Qui a volé Edéa ? [Enquête]

Calaïs sourit a la remarque de dame Cassiopée et lui dit :

Je vais me placer sur votre balcon, je devrais y être bien pour veiller tranquillement, Vaine va te reposer tu en as plus besoin que moi $Clin d\'Oeil$ . Mesdames si vous avez besoin de quoi que ce soit vous savez ou me trouver $Clin d\'Oeil$

Sur ce Calaïs sortit et se plaça en équilibre sur la petite rambarde du balcon, les ailes repliées le long de son grand corps. Bien que cela faisait plusieurs nuits qu'il ne dormait pas le boréade semblait ne pas s'en soucier, il pouvait encore veiller une dizaine de jours avant de ressentir une quelconque envie de dormir. Dans sa tête il rechercha la présence d'un rapace et sentit celle d'une chouette un peu plus bas, il lui demanda de le rejoindre, Calaïs aimait a discuter avec ces animaux, les favoris d'Athena une déesse ayant accepté de les aider dans leurs combats contre les fenrirs... De plus les chouettes possédaient une sagesse rare et fort appréciable pour un souverain tel que Calaïs...

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Tobine avait posé ses affaires sur la table de nuit. Elle remercia d’un mot leurs deux gardiens et s’allongea sans plus attendre. Elle appréciait que la fenêtre reste ouverte sur la douceur de la nuit.

Sereine et confiante, Tobine s’endormit dès que sa tête toucha l’oreiller.

L’aube était encore loin, seuls les rayons de la lune teintaient le ciel d’une délicate lueur lorsque la porte de la chambre s’ouvrit sans bruit. Une indélicate personne semblait décider à s’introduire dans la pièce.

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Hickary avait survécu à son périple sur mer. Il n'avait pas vraiment apprécié. Il s'en était remis sans même jurer qu'il n'y retournerait jamais. Ni même jurer qu'il y retournerait.

Il avait temporairement élu asile à la taverne de Galvorn. Un bon repas. Et deux ou trois chopines de bière lui replacèrent assez vite l'estomac. 2 ou 3? C'est bien connu, les nains savent très bien compter. Sauf pour la bière.

Cela faisait quelques jours qu'il avait pris asile à la taverne. Il avait décidé d'y rester encore quelques temps. Histoire d'étudier un peu les mœurs et coutumes locales. Il aurait bientôt à prendre le chemin de la découverte. Et à s'y trouver un coin pour s'installer.

Il savait que ce lieu n'était pas très représentatif.
Il y avait trop de courtisanes parmi les grandes gens. Elles étaient trop jeunes de toute façon. Et lui, surtout trop petit pour eux. Mais cela le faisait sourire.

Il avait cependant remarqué quelques grandes gens plus cultivés récemment. Une élégante dame des grandes gens en excentrique compagnie. Elle avait pris chambre avec son amie des belles gens. Et venait régulièrement les rencontrer, un pirate étonnant d'une des familles des grandes gens, un homme chat et un ange.
Ces deux derniers avaient attiré sa curiosité. Il en avait déjà entendu parler. Mais il croyait qu'ils n'étaient que des êtres mythiques. Tout aussi mythiques que les dragons qui veillent sur l'or des nains.

Hickary venait de s'assurer que son mulet était toujours bien traité à l'entrée de la taverne. Un enfant des grandes gens lui extorquait régulièrement quelques pièces d'or pour veiller sur lui. Mais il le faisait bien.

Les nains savent boire. C'est bien connu. Ce qui est méconnu c'est qu'ils savent s'arrêter à temps. Les nains des mines, comme Hickary, sont tellement habitués à la noirceur, qu'ils ne vivent plus sur les horaires des nuits et des jours. Hickary ne sentait donc pas le besoin de dormir. Mais juste de se reposer afin de regrouper son vouloir et de se lancer a sa nouvelle aventure.

Il se pencha donc, menton sur son buste, les yeux mi-clos au dessus de sa chopine de bière à moitié pleine. Sa respiration forte et nonchalante simulait un ronflement profond qui le mit dans l'oubli des pauvres gens qui restaient encore à la taverne.

Citation :: Une ombre passa très vite devant les lampes et les éteignit juste grâce au courant d'air ayant résulté du passage de l'ombre. Dans la nuit un bruit sec se fit entendre suivit de près par un autre bruit, sourd celui ci. Une lumière se mit alors a danser dans la paume du guerrier ailé qui venait de rentrer dans la chambre et fila vers chaque lampe précédemment éteinte.

Dans son silence, Hickary avait remarqué l'action inattendue et rapide qui avait eu lieu a l'étage. Selon ses souvenirs, cela avait dû avoir lieu dans la chambre de la jeune elfe. Il y eut soudainement un éclat de rire collectif. Dans la chambre d'une jeune elfe seule? Hickary, savait mieux que n’importe qui juger ce qu'il ne savait point. Il y eut ensuite une paix sommaire et silencieuse. Puis une action rapide et brusque. Puis le silence de la nuit nonchalante était revenu. Le marchand de sable devait être passé.

Citation :: Sereine et confiante, Tobine s’endormit dès que sa tête toucha l’oreiller.

Hickary entendit son mulet réagir à la porte de la taverne. Annonçant ainsi une présence inattendue et suspecte. Une ombre inspecta silencieusement la taverne, du seuil de la porte. Puis, après une pause, traversa tout aussi légèrement la pièce. Une grande ombre bleue, masquée. Le masque raviva l'attention d'Hickary à son environnement. Après avoir pris soin d'inspecter minutieusement la pièce de son regard, l'ombre s'élança tout aussi silencieusement dans l'escalier menant à l'étage.

