La Taverne L* P*lace ... [zone publique]

Le piano cessa de chanter de façon brusque.

- Je m'en vais aller lui apprendre les bonnes manières, moi, à ce rustre.

L'éclair vert et pomme sembla bien décider à la faire, aussi sa maitresse ne put la retenir. Elle se contenta de regarder la scène d'où elle était. Elle lâcha un sourire moqueur, dans quoi sa petite plume allait-elle se mettre encore ?

La plume s'appliqua à faire le tour de cet homme, après quelques minutes d'observations sous toutes les coutures, celle-ci piqua le nez de cet incongru et se réfugia en hauteur.

-Votre humeur est fort déplaisante monsieur, on n'abîme pas un piano magnifique sous prétexte que l'on aime pas une chanson.

Nombre de messages : 26 Age : 35 Date d'inscription : 21/05/2009

Le canard étrangement dessiné tentait de lui faire comprendre quelque chose. Et malgré son penchant naturelle envers la commnication animale, rien n'y faisait, il ne comprenait absolument rien à ses nasillements. Il n'était pas un animal normal...si s'en était un au sens propre du terme. Il devina ce qu'il voulait lui faire comprendre, même si le dut était permit, et surtout normal vis à vis de ce qu'il supposait comprendre.

- Ah je vois, tu es la mascotte du bar. Etonnant. Amusant même. ça change, même si, excuse moi, ça ne fais pas très sérieux. Remarque ça n'a pas l'air d'être le maître de mot de cet endroit loufoque.

Un être à l'essence sombre mit fin à la mélopée du piano et s'enfila une de ces pintes d'un trait. Aluün fut intéressé par l'individu. Non pas le personnage en lui même pour l'instant, il n'en avait cure. Mais la raison d'une telle attitude l'intriguait.

Finalement, une plume vint tournoyer autour de l'être, semblant l'osculter longuement. Une autre surprise, les choses étranges et incongrues semblaient être courante en ces lieux. Et ce n'était pas pour lui déplaire bien au contraire. Le mieux était que l'instrument, ou il ne savait quoi, sinon une plule parlait.

Une autre idée germa dans l'esprit d'Aluün. Encore plus étonnnante. L'ambiance devait se prêter à des considérations vraiment saugrenues.

- A moins, que tu ne veuilles me dire que tu es le propriétaire de ce lieu, supposa-t-il un grand sourire aux lèvres. En effet rien que l'idée l'amusait beaucouo et il se retint de rire.

Les regard fusait sur l'étranger qui venait de défigurer le piano... Daath ne sachant pas quoi faire, s'enfonça dans sa capuche, partager avec l'envie de ce lever et de mettre un terme à cette mascarade et celle de laisser la fatalité suivre son cour.
Reprenant un énième bière et déposant la monnaie sur la table, il fut ennuyer par une petite plume. Être étrange virevoltante autours de lui.

-Votre humeur est fort déplaisante monsieur, on n'abîme pas un piano magnifique sous prétexte que l'on aime pas une chanson.

- je suis impulsif...

lui répondit il en faisant la moue.

- et toi on tas jamais dit qu'il était mal poli de chatouillé les inconnus?

Vue d'un œil extérieur la situation devait avoir presque un air comique, une grosse brute au pris avec une plume qui parle.

Alwenn regardait machinalement la scène, elle préférait siroter tranquillement. Elle trouvait ça presque drôle de voir cet homme trois fois plus imposant qu'elle se battre avec une plume de 20 cm de long. La plume soi disant parti pour lui apprendre les bonnes manières semblait en fait s'amuser de cette situation.

- et toi on tas jamais dit qu'il était mal poli de chatouillé les inconnus?

la plume tournicotait autour de sa tête comme un moustique. Alwenn se dit qu'il finirait par l'attraper et cela ne lui plairait pas du tout. Elle reviendrais vexer se cacher dans les cheveux de la jeune femme.

-Je dirait plutôt que j'ai pris une initiative. Pour ce qui est d'être mal polie j'ai ma maitresse, c'est bien assez suffisant.

La plume finit par cesser de lui tourner autour et se posa sur le bord de la pinte.

-Alors voyons, puisse que je suis bien élevée, je devrais me présenter mais ce qui me sert de maitre, ne pas pas encore donnée de noms, elle me donne juste des sobriquets ridicules que je ne qualifie pas de prénom. Et vous qu'est ce qui vous amène ici ?

Le bar semblait s'animer et pourtant Hell était comme figé. Stupéfié par son audace, statufié par sa beauté, pétrifié par tant d'allant. Il était perdu dans ses yeux, son nez percevait les embruns de sa chevelure de soie. Il aurait voulu dire quelque chose mais quoi. Elle avait répondu du tac au tac à son invitation, mieux, sa provocation. Pour autant, son rythme cardiaque était stable, il ne suait point à grandes eaux...bref, le bilan vital n'était pas engagé.

