sans froisser son égo. Vérifiant une dernière fois son allure générale, elle pose enfin une main sur la poignée de la porte et s'introduit dans le sup....

- Euh... Il y a un soucis là.

Elle ressort et regarde enfin autour d'elle: la porte tient à grande peine sur ses gonds, les vitres sont brisées, les araignées sont les maitresses de l'endroit...

- Mais qu'est-ce que je fais là moi...

Et c'est à ce moment là qu'une main effleura son épaule et qu'elle se retourna d'un bond pour atterrir en face de son rendez-vous.

Il n'avait fait que la frôler et son bond le fit sourire. Toutefois, avec délicatesse, son visage resta d'une austérité mesurée accompagné d'un regard étrange où une nuit semblait s'y refléter, reflets de bleu sombre sur éclat de lumière. Il poussa la porte brinquebalante et, l'invitant à entrer, il salua brièvement le barman. Cette connivence avec le vieillard flanché de rides et de cicatrices sembla mettre mal à l'aise la jeune fille mais il affecta une indifférente nonchalance. Abordant une table dans un coin de la salle il s'assit sans allier les us habituels du galant homme qui recule la chaise pour la laisse s'assoir - au fond il fallait savoir être aussi quelque peu négligeant pour n'être point trop parfait.

Puis, cette fois ci, il lui sourit tout en en la fixant. Visiblement elle avait soustrait au bien être de vifs efforts pour paraître agréable à regarder et il ne l'en blâma pas intérieurement, elle l'était effectivement. Leur rencontre était un vague souvenir pour lui en sachant que sa mémoire lui jouait régulièrement des tours et la discussion qu'ils avaient eu lui échappait quelque peu, c'est pourquoi il se contenta de sourire en silence, la laissant éventuellement s'avancer sur la première. Mais peu disposé à lui offrir cette faveur il commanda rapidement deux étranges cocktails au nom imprononçable avant de tapoter la table de ses doigts fins. Elle était timide ou elle le faisait mariner, devinant dans sa nonchalence un vague souci de mémoire. Face à ce malaise, il se souvint d'une chose. Il ne lui avait peut être pas demandé son nom. Profitant de cette faiblesse il laissa filer sa voix douce grave et douce à la fois.

Je crois que nous ne nous sommes même pas présenté. Mon nom est Lysé. Et le votre?

Du loin qu'il pouvait voir derrière la jeune fille, le vieux barman semblait se fendre la gueule de voir Lysé piétiner dans cette entrevue galante.

Nous n'avons même pas pris le temps de nous présenter, je crois.

- Zéria, mais il serait plus simple de se tutoyer Lysé, non?

Les joues légèrement rosies par l'attention du jeune homme, Zéria avait néanmoins des étoiles dans les yeux alors qu'elle les avait rivés dans les siens. Elle voyait bien qu'il peinait à se souvenir des détails de leur rencontre et cela ne l'étonnait que très peu. Même dans sa mémoire, il n'y en avait que des brides: un mélange d'alcool joyeux, de sourire et de rire, d'étoiles et de sable. L'ami d'un ami d'une amie... Un mot, un lieu de rendez-vous, une heure et la surprise de retrouver ce petit bout de papier au fond d'une poche le lendemain matin. Et puis l'indécision : faillait-il y aller?

- Quoiqu'il est pu se passer il y a deux jours, pourquoi ne pas reprendre du début? Je pense pouvoir dire qu'on ne se souvient que très peu, l'un comme l'autre, de cette soirée, même si c'est un sourire qui me vient quand je m'y attarde. Je ne suis pas déçue d'avoir honoré ce rendez-vous.

La jeune femme s'attarda sur le sourire nonchalant de Lysé avant de détailler un peu les lieux. Miteux. Oui, c'était bien le mot. Malgré le barman qui semblait ne pas manquer de travail, l'endroit avait comme un air abandonné, le balais avait dû être banni en des temps immémoriaux et le soleil ne devait que très rarement visiter l'intérieur de la bâtisse brinquebalante. Cependant, c'est un joyeux fond sonore qui emplissait la pièce et les clients présents n'avaient pas l'air si malfamé que ce à quoi on aurait pu s'attendre.

- Parle moi un peu de toi, j'ai envie de te connaître.

Lysée esquiva la question en répondant rapidement un jeune homme qui s'approcha et lui fila un objet confiné dans voile pourpre, puis se concentrant sur le regard insistant de la jeune fille amorça vaguement une réponse:

Je fais quelque affaire dans Galvorn et ailleurs, le temps de trouver quelque chose de stable enfin rien de précis. Ma vie est somme toute... banale?

