[Zone Discussion] Je discute, donc. (Tome V)

Le cadre d'un forum, et plus précisément du débat dans celui-ci, induit subrepticement un rapport fictionnel puisqu'il s'agit d'échange scriptural et différé dans lequel, moi et l'autre, nous nous reconnaissons à travers divers artifices. Lesquels nous donnent un avis de l'autre avec qui il y a cette correspondance impudique et rapide : il y a l'avatar, icône issu d'un choix de montrer une partie de soi-même (comme lorsque une célébrité demande avec caprice aux photographes, de ne prendre que leur meilleur profil) ; pour le coup, cette image ne se borne pas à un spectre physique, elle nous indique autre chose : nos goûts (cf. avatar(s) de Franz), notre rôle contributif au forum (cf. Aligby). C'est une stylisation de notre personne dans le cadre étroit du forum. Même chose pour le choix du pseudo : pourquoi devoir choisir le bon avatar, le bon pseudo, la bonne signature ? Cela fait partie d'un imaginaire de soi-même par lequel on s'expose avec plus d'aisance. Et enfin, il y a notre usage de la langue. il peut nous définir, et nous caser comme étant "l'intello" ou alors "le relou" ; après tout, cette manière de distinguer les gens par leur usage de la langue est une des fonctions du langage.

Chacun aura ses intérêts à pratiquer un forum, mais il me semble qu'ils se recoupent tous en un point commun : le plaisir et l'avantage de formuler ses idées et ses sentiments. Le forum est d'utilité thérapeutique et de stylisation - de perfectionnement de notre rapport avec les idées et la langue (qu'elles soient nos objets d'étude ou non). C'est pourquoi dans ces correspondances expresses, l'autre qui pianote sur son clavier est d'un profond égoïsme (les forums pullulent de nombrils). En revanche, dans le cas d'une personne qui ne rougirait pas d'être savante et pointilleuse (cf. Goldmund), lorsqu'elle reprend une personne sur l'orthographe, en ayant un ton de rudoiement, peut-être, où son discours est ponctué de mots érudits, ce n'est pas tant pour rabaisser la personne : il s'agit plutôt de se parler à soi-même, de se défier, de réviser, et cela avec une souci de clarté puisqu'on s'adresse à l'autre (après tout, l'allocataire n'est pas écarté). C'est de ce point de vue d'auto-performance et de stimulation que Ter Aelis est formidable : c'est un endroit où l'on se préoccupe de son nombril et du nombril de l'autre.

Quant au langage et aux idées, ces deux choses sont étroitement liées et l'on pourrait se demander si en réalité elles ne sont pas une même entité prenant tantôt la forme, tantôt le fond. En tous cas, l'usage que nous faisons de la langue et de l'idée n'est en fait qu'une pratique ponctuelle, une manifestation locale : on utilise tels ou tels mots plutôt que d'autres, des mots dont on ne soupçonnait pas l'existence, d'autres qu'on veut absolument caser dans une copie ou qu'on aime à employer. Et dans l'étude de la langue, on étudie au fond qu'un fragment de la langue. On ne peut saisir le langage entièrement. Puisqu'on ne peut pas penser à tout, il y a dans les forums des gens qui amorcent des idées, exposent leurs remarques, différentes les unes des autres pour ainsi aiguiller mon esprit à réfléchir et à parler de ce sujet. Et cela, je le fais pour moi.

PS : Oui, "forums", Goldmund. Je préfère. Le mot "référendums" s'écrit bien avec les accents et sans "a" pour indiquer le pluriel.

Daath a écrit:

Pour galvauder et commerciale je crois qu’on parlait surtout de ma philosophie, non ?

C'est bien ce qu'il me semblait oui, Halërbier n'a pas compris ce que tu disais. Passons.

Il y a une chose à laquelle je tiens : tu y fais plus ou moins allusion dans ton dernier message, Daath, et Halër semble pousser plus loin la confusion. Les mots et les pensées sont deux choses très différentes : cette peur que tu décries concerne les idées et non les mots, et si cet auteur que je ne connais pas a parlé à un moment ou à un autre de "mots", il faut y voir je pense une métonymie, car c'est bien l'idée véhiculée par le mot qui l'intéresse (plus il pense, plus l'idée de la mort lui paraît intolérable) et non le mot même. Cette distinction que je fais entre mot et idée n'est pas gratuite : je ne me vois absolument pas comme philosophe ; la philosophie m'emmerde, plus encore, elle m'angoisse. Moi, je suis un littéraire : mon objet premier c'est le langage. Évidemment, les cloisons ne sont jamais imperméables entre les sciences humaines. L'on croit commenter gentiment une nouvelle, et l'on se retrouve à jongler avec l'histoire, la psychanalyse, la sociologie, la philosophie. Les écrivains eux aussi ont des idées, et écrire ne les empêche pas de penser. Malgré tout, ce n'est pas la même manière d'aborder les choses.

J'aime beaucoup ce que tu dis, Questo, au sujet des fora (on dit "les desiderata" et non "les desideratums", "les topoi" et non "les topos" ; du reste, notre pluriel en "s" vient lui aussi du latin, alors quitte à latiniser, autant le faire correctement). Tout cela me semble très profond et très vrai.

edit

Franchement vous commencez à être soulant..

Citation :

Figure-toi que j'en reçois, même souvent et ça ne fait jamais vraiment du bien.
Je te rassurerais sur un fait, l'œil le plus critique qui se penche sur mon travail c'est le mien. Et quand beaucoup d'amateurs ou d'étrangers à ce milieu sont épatés devant ce que je fais (des choses comme celles faites par des artistes qui sont âgés de 5 à 10 ans de plus que moi), je ne le suis pas, je suis rarement satisfait, régulièrement déçu et je travaille dur pour m'améliorer, pour compléter les lacunes qui me semblent évidentes et pour, prochainement, répondre aux requis de l'emploi que je vise.
Je vise haut. Et je suis d'une sévérité illimitée envers moi pour parvenir où je vais (et où je suis déjà).