- Vous tester Madame? Mais ne nous testons nous pas déjà depuis un moment? Au psychologique, le physique prendre la pas, peut être. Mais seulement si vous l'osez.

Sur ce défi lancé, Hell se mit à l'écoute des réactions de l'enchanteresse elfe. Il ne doutait point qu'elle relèverait le challenge. Elle n'était pas une femme à se laisser impressionner, ni à se laisser dicter ses actes. C'est pourquoi Hell s'accouda sur la table, inspira profondément les vapeurs célestes qui émanaient de Lùthien, se leva et quitta la taverne.

Astriel entra dans le bar L place, cela faisait un temps qu'il n'y avait mit les pieds. Il soupira quant aux souvenirs qu'ils rappelaient en passant à côté des vieux loups de mers venus se réconforter auprès d'une bonne pinte, les habitués de la picole et de la chanson, les dockers, et ceux et celles qu'il conaissait.

Il se posa après quelques pas, ou deux tables plus loin, c'est selon. Il s'adossa contre une poutre et observa un moment faisant le tour de la salle des yeux.

Un être dont la prestence était aussi imposante que le manteau sombre, mélange d'amertume et de désespoir derrière sa mine dure. Alwenn et sa petite plume lui tenant la conversation, la dernière semblait agitée en écoutant l'individu. Astriel ne l'avait jamais vu, même si il lui semblait l'avoir déjà rencontré. il avait déjà sentit un essence similaire, mais ne savait trop qui pensé. Un impression de déjà vu sans doute.

Il s'attarda ensuite vers la chasseuse, du moins on lui avait rapporter sa réputation, il ne savait si tout était vrai. Le félin ailé savais néanmoins que les réputations sont pareilles aux légendes, mélange de vrai, de moins vrais et de complétement faux et inventé. Elle discutait avec un homme intriguant, son verre était rouge bien prononcé, l'ange pensa à lui demandé ce que c'était. C'était impressionner de savoir que tant de nouveaux venus étaient arrivé, et qu'il ne connaissait absolument pas. Et il se retint, il irait le lui demandé après.

En effet il aperçu sa fille aux mains de Sephiroth. Sa réaction fut étrange, il ne savait trop comment réagir en les voyant. Ce mélange de surprise, d'incompréhension, de rage et de bonheur. Elle avait l'air heureuse avec lui.

Il s'approcha tandus qu'une pinte vola dans les airs...

la plume voletait a droite et à gauche.

*Elle veut un nom*

Alwenn ne s'était posé la question, mais il est vrai qu'un nom fait l'identité d'un être. Elle ne s'en était pas vraiment rendue compte mais jamais elle ne lui avait donné de nom. Alwenn en avait tellement eu sous quelques formes que se soit.

elle regarda sa petite plume.

-Je vais te trouver un nom

Le petit outil se mit à virevolter.

Seul. Il entrouvrit les yeux et laissa un regard alentour. La poussière complétait le spectacle désert en jouant les clichés, balayait la pièce en boules qui suivaient les courants d'air. La fenêtre d'en face, entrouverte et battante n'enlevait rien à l'atmosphère qui ne lui déplaisait pas. Il s'éveillait d'un rêve long, douloureux, heureux, et tellement réaliste. A tel point qu'il aurait juré dormir si ni le coin où il siégait, ni le bar au loin ne lui rappelaient de lointains souvenirs.

Ressuscité, en quelque sorte ; revenu à la vie là où elle n'avait plus cours. Il se leva, et sortit.

Nombre de messages : 181 Age : 44 Date d'inscription : 24/09/2008

Le voyage jusqu’à Galvorn avait été plus long que prévu, de violents courants aériens contraignant l’hippogriffe à faire un large détour. Même si elle aimait cette sensation de vol, Lùthien fut bien heureuse lorsque sa monture la déposa et qu’elle put rejoindre sa moto Avec un regard possessif et admiratif qu’elle ne réservait qu’à sa machine, l’elfe la caressa avant de l’enfourcher avec un sourire sauvage. Poussant le moteur, elle parcourut les ruelles de Galvorn à une vitesse folle et c’est complètement détendue qu’elle arriva à la taverne.

Lorsqu’elle poussa la porte, Henri, le barman, lui jeta un regard intrigué. Lùthien était plutôt une fille de nuit, mais en vérité, elle n’avait pas d’horaire et n’en faisait qu’à sa tête. La chasseuse éluda la question implicite d’un sourire charmeur accompagné d’un haussement d’épaules. En traversant la salle, bondée à cette heure-ci, fin de la journée de travail des dockers, elle ne passa pas inaperçu. Sifflements et remarques fusèrent.