Il afficha un sourire vaguement convaincu avant de détourner la tête et de boire son verre. Il ne supportait pas l'alcool, mais cette fois ci il en avait besoin. A mesure que le temps passait il jugeait l'idée de la taverne d'un mauvais oeil : il ne pouvait même pas s'occuper à regarder autour de lui et feindre un intérêt constant. La déco était morne et sale, et personne ne traînait dans ce bar en dehors des habitués qui étaient de francs associaux. Buvant une autre gorgée il planta ses yeux dans les yeux avant de lâcher rapidement:

Et vous donc que faites vous?

- Figurez-vous que je me cherche un mari.

Lâchant sa réponse sans explications, Zéria observa la réaction de l'homme assis en face d'elle. Mais comme depuis le début de ce rendez-vous, il afficha à peine une légère surprise, très vite masquée par sa nonchalance feinte. Peu dupe face à son manège, Zéria le laissa mariner un bon moment. Elle trempa ses lèvres dans le breuvage infecte qu'il lui avait commandé mais n'en montra rien, étant trop absorbée par les efforts certains qu'il déployer pour trouver un quelconque intérêt - inexistant - au décor et à faire mine de ne ni voir ni entendre les railleries du barman à son égard.
Visiblement lasse, il planta à nouveau ses yeux dans les siens.

- Oui, une histoire de famille, il paraît qu'il serait grand temps que je m'en trouve un, que je devienne une gentille petite femme au foyer... Et c'est en ces riches contrées qu'on m'a envoyée. Je me trouve un jeune homme qui semble un bon parti, un peu comme vous, je m'arrange pour avoir un rendez-vous, je me force d'être présentable et d'avoir l'air de m'y intéresser, j'y passe un certain temps et puis, malheureuse, je rentre chez moi en disant que je ne suis pas aux goûts de l'intéressé, ou qu'il ne correspond pas aux critères.... Enfin, vous voyez un peu le genre non? Préférez-vous ne pas être aux critères ou que je ne sois pas à votre goût?

Zéria reporta son attention sur son verre et le fini d'une traite. Elle ne pu s'empêcher de faire la grimace en avalant la mixture, claqua le verre sur la table et crispa ses mains sur le rebord de la table.

- Je vous aime bien vous savez, mais la prochaine fois, laissez moi choisir moi-même ma boisson, vous serez gentil.

Le discours de la gaudriole jeta un air d'effarement dans les yeux du jeune homme qui contint son étonnement dans un rire forcé. Puis affectant un esprit de réprimande il gronda le barman sur le mauvais goût de ses coktails ; celui ci lui répondit en riant au nez d'un rire gras et inconvenant puis s'éloigna derrière son comptoir.

Lisb jeta ses mains sur la table comme pour les entendre claquer sur le bois en s'exclamant:

- Mettons, mettons, ceci est amusant et je n'ai point connu de semblable histoire, que je vous convienne et qu'il faut que je choisisse si vous même me convenez ; mettons aussi que je dise oui - Oui madame mais plaisons nous et marions nous ! Je prendrai ce gant blanc, digne partage d'héritage ( mon frère eut tout, je n'eus que ce gant) et vous l'offrant vous promet d être grand Époux. Mademoiselle, nous marierons-nous derechef?

Sa réplique sembla amuser la drôlesse qui non sans charme lui décocha un sourire cinglant. Il comprit d'un coup qu'il n'avait pas grand pouvoir et que ses jetons de jeu habituels ne valaient pas un sou ; il était seul face à plus déterminé et plus intelligent que lui. Anticipant une vague retraite tout en ayant le goût aux lèvres de cette jeune audacieuse il jeta en mouchoir quelque derniers propos :

Si tant est que je peux vous plaire et que vous désiriez poursuivre pareille entreprise, retrouvez moi a Echoriath où je loge en bon chasseur. Si vous n'y venez pas, tant pis.

Il tapa une dernière fois sur la table avant de se lever et de quitter brusquement la taverne.

Zéria avait du mal à retenir ses éclats de rire, mais seul un sourire radieux et moqueur réussi à filtrer. Elle le vit se rendre compte qu'à ce jeu là, il ne s'en sortirai pas vainqueur puis elle le laissa s'enfuir sans un mot, les yeux pétillants.

Elle attendit que la porte claque derrière lui pour changer de siège et se poster face à elle. Alors que le barman passait près d'elle, elle lui commanda un autre cocktail, un parchemin, une plume et un encrier. Les yeux dans le vague, elle remercia rapidement le serveur lorsqu'il déposa ses affaires sur la table un peu crasseuse. La plume dans une mains, la tête penchée dans l'autre, elle fixa la porte qui tanguait et tapota la table du bout de la plume.

Elle resta un long moment ainsi, si bien que plusieurs fois on vînt lui demander si tout allait bien avant de finir par ne simplement plus lui accorder la moindre attention. Elle n'était plus vraiment là, fixant la porte sans la voir, sirotant l'immonde breuvage sans grimacer, elle ne répondait plus mais gardait seulement son étrange sourire aux lèvres.

