Galvorn, les ruelles ... [zone publique]

Ce petit être se moquait de lui. Il. Se moquait. De Lui ! Si un jappement de surprise lui avait échappé lorsque Hell avait si peu gracieusement écrasé sa queue, c'est un grondement hargneux qui s'éleva dans l'air de la nuit quand le Loup fit face à l'homme. Une colère froide coulait dans les veines du démon.

Plutôt que de repartir à l'assaut comme une bête sans cervelle, le gros loup noir fit quelques pas en arrière et se fondit dans l'ombre. L'envie du sang de Hell éxacerbait ses sens, menaçant de recouvrir d'un voile rouge sa vision. Discrètement, à pas légers et furtifs, le Loup fit le tour du bâtiment à demi écroulé après l'impact. D'un bond puissant, il sauta sur le toit, s'aplatissant aussitôt pour rester invisible. Rampant, il s'approcha du bord, observant Hell toujours en train de chanter comme un homme ivre. Ses mouvements désordonnés cachaient une redoutable précision et une certaine force. Le tout doublé de bons réflexes. Prenant patience, le démon attendit la bonne occasion. L'homme lui tourna plusieurs fois le dos mais il ne bondit pas. Enfin, l'occasion se présenta. Hell se redressait, semblant prendre une longue inspiration, certainement pour brailler des insultes au loup, lui tournant le dos.

D'une détente soudaine, le Loup s'élança, sans un bruit, pour attérir les pattes sur les épaules de Hell, cherchant à planter ses crocs dans sa gorge chaude.

Sous le Loup, Hell se débattait, essayant d'échapper à sa lourde prison de chair. Dans un mouvement de contorsion compliqué, le rat s'élança à la rencontre de la gueule bavante. Relachant légèrement la pression pour que Hell se retourne complétement, le Loup happa sa proie et d'un mouvement négligeant coupa le rat en deux dans un claquement de machoires féroce. Une lueur de triomphe passa dans les prunelles dorées du démon. Il s'apprétait à passer outre les ordres de la chasseuse et à égorger Hell quand il s'immobilisa soudainement.

Lentement, le corps pesant sur Hell changea. Difficilement, dans une âpre lutte d'esprits, Lùthien reprenait possession de sa chair. La fourrure disparut, la masse s'allégea, les membres s'allongèrent. Bientôt, se fut l'elfe qui pesait de tout son poids sur Hell, les mains sur ses épaules, son visage à quelques centimètres de celui de sa "proie". Ne restait de la bête que son regard sauvage, une paire de canines proéminentes et des ongles anormalement longs.

Un rire joyeux s'échappa de la gorge enrouée de Lùthien.

Tu m'excuseras, mais cela faisait longtemps qu'Il n'avait pas combattu, Il s'est un peu laissé emporter... D'un ongle proche de la griffe, l'elfe caressa la joue de Hell. Dommage, je n'aurais pas eu l'occasion de goûter ton sang, il avait l'air chaud et puissant.

Lùthien n'avait pas l'air prête à bouger de sa place si confortable, à califourchon sur Hell, et son regard disait que plus d'un appétit avait été éveillé par ce petit combat.

Son coeur s'était emballé aux paroles de Hell. Elle n'allait pas relever la pique au sujet de ses compétences martiales, mais la gêne évidente de l'homme méritait d'être soulignée.

Oh, j'ai bien d'autres idées... fit l'elfe en souriant.

Et pour appuyer ses dires, elle embrassa goûlument Hell avant de se redresser. Se levant souplement, elle tendit une main pour l'aider à se relever.

... Mais ce n'est pas le moment encore. J'ai...

Un borgboryme inconvenant s'échappa de l'estomac de Lùthien en même temps qu'un voile noir passait devant ses yeux. Chancelante, elle se raccrocha à Hell qui s'était remis sur pieds.

Une telle débauche d'énergie pour si peu de résultats... Il faudrait peut être que je lui laisse plus d'occasions, il se ramollit, murmura la chasseuse pour elle-même.