Hey, Lùlù, tu danses ce soir ?! demanda un des habitués.

Toujours pour toi, Lio, répondit l’elfe avec un clin d’œil amusé qui eut pour effet de faire rougir le marin qui en avait pourtant vu d’autres. Mais la danseuse d’L Place avait acquis une certaine réputation. La plupart du temps, les gars regardaient avec envie ses shows mais lui adressaient rarement la parole. Le premier qui avait essayé de l’approcher avait traversé la salle en volant ce qui avait maintenu le reste de la population locale à une distance respectueuse des charmes de l’elfe. Alors recevoir un clin d’œil et se faire appeler par son prénom était une marque d’affection aussi rare qu’appréciée.

Dans sa « loge », Lùthien regarda l’horloge, pensive. 19h. A cette époque de l’année, la nuit arriverait bientôt. Mais ce serait suffisant, elle pouvait tenir quelques heures au besoin. Quand elle reparut dans la salle, rien ne semblait avoir changé. Toujours moulée dans son cuir, ses cheveux courts encore ébouriffés par son voyage, aucun maquillage n’avait été rajouté. Seule sa veste était tombée, révélant ses épaules nues et le bustier noir la gainant. Pourtant, son regard, ses mouvements, tout était différent. Distante et lascive. Froideur et sensualité. La musique résonna dès son entrée, amenant le calme dans la salle. Des dizaines de regards se braquèrent sur elle. Attentifs. Gourmands. Intrigués. Ils glissèrent sur elle sans l’atteindre. Elle était déjà ailleurs, dans le domaine des dieux. Car c’était à eux qu’était adressée cette danse, hymne à la beauté et à la nature.

- COIN ?!

Le bec dans le livre de compte de la taverne de Galvorn, Coin-coin n'en revenait pas.
Frottant ses yeux qui ne clignaient jamais, il reverifia une derniere fois qu'il ne manquait pas des pages.

- Octobre 2009 ?! Tu m'etonnes qu'il y a autant de poussiere ici ! Meme le vieux Henri va falloir lui recurer le nez avant de le ressortir sur le devant du comptoir ! Et les danseuses mes amoureuses, les serveuses aux airs de reveuses, mes petits bichons a gros ... avantages niveau personnalités ! Ou sont elles passées ?

Un regard circulaire dans la salle lui apporta le renseignement qu'il avait deja recu a peine entré quelques minutes plus tot : le canartoon etait seul dans l'etablissement.

-La miaulante va criser quand elle va revenir... Bon, va falloir remettre ca en etat, et fissa !

Balancant negligement le livre de compte derriere lui, le canard de dessin animé sortit de sa poche toon une brosse de 3 metres, un savon ACME, un aspirateur qui se mit a tousser a peine sorti, et un telephone portable.

Il posa les affaires de netoyage sur le comptoir du bar.

-Commencez tout seul les gars, je vous rejoins, un coup de fil a passer.

Aussitot les objets toons s'animere et le canartoon composa un numero sur le portable en les observant s'afferer dans le plus grand chaos caracteristique des toons.

-Allo Walt ? Oui c'est Coin-coin. Ca gaze mon vieux depuis Toonville ? Non non t'inquiete, ils croient toujours tous que tu es mort. Pas de risque qu'ils comprennent que tu nous a rejoint. Mickey est bien resté silencieux sur ce point. Dis mon vieux, ca t'embetterais de m'envoyer les balais de Fantasia ? J'ai besoin d'expert immediatement. Oh oui c'est urgent crois moi ! Ok merci vieux a plus !

Avec un air satisfait, le canartoon claqua son portable et le rangea dans la poche toon pour le remplacer par un seau et une serpillere. Il se noua un foulard a carreau rose fushia sur la tete et pris un sourire sadique des grands jours.

-Ok les gars, c'est parti.

Et Coin-coin se mela a la frenesie toon que formait deja les objets d'entretient, recurrant de fond en comble la vieille batisse qui retrouva peu a peu une deuxieme jeunesse.

Au bout d'une heure, le travail etait fini. Les toons a peine essouflés (ce sont des toons apres tout) saluerent leur ami palmé et prirent congès.

Au meme moment, Henri, le vieux barman, allerté par le rafus, descendit dans le bar, armé d'un fusil de chasse. A la vue du canartoon, l'arme lui echapa des mains, et il courru réouvrir le bar. La taverne allait marcher de nouveau.

-Encore une victoire de canard !

Grendelor n’était pas venue à la taverne depuis des mois. Trop occupée. Et Galvorn n’était pas sa ville préférée. Pourtant, ce soir-là, elle avait eu besoin de se changer les idées et l’image d’L Place s’était imposée d’elle-même. La salle n’était pas bondée, seuls quelques marins étaient présents, discutant au bar avec Henry. La guérisseuse salua le barman et commanda un pineau, qu’elle entreprit de siroter à une table proche de la « scène ». Au spectacle pour le moment. Un début de soirée tranquille. Rêveuse, elle laissait son regard turquoise parcourir la pièce sans vraiment la voir.

