Galvorn, les ruelles ... [zone publique]

Galvorn.
Le parfum du Sud. Des ruelles chaudes et sombres. Peuplées de la moîteur, des gémissements d'une populace douteuse, qui exhale la transpiration, la tromperie, le crime, qui glapit contre les contorsions des filles de joie, qui ricane sous les fenêtres closes, qui se fraye un chemin de fortune à travers l'alcool et les jeux d'argent.
Ces marchands dont la vieille veste pue. Ces bandits aux doigts poisseux. Ces chanteurs de rue. Ces femmes de toutes sortes et de tous gabarits.
Qui trouverait un indice en ce labyrinthe malsain et noir comme la crasse? Qui remarquerait ces petites pierres blanches posées au sol, tels les cailloux du Petit Poucet, pour éviter de se perdre au fin fond du monde des êtres médiocres?
Et pourtant...
La corde grinçante d'un violoniste. Une mélodie rugueuse s'élève entre les murs de pierres brunis.
La vie est là, florissante au milieu même de la moisissure. La preuve en est de cette voix de matrone, qui chante avec tant de vigueur que sa force de vie s'emporte aux quartiers voisins, tous collés, qui par la même occasion reniflent l'odeur de sa cuisine. Ca sent la viande grasse et les épices. Ça sent la musique. Ça sent chaud et bon.
Et les ocres rouges des bois reçoivent les noirs éclats du sang...

Les Bas-Quartiers de Galvorn s'étendent le long de la côte. Cette vallée descendante, qui rejoint les eaux sombres sur la droite, est couverte d'un manteau de petites maisons et de baraquements sinueux. Les façades et les structures sont de bois, imprégnées par le vent salé de la mer. Les toits sont plans. Pas besoin d'être pointus car, même si les pluies sont violentes, elles sont rares et ne durent pas bien longtemps.
Quelques rigoles profondes sillonnent les ruelles et déforment la route, creusée par la descente des eaux au fil du temps, car la pente est rude.

Lorsqu'on se rapproche du port, on s'élève sur la hauteur du terrain. Et de certains points spécifiques on découvre, par surprise, un paysage entier penché sur la mer, comme si la montagne, Narcisse, avait voulu y regarder son reflet.
Les bâtisses qui ceinturent le port de Galvorn sont de pierres blanches, constructions plus anciennes et plus solides. Elles supportent avec grâce les baisers renversants de la mer et plus loin, cimentées des mêmes pierres blanches, une grande digue va percer l'océan et protéger le port de son bras.
Une fois la nuit tombée et lorsque l'horizon est calme, on peut admirer les lointaines lumières d'Atalantë.

Citation :

Lorsque Smirtnoff prend sa main, Cassiopée ressent le sombre relent de la mort la parcourir alors que son corps entier vibre d’un frisson grisant. Quel est donc cet être issu des abysses pour l’émouvoir ainsi ? Elle sent son énergie défaillir et tente vainement de recomposer le feu qui l’anime, quand elle entend sa sourde voix exprimer :

Pardonnez ma maladresse. Votre regard m'a changé en une poignée de neige. Et vous me voyez m'éparpiller tout autour de vous.

Il s’agit bien d’être éparpillée ! Elle n’a jamais été aussi dispersée qu’à cet instant… Une poignée de neige disséminée face à son rayonnement disloqué…
Le contact des lèvres froides de Smirtnoff sur sa peau lui fait l’effet d’une tornade glacée. Son regard ne peut plus quitter ses yeux qui l’aspirent dans les tréfonds des profondeurs de la Terre. Aussi, quand il lui lâche la main, elle se raccroche à lui, avide et totalement enivrée.

Smirtnoff répond à ce vif mouvement de retour en rattrapant la main et la tient presqu'à niveau du poignet.
Sans avoir modifié la direction de son regard d'un seul cil (c'est drôle comme il oublie de cligner des yeux, des fois...), il esquisse un sourire étrangement assuré.
La neige s'étant reformée dans sa face, son masque de givre se reconstitue avec un contraste déconcertant.

Il se redresse sur un genoux et se relève, en tirant la belle vers les hauteurs de la pièce, les ramenant tous deux parmi la foule des vivants.