Lùthien ferma les yeux quelques secondes pour chasser son vertige et adressa un sourire hésitant à Hell.

Il faut que je mange. Soit nous retournons à la taverne, mais je ne suis pas sûre que les réserves soient suffisantes ni que mon salaire soit suffisant lui aussi, soit nous allons dans la forêt, où je devrais être en mesure de me repaître d'un cerf bien gras ou a tout le moins de pêcher quelques poissons bien frais...

A mesure que l'elfe évoquait la possibilité de nourriture son ventre émettait des bruits de plus en plus perturbants alors qu'elle perdait de ses couleurs. Appuyée contre Hell, elle attendait sa décision, luttant pour ne pas trembler, brûlante, comme dévorée de fièvre.

Un sourire rêveur passait sur les lèvres de l'elfe à l'écoute de Hell. Ses hésitations le rendaient charmant. Se soutenant plus ou moins mutuellement, Lùthien luttant contre un vertige persistant, ils regagnèrent la taverne, dont ils s'étaient éloignés de quelques rues au gré de leur lutte. Ils s'arrêtèrent au dernier coin, médusés. La taverne avait été pulvérisée. La chasseuse se rappela vaguement avoir entendu une explosion pendant leur combat, mais elle n'y avait pas prêté attention, entièrement focalisée sur sa proie. Ses pupilles se dilatèrent d'effroi quand une horrible pensée la traversa.

Lâchant Hell, ou plutôt prenant appui sur lui pour s'élancer, l'elfe tituba aussi vite qu'elle le put, tombant à genoux devant sa moto, attachée de l'autre côté de la rue, au milieu de débris divers. Recouverte de poussière et de débris épars, elle ne semblait pas avoir souffert de l'explosion. Avec des gestes d'une grande délicatesse et une attention complète, Lùthien débarrassa sa machine de sa gangue de décombres. Au fur et à mesure de son examen minutieux, la mâchoire de la chasseuse se crispait. Quand elle se releva, elle fouilla rageusement dans une des sacoches qui pendaient à l'arrière de la moto, sortant deux barres énergétiques qu'elle avala sans grâce. C'est avec une vigueur renouvelée et un regard brûlant de haine que Lùthien revint vers Hell.

Allons chercher ta hâche et partons. Si jamais je croise celui qui a fait ça, je le tue.

Le ton était tranchant et sa détermination sans faille. D'un pas rageur, elle se dirigea vers ce qu'il restait de la taverne.

Alors que Hell cherchait vainement sa hache dans les décombres qui disparaissaient rapidement, la faim montait de plus en plus en Lùthien. Bien que son niveau d'énergie soit suffisant, des vertiges la saisissaient. De la sueur perlait à son front. Vacillante, l'elfe s'appuya sur une chaise bancale, manquant tomber à la renverse avec elle. Son nez palpitait de plus en plus vite, chatouillé par l'odeur des hommes présents dans la taverne. La salive lui monta à la bouche. Son regard tomba sur un marin, qui lui rappela un de ces cerfs nerveux des forêts. Son estomac émit un grognement sonore qui résonna entre les murs de la taverne.

Et si je te payais de quoi manger un peu? Le temps pour moi de retrouver ma hache...

Les paroles de Hell l'effleurèrent à peine. Lùthien n'en retint qu'un mot : manger.

Manger

L'elfe fit un pas vers le marin, fascinée par ses hallucinations et son fumet. Sa main glissa prestement jusqu'à sa botte droite d'où elle tira un large couteau de chasse. Personne ne l'avait encore remarquée, si ce n'est Hell qui ouvrit de larges yeux.

Manger

Un nouveau grondement s'éleva de son ventre, provoquant un sursaut chez l'elfe. Surprise, elle regarda, effarée, le couteau qu'elle tenait, le marin à quelques pas, à nouveau son couteau. Lùthien jeta alors un regard éperdu à Hell avant de s'enfuir en courant. La porte de la taverne claqua.