Cette ombre était bien tangible. On pouvait suivre ses déplacements à cause des lumières tamisées de l'étage. Elle se dirigeait vers la chambre des jeunes dames.

L'avidité des nains pour l'or n’a d'égal que la curiosité. Hickary roula donc de sa chaise sur le sol sans rien déplacer ni faire de bruit. Avec la ferme intention de suivre l'ombre suspecte. Ombre qui disparaissait discrètement dans la chambre de la jeune elfe.

Citation :: L’aube était encore loin, seuls les rayons de la lune teintaient le ciel d’une délicate lueur lorsque la porte de la chambre s’ouvrit sans bruit. Une indélicate personne semblait décider à s’introduire dans la pièce.

Retenant sa respiration jusqu'à ce qu'elle soit inaudible. (Selon les critères des nains). Il se faufila jusqu'à l'escalier qu'il entama silencieusement.

Mais la marche de l'escalier ne sembla pas apprécier les 225 Kg (Kg nain; environ 105 Kg humain) qui venait de se déposer délicatement sur elle. Et se plaignit.

Crac.

Calaïs discutait tranquillement avec la chouette rencontrée un peu plus tôt dans la nuit quand il entendit un craquement sec, il se retourna prestement tout en sortant son sabre lorsqu'il se retrouva face à face avec un homme vêtu de bleu et portant un masque, l'homme venait de s'emparer du morceau de tissu qui leur servait de preuve. Calaïs ne réfléchit pas et fondit sur son adversaire, il fit un mouvement meurtrier avec son sabre mais celui ci au dernier instant rencontra une dague placée dans une défense presque parfaite. La Lame du boréade glissa rapidement le long de la courte lame, et Calaïs entrainé par son élan passa a coté du mystérieux personnage, celui ci se retourna rapidement et visa entre les omoplates de l'être ailé, ce dernier d'un mouvement souple de son ailé guindée par les lames qui y était fixées envoya voler l'arme par la fenêtre. Avant même que le boréade n'ait pu se retourner le mystérieux voleur venait de sauter a la suite de sa dague, quand Calaïs se pencha par dessus la barrière du balcon ce fût pour voir le voleur lui adresser un signe avant de partir dans les ruelles étroites où le boréade ne pourrait le suivre...

Le guerrier mystique se retourna et vit alors la chambre comme il se devait, en fonçant sur le voleur le boréade avait renversé une table sur laquelle était posé un bouquet de fleur dans un vase, les deux jeunes femmes avaient allumées les lampes, Vaine quant-à lui arriva alors avec son épée a la main, le temps qu'il retrouve sa lame dans le noir le combat avait déjà prit fin... Calaïs aperçut alors un petit personnage, dont la tête passait par la porte, à la vue de la longue barbe du curieux personnage Calaïs ne put s'empêcher au peuple des nains, et lorsque quelques secondes plus tard celui ci se découvrit entièrement dans l'ouverture de la porte le guerrier mystique n'en fut pas surpris...

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CRAC

La marche qui se lamenta déconcentra Hickary et le rappela à sa dure réalité. Comme si un sort lui avait été jeté dès sa plus jeune enfance.

«Je n'arrêterai jamais de me mettre les pieds dans les plats».

Citation :: La Lame du boréade glissa rapidement le long de la courte lame,

Le cisaillement des lames qui se caressent violemment rappela Hickary à l'ordre. Celui-ci s'élança dans l'escalier en tentant de monter les énormes marches deux à la fois. En tournant le haut de l'escalier, pour se précipiter vers la chambre à la porte ouverte; il glissa rapidement sa main à sa ceinture pour y saisir sa hache. Celle-ci se trouvait toujours bien rangée avec ses bagages.

Désarmé, il ne risqua qu'un regard dans la pièce par le cadre de la porte. Ne voyant plus aucune altercation, mais seulement un représentant des gens ailés l'observer, il se laissa emporté par sa curiosité et se présenta dans le cadre de la porte. La main, toujours à son ceinturon vide.

C'était une drôle de scène. Les lumières allumées, deux dames couchées mais réveillées et deux hommes armés debout qui attendaient patiemment. Malgré la paix sommaire de la scène, Hickary ne voulut pas risquer une intrusion. Pendant que sa main glissait de son ceinturon vers la pierre qu'il portait en boutonnière, ses yeux se baladèrent rapidement du pirate à la grande dame couchée, et de la jeune elfe à la surprenante créature.

Je vois que vous, grandes gens, protégez vos dames avec la même vigueur que nous dans nos mines.

Il venait de gagner quelques secondes de répit. Mais ses yeux glissèrent lentement vers la jeune elfe. Et ne sachant si c'était la pierre qu'il tenait qui vibrait ou son coeur qui battait de souvenir en l'honneur d'une autre elfe, d'une autre terre. Des paroles, mi rêveuses, mi pensives, sortirent de sa bouche : «Mais parfois, certaines dames, semblent très bien avoir la capacité de se défendre adéquatement elles mêmes.»

Dans le fond, ce n'était pas sa place d'être ici. Ce qui s'y passait ne le concernait pas. Et il n'y avait pas été convié. Décidant de prendre congé il ne manqua pas la chance de se présenter.

Je m'appelle Hickary. Hickary Key; votre briseur de party maladroit. Je crois qu'il est temps, que je vous laisse dans votre complicité mutuelle.

Un sourire de paix naquit sur son visage avant qu'il n'entreprenne de s'esquiver vers la salle commune de la taverne.

Cassiopée était plongée dans un sommeil sans rêve. Son épopée de la journée l’avait épuisée et elle dormait du sommeil du juste. Cependant son repos fut de courte durée.

