Qui a volé Edéa ? [Enquête]

Evidemment, voyons.

Ramrod s'était levé du banc, s'époussetant rapidement. Il croisa ses bras dans son dos et s'approcha de Tobine.
La regardant s'approcher de la toile, ses paroles s'adressèrent néanmoins tout d'abord à Cassiopée.

Evidemment que tu trouveras ce que tu attends de trouver, Cassiopée.
Vous êtes venues jusqu'ici pour ça, non ?
Il se posta a côté de Tobine, laissant le temps se suspendre à ses paroles. Il la regardait toujours. Négligemment, il poussa du pied la toile qui glissa de son appui et s'aplatit sur le sol. Elle était toujours enveloppée de son tissu épais.

Eh bien voilà.
Relevez tissus, capes. Découvrez. Vous ne saurez guère plus que ce que vous savez déjà.

Oui, c'est bien votre tableau ici bas. Le tableau d'Edea, qu'elle m'avait offert il y a longtemps.
Je t'en prie Tobine, assures-t'en si tu le désires.

Et ... Oui, c'est bien votre voleur là-bas.
Aspharoth, ex-Gardien de ce pays, ex-Peintre ... ex-Vivant, également.

Il se détourna et avança vers Cassiopée, toujours les bras croisés. Regardant le sol d'un air pensif, la mine dubitative.

As-tu un jour entendue parler du concept de légitime défense ? Toi qui pensais le connaître, ne crois-tu pas aujourd'hui qu'Aspharoth était au final un fieffé menteur, doublé d'un pillard ? Si je te dis, moi, qu'il était également violent et meurtrier, croirais-tu en ma légitime défense, incarnée très heureusement par les crocs et l'instinct plus combattif que le mien de mon petit ami bleu ?

Redressant le torse, levant les bras en signe d'indignation, il s'adressa tour à tour aux deux femmes :

Si je vous dis, moi, que je ne suis ici finalement que votre ... providence ? Pourquoi douteriez-vous de moi, puisqu'en fait, c'est à travers moi que vous arrivez au terme de votre périple ? Pourquoi me prenez-vous pour le voleur, alors que j'ai été pour vous un dignitaire respecté et respectable ? Que j'ai été ... un ami ?

Alors que lui ...
Il tapa du pied le corps inerte, comme pour signifier son dégoût.
Il a trompé tout le monde. Il a fauté. Aujourd'hui, il a payé.

-Aspharoth…

Les mots, à peine formulés, n’étaient qu’un souffle. Cassiopée garda un moment les yeux rivés sur le cadavre à ses pieds. Puis, son regard se planta sur Ramrod. Elle le détaillait de tous ses pores, ses moindres rides ou crispations. Les grands yeux clairs de Cassiopée n’étaient plus que fentes d’où émanait une lumière intérieure qui cherchait la vérité.

-Aspharoth ne travaillait-il pas pour vous, Ramrod ? N’était-il pas l’amoureux transi de la Belle Edea ? Qu’aurait-il fait d’un tableau d’Edea alors qu'il pouvait en avoir des dizaines ?
Comment un simple tableau peut-il valoir la mort d’un homme de la valeur d’Aspharoth ?
Non. Je ne comprends pas.

Le ton de ces derniers mots, étaient durs et Cassiopée s’était tournée vers Tobine. Son visage avait pris une mine désespérée et suppliait son amie d’attendre, de surveiller. En elle, un mystérieux pressentiment s’était installé : Le pire était encore à venir. Mais lequel…

Le temps filait soudainement plus vite.
Ramrod se tendit intérieurement : la situation lui échappait. Il tenta néanmoins de conserver à l'extérieur une placidité apparente ... Evitant rapidement le regard beaucoup trop inquisiteur de Cassiopée, il souffla bruyamment et perdit son soupir dans les poutres poussiéreuses du plafond de la crypte.
Décidèment, il tardait à revenir.

Effectivement, peut-être que tout cela est compliqué. Je te le concède, Cassiopée, assura-t-il d'un index levé.
Non, Aspharoth n'avait pas d'autre lien avec moi qu'une relation lointaine d'amitié et un respect commun. Cependant, je ne pourrai nier qu'il y aie éventuellement eu un acoquinement avec Julius : il est vrai que depuis quelques semaines, le poilu tendait à régulièrement disparaître sans réussir ensuite à m'expliquer intelligiblement où il se trouvait.

Il se mit à faire lentement les cent pas, réfléchissant tête baissée. Profitant de se gratter pensivement le menton pour surveiller du bout d'un cil ... sa montre.

... Après tout, Julius a peut-être été un peu prompt à attaquer, tout à l'heure. Hm hm. Comme s'il voulait le faire taire ...

Ramrod décrivait maintenant, la tête fichée dans le sol, un long va-et-vient qui allait de Tobine à Cassiopée, de Cassiopée à Tobine. Puis, se plantant précisèment devant cette dernière, il releva subitement la tête : son visage se trouva à quelques millimètres de celui de Tobine, le visage contracté en une expression de conviction extrême, les yeux agrandis par la déduction. Il chuchota, comme pour lui réveler un secret ...

Le carnicureuil est un agent double.
Le petit salopard.

Nombre de messages : 170 Age : 60 Date d'inscription : 25/11/2007

Tobine capta le regard tourmenté de Cassiopée mais Ramrod occupait tout l'espace de sa voix et de ses allers retours, les empêchant de réfléchir sainement.

Et pourtant la situation se compliquait de plus en plus.
Ramrod parlait de légitime défense alors qu'Aspharoth ne pouvait physiquement lui faire de mal.
Et pourquoi voler ce tableau ?
Ni l'un, ni l'autre n'avait de réelle raison de le faire.

Le carnicureuil est un agent double.
Le petit salopard.

venait de lui chuchoter Ramrod, le regard fixé dans son regard. Cela mit tobine très mal à l'aise.
La crypte était petite et poussiéreuse, l'air confiné de la pièce sembla se raréfier.

Tobine se détourna du tableau et de l'Âme damnée pour s'approcher rapidement de la porte entrebâillée. Elle avait besoin d'air frais et de lumière.

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