J'ai failli le tuer pour le manger !?

Incrédule et inquiète, la chasseuse s'engouffra dans une ruelle sombre en courant.

J'ai trop faim, je ne tiens plus.

Elle souleva une plaque d'égout et sauta dans le boyau malodorant.

Xupi s'arrêta tant bien que mal dans un vrombissement assourdissant. Elle freina des deux mains mais aussi des deux pieds, se croyant sur une petite bicyclette. Un nuage de poussière se souleva derrière le passage de la moto ailée.

Whououuuuuuuuuu!!!! quelle virée!!! d'enfer! je savais pas qu'on pouvait rouler si vite sous ces engins!! s'écria Xupi après avoir enlevé son casque.

Elle jeta alors un coup d'oeil derrière son épaule pour voir où en étaient ces deux autres compagnons.

- Oh oh, à peine avait-il eut le temps de prononcer ces mots qu'il se retrouva soulevé par une grosse brute qu'il n'hésita pas à le saisir de telle façon qu'il se retrouvait la tête proche du sole et le monde à l'envers.

- Vous vous croyez où ! Je vous emmène tous au poste…

Il croisa les bras et le regard de Cassiopée, il lui répondit par un long soupire et quelques mouvements de bras désolés. Les beaux draps venaient plus vite que l'ombre de Xupinette, elle aussi prise par une de ces armoires à glace qui servaient de congélateur de trouble. Et ça fonctionnait plutôt bien dans ces ruelles.

L'ange ne pu s'empêcher de commenter leur situation, qui au fond lui paraissait assez rigolote même si les circonstances n'amusaient pas vraiment la galerie.

- Et vous proposez du thé dans votre salon ? Ou du chocolat ? leur demanda-t-il avec un grand sourire innocent, et il n'eut que des grognements et des regards mauvais en guise de réponse. Hum, pas très bavard, le métier je suppose, ça rend marteau. Certes elle était facile, mais il n'avait pu s'en empêcher.

Il tourna son regard vers Xupinette.

- Voilà c'est ça Galvorn, je t'avais prévenu la miss. Satisfaite j'espère ? C'est qu'un début, une gentille mise en bouche.

Et cherchait le moyen de s'échapper, même si l'idée de voir où se trouvait leur quartier général. Il se demandait si il était judicieux de se présenter comme le gardien des arènes, mais faire trop de vague ne leur seraient pas favorable. De plus, il n'avait aucune animosité en l'instant même, bien que dans d'autres circonstances, il n'aurait pas hésiter à se défendre, ce qui n'aurait pas été un avantage pour leur transporteurs bourrus et sans manières. Et il n'aimerait pas voir un article sur leur escapade dans le canard le lendemain. Il laissa donc couler, et ils approchèrent du poste tandis qu'il cherchait toujours une échapatoire pour tout les trois.

Il regarda Cassiopée et la contacta par télépathie.

** ça va Cassi ? pas trop ballotée par la grosse brute ? car si c'est le cas, je ne vais pas l'accepter ! **

Et il posa la même question de manière aussi discrète à Xupinette.

Xupinette était dans un autre monde, transporté par l'adrénaline procuré par le vol. Mais elle fut vite ramenée à la dure réalité sous forme d'une grosse brute qui l'empoigna de force. Ce qui la mit de fort mauvaise humeur. Elle ne désirait plus que mettre les pieds sous les tables d'un bar et se payer une bonne pinte tranquillement avec ses nouveaux acolytes. Devant la question du complice ailé, elle rétorqua :

C'est quoi ce bazard! tu m'avais promis de l'amusement! pas un séjour au poste! j'ai l'impression d'être un petit chaton balloté dans les crocs de sa mère! Débarasse moi de ce gros glandu! et allons faire un tour à la taverne la plus proche je suis assoifée!
Si tu veux je fais diversion en enlevant le haut de notre troisième camarade!?