Elle fut soudain violemment réveillée par le bruit sonore des deux lames qui s’entrechoquaient. En chœur avec Tobine qui dormait à ses côtés, elles s’étaient assises et écoutaient les moindres mouvements de la pièce. Tout alla très vite au milieu des bruits de courses et de chocs. Elle alluma la lumière et perçut d’un regard l’ensemble de la pièce.
Calaïs et Vaine se tenait immobiles au centre de la pièce l’arme au poing et l’air désolé. Autour d’eux, le désordre régnait. Il observait le pas de la porte grande ouverte, aussi Cassiopée suivit-elle leur regard et rencontra un très petit mais gros nain dont le visage exprimait de l’inquiétude. Il dit :

Je vois que vous, grandes gens, protégez vos dames avec la même vigueur que nous dans nos mines.

Le nain observait très attentivement Tobine et portant la main à son cou, murmura :

«Mais parfois, certaines dames, semblent très bien avoir la capacité de se défendre adéquatement elles mêmes.»

Cassiopée regarda Tobine, puis le nain quand il ajouta :

Je m'appelle Hickary. Hickary Key; votre briseur de party maladroit. Je crois qu'il est temps, que je vous laisse dans votre complicité mutuelle.

C’est alors, qu’avec un sourire aux lèvres, il se prépara à partir.
Cassiopée se précipita hors du lit, échevelée, toujours vêtue de sa tenue boueuse de la veille et le retint par la manche :

Hé, brave homme ! Ne partez pas comme ça, vous nous devez bien quelques explications !

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Citation :: Cassiopée se précipita hors du lit, échevelée, toujours vêtue de sa tenue boueuse de la veille et le retint par la manche :

Hé, brave homme ! Ne partez pas comme ça, vous nous devez bien quelques explications !

Hicary avait trop souvent eu à répondre à cette question. Mais, cette fois, non seulement le ton, mais les paroles étaient rassurantes. «Brave Homme» pensa t'il. Cela le fit même sourire. Jamais on ne l'avait apostrophé comme un homme.

Il savait, par une expérience acquise trop régulièrement, que de partager la simple vérité était de mise. De toute façon, il n'était en rien coupable. Sauf d'être lui-même. Sauf d'être curieux.

Il y a peu d'explications à donner, grande dame, car il a peu à raconter. Tout s'est passé dans votre chambre et je n'y étais point.

Tout ce que je peux vous raconter, c'est ce qui m'a amené à venir ici. Une qualité chez nous les nains. Qui est trop souvent considérée un défaut par vous grandes gens. La curiosité et la disponibilité à aider ses semblables.

Cette dernière phrase semblait prendre un sens différent qu'Hicary l'entendait au fond de lui-même.

Bref, il y eut deux choses à l'étage du sol.

La première était anodine. Je n'y ai pas portée attention. Mais je crois me souvenir que votre amie est rentrée seule ce soir. Et elle est montée immédiatement dans sa chambre. Bronchant les soucis, Je ne vous ai jamais remarqué arriver.

La deuxième chose me parut curieuse. Du moins, pour moi qui ne suis pas encore habitué à ce monde.

J'étais en train de boi....
hum! de me désal....
heu!
Et le sourire lui revint sur le visage.
Bref, de méditer au dessus d'une chopine de bière locale.

J'étais donc silencieux et discret. Lorsque j'ai senti une présence nouvelle sur le seuil de la porte.

Cette présence hésitait avant de rentrer. Il est normal, pour vous les grandes gens, d'hésiter avant de rentrer dans un endroit sombre. Votre vision doit s'ajuster à la pénombre. Mais la sienne semblait prendre trop de temps à s'ajuster. J'avais plus l'impression qu'il scrutait.

Soudainement, il est entré. Mais silencieusement. Et étrangement, prudemment. Il a traversé la pièce jusqu'à l'escalier. Puis s'est arrêté pour re-scruter discrètement la pièce une deuxième fois. Il cachait son visage. Il semblait tendu. Mais j'ai remarqué qu'il portait un masque. C'est ce qui a réveillé ma curiosité.

Trop de questions ont passé dans ma tête. Mais lorsqu'il a monté dans l'escalier. Il ressemblait plus à un voleur qui voulait se camoufler dans la nuit. Je n'ai pu résister. Je l'ai suivi.

Mais je ne crois pas que ce soit un voleur professionnel. Il ne cadrait pas. Il portait une grande aube bleue qui ressemble beaucoup plus à un habit de confrérie qu’à un vêtement courant. Vêtement un peu abîmé d'ailleurs sur une de ses manches. Il portait des bottes trop grandes. Qui ne devaient pas être les siennes. Il semblait ne pas vouloir être reconnu. Ce qui est étrange pour un lieu comme celui-ci où tout le monde peut laisser court à ses vices sans être jugé.

Ce n'était pas un mercenaire non plus. Il était trop frêle. Les mains étaient délicates mais agiles. Probablement un lettré. Il portait un bijou au doigt. Mais la pierre était sans vie. Ce n'était donc pas un bijou de guerrier. Bref, tout pour attiser la curiosité d'un nain quoi!

Alors voilà. Vous pouvez me condamner à être moi. Mais ne perdez pas votre temps avec moi. Passez votre chemin. Poursuivez votre quête. Je crois que nos chemins n'ont fait que se croiser.

Je vous souhaite une bonne fin de nuit. Brave gens.

Et avec un sourire serin. Hicary tenta de se retourner une deuxième fois. Il avait trop parlé. Il avait soif.