La Taverne L* P*lace ... [zone publique] - Page 18 Cyncopy

En poussant la porte un vent froid armé de neige et de silence pénétra en même temps que l’étranger qui venait d’entrer dans la taverne. Ses habits larges semblaient n’avoir pas souffert du temps mauvais comme si rien ne les perturbait et son regard dur – deux yeux d’un bleu si triste qu’il paraissait couvrir une mélancolie infinie teintée de ces profondeurs obscures que tiennent en eux les érudits comme pour signifier le douloureux prix d’un savoir trop étendu – s’égarèrent un moment dans l’observation de la pièce avant de se reprendre et de fixer le barman. Les pas du pèlerin étaient légers et discrets. Commandant un met rapide accompagné d’un rosé il s’installa dans un coin de la salle. Cyn déposa lentement ses mains sur les tables, prit son temps avant d’engager son repas. Ses gestes semblaient fluides, perdus à moitié par l’ombre qui assombrissait sa table et par la faible lumière des néons comme s’il se mêlait à l’étrange contraste de lumière pour n’être plus à son tour qu’une palette de nuance. Ce fut quand il repose son verre de vin qu’il reconnut non loin le visage de Grendelor tel qu’il avait du croiser dans les informations qu’il avait tiré de ses commanditaires. Elle correspondait à l’image qu’il s’était fait d’elle, calme et soucieuse. Un moment il sembla hésiter comme s’il allait se lever pour la rejoindre, puis sortant une montre de sa poche il y jeta un coup d’œil et recommença à manger.

Quelque minutes plus tard, la porte se rouvrit une seconde fois et laissa place à ce qu’il attendait. Sa voix lente et grave rompit le silence :

Je ne vous attendais plus.

Cassiopée, grisée par la bise hivernale, pénétra sans bruit dans la taverne. Celle-ci était étrangement silencieuse. Elle avait perdu son aspect festif et soiffard des premiers temps. Le départ de Shaft était sans aucun doute pour beaucoup dans cette désaffection. L’hôtesse avait un charme qui attirait la populace autant que son absence rendait la taverne désuète.
Deux personnes attirèrent aussitôt son attention.
Grendelor était là, mais elle se contentait d’observer, attendant sans doute qu’elle-même enclenche les pourparlers.
Cassiopée se dirigea donc vers le second individu qui lui tournait le dos.
Elle s’approcha de lui de manière à lui faire face. Le dominant de sa hauteur, elle le salua alors qu’il mangeait méticuleusement.
Il l’invita aussitôt à s’asseoir d’un geste de la main tout en s’essuyant la bouche qu’il avait encore pleine. Elle entra dans le vif du sujet de sa venue en ces lieux.

- Cyn ? Je suis Cassiopée. Je devais vous rencontrer dans un lieu neutre avant de savoir si vous convenez parfaitement pour le rôle que j’aimerais vous offrir.

L’homme qui lui faisait face la regardait avec un visage presque inexpressif, le regard dur.

Elle prit le parti d’exposer plus avant ce qu’elle attendait de lui.

-J’ai la charge de l’éducation d’un enfant hors du commun. Cet enfant est appelé à un destin digne de son rang et des êtres qui l’ont créé. Mon enseignement est lourd et difficile. L’enfant que vous aurez à instruire sera délicat à prendre en charge mais il doit recevoir la meilleure instruction qui soit et apprendre tout ce que cette Terre recèle de trésors. Pourtant, vous aurez à charge de lui enseigner plus particulièrement l’Histoire et la Philosophie.
Mes obligations m’empêchent d’être présente près de lui autant que je le voudrais. Or l’éducation de l’enfant doit être constante et vous occupera à plein temps. Si vous acceptez ce poste de précepteur, vous habiterez près de lui.

L'Étranger ne leva pas les yeux il continua de manger méticuleusement. Sa voix fut rauque et douce à la fois.

Je ne sais si je suis bon précepteur mais cet objet devrait convaincre.

Il tira de la poche de son vêtement une petite figurine qu'il déposa avec lenteur sur la table. Alors son regard accrocha celui de Cassiopée tandis que son visage restait inexpressif dans cette mélancolie maladive.

Je suis sur, Cassiopée, que l'on fera un excellent travail pour cet enfant. Il ne reste qu'à convaincre Madame des qualités dont je me porte garant.

Sa voix finit dans un murmure tandis qu'il continuait de fixer son dîner tout en enchaînant lentement les aller retours de ses couvert et de son verre de vin comme si perturber son repas pouvait être quelque chose de bien grave.