Discernant son état qui a fait écho au sien, d'il y a quelques secondes, il se penche contre elle en lui entourant l'épaule d'un bras (même si passablement distant et froid dans l'allure) et murmure quelque chose que les autres personnes n'ont pas pu entendre.

(...)

Il l'emmène ensuite vers la sortie de la taverne, en la tirant par une main, d'une liaison toute fluide qui se faufile entre les gens.

Cassiopée n’assume plus complètement ses actes, elle semble happée par l’antre de la Terre, envoûtée par l’être qui lui fait à présent face. Son sang paraît bouillir tandis que ses mains sont gelées. Elle hume avec passion les odeurs de putréfaction qui émanent de Smirtnoff sans plus rien y comprendre. Quand il la relève, elle suit son mouvement souple comme emportée par un souffle et lorsqu’il lui murmure avec une poésie insoupçonnée :

"La nuit manque de vos douces éblouissances, ne trouvez-vous pas?"

Elle chavire littéralement et se laisse emportée telle un navire en perdition.
Elle se sent emmenée, glissant comme une ombre parmi les ombres…

Au passage du seuil de la Taverne, une bouffée d’air froid l’assaille et ravive suffisamment sa conscience pour percevoir un ciel d’un bleu sombre et lumineux. La présence des étoiles dans la nuit la rassure ; dans un soupir, elle appelle leur soutien et pourtant jamais ses yeux n’ont autant brillé…

Le vampire emmène la belle dans les ruelles humides de la ville. La pluie précédente a laissé un parfum de chagrin sur le sol et les murs, la lune et les étoiles s'y reflètent en petits esprits blancs. Les flaques luisent. Leurs pas claquent, éclaboussent les bords étroits d'une rue sombre.
Smirtnoff tire toujours Cassiopée, de plus en plus loin de la chaleur des foules et des haleines alcoolisées. Sous les toîts serrés, la lumière des astres ne leur parvient presque plus, un noir silencieux les enveloppe jusqu'à ce que la main serre avec plus de force et... Le vampire tire à lui Cassiopée et puis la pousse devant lui dans un mouvement qui tenait un peu de la valse, en plus rude.
La fille des étoiles est lancée sur une petite place en balcon, brusquement caressée par les yeux clos du ciel de nuit. Un trou dans l'espace. D'un seul coup elle est hors des entrailles oppressantes des bas-quartiers, perchée devant la mer ronflante et sereine, l'étendue du paysage vu de haut.
Plus bas dans le lointain, on peut distinguer les lueurs du port, la chevelure des toits qui redescend à gauche et à droite, à la façon d'une boucle et enfin, la colonne sinueuse et changeante du reflet de la lune sur l'océan.

Smirtnoff est resté dans l'ombre de la ruelle.
Il s'avance avec précaution, laissant les pâles rayons blancs venir couler sur son nez et son front, laissant dans l'ombre ses orbites noires. Ses yeux sont deux gouttes d'eau froide sur l'encre, qu'elles diluent dans le bleu de sa glace intérieure.
Le pas est souple et lent, comme un félin.
La faible lumière lui fait cligner des yeux lorsqu'elle dépasse la limite de son arcade sourcilière, et ses pupilles se rétractent encore un peu plus. Puis il lève le regard vers Cassiopée, en hésitant à s'approcher.
Sans doute observe-t'il le tableau que son inspiration a composé, de la belle au milieu de son élément, habillée d'une robe nocturne et d'un voile de lune.

Aspirée par le vampire, Cassiopée est entraînée tel un souffle parmi les ruelles de Galvorn. Rien ne l’atteint plus. Seul le contact si peu charnel des doigts du semi humain l’accapare. Par ce lien elle pénètre dans cet élément inconnu qu’est la terre et ses décomposeurs qui agissent en permanence, fourmillant entre ses doigts. Elle peut percevoir chacune des odeurs de cette mort des êtres, des fruits qui se putréfient, pourrissent et deviennent source de vie. C’est cette vie qui la tire. Ces relents de naissance au sein de la terre lui semblent de source divine. Smirtnoff…soudain la prend dans ses bras le temps d’un échange si rapide qu’elle ne comprend pas comment elle se retrouve seule, perdue sur le balcon d’un immeuble.

Le vent vient éveiller son esprit. Elle a soudain froid. Son corps lui semble plus léger que l’air. La lune s’accroche à son âme. Elle crie. Elle appelle : Smirtnoff !!