Avant que le nain n'ai put sortir le boréade l'appostropha

Voyons, voyons maitre nain, vous n'allez pas nous quitter si précipitement ? Nous avons dans cette chambre quelques choppes de bière qui ne demandent qu'à être partagées, de plus je pense que vos qualités sont justement cette curiosité qui vous a poussé a vous méfier de cet homme... Malheureusement il est parti avec notre seule preuve tangible et je pense que vos qualités pour ~~fouiner~~ euh enquêter pourraient nous être utile... Je sais que pour vous les "Grandes Gens" sont des personnes a part mais bon que voulez vous, cette compagnie est déjà une compagnie a part en commençant par moi... N'est ce pas ?

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Réveillée en sursaut, Tobine se redressa et observa attentivement la pièce.

Le glissement des lames, l’une contre l’autre l’inquiéta. Pourvu que personne ne soit blessé. Encore quelques mouvements brusques et le calme revint. Sous l’impulsion de Cassiopée , la lumière jaillit éclairant la scène figée.

Calaïs tenait encore son arme à la main mais ne paraissait pas blessé. Vaine avait baissé la sienne mais restait tous les sens en alerte.

Le responsable de l’attaque avait déjà disparut de la pièce.

Elle suivit le regard de son amie et aperçut un nain des mines qui contemplait la chambre et ses habitants. Tobine plongea son regard dans celui du nain. Elle avait une étrange impression et décida qu’il lui fallait le connaître mieux.

La discussion s’engagea entre Cassiopée et le nain. Tobine comprit rapidement que celui-ci allait certainement les suivre autant par curiosité que par vaillance. Calaïs était du même avis et l’exprima clairement.

« Maitre nain, votre présence parmi nous est souhaitable pour la suite de notre enquête.
J’espère que vous aurez l’obligeance de nous accompagner. Votre sens de l’observation nous serait utile. La vision d’œil nouveau est toujours utile dans ce style d’affaire. »

Tobine désirait réellement qu’il se joigne à eux et attendit sa réponse.

Cassiopée écouta consciencieusement le nain. Il était fort volubile et sa voix résonnait dans l’immeuble ; aussi Cassiopée le poussa-t-elle discrètement dans la pièce en fermant la porte derrière lui sans que cela ne perturbe sa longue explication.
Elle avait pris sa décision concernant le nain mais attendait de savoir ce qu’en penserait son amie Tobine dont l’esprit vif et sage l’avait toujours guidée.
Quand elle entendit Tobine demander au nain de se joindre à eux pour résoudre leur énigme, elle ne put que surenchérir :

Venez vous asseoir brave homme ! Je vois bien que vous êtes complètement desséché après un tel discours !

Se faisant elle sortit plusieurs chopes et une grosse gourde remplie de bonne bière celtique que le tavernier leur avait généreusement offert la veille.

Le nain se retrouva assis dans le meilleur fauteuil de la chambre une chopine dans la main sans qu’il n’ait trouvé un mot à redire.

Maintenant que vous semblez au fait des derniers évènements, je peux vous apporter quelques explications supplémentaires… Nous ne sommes pas des hors la loi. Il se trouve, simplement, que, voici trois jours, nous avons découvert le vol d’un tableau de grande importance dans le consortium des Arts sur Atalante. Nous souhaitons retrouver le tableau rapidement. Nous avions deux indices : l’un, un sigle laissé sur le lieu du vol nous a mené auprès d’une bande de pirates dirigée par un dénommé Grévian. Ce Grévian ne connaît malheureusement pas le commanditaire du vol. Il a seulement su nous indiquer qu’il était haut placé sur Ter Aelis et qu’il était vêtu de bleu… L’autre indice, un morceau d’étoffe bleue d’une grande qualité elfique, vient de nous être volé ce soir sous vos yeux.

Je crois qu’il serait temps pour nous de diriger nos pas ailleurs que dans cette taverne et d’aller voir du côté des mentors. En effet, les mentors sont toujours vêtus de bleu n’est-ce pas. Ils sont d’ailleurs les seuls à s’attribuer cette couleur d’une manière aussi systématique !

Si j’en reviens à mon premier raisonnement, il ne serait pas étonnant qu’un gardien ou un mentor de l’académie de littérature ait pu faire le coup. Ils ont une telle hargne contre les graphistes ! Qu’en penses-tu Tobine ? Et vous ? Vaine et Calaïs ?

Puis se penchant vers le nain en lui remplissant à nouveau sa chope…

Votre aide pourrait nous être bien utile, vous semblez être très attentif et votre méconnaissance des habitants de la ville littéraire pourrait être un atout pour nous.

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Le nain semblait dubitatif sur l’efficacité de sa participation à l’enquête.

Tobine regarda Cassiopée.

« Vaine et Calaïs sont épuisés et ont chacun des occupations personnelles. Peut-être pourrions- nous continuer seules un moment.

Rien ne les empêche de nous rejoindre au gré de leurs envies et de leur temps libre.

Je crois que nous devrions aller directement à l’Académie de littérature. Peut-être trouverons-nous d’autres indices sur l’auteur de ce vol ? »

Sans attendre la réponse de son amie, elle se leva commença à préparer ses affaires.

Ils avaient longtemps veillé, devisant devant leurs chopes de bière ; si bien qu’ils avaient tous fini par s’endormir. Solitaire, Vayne était parti le premier surveiller les derniers remous de Gurvian. Quand à Calaïs, comme à son habitude, il était allé se percher, veilleur sublime sous la lune rousse. Cassiopée savait qu’il serait toujours là à son appel et elle s’en félicitait. Il était bon parfois de fréquenter les anges… Surtout celui-là…
Quand au nain, il ronflait si fort et avec tant d’efficacité qu’il leur avait été impossible de le réveiller. Il tenait bien la bière mais la cuvait bien également !
Elle lui laissa un message, espérant qu’il saurait le lire afin qu’il les rejoignît à la boutique de gourmandises de Tobine le lendemain.