Puis, sans crier gare, Zéria fini son verre d’un trait, trempa sa plume dans l’encrier et commença à écrire sans hésitation. Elle s’affaira ainsi un moment, penchée sur son parchemin puis releva la tête, un air satisfait peint sur le visage et un léger sourire dans les yeux.

Elle se leva, rangea ses affaires, remercia le barman et se rendit compte que, dans sa hâte, le fuyard n’avait pas pensé à la note.

- Il manque de manière jeune dame, laissez, je le met sur sa note personnelle.
- Non non, ne vous inquiétez pas, il aura au moins gagné ça, répondit-elle au barman dans un sourire.

Et, son parchemin à la main, elle sorti de la taverne.

L’étouffante chaleur entra dans la pièce principale de l’auberge en même temps que la porte s’ouvrait, laissant passer un Arhain ruisselant. La seule personne dérangée par cette vague de chaud fut le barman, l'auberge étant totalement déserte. Arhain dégrafa son manteau, le jeta sur la première chaise venue et se dirigea vers le bar.

Quel temps, il fait une de ces chaleur dehors... vous avez bien de la chance de rester au frais entouré de boisson... En parlant de ça, je voudrais un pur malt s'il vous plait!

Le barman hochait la tête, prit un verre, le nettoya, et le posa devant Arhain. Il se retourna alors et partit dans une salle annexe en empruntant la petite porte derrière lui, surement la réserve. Le moine avait décidé de redécouvrir les lieux qu'il avait vu naitre dans le temps. Galvorn avait bien changé depuis le temps, mais la population semblait toujours aussi miséreuse. C'était vraiment triste, il espérait juste que la criminalité avait chuté. Dans ses souvenirs, chaque ruelle était un nid à coupe-gorges...

Le barman revint avec une bouteille poussiéreuse. Il souffla dessus et la montra au dernier représentant Cathay. La robe du liquide était brun et homogène. Cette bouteille avait pu vieillir durant 150 ans, surement un pur délice. Arhain donna une pièce d'argent au barman qui le servit, le remercia de nouveau et partit s'installer à une table. Il s'assit sur le siège comme si il était resté debout une semaine entière, tel un sac de farine que l'on transporte.

Il prit le verre et le porta à sa bouche. Il savoura longuement sa première gorgée...

Qu'est ce que c'est bon!

(HRP: je précise que ce début de discussion est ouvert à tout le monde, et plus on sera nombreux plus se sera drôle!!)

Un peu tête en l'air, et surtout perdue dans ses pensées, Seemy se retrouva, sans trop savoir comment, à pousser la porte de la vieille taverne. De vieux souvenirs remontèrent à la frontière de sa conscience alors que sa main s'attardait sur le bois des battants.

A l'intérieur, elle n'y vît que deux personnes: un client faisant face au barman. Elle salua ce dernier, se décida à être sociable et s'installa elle-aussi au bar.

- Un daïkiri s'il vous plaît!

Hésitante et tapotant de ses doigts le bar, elle jeta quelques coups d’œil à l'homme assis non loin en attendant son verre. Un silence de mort régnait dans la taverne et la mettait mal à l'aise, c'est ce qui la décida:

- J'me lance: Seemy, vieille connaissance de cette taverne et de son barman, buveuse occasionnelle et joyeuse jeune femme n'aimant décidément pas le silence qui règne ici, dit-elle en lui tendant une main ferme et audacieuse. Puis-je imposer ma compagnie le temps d'un -ou plusieurs- verres?

Depuis combien de temps n'avait-il pas pu se reposer ainsi, un verre à la main, sans avoir à se cacher n'ayant pour seul préoccupation que de savourer le délicieux nectar que contenant son verre? Il pouvait en profiter pour se détendre. Ter Aelis avait toujours été pour lui un terre de paix et d'amusement. Un bruit près de l'entrée le fit revenir à la réalité.

La porte de la taverne se ferma dans un claquement sourd, suivit de bruit de pas. La légèreté des crissements sur le parquet laissait deviné que l'individu qui venait de rentrer était de sexe féminin, et la douce voix qui prit commande en fut un preuve. Alors que le barman s'en allait chercher le daïkiri, la dénommé Seemy l'interpela. Tournant sa tête vers la nouvelle venue, Arhain ne put s'empêcher de la dévisager. Celle-ci lui tendit la main, qu'il s'empressa de porter à ses lèvres, un des rares restes de son ancienne éducation.

Enchanté de vous rencontrer Seemy, je me nomme Arhain'sen. Si vous êtes connaissez bien cette taverne, peut être pourrez vous me conseiller les spécialités locales?

Alors que le barman rapportait la commande de la jeune femme, Arhain se leva et invita cette dernière à une table.

Autant nous installer confortablement, si vous aimez les tavernes, sachez qu'elles ne m'aiment pas beaucoup en général!