Cassiopée avait suivi des yeux le geste de l’homme qui avait lâché son couvert le temps de porter sa main à la poche intérieure de sa veste.
Il en tira un objet qu’elle ne vit qu’à l’instant où il le déposa sur la table devant elle.
Sur le moment, elle n’y vit qu’une statue patinée par le temps.
Elle prit la sculpture dans sa main, troublée que celle-ci puisse avoir une quelconque importance dans le recrutement d’un précepteur pour Sargas.

La sculpture était petite, à peine plus grande que la paume d’une main. Pourtant, à son contact, elle ressentit l’immense pouvoir contenu par l’objet lui-même. Elle avait l’impression que le monde s’ouvrait vers l’infini, que son esprit irradiait dans toutes les directions à la fois. Alors qu’elle la retournait pour en voir la face, elle faillit pousser un cri d’exclamation qu’elle retint en foudroyant l’homme d’un regard intrusif. Aucun son ne fut émis mais un film rapide se déroula dans sa mémoire.
Elle se revoyait au coté de Sargas lui-même, encore tout jeune enfant. Il était alors à la veille de faire voler son dragon et de laisser s’exprimer son âme intérieure.
L’enfant, qui n’était qu’un bambin de peu d’années, l’avait menée jusqu’à l’oasis située aux abords du parc aux mille essences en compagnie de Grendelor.
C’est au fond du lac qu’il lui avait montré un petit autel méticuleusement sculpté dans lequel siégeait la même petite statuette de femme ronde comme un symbole de la fertilité.
Elle avait le même éclat de cristal blanc de quartz que celle-ci.
Elle ne pouvait, à présent, plus quitter des yeux l’homme qui lui faisait face. Elle surveillait le moindre de ses gestes ou la plus petite expression sur son visage. Mais, il était aussi imperturbable qu’un masque, et terriblement concentré dans sa science appliquée de la mastication.

- Oui, vous pourriez faire l’affaire, en effet…

Alors, sans avoir besoin de se tourner vers le fond de la salle, là où se trouvait Grendelor, elle émit un appel par l’intermédiaire de l’anneau qui les liait comme des sœurs, et elle savait que la mère de Sargas les rejoindrait bientôt.

Bercée par l'ambiance de la taverne, Grendelor n'avait que vaguement eu conscience de l'entrée de sa soeur et du fait qu'elle discutait avec un inconnu. Imprégnée des émotions de chacun, elle n'avait réagi qu'à la surprise retenue de la nymphe. Son regard s'était alors posé sur l'inconnu, le détaillant, palpant son aura sans être intrusif. Calme, tout glissait autour de lui sans faire trembler son essence. Cassiopée lui avait parlé du recrutement d'un précepteur pour Sargas et l'appel qu'elle ressentit dans le lien les unissant lui fit penser que ce devait être un des candidats. Bien que l'idée d'un précepteur puisse en choquer certains, la guérisseuse, elle, s'était laissée convaincre sans difficulté. Elevée ainsi, elle avait bénéficié d'une éducation complète. Et Sargas était un enfant suffisamment particulier pour que l'école traditionnelle ne lui convienne pas. Sa seule inquiétude était son isolement. Elle, elle avait eu 4 soeurs d'adoption pour partager ses joies et ses peines. Lui, n'avait aucun camarade. Mais comment cela pouvait-il être alors qu'en un mois il vieillissait d'un an?

Terminant son verre d'une dernière longue gorgée, Grendelor se leva pour rejoindre sa soeur et l'inconnu. Sa démarche était lente mais fluide, son regard lisse et serein. En s'asseyant près de Cassiopée, elle lui adressa un sourire doux, complice. Ses yeux bleu se posèrent alors sur l'inconnu avec une certaine curiosité mais sans insistance. Elle attendit en silence qu'il termine son repas, se satisfaisant de contempler la solidité de son aura.

On pourrait..

Ce sont ses premiers mots après ce repas, il tient la coupe aux lèvres. Son visage apparaît au jour, d'une finesse rare, d'une pureté divine. Sur le coin de ses yeux des arabesques sombres semblent danser. Il retire la sculpture de la main d'un geste discret.

On pourrait s'entendre si vous me laissez l'éduquer comme je l'entends, en me laissant champs libre. Je n'aime pas devoir composer avec des contrevents.

Il appuya le dernier mot puis esquissant un léger sourire qui s'effaça aussitôt.

Je mesure la complexité de cet élève et en ce sens j'aimerai... être en mesure de pouvoir lui dispenser une étude sérieuse et non controversée par quelque courants extérieurs.

- Par l'Unique, où est donc passé cet enquiquineur ? maugréait De Vaanne en arpentant une des ruelles de Galvorn.