Elle était un peu inquiète d’aller enquêter dans l’académie de littérature car les gardiens étaient d’une rigueur dont la réputation avait franchi les océans et ils ne verraient sans doute pas d’un bon œil leur venue. Une enquête concernant un vulgaire tableau de graphiste ne devait pas beaucoup les concerner. De plus, elle se rappelait les termes qu’ils avaient employés pour parler des graphistes : Undead Flakes avait traité les graphistes de bandes de dégénérés et Tron de caste de triples andouilles qui se croient supérieurement beaux…

Leurs bagages furent vite prêts. Elles avaient décidé cette fois de demander discrètement aux âmes damnées de commander au pilote caché dans les entrailles de Wilwarin de mener la cité au dessus de Galvorn. Le message avait été envoyé dès la décision prise et maintenant elles attendaient…

Adossée à la vitrine de la boutique de gourmandises, Nahïs remuait toujours de sombres pensées, quant à la disparition de son mentor. Elle était restée là toute la nuit, somnolant parfois, la tête dans ses genoux. L'aube se levait à peine, et l'enseigne au néon, toujours allumée, diffusait un faible halo sur la lutine. Aucune âme qui vive dans les ruelles encore endormies de la cité des airs. Nahïs renifla. Non, TrOn n'était pas venu. Elle avait une fois de plus trop rêvé. A vivre dans ses contes de fée, elle en avait perdu de vue la réalité. Et celle-ci lui assenait une vraie gifle. Non, TrOn ne viendrait pas. Et Nahïs renifla, pour changer.

Alors que la jeune fille sombrait dans la morosité, un bruit de conversation lui parvint. Des voix discutaient ardemment. Tiens, bizarre... Se redressant, Nahïs tendit l'oreille. Deux voix. Féminines. Qui s'efforçaient de faire le moins de bruit possible. Ca alors! La lutine n'en revenait pas. Qu'est-ce qui se tramait donc dans les entrailles de la cité? Son mentor disparu, et maintenant ces voix... Complètement réveillée maintenant, Nahïs bondit sur ses pieds, intriguée. Il était rare qu'à cette heure ci des voyageurs errent. Surtout près de l'Académie, où les gardiens gardaient l'entrée, tels des cerbères. Des bruits de pas pressés résonnaient sur le dallage. Ils semblaient se rapprocher de l'endroit où se tenait la jeune fille. Et soudain, les silhouettes surgirent au coin de la rue. Se stoppèrent net.

Cassi... Cassi!

Nahïs avait bondi. Cela faisait si longtemps. Si longtemps qu'elle ne l'avait pas revue. Cassiopée était une dame très demandée, très occupée aussi... et très mystérieuse, à ce qu'elle voyait. Une autre personne l'accompagnait, aux yeux flamboyants.

Mais... je vous ai fait peur?

Wilwarin était apparu au dessus de Galvorn en fin de nuit et ce fut un phénomène insolite que de voir l’ombre immense se découper dans le ciel, étrange oiseau immobile et massif.
Tobine et Cassiopée avaient gagné la cité volante par leurs propres moyens et se proposaient de déguster quelques friandises à la boutique de gourmandises pour se donner des forces avant de se diriger vers l’académie de littérature. Affronter les cerbères de l’entrée méritait bien un suprême de chocolat aux amandes ou même ce si léger gâteau aux noix parfumé au miel des montagnes…
Elles étaient toutes deux bien confortablement installées dans leur pensée gourmande quand un cri surpris les assaillit :
- Cassi... Cassi!
Mais... je vous ai fait peur?
Cassiopée, encore somnolente de leur nuit interrompue, reconnut Nahis, cette si gentille lutine. Cette dernière ne semblait pas dans son assiette. Elle avait triste mine et paraissait très fatiguée.
- Nahis ! Je suis si ravie de te voir ! Mais que t’arrive-t-il ? Tu es bien morose dis-moi ? Veux-tu nous accompagner et prendre un petit plaisir avec nous dans la boutique ?
Puis voyant que son amie Tobine ouvrait déjà le magasin, elle ajouta :
- Tu verras ! C’est assez merveilleux de bien choisir ses amis !

Cassiopée et son goût de la vie... La revoir jettait mille rayons de soleil dans le ciel de Nahïs. Trop de soucis dans le coeur, et la lutine en avait presque oublié sa joie de vivre quotidienne. Cassiopée le lui fit d'ailleurs remarquer:

- Nahis ! Je suis si ravie de te voir ! Mais que t’arrive-t-il ? Tu es bien morose dis-moi ? Veux-tu nous accompagner et prendre un petit plaisir avec nous dans la boutique ?

Manger... Pourquoi pas. Et puis l'inconnue qui accompagnait Cassi semblait l'inviter à entrer dans la boutique... Soit. Nahïs se décida. Il était temps de se secouer un peu, chasser la torpeur qui menaçait de l'envahir. Elle avait beau être friande de ses plaisirs, Nahïs n'était pourtant jamais entrée dans la boutique. Et aujourd'hui, Tobine lui ouvrait les portes de son paradis. Qu'attendait-elle?

Hé bien... d'accord. Je viens avec vous, accepta Nahïs, avec un sourire.

Puisque l'heure s'y prêtait, la lutine déballa tout. Ses chagrins, ses envies, ses craintes. Et pfiou! C'était parti. Regardant les deux jeunes femmes, elle commença:

- Vous savez... ça fait longtemps que les couloirs de l'Académie ne résonnent plus de rires. L'institution tourne au ralenti, et seul le bruissement des toges des mentors indiquent qu'elle n'est pas morte. Les élèves se taisent, écoutent, et parcourent les couloirs sur la pointe des pieds. Oh oui, l'Académie a bien changé depuis que vous n'êtes plus là, ma dame... Et puis mon mentor a disparu. Pfiuuit!! Comme ça, un jour. Et moi alors, je ne comptais pas pour lui, c'est ça? Voilà je lui en garde rancoeur, d'être parti alors que j'avais tant besoin de lui... mon n'ours en peluche je l'appelais. Même qu'il aimait pas, parce que ça faisait pas sérieux.