Seemy papillonna quelques instants des yeux, elle avait tendu sa main, s'attendant a en serrer une autres... et... et... et elle avait senti des lèvres douces lui baiser la main. Elle ne s'y attendait pas et la surprise écarquillait encore ses yeux.

Elle se laissa entrainer vers une table dans un coin de la taverne et elle tentait encore d'intégrer ses paroles lorsqu'un détail la ramena au moment présent.

- Pouvons-nous nous tutoyer? Ce sera plus simple et plus sympa non?, dit-elle en souriant. Alors dis moi, pourquoi les tavernes ne t'aiment pas?

Avisant son cocktail, Seemy le sirota un moment, attendant qu'il réponde, osant à peine le regarder dans les yeux. Elle n'était pas encore tout à fait remise de ses manières chevaleresques, n'étant pas habituée à ce qu'on la traite comme la femme qu'elle est.

VLAN !

Dans un claquement porte indélicat, une paire d'oreilles effilées et menaçantes entrèrent, juchées sur une indélicate silhouette culminant à une centaines de centimètres du sol crasseux.

"Ouai vous pourrez dire au tôlier que je me casse en voyage loin dans les mers occidentales mais que j'oublie pas qu'il me doit un bon paquet de thunes !"

Notfallspür le bien nommé dévisagea avec mépris les romantiques poivrots attablés à la ronde. Il adressa un sourire des plus avenants à une masse difforme au regard torve avachi près d'un âtre éteint depuis des lustres.

"Tavernier ! mettez donc une tournée générale à cette bonne compagnie que voilà... et n'omettez pas de la mettre sur l'ardoise du patron... en guise d'avance sur ma créance !"

L'infâme nabot demeura un instant dans cette ambiance sordide pour jouir de son petit effet. Devant les mines réjouies des habitués - dont les foies ravagés remontaient jusqu'au jaune des yeux - le gobelin parut satisfait.

Le coeur léger, il reprit la direction du port de Galvorn où l'attendait un vaisseau armé prêt à appareiller.

Il lâcha en guise d'adieu :

"Au fait s'il y en a parmi vous d'assez sobres ou suffisamment désargentés pour accepter un poste de matelot sur un rafiot chichement armé prêt à mettre le cap vers les infinies richesses de Telek-F'ator je leur conseille de se dépêcher ! On part à midi !"

Et de lancer un feuillet dans son sillage.

Spoiler:

Citation :: L'Ire des Dieux très Anciens, extrait des Légendes d'outre-Aelis par Axel Le Lombard, dit l'Orfèvre.

A une époque où ni les hommes ni les elfes, ni aucune des autres races n'était encore debout, vivaient au coeur du Monde, sur une île centrale siégeant au milieu des mers et des brumes, les Dieux Très Anciens. Ces premiers nés du Monde étaient dotés d'un sagesse et de pouvoirs sans commune mesure avec le commun des mortels.

Cependant ils vivaient en harmonie avec ceux-ci, partageant le Monde et ses richesses et s'entraidant à l'occasion.

Il existait trois tribus en ces temps anciens :

Les chtoniens, trapus, bourrus mais travailleurs. Attachés à la Terre, ils connaissaient les secrets du feu et du métal, et en alliant les deux, ils honoraient les Dieux en leur érigeant des idoles et en leur offrant des bijoux sertis de joyaux tirés des profondeurs. Pour les récompenser, les Dieux leur offrirent les plans de machines incroyables, capables d'excaver encore plus de richesses et de construire toujours plus d'outils.

Les séléniens quant à eux vivaient en retrait des autres peuples. Il leur fut donner le pouvoir mystique de se déplacer par leur propre volonté de la Terre au Ciel, où ils résidaient habituellement dans de gigantesques cités flottantes, bien plus vastes que Belthil ou le Colisée Céleste. Ils se tournaient naturellement vers les choses de l'esprit, ne vivant que pour mieux maîtriser et exploiter leur dons. Ils entretenaient une relation privilégiée avec les Dieux Très Anciens, puisqu'ils partageaient avec ceux-ci leurs découvertes magiques et les milles façons de se servir des pouvoirs mystiques. En échange les Dieux leurs offraient des cristaux de pouvoirs, dans lesquels il était possible d'enfermer la puissance mystique afin de catalyser ou diriger leur capacité psioniques.

Les animistes par contre vivaient dans les forêts et près des côtes, en parfaite symbiose avec la Nature. Ils avaient appris à tirer profit de chaque chose vivante, de chaque créature. Ainsi ils connaissaient les secrets des plantes et des coraux, savaient domestiquer les animaux, et parler aux esprits primordiaux. Ils se soignaient et se nourrissaient grâce à ces connaissances et offraient aux Dieux les préparations de fruits et de poissons les plus raffinés, mais aussi le bétail nécessaires.