Tout s'était pourtant bien passé depuis le début : la Confrérie au grand complet s'était déplacée vers le delta pour une mission dangereuse, remplie avec succès pour un minimum de pertes et un maximum de rapidité. C'était au moment de se remettre en selle et de repartir vers Belthil que quelqu'un s'était rendu compte qu'un membre des Enfants manquait à l'appel. Exodus, bien évidemment. Un examen des cadavres n'ayant rien donné, il avait fallu se rendre à l'évidence : le répurgateur leur avait filé entre les doigts.
Après avoir émergé de sa crise de rage, De Vaanne avait ordonné que l'expédition et parte à sa recherche dans toutes les tavernes de la ville. Il était donc, à la tombée de la nuit, en train d'arpenter une ruelle boueuse accompagné de deux Frères jurés qui essayaient de ne pas se faire remarquer.

- j'aperçois encore une taverne... Après tout, ça ne fera que la douzième de la journée.

- Excusez-moi, Primat, mais pourquoi ne cherche-t-on que dans les tavernes ? demanda l'un d'eux avant de bafouiller devant le regard de son interlocuteur. C'est que.... Galvorn n'est pas réputée que pour ses tavernes...

- Vous voulez parler des bordels de la ville, n'est-ce pas ? C'est hautement improbable. S'il avait une femme, le répurgateur la vendrait pour une chope de bonne bière ou pour une terrine.

- De bonne bière ? releva le Frère en jetant un coup d'œil sceptique à l'enseigne crasseuse.

- Si elle est mauvaise, il vendra juste sa femme plus cher...

L'irruption des trois hommes dans la taverne fit taire la plupart des conversations : il était rare dans ce quartier de la ville de voir des hommes armés en guerre, et plus encore lorsque ces mêmes hommes avaient encore du sang sur leurs armures. Enlevant son casque, De Vaanne alla dire quelques mots au tavernier qui hocha la tête en signe d'acquiescement, puis il embrassa la salle du regard et soupira. Encore une fois, Exodus n'était nulle part. Se préparant à faire demi-tour, il se figea sur place lorsqu'un détail le frappa. Il connaissait deux visages de cette taverne, dans une ville où il n'était jamais allé.
Un homme d'allure jeune, apparemment en grande négociation avec deux femmes, dont l'une qu'il reconnut immédiatement comme Grendelor, la gardienne du parc de Sûl-Nar. L'autre femme ne lui disait rien, mais l'homme... où l'avait-il déjà vu ?

L'évidence le frappa comme la foudre : il était passé durant des années devant ce visage hiératique, empreint d'une majesté que seul le marbre le plus pur pouvait conférer. Il s'approcha de la table et s'inclina légèrement devant l'homme.

- Votre Eminence ?

Un léger tressaillement des paupières signifièrent qu'il venait d'entendre la nouvelle voix qui perturbait les discussions. Les mains de Cyn se posèrent lentement sur la table tandis qu'il accorda un sourire cette fois réel aux deux femmes qui l'écoutaient et le jaugeaient. Puis ses yeux se tournèrent vers celui qui les avait interrompu. Par l'allure, par le détail, il ne mit pas longtemps à deviner. Une seconde il sembla hésiter. Puis sa voix douce et chaleureuse rompit l'état d'incertitude.

Asseyez vous donc, De Vaanne, et ne faisons pas trop de manière. Je vous présente Grendelor et Cassiopée, peut être les connaissez vous déjà. Elles sont ici à la recherche d'une personne pour s'occuper de l'enfant Sargas, je ne sais si vous en avez déjà entendu parler...?

Les yeux de Cyn semblèrent scruter méticuleusement la réaction de de De Vaane avant de sourire à nouveau, comme si la situation le satisfaisait. Avisant le barman il l'invita à servir la table de quelque verres bien qu'il ne prit encore qu'une seule coupe de rosé.

Si vous ne savez pas quoi faire de vos jours, j'aurai peut être quelque chose à vous proposer avec leur accord..bien entendu.

Dans la même seconde un papier griffonné à la hâte sorti de nulle part atterrit dans les mains de De Vaanne.

" Galvorn préfère tellement qu'on m'appelle Cyn plutôt que Votre Eminence..."

Cassiopée rendit à Grendelor la lumière de son sourire dans le long regard qu’elle lui adressa quand celle-ci vint discrètement s’asseoir auprès d’eux sans interrompre leur conversation, ainsi qu’une complice pourrait venir se positionner avant d’agir.

Elle tressaillit quand Cyn évoqua les contrevents pouvant entraver l’éducation de Sargas. Mais elle le laissa achever avant de lui répondre.