*Trompettement de mouchoirs*

Et aujourd'hui, vous arrivez, en pleine nuit ou presque, comme deux voleuses... Moi, je n'y comprends plus rien. Je me croirais presque revenue aux temps troubles de l'Ere passée, lorsque que les cités de Ter Aelis croisaient le fer. Oui, j'exagère.

N'empêche. C'est louche tout ça. Enfin... excusez- moi mesdames, je ne voudrais pas être une malpolie, surtout que vous m'accueillez toutes deux à bras ouverts, cela dit, je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions.

Nahïs lacha un petit sourire d'excuse, puis termina:

Alors, j'ai continué à sourire, malgré tout, mais je n'en pouvais plus de me taire, de m'enterrer. Oui, c'est cela. Enterrée vivante.

Se tournant vers Cassiopée:

Vous voir me réjouis bien plus que vous ne le pensez, ma Dame, car ici le climat est lourd... sniffant.

Heu... voilà... je pense que j'ai tout dit!

Nahis avait discouru sans interruption, reniflant, les yeux tristes et peinés. Cassiopée se sentait bien en peine de l’aider. Elle ne connaissait pas le mentor de la lutine, ce dénommé Tr0n dont elle parlait, mais elle avait entendu certains propos qu’il avait proférés et elle était étonnée de voir combien la perte de son maître bouleversait Nahis.

Tobine les avaient menées vers la partie extrême de la grande salle de réception. Une grande baie vitrée ouvrait l’espace sur l’aube et un monde rosé envahissait le lieu. Elles s’installèrent près de la fenêtre, d’abord silencieuses, en contemplation devant le soleil naissant.

Puis, Tobine se leva sans émettre le moindre son. La lutine regardait l’elfe les yeux si démesurément ouverts, qu’elle en gardait la bouche ouverte et muette. Quand Tobine revint avec de croustillants feuilletés au chocolat, les langues soudain se délièrent.

Cassiopée dit :

-Tu m’as l’air bien perdue Nahis. Tu ne peux pas attendre ton mentor dehors sans abri pendant des jours. Que dirais-tu de nous guider dans l’académie toi qui connais si bien son gardien ? Nous devons le rencontrer afin d’éclaircir un bien grave problème.

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Tobine revint avec des feuilletés au chocolat et une grande tasse de lait chaud parfumé au miel pour chacune.

« Je ne connais rien de tel pour remonter le moral.
Tu sais, Nahis, l’indisponibilité d’un mentor est très désagréable mais il ne faut pas désespérer. L'académie a l'avenir devant elle et les élèves ne seront pas toujours aussi calmes.»

Tobine servit Nahis et Cassiopée, s’installa à sa place. Elle commença à déguster d’un air gourmand.

« Tu peux rester ici tant que tu le désires et il y a quelques douceurs pour t’aider à retrouver le sourire.
Mais je suis de l’avis de Cassiopée, te cloîtrer ne servirait à rien. Nous avons besoin d'aide et cela te changerait les idées.
Es-tu d’accord pour nous guider ? »

L'ambiance de la pièce était incroyablement apaisante. Ecoutant les deux amies lui remonter le moral, les yeux de Nahïs se perdaient dans l'immensité de l'horizon. Le soleil se levait délicatement, parsemant le ciel de ses couleurs pastel. Cotonneux, les nuages se nimbaient d'une douce lumière rosée. Ce spectacle rassénéra Nahïs autant que les paroles de Cassiopée et de Tobine.
Oui, TrOn ne devait pas être bien loin. Après tout, un demi-troll est assez grand pour se défendre seul quoiqu'il arrive, se dit-elle, rassurée. Et puis le chocolat fondait si savoureusement dans sa bouche que plus rien ne comptait. Nahïs s'en délectait, humant avec adoration les effluves de son péché mignon. Quelle finesse... Tobine avait des doigts de fée, un savoir faire elfique impressionnant. Nahïs se sentait bien, en paix avec elle-même. Elle répondit enfin à la question des jeunes femmes.

-Vous guider... pourquoi pas, sourit la lutine. C'est vrai que je connais bien l'Académie, certains de ses secrets aussi. Les gardiens là-bas sont mystérieux, ils dispensent leur savoir, puis retournent étudier dans les profondeurs de l'Institution. En effet, son sous-sol ressemble à un gruyère, où toutes sortes d'expériences sont menées par les dirigeants de l'école. La principale activité des élèves, en excluant le travail, est d'y organiser des expéditions... enfin bien peu s'y risquent. Mais les plus anciens élèves racontent de ces légendes...

Secouant la tête, Nahïs reprit:

- Bref, l'Académie est vaste, bien plus vaste que l'on ne peut le penser. Avant de découvrir les sous-sols de l'école, il nous faudra longer les longs couloirs qui distribuent sur leur chemin des salles toutes aussi différentes les unes des autres. Un immense escalier en colimaçon se dresse au centre de cet établissement, menant à un dôme le surplombant. C'est là que se déroulent les cours sur l'histoire de Wilwarin, car l'on peut admirer les étoiles en découvrant la coupole... technologie que les gardiens ont mis au point à l'aide des ingénieurs de la cité. Wilwarin est bien plus qu'une simple ville pour moi, elle est le temple des savoirs passés et à venir...