Chacune de ces races se connaissaient et se respectaient mutuellement selon la volonté de leur Dieux communs. Ils échangeaient entre eux les fruits de leur pouvoirs et participaient ensemble à la construction des temples et des Cités Ouvertes, ces lieux d'échange où ils venaient souvent en pèlerinage.

De ces temps anciens ne reste aujourd'hui plus que le souvenir d'un monde où ma paix et l'harmonie était règle, un monde qui ne connaissait ni la guerre, ni la cupidité.

De ce monde enseveli par les millénaires, demeurent encore quelques traces dans les ruines les plus reculées ou dans les esprits primordiaux, qui se terrent ou hantent certains lieux. Les créatures de cette époque lointaine ont pratiquement toutes disparues. Celles qui ont survécu sont devenues folles, corrompues par une force démoniaque.

Une force qui a parcouru l'Univers et a dévasté l'Ancien Monde. Qui a brisé l'île des Dieux et des premiers nés pour engendrer le Chaos et les races actuelles.

Cependant les Dieux Très Anciens, avant de mourir, laissèrent derrière eux un héritage de haine et de colère dirigé contre leurs agresseurs et leurs descendance. Cette Ire, cette vengeance, attend patiemment qu'on la réveille afin qu'à son tour elle vienne dévaster le monde. Nul ne sait ce que les Dieux Très Anciens ont disséminé et enfoui, et à peine se souvient-on à quel point ils étaient puissants.

"Sur ce... je me casse ! "

Et sur ces mots il offrit un clin d'oeil désinvolte à la jeune fille la plus proche, celle peu farouche qui était présentement occupée à minauder sans aménité dans le coin près de la fenêtre où l'avait assise un bellâtre sans saveur ni classe aucune.

VLAN !

La jeune femme semblait quelque peu troubler par son baise main. Arhain espérait seulement que Seemy ne s'attendrait pas à faire face à un preux chevalier, où elle déchanterai vite. Ils s'installèrent tous deux dans un coin de la pièce, Arh' prenant soin d'avoir le mur dans son dos et une vision du la porte de la taverne du coin de l’œil.

Bien entendu nous pouvons nous tutoyer, je vais t'avouer que je ne suis pas bien à l'aise lorsque je vouvoie les gens.

Le moine s'attendait bien à la question qui suivit. Tout en arborant son plus beau sourire, il chercha intérieurement une solution pour éviter de réponde à la question. Ne voyant aucune échappatoire, il se lança:

Et bien... On va dire que c'est une très très vieille histoire...

La porte s'ouvrit laissant apparaitre un être de petite taille, petit par sa hauteur mais qui semblait être pourvu d'un salle caractère, et ce n'est pas le pauvre barman qui pourra dire le contraire. Après avoir aboyer pendant deux minutes contre le patron des lieux, il repartit comme il était arrivé. Enfin pas tout à fait, avant de passer la porte, il se retourna pour demander au couple assit à la plus lointaine des tables si un voyage les intéressait. Le regarde que porta l'individu sur Seemy arracha un sourire franc à Arh', se transformant en une menace alors que l'inconnu le dévisageait de manière totalement incongru.

Arhain ne put s'empêcher de laisser apparaitre ses canines sur développées, signe du croisement des races dont il avait été l'objet. Tournant rapidement le regard vers sa jeune partenaire, il espéra seulement qu'elle n'avait rien remarqué.

Le petit personnage s'en alla enfin tout à laissant tomber un rouleau, contenant soit disant les informations sur le voyage à l'étranger. La curiosité d'Arh' avait été titillée. En un quart de seconde, il ouvrit un passage spatial juste en dessous du parchemin un chute, et un autre au dessus de sa main tendue. Pour des yeux de novice, on aurait eut l'impression d'une téléportation instantanée. Tout en ouvrant le parchemin, ce dernier prit la parole:

Tu connais cette personne? elle a pas l'air très avenante...
Hum très sympa ce petit voyage, mais je suis pas sur que les rencontres seront très très joyeuse... Tu comptes y participer?

Intérieurement, Arh' remerciait l'inconnu, il avait pu occulter la question sur les tavernes.

Une porte qui claque, quelques beuglements indistincts, une puanteur pesante, une vague de mécontentement du barman, le bruit sourd d'un objet qui tombe, un clin d’œil déplacé de l'individu avant un dernier claquement. Et une Seemy qui hésite entre soulagement et écœurement.

- ... goujat... mal élevé... pas étonnant... surprise... baise main... monde... brute....

Seemy avait encore sa paille entre les lèvres alors qu'elle grognait dans sa barbe et qu'elle remarqua le regard -amusé?- de son compagnon de taverne.

- Ne me dis pas que je râle à voix haute !? Je ne connais pas personnellement cet énergumène, mais le voyage qu'il propose risque d'être mouvementé s'il participe...