Dans la majorité des compliments que je puisse recevoir il y a énormément de lèche-bottes cachés ou de manœuvres intéressées, qui n'ont donc aucune valeur pour moi.
Alors je n'ai pas besoin d'hypocrisie ou d'un culte ridicule, non. C'est quelque chose qui ne me sert à rien et qui agace les gens autour de moi, ça ne me flâte pas puisque ça n'est pas un compliment valable, ça me crée même plus d'ennemis jaloux qui me reviennent en comportements désagréables comme je t'ai expliqué plus haut.
Par contre j'ai besoin de courage et d'amabilité, de gens qui me soutiennent, qui aient confiance en moi et qui souhaitent mon bien.
ça se trouve moins, ça se trouve d'autant moins que de faire ce que je fais à tendance à m'isoler et m'esseuler.

Ajoute à cela le fait d'avoir ses meilleurs amis à l'autre bout de la terre. Et voilà, tu sais comment ça fait d'être Smirt.

Voici la définition, en quoi il se reconnait en Smirt? dans la façon d'être toujours très dur envers soi- même, envers son travail et de ne jamais être satisfait. Analogie de deux artistes un visuel, un littéraire. En même temps comme tout un chacun il a besoin d'encouragement, de commentaires dans ces textes pour avançer.


C'est bon vous avez compris, après il suffit de lire la définition et de la transposer je vois pas le problème, si vous voulez polémiquer il y a toute une section débat.
Et perso j'aime le rugby mais le résultat Castres Bayonne on s'en fout courant d'air, Mps pour ça
et franchement même moi qui fait pas mal de fautes etc ça me fait mal de vous lire et je me booste pour passer par dessus.
Alors oui vous avez une vie mais si vous vous arrêtez pour poster ici aussi s'appliquer c'est pas un blog ici. C'est du partage. C'est un forum culturel, alors autant servir la culture dans un beau plat.

Ca c'est fait.

Mouais mouais.... C'est fou de partir d'un truc aussi beau pour ces dernières conneries...

la discussion n'était plus sur smirt depuis un bout de temps, je trouve au contraire très intérressant l'échange que nous avons eu avec Al et meme Gol. tu parles cultures, il y a eu echanges de points de vue et Hal et moi avont été reconnue d'utilité publique dans un poste plus haut

sans compter le poste de questo qui ma foi est fort intérressant.

s'il vous plaît

je touche pas au lapin ...

Non c'est moi la deuxième bouffonne et Aillas est le premier.

Si cela vous plait, je peux le faire également...

... ou pas.

L'edit peut aussi servir à upper un sujet si on sait s'en servir.

Goldmund, Barthes et compagnie, c'est mon cours de linguistique de l'an passé Je ne sais pas si tu connais l'ouvrage de Fred Poché sur le primat de la pensée sur la langue ou de la langue sur la pensée, mais il est utilisé en cours : il doit probablement être intéressant, si ce sujet te passionne ^^
"L'homme et son langage", le titre, si mes souvenirs sont bons =)

Cordelia dit :

Citation :

"Il n'avait pas les mots pour structurer sa pensée, alors il parlait avec ses poings."

C'est une phrase clé de la vie. Les mots comme liant ou pour colmater les idées entre elles.

Pourtant que dire de ces hommes qui se servent des mots mieux que de leurs poings ? Sont-ils, eux, incapables de structurer leur vie ?

Sur Ter Aelis, on parle tous avec nos mains. On n'est pas pour autant italien ^^
J'aime bien ce que tu dis, Cordelia, mais certains enseignements ressortent des affrontements, il ne faut pas toujours être calme et gentil. Et pourtant... c'est un bisounours qui te le dit

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis Sephiroth. Mes propos n'avaient aucune valeur critique : c'était juste un témoignage. Histoire de rappeler que pendant que nous nous battons avec des mots, certains n'en n'ont même pas assez pour se faire comprendre.

J'ai, pour ma part, toujours la sensation de ne pas pouvoir exprimer la totalité de mes raisonnements ou considérations par des mots. Il ne me semble pourtant pas être à court de vocabulaire.
Cette fameuse petite phrase : "Ce qui se conçoit bien, s'exprime bien..." m'a toujours déconcertée.
Je ne suis pas certaine que ma cervelle ne s'exprime que par les mots. Les gestes, les couleurs, sont autant de moyens d'expressions qui sont négligés dans cette conception.
Est-ce si dévalorisant d'utiliser les gestes pour s'exprimer ? l'Art n'est-il pas un moyen de rendre compte de ses opinions comme de ses ressentis ?
Il me semble que l'art littéraire n'est pas le seul.

Uranium Fuchsia a écrit:

Celui qui n'appréhende pas les notions de localisation ou de temps qui passe me semble en soi un peu à la base de son problème : ce sont des choses qui ne s'apprennent pas à l'école.

Au contraire : ce qui disait justement l'enseignant qui intervenait (et pour qui j'ai beaucoup de respect. C'est une personne qui mérite à être connue) est que tout ce dont tu parles ce sont des notions qui s'apprennent à la maternelle. Certes la famille a aussi un grand rôle à jouer, mais pas uniquement.

Autrement, je vous rejoins dans vos paroles, Cassiopée, Aillas et Juliet. Même si les mots restent mon principal moyen d'expression, ce n'est pas le seul : le langage du coprs joue un grand rôle aussi chez moi ainsi que le chant.