L'elfe Tobine et Cassiopée avaient une fois de plus écouté la lutine. S'empourprant, celle-ci s'excusa:

-Je suis assez intarrissable sur le sujet... si vous voulez nous pouvons nous mettre en route directement je pourrais vous conter d'autres histoires sur l'Académie, si vous le voulez.

C'est ainsi qu'au petit matin, un elfe, une naïade, et une lutine se mirent en route vers l'imposante institution.

En chemin, Cassiopée conta à la lutine les détails de leur affaire. Elles étaient dans une impasse et venait rechercher du côté de l’académie des indices pouvant leur révéler un peu plus d’informations sur leur voleur. Le temps passait, Les âmes damnées n’avaient pas encore donné signe de vie heureusement. Elle imaginait leur colère noire s’ils découvraient le peu de fruits tirés de leurs pérégrinations…

-Crois-tu que les sous-sols de Wilwarin pourraient servir de cachette au tableau volé. Oh ! Le rêve serait de retrouver le tableau volé caché précipitamment par notre cambrioleur ! Tu l’imagines arrivant de nuit et le mettant dans un petit trou au fond d’un recoin …
Non… Sérieusement ! Penses-tu qu’il soit raisonnable d’aller investiguer là-bas ? Ou alors les souterrains sont-ils trop vastes ?

Les trois consœurs avançaient vite, menées tambour battant par Nahis qui avait retrouvé toute sa vigueur enfantine et qui sautillait imperturbablement d’un pied sur l’autre tout le long de leur parcours. Cassiopée comme Tobine ressentait encore la fatigue de leur nuit blanche passée à attendre leur envol pour l’académie. Mais elle était satisfaite de savoir que l’entrée de celle-ci leur serait permise par l’entremise de la lutine maline.

Nombre de messages : 5651 Date d'inscription : 22/11/2007

(Tobine ... Cassiopée .. et Nahïs, maintenant.)

Elles arrivaient discrètement, après avoir suivies de longs et déserts couloirs, au pied d'un cyclopéen escalier de marbre blanc, qui s'enroulait sur lui-même vers les hauteurs du dôme principal de l'Académie.
La lumière ne venant que d'en haut, les premières marches de l'escalier étaient sombres, la salle baignant dans une semi-obscurité, seulement ponctuée tous les dix mètres par de faiblardes balises de lumière bleue.

L'escalier prenait ainsi une certaine dimension onirique, tout de blanc vêtu, légèrement iridescent, au milieu de cette nappe sombre et floue.
(Il est temps d'intervenir, je pense.)
Alors que les trois silhouettes s'approchaient des premières marches, une silhouette droite se découpa de la pénombre derrière elles.
Il n'avait pas été là l'instant d'avant, mais sa présence ne faisait désormais aucun doute.
Ses cheveux blancs sur sa tunique longue, orange et grise.
Bien le bonjour ...
Vous me semblez bien matinales, mesdames ... Où vous rendez-vous donc, ainsi ?
La voix était posée et calme, résonnant quelque peu dans la l'étroitesse du couloir.
Elles avaient sursautées.

Ramrod affichait une mine sérieuse, à la limite du sévère.

Sursaut.
Une Âme damnée.
Une Âme damnée.
Sous les yeux de Nahïs, incrédule, une silhouette se tenait immobile, et pourtant bien réelle, dans le couloir qu'elles venaient de traverser. Mais d'où sortait-elle? La lutine le savait bien, que l'allée était déserte tout à l'heure... Tout à l'heure.

Une Âme damnée.
Leur pouvoir s'étendait sur tout Ter Aelis, et l'on racontait même que le sieur Ramrod était capable de faire trembler la terre de Belthil, rien qu'en assenant un terrible coup de poing sur le socle de son bureau.
Règle n°1: Ne jamais mettre une Âme damnée en colère.

Une Âme damnée.
Leur travail titanesque les enchaînait littéralement, elles n'avaient que très peu de liberté. Et la voix de Dame Dounette résonnait parfois en soirée, telle une mélopée, quand les soucis de la cité l'empêchait de respirer.
Règle n°2: Ne jamais faire déplacer une Âme damnée pour rien.

Une Âme damnée. Devant Nahïs. A l'admiration de celle-ci se mêlait la crainte, crainte de la première fois, crainte d'avoir fait une quelconque bévue. Car si leur bonté était légendaire, leur coup de colère ne l'était pas moins. La lutine retomba enfin sur terre, et sa joie puérile reprit naturellement le dessus:

-Bien le bonjour à vous, chère Âme damnée. Ou plutôt devrait-on vous appeler Ramrod... C'est la première fois que je vous vois... Vous êtes semblable à ce que l' on raconte sur vous dans l'Académie! C'est fou... je... enfin... je veux dire, je suis quand même impressionnée...

Mais Ramrod, si ses lèvres avaient tressailli, gardait son regard perçant, dur.

Nahïs jeta un coup d'oeil à dame Cassiopée, puis à Tobine. La première avait un air embarrassé, quant à la deuxième, elle était livide. Nahïs reprit:

-Nous... nous explorons l'Académie, en fait. Enfin, je veux dire par là, on cherche aussi des indices, quelqu'un susceptible de nous renseigner... je crois...

La lutine, peu convaincante, se tourna alors vers les deux amies, que la rencontre avec l'Âme damnée semblait quelque peu avoir chamboulée.

Cassiopée sursauta brutalement lorsque la voix mâle surgit de nulle part :

-Bien le bonjour ...
Vous me semblez bien matinales, mesdames ... Où vous rendez-vous donc, ainsi ?