Seemy n'était pas une petite nature, une âme de guerrière qui s'affirmait entre deux touches féminine, mais sa nature même de femme la rendait sensible aux marques chevaleresques. Pas habituel les bonnes manières dans cet enclave à brutes, la preuve en est de ce bref passage.

- Un autre verre?

Elle avait bien remarqué qu'il n'avait pas répondu à sa question, mais elle avait bien l'intention de lui délier la langue à l'aide de quelques verres en sa -charmante, bien évidement- compagnie. Et c'est sans lui laisser le temps de répondre qu'elle héla le tavernier:

- Barman! Un double pour mon ami et la même chose pour moi!

Les faibles grognement de la jeune femme qui lui faisait face n'avaient bien évidemment pas échappé à l'ancien moine. Tout en retenant un sourire, il riait à gorges déployées dans sa tête tout en observant un peu plus attentivement sa camarade. Un brin de femme tout en opposition, désarçonné par son baise main, mais révoltée contre l'inconnu qui était passé en coup de vent. Son allure de personne ayant déjà voyagé contrastait également avec sa tête de jeune femme découvrant à peine la vie.

Non je n'ai rien entendu. Quelque chose t'as dérangé dans l’attitude de cet inconnu? interrogea Arh' tout en se permettant un sourire presque moqueur.

Il entreprit la lecture du document qu'il avait récupéré...

Hum le voyage semble sympathique, des terres à découvrir, des autochtones à dresser, des denrées rares à pilier, tout pour faire une jolie histoire à raconter au coin du feu au retour du périple...

La jeune femme semblait ne pas l'écouter, pourtant à peine eut-il fini de parler qu'elle lui proposa un verre, qu'il ne put en aucun cas refuser, Seemy avait déjà pris la peine de commander un double. Elle le regarda d'un œil observateur, comme si elle cherchait à apprendre quelque chose sur lui rien qu'en le transperçant du regard. Arh' s'installa plus confortablement sur sa chaise et reprit la parole:

Que fais tu à Galvorn? Je ne savais pas que les jolies pouvaient se balader sans risque dans cette ville? Généralement elles se retrouvent, ou plutôt se retrouvaient, sans le vêtement avant même d'avoir traverser trois rues.

- Non je n'ai rien entendu. Quelque chose t'as dérangé dans l’attitude de cet inconnu?

Les yeux de Seemy passèrent du bleu orage au bleu pétillant d'humour et de malice. Elle décida que la conversation avait un avenir et fût contente lorsque la deuxième tournée arriva enfin.

- Hum? fit-elle distraitement en réfléchissant au voyage, les yeux plongés dans son cocktail. L'idée de base est intéressante, il ne manquerait pas d'aventures, c'est un fait... Mais c'est la trop grande compagnie qui m’ennuie, je préfère les petits comités.

Elle daigna enfin relever les yeux pour le dévisager d'un air sérieux avant de le voir tenter de s'installer plus confortablement sur le rude bout de bois servant de chaise.

- Que fais tu à Galvorn? Je ne savais pas que les jolies pouvaient se balader sans risque dans cette ville. Généralement elles se retrouvent, ou plutôt se retrouvaient, sans le vêtement avant même d'avoir traverser trois rues.

- Ah oui, je ne conseille pas le quartier aux frêles jeunes donzelles sans défenses. Mais les... habitants... d'ici me connaissent assez pour savoir qu'il n'y a rien dont ils aient envie sous mes jupes et qu'il ne vaut mieux pas tenter l'exploration de certaines contrées mystérieuses. N'est-ce pas le mystère qui fait le charme?
Mon père fut première lame et ma mère noble dame, les deux venant d'un lointain pays. J'ai peut-être parfois un peu de mal à faire cohabiter ces deux facettes, mais j'imagine que le mélange est assez détonnant non?
Mais parle moi un peu de toi. Es-tu... un aventurier? Un artiste? Un gentleman à la recherche d'une Dame à séduire? Un beau parleur? Ou bien... un malfrat peut-être? Il y a peu de gens honnête dans le coin, dit-elle dans un sourire.

Seemy s'efforça à reposer son verre. Elle ne craignait que peu l'effet de l'alcool, pas avec sa constitution à se laisser abuser facilement, un héritage du peuple de sa mère. Cependant, son père lui avait bien appris qu'elle ne devait pas étaler ses armes pour toujours surprendre -conseil que sa mère lui avait aussi prodiguer, mais pour d'autres raisons. Elle saisit donc sa paille, qu'elle retira du verre, et entrepris de la mâchonner distraitement et bien peu élégamment -mais qu'importe, elle n'était pas dans une quelconque réception mondaine.

Les yeux de Seemy fascinèrent Arh'. En effet, autant elle jouait de son mystère pour entretenir le trouble chez son interlocuteur, autant son regard semblait livré de nombreux secrets... Les deux verres bu par la jeune femme aidant peut être, cette dernière se mit à débiter un petit monologue sur son mystère et sur ses parents. Arhain ne l'interrompit qu'un court instant pour lui faire remarquer que le mystère peut décupler les envies, mais qu'il vaut parfois mieux vivre avec le regret d'avoir fait quelque chose, que de n'avoir jamais oser le faire...