Au moment où elle se préparait à ouvrir la bouche, trois hommes de guerre pénétrèrent dans la Taverne, s’immobilisant à l’entrée afin d’en scruter l’intérieur comme s’ils étaient à la recherche de quelqu’un.
L’homme central, plus haut et plus richement vêtu les deux autres lui rappelait un visage mais elle ne put se remémorer où elle l’avait aperçu.

Elle fut étonnée quand le groupe se dirigea vers eux, après le bref tour d’horizon que l’homme à l’armure étincelante avait effectué.
Son étonnement s’accentua encore quand il retira son heaume, libérant un visage sévère qu'il inclina devant Cyn en ignorant les femmes qui l’accompagnaient et nommant le précepteur d’un « Mon éminence » qui laissa Cassiopée interrogative.
Elle ne connaissait que peu de personne pouvant se prévaloir d’un tel titre.

Alors que Cyn invitait le nouvel arrivant à s’asseoir, elle lui dégagea une chaise en le perçant du regard, puis prit la parole :

- Je vous en prie, Messire…

Malgré son amabilité, elle était contrariée de ne pouvoir s’entretenir en tête à tête avec l’homme qui détenait une statuette dotée d’un pouvoir extrême...
Se tournant vers Cyn, elle entreprit de poursuivre leur dialogue interrompu.

- Vous craignez les contrevents… Pourtant, vous ne pourrez m’écarter totalement de l’enseignement que je dois apporter à Sargas, comme vous ne pourrez m’empêcher de juger de ses progrès. C’est donc au travers d'eux que votre liberté sera plus ou moins grande et effective.
Mais vous pouvez vous considérer libre de mener son éducation comme bon vous semble, tant que je verrai ses âmes évoluer comme elles doivent le faire et non comme il pourrait se laisser aller à les mener s'il poursuit son chemin sans guide.
Vous comptez utiliser ce guerrier ?

On n'utilise pas un Primat, voyons. Un peu de respect est toujours plaisant a considérer.

Pour la première fois, peut être, un accent de légèreté frôla le ton de Cyn. Il posa ses lèvres au bord de la coupe, bût une gorgée puis la reposant il répondit:

Je pense que l'enseignement du Primat De Vaanne ne serait pas a rejeter. Il dispose de quelque savoirs qui pourrait compléter mon enseignement. Et quoique vous puissiez penser d'un enseignent théologique et pratique, enfin militaire, ce me semble qu'il pourrait convenir et combler la ou mes talents ne sauraient mieux..le faire.

Ses yeux fixèrent le Primat tandis qu'il s'exprimait comme s'il cherchait son assentiment ou que sa proposition n''était que rhétorique et vérifiait qu'elle était comprise. Lentement il fit tourner la bague qu'il avait a son doigt tout en attendant que De Vaanne s'exprime. Mais celui-ci semblait perdu dans des considérations mystérieuses, il fit donc sonner le cristal de son anneau sur la table d'un son bref et aigu comme pour le réveiller de ses pensées.

De Vaanne?

- Il me faut avouer que théologie et stratégie sont mes domaines de compétences privilégiés. Cependant, je me demande pourquoi me me faire une telle proposition, à moi. En tant que primat, j'ai des tâches plus importantes à effectuer que l'éducation d'un adolescent.

Il s'interrompit pour toiser Cassiopée d'un regard mauvais.

- Le nom de cette dame ne m'est pas inconnu, Cyn, et il est peu cher à mon cœur. Elle est une des membres les plus influents de cette Confrérie de dragonniers qui sévit sur ces terres. J'en déduis qu'elle doit avoir un rapport avec la personne dont nous devrions nous occuper, et...

Il fronça les sourcils comme s'il venait de se remémorer une information d'importance et regarda Grendelor.

- Sargas, avez-vous dit ? N'est-ce pas votre enfant, dame Gardienne ? Il doit n'avoir que quelques mois, et vous voudriez que je l'entraîne à la théologie et dans l'art de la guerre ?

De Vaanne prit une chaise et s'assit lourdement dessus. Le dossier, soumis à rude épreuve par le poids de l'armure, se mit à grincer. Le primat, lui, croisa les bras en un bruit métallique.

- J'en sais trop, ou je n'en sais pas assez. Avant de dire si cette offre m'intéresse, Cyn, il va falloir que vous m'expliquiez. Pourquoi devrais-je aider une dragonnière ainsi que votre personne à éduquer un nourrisson ?

Cyn soupira doucement avec un léger sourire. Il avait sûrement un peu oublié que les Primat étaient aussi des guerriers affectionnant les valeurs attachées aux guerriers. Il se resservit une gorgée de rosé puis commença lentement sans chercher à se demander si les avis des deux dames présentes concordaient avec la sienne.

Ce que j'en sais, c'est que cet enfant n'a pas la même évolution que.. ceux que vous avez eu l'occasion de croiser, Primat. Il grandit..très vite et apprend très vite. Il doit avoir désormais un peu plus que quelque mois.