Xupi n'aimait pas la pluie, pas l'élément aquatique mais cette douche qui faisait coller ses vêtements sur son corps. Elle était certaine que Cassiopée l'avait fait exprès, mais celle-ci semblait être perdue dans ses pensées, et l'autre compagnon continuait à maugréer en émettant une sorte de feulement. C'était le moment ou jamais pourtant pour s'échapper. Elle décida alors de secouer ses compagnons.

Et Oh!!! Bien joué! mais maintenant c'est le moment de se tirer!

Elle prit par le cou Astriel, et par la manche Cassiopée et les entraina dans une sorte d'auberge désaffecté. Tout du moins ce qui semblait à première vue. Des toiles d'araignée sur la porte d'entrée. Des fenêtres devenues opaques par l'accumulation de poussière. Quand elle mit un coup avec son pied dans la porte d'entrée elle réalisa qu'il y avait des gens qui y habitaient.
Une sorte de vieux gars de comptoir, se mit à reluquer Xupi et Cassi de façon insistante.

Bon, hum moi je vais me changer, je suis complétement trempée, t'as qu'à nous commander à boire et à manger histoire de se réchauffer Et si tu peux éviter de t'exciter, ça serait bien qu'on puisse manger sous un toit sec sans que tu déclenches une tempête.
lança Xupi à Cassiopée, tout en lui donnant un léger coup de coude dans les côtes.

Après s'être essuyé tant bien que mal dans les sus dit toilettes des lieux qui ressemblaient plus à un cagibi qu'autre chose, Xupinette changea de vêtements. Adoptant un long pantalon marron et un corset noir, elle roula en boule les habits mouillés pour les fourrer en désordre et maladroitement dans son sac de voyage. Elle passa sa tête sous le sèche main et tenta de sécher une à une ses mèches de cheveux. Elle en ressortit le visage tout rouge de chaleur et les cheveux encore humides mais quelque peu bouclés.
Elle se sentait beaucoup mieux à présent, détendue, calme quand elle se dirigeait vers la table où s'étaient installés ses compagnons quand elle vit qu'un homme à l'allure étrange était assis sur la chaise qui lui revenait de droit. Un feulement s'échappa malgré elle de sa bouche.

Je ne voudrais pas me montrer impoli. Mais vous êtes sur ma chaise. Si soit dit en passant s'avère être un problème. Mes " amis" ne cherchent pas votre compagnie et moi de même, alors je vous invite à déguerpir dans les plus brefs délais, sinon à quoi je répondrai par la violence et je me doute que personne ne veut arriver à ça

Une poussée de colère avait submergé Xupi, l'homme surpris se tourna vers Cassiopée en quête d'une quelconque aide ou d'un acquiesment

Xupi avait les nerfs à vif. Tout avait commencé par un agacement soudain provoqué par la séquestration masculine de sa chaise. Puis une jeune femme pulpeuse se l'était joué prêtre pervers en l'enjoignant de s'asseoir sur son cuissot. C'est alors que l'homme qu'elle n'avait pas vu s'installa sur les genoux de la jeune femme, à sa grande surprise.
Ce qui fit exploser de rire Xupi. Puis Cassiopée lui demanda d'apporter des chaises supplémentaires. A première vue, Xupi n'aimait pas qu'on lui donnasse des autres. Mais le ton de Cassiopée ne sonnait pas impérieux. Elle alla chercher alors deux chaises qui étaient entreposées dans un coin sombre de l'auberge. En revenant, elle vit que l'homme aux paupières creuses avait un verre devant lui, ce qui eut pour conclusion de lui allécher les babines.

Tain! c'est vrai que j'ai pas mal soif moi! mais ça avec les fruits exotiques, pour les chochottes mouais! Vous voulez quelque chose pendant que j'y vais?
Cette question s'adressant seulement à Cassiopée et Astriel que Xupi fixait du regard, ignorant totalement cette femme aux élans maternalistes, et le débris qu'avait assisté Cassiopée.