Cette remarque fut accompagnée d'un regard interrogateur envers sa partenaire de table. Ceci dit, la jeune femme enchaina sur ses parents et des deux facettes.

Arhain acquiesça et dit: En effet, ceci est très détonnant, mais ce n'est pas pour me déplaire. La platitude et le meilleur ami de l'ennui.

Elle voulut ensuite en connaître plus sur lui, sur sa vie. Arhain se dit intérieurement que certains secrets valaient mieux de le rester mais accepta de lui donner quelques informations. Il laissa ses yeux se balader dans son verre comme monopolisant ses souvenirs et attaqua:

Je suis un peu de tout ce que tu viens de dire. Je me suis il y a longtemps installé quelques temps à Ter Aelis avec pour envie de découvrir les joies et les connaissances que pouvait m'apporter ses terres. Après quelques mauvaises histoires, j'ai préféré prendre mes distances, voyager et découvrir de nouvelles cultures. Depuis mon enfance dans un monastère j'ai cultivé le gout des sciences et des découvertes, même si je ne rechigne pas sur un peu d'aventures plus ou moins musclées.

Arhain n'arrivait à savoir si sa réponse avait plus ou non à Seemy. Bien qu'il ait appris avec le temps à ressentir les sentiments des gens juste en étudiant leur visage, il avait plus de mal avec cette jeune femme. Un autre mystère à élucider.

Concernant le beau parleur, c'est à toi de me le dire! ajouta t-il avec un sourire au coin des lèvres.

Alors qu'il parlait la jeune femme c'était mise à jouer avec sa paille. Il prit le sien, apprécia le nectar couler dans sa gorge et le vit tournée dans sa main... il aimait constater à quel point les lois physiques pouvaient être fascinant, même avec un simple liquide dans un verre.

La Taverne L* P*lace ... [zone publique] - Page 19 Lathie10

Lùthien était rentrée à Galvorn frustrée et débordante d'énergie. Aucune de ses proies n'étaient accessibles pour le moment à cause de cette fichue guerre. La chasseuse avait erré dans les rues de Galvorn pendant quelques heures avant de se retrouver devant la taverne. Poussant la porte, elle découvrit l'endroit calme, à peine empli de quelques dockers fatigués. Elle hésita un instant mais son envie impétueuse pris le dessus. Posant sa veste de cuir sur le comptoir, l'elfe salua de la tête Henri et fit un signe dont la signification n'échappa pas au barman. Il s'éclipsa un instant et bientôt une musique sensuelle s'éleva dans la salle.

Lùthien monta d'un bond souple sur l'estrade qui trônait au fond de la pièce. Elle resta quelques instants immobile, s'imprégnant du rythme et du feu bouillant qui coulait dans ses veines. Yeux clos, son visage fin encadré de cheveux noir et courts se détendit. Petit à petit, son corps se mit en mouvement. Courbes grâcieuses des bras nus; déhanché hypnotisant faisant onduler la peau laiteuse de son ventre sous son haut moulant; pas aériens des longues jambes gainées de cuir. La danse gagna en vitesse, sans rien perdre de l'aura de désir qui s'en dégageait. Désir qui se répandait dans tout le corps de l'elfe, s'impatientant, passant en revue les options qui s'offraient à lui. Aucune n'était intéressante. La danse changea encore, prenant son essort, déposant l'envie de sa maîtresse dans l'air même. Lùthien en appelait aux Déesses, faisant vibrer l'atmosphère.

Quiconque entrerait dans la taverne ce soir pourrait bien tomber sous leur influence.

Au rythme des pas, il comptait chaque écho, chaque lenteur, comme si la mémoire s'écrivait et qu'il voulait noter au fond de sa rétine chaque signe, du premier au dernier. Autour de lui, le monde tremblait, fasciné par le numéro autant que des âmes conquises par le cri du violon fou. Lui restait immobile, buvant lentement son verre tout en observant la danseuse. Et dans cette transe il sentit au fond de lui une petite vague d'émotion s'éteindre doucement après avoir brillé comme une flamme qui vacille et s'essouffle au premier bruissement.

Enfin, dans le repos d'un geste de la danseuse, il fit signe au barman d'approcher afin qu'on lui signifie le nom de cette étrange danseuse. Mais au même moment, à sa droite, une légère rixe entre deux soulards l'empêcha d'entendre distinctement la réponse.