Cyn fit une pause tout en reposant délicatement le verre. Puis fixant de ses yeux fauves ceux du Primat il reprit d'une voix plus ferme :

Considérez que l'Unique doit bien avoir quelque intérêts que cet enfant soit choyé pour l'avoir encore laissé en vie après les éprouvantes épreuves qu'il a subi dès sa Naissance. L'intérêt doit bien avoir un sens qui.. ne devrait pas vous échapper. Quand a Dame Cassiopée.. prévenir l'éducation d'un enfant vis a à vis de ces... dragonniers par notre concours ne peut que le préserver d'une éventuelle... influence maligne. Et je ne doute pas que si elle nous concède son éducation c'est bien qu'elle en apprécie les conséquences.

Les derniers mots avaient presque été murmurés. Son regard ne changea pas d'un Iota.

On souhaite tous, ici, que cet enfant vive avec la meilleure éducation possible. C'est pourquoi il me semble que nous avons été réunis ici. Si Dame Grendelor consent à nous accorder sa confiance je suis certain que son éducation est.. entre de bonnes mains.

Cette fois ci, son verre était vide. Il le fit glisser vers le centre de la table. Un centième de seconde une marque indistincte entoura son poignet quand un rayon de lumière heurta sa main droite. Instinctivement il replaça son bras au bord de la table puis dans un geste brusque retira sa chaise et se leva.

Permettez je dois m'absenter une seconde.

D'un pas rapide il se dirigea vers la fenêtre. Sa démarche était lente et incertaine, comme si l'alcool rendait indécis sa trajectoire. POurtant il avait peu bu. Une pluie gelée l'accueillit au dehors.

Grendelor, elle, avait suivi l'échange en essayant de maîtriser une fureur grandissante, luttant pour garder la tête froide. Seul le calme des autres protagonistes évita à la taverne de se transformer en bûcher géant où la jeune femme se serait fait un plaisir de griller toute la clique des Inquisiteurs. Seulement, elle savait qu'il lui fallait voir plus loin que la simple fonction de chacun ou son appartenance à un quelconque clan, et ce, pour le bien de Sargas. Il se devait d'avoir une éducation des plus complètes, aussi bien sur le clan des dragonniers que sur les fondements de l'Unique. Son père et sa mère, finalement, se chargeraient de la partie "humaine", voire humaniste, qui était leur vision. Soufflant doucement, ses yeux turquoise chargés d'orage redevinrent limpides et c'est d'une voix posée qu'elle s'exprima.

Pour l'âge de Sargas, je vous laisserais en juger quand vous le rencontrerez, si vous choisissez de partager vos connaissances avec lui. Bien malgré moi, et bien malgré lui, il semble nécessiter une éducation toute particulière. Vous le trouverez avide d'apprendre, mais difficile à manipuler et à contenter. Un léger sourire apparut sur son visage. En sa présence, je vous conseille d'éviter les armures, à moins qu'elles ne soient traiter spécialement contre les éléments.

La guérisseuse se tourna vers Cassiopée.

Bien qu'en vérité je ne fasse pas du tout confiance à ces deux hommes, ils me paraissent tout à fait remplir les conditions. S'ils sont prêts à encourir les risques, je veux bien les accepter. Je ne doute pas un instant qu'ils essaieront d'employer Sargas à leurs propres fins, mais je les laisserais faire. Ma seule riposte résidera dans mon propre enseignement, accompagnée de Nichi.

Elle n'avait aps touché au verre qui était devant elle et croisa les bras fermement en attendant les réactions de chacun.

- Quant à l'armure, ma Dame, je crains de devoir vous décevoir : elle me servira à faire cours à votre fils dans des conditions pour moi plus... sécurisées. Je comprends que vous n'ayiez absolument aucune confiance en moi, et c'est tout à fait réciproque. et à entendre parler de ce que vous avez engendré, je n'ai aucune confiance en lui non plus.

Les yeux de De Vaanne devinrent rêveurs, et il se mit à tapoter du doigt sur la table. Sa main étant toujours gantée, le choc renvoyé un son métallique assez désagréable.

- Et pourtant j'accepte. Oui, j'accepte. Pourquoi, je ne sais. Peut-être est-ce à cause de Cyn... le bougre n'a guère changé. Peut-être est-ce parce qu'un ennemi bien éduqué n'est plus un ennemi ? Ou peut-être est-ce par goût du risque ?

Ses doigts cessèrent de pianoter et ses yeux se fixèrent de nouveau sur Grendelor.

- Je lui apprendrai tout ce qu'il y a à savoir sur la guerre et sur l'Unique. Et, si je fais bien mon travail, peut-être n'aurai-je jamais à l'obliger à se servir de la première... Ma fin... justifie mes moyens.

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