Elle ne put se résoudre à se retourner tout de suite. Sa première conclusion fut qu’elle avait dû mal entendre, il ne pouvait s’agir de l’âme damnée… Mais les paroles futiles de Nahis l’obligèrent à faire volte-face pour se retrouver devant Ramrod dans tout l’éclat de son aura majestueuse. Ses cheveux blancs aux reflets argentés l’auréolaient et accentuaient encore le caractère sévère de ses traits.

Cassiopée n’appréciait pas être ainsi prise en faute.

C’est alors que Nahis, bavarde comme une pie ajouta un commentaire que Cassiopée aurait préféré ne pas exprimer :

-Nous... nous explorons l'Académie, en fait. Enfin, je veux dire par là, on cherche aussi des indices, quelqu'un susceptible de nous renseigner... je crois...

Cette lutine était vraiment trop loquace ! Par ces quelques mots elle avait dû réussir à mettre en alerte l’âme damnée…
Cassiopée s’empressa alors de prendre la parole :

- Oh ! Mon cher Ramrod ! Quel honneur pour nous d’être en votre présence ! Nous recherchons en effet nos mentors… Il se trouve que nous avons toutes trois perdu tout contact avec nos professeurs et n’ayant pas de leurs nouvelles nous avons décidé de venir les chercher dans le sein même de l’Académie…

Comme Nahis la regardait, incrédule, elle fronça les sourcils, tachant de lui montrer aussi discrètement que possible qu’il lui fallait se taire ou en tout cas ne pas aborder des sujets qui pouvaient fâcher.

Une ombre ailée passa devant la lune et s'engouffra dans le couloir. Quelques battements d'ailes plus tard le boréade se trouvait entre cassiopée et Ram ses ailes dissimulant entièrement les jeunes femmes. Discretement le bout de son aile leur fit signe de déguerpir sans trop poser de questions. Le boréade s'adressa a l'ame damnée avec un petit sourire enigmatique propre a l'être ailé

Ramrod, enfin je vous trouve, cela fais deux jours que je vous recherchais... Je tenais a vous remercier pour la superbe illustration que vous m'avez fait. L'idée de monpoème a été sublimée par votre art de la peinture, je ne sais comment vous remercier... Pendant que le boréade discutait l'ame damnée essayait de voir le couloir derrière la masse imposante des ailes et de l'armure Savez vous que je compte dans peu de temps faire illustrer d'autres de mes poèmes ? J'espère que vous prendrez part au chalenge entre artistes peintres qui se présenteront afin de voir qui de vous tous est le meilleur... L'ame damnée n'en n'ayant pas grand chose a faire de ce que disait le guerrier poète perdit son calme et l'ecarta avec la main, les jeunes femmes avaient disparu du couloir aussi discrètement qu'elles y étaient entrée... L'ame damnée se retourna vers le boréade qui arborait toujours son sourire mystérieux...

Nombre de messages : 5651 Date d'inscription : 22/11/2007

Ramrod ne s'était guère attendu à l'arrivée aérienne du Boréade,
bien qu'il avait prévu l'éventualité d'un contrevenant à ses plans. Il planta son regard dans celui de Calaïs.

Boréade ... Je suis sufisamment au fait, pour y voir très clair.
... Je ne suis pas Âme damnée pour rien, vous le savez.
Votre intervention, sur laquelle je ne peux allouer d'avantages, saura me rappeller à vous.

Son visage impassible et froid, son ton de voix neutre et monocorde, contrastait d'avec la fureur de ses yeux.

Néanmoins ... Boréade, vos efforts me semblent vains bien que méritoires.
Si vous avez l'envergure pour dissimuler, et l'avantage des airs de votre côté,
j'ai pour moi d'autres avantages dont je ne saurai vous faire une démonstration.
Quoique ...
L'Âme damnée leva les yeux vers le plafond du hall, trempé de pénombre.
Il semblait fixer quelquechose, et l'on s'aperçut très vite qu'il fixait quelqu'un, lorsqu'il prononca :
Partons.
Il regarda une dernière fois Calaïs, puis fit quelques pas en arrière, sans le quitter des yeux.
Et alors que l'ange Guerrier le regardait s'écarter, l'obscurité sembla effacer la silhouette de Ramrod, lentement mais sûrement, jusqu'à ce que l'on ne ressente plus sa présence.

Plus tard, sûrement ...

Comme venue de nulle part, surgie des ombres du couloir, la masse aillée de Calaïs emplissait l’espace, recouvrant les trois femmes et les isolant complètement de la scène vécue dans l’instant précédant. Elles se retrouvaient, ainsi, extraites du plateau, envoyées dans les coulisses. La discussion entre Calaïs et l’âme damnée ne leur venait que par bribes, dans un brouhaha sourd. Le lourd manteau de plumes les cachait de la vue mais atténuait aussi le moindre son prononcé…

Nahis regardait apeurée, mais l’œil en éveil, Tobine qui se tourna vers Cassiopée. Elles restèrent toutes trois silencieuses, écoutant avec attention…

Cassiopée entendait l’agacement de Ramrod dans les paroles glaciales qu’il proférait, aussi décida-t-elle qu’il valait mieux pour elle s’esquiver alors que la situation le leur permettait.

Echangeant un même regard, la femme, l’elfe et la lutine décidèrent de se mettre en mouvement. Mais celui-ci fut si léger que le souffle de l’air lui-même devait être plus bruyant lorsqu’il se déplaçait.
La lutine les guidait d’un pas rapide et aérien. Elles s’engouffraient dans les couloirs sombres.
La lumière ne leur provenait plus que par le maigre éclairage de quelques torches clairsemées le long de leur parcours.

Mais Nahis s’engouffra soudain dans un tunnel noir et leur vision les obligea à ralentir leur course qui devint hésitante et lente. Le tunnel semblait interminable.

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