Les regards se posent sur elle, mais Lùthien ne les sent pas. Perdue dans sa transe, elle cherche un apaisement des sens qui ne vient pas. Trop difficile avec la lune prsque ronde qui la nargue par l'une des fenêtres de la taverne. Alors, quand une rixe éclate, la chasseuse aussi s'enflamme. D'un bond sauvage, l'elfe se jeta dans la bagarre. Les deux hommes étaient costauds, des dockers assûrément, mais cela ne fit pas reculer la fine femme. Un grondement sourd s'échappa de sa gorge quand elle faucha les jambes d'un des deux hommes, se baissant dans le même mouvement pour esquiver le mouvement de l'autre, attrapant la dague cachée dans sa botte droite et se coula lascivement contre l'homme encore debout, la pointe de l'arme éprouvant la fermeté de la peau du cou de son adversaire. Lùthien fixa les deux combattants de ses yeux dorés et pas un n'esquissa un mouvement.

Reculez!

L'ordre claqua, provenant de la haute stature de Henri.

Lùthien, lâche-les, je crois qu'ils n'oublieront plus que les bagarres ne se font qu'à l'extérieur.

La chasseuse hésita un court instant avant d'acquiescer et de libérer l'homme qu'elle tenait. Les deux hommes ne pipèrent mot et sortirent à reculons de la taverne, ne quittant pas des yeux l'elfe. La tension dans son corps se relâcha légèrement et elle s'accouda négligeamment au bar.

Sers-moi un verre veux-tu Henri.

Sa voix était rauque mais encore chantante. L'échauffement dû à la rixe et à l'influence de la lune ne provoquait pas encore d'altération physique mais ses cordes vocales avaient toujours étaient plus sensibles que le reste de son corps.
Le barman lui servit une vodka, sans glace, et Lùthien le remercia d'un signe de tête. Pas un instant elle n'avait remarqué l'inconnu qui la dévisageait.

Il n'avait rien loupé de toute l'altercation, jusqu'à l'intervention de sa cible pour séparer les deux hommes. Grâce et violent s'y mêlaient avec un talent indéniable. Il reposa son verre avant de murmurer le nom qu'il venait enfin d'entendre : " Luthien". Lentement il sortit un petit carnet et l'inscrivit sur un feuillet blanc, en plein milieu, puis il souligna le nom et le rangea. Enfin il se leva, franchit la distance qui le séparait du bar et s'y accouda à son tour, à coté de la jeune femme. Sa voix porta lentement,dans un ton suave :

- La lune est belle au dehors: ronde et neuve.

Ses yeux bleus aux pupilles brisées en trois se fixèrent sur le visage de Lùthien, et il sembla qu'un sourire s'échappa rapidement de ses lèvres tandis qu'il continuait

- Vous dansez bien. Aussi bien qu'un animal. Il est plaisant de vous observer danser, Lùthien... . Peut être voudriez vous danser pour moi un jour, quand la lune perdra de son mordant.

Pendant qu'il discutait, le barman s'était approché, passant derrière le bar et s'approchant d'eux comme pour surveiller que l'étranger n'importune pas la jeune femme, les mains bien à plat sur le bois et le regard semi fuyant. Ses muscles étaient tendues et son attitude hésitante. L'observation du barman lui fit tirer une remarque pleine d'amusement

- Votre toutou s'inquiète visiblement.

Au dehors, une fine pluie s'étendait sur le paysage, cognait les fenêtres de la taverne et apportait son lot de bruit régulier et mystérieux.

Bleu. Etrangement, ce fut la couleur qui retint l'attention de Lùthien et non pas la forme étrange, mais qu'elle avait déjà vue, des pupilles.
Bleu. La tension qui commençait à se dissiper remonta brusquement. Son souffle s'accéléra légèrement et ses pupilles se dilatèrent.

- Votre toutou s'inquiète visiblement.

Le rire qui s'échappa de la gorge de l'elfe fut bref et sans humour. Elle fit tournoyer la vodka dans verre avant de l'avaler d'une lampée, faisant signe à Henri de la resservir, ce qui détendit le barman.

Henri s'inquiète pour toutes les femmes qui sont sous sa "responsabilité". Même quand elles savent se débrouiller toutes seules. Il est ainsi de certains hommes.

Brusquement, Lùthien se pencha sur l'homme.

La lune est belle et cruelle, ne vous y fiez pas, souffla-t-elle. Un parfum sauvage et musqué se dégageait de la chasseuse, réhaussé d'une note de fraîcheur troublante.

Elle se leva lentement, lascivement et fit le tour de l'étranger d'une démarche tout aussi animale que l'avait été son bond. Une main tenait son nouveau verre de vodka tandis que l'autre parcourait les épaules de l'homme. D'un léger mouvement, l'elfe se hissa sur le bar, croisant les jambes. Elle prit une gorgée du liquide qui lui réchauffa un peu plus le corps. Se penchant doucement, elle plongea ses yeux dorés dans le bleu de son interlocuteur.

Je ne danse pas pour les inconnus, sauf si je suis payée.

Son ton était détaché, comme pour un marchandage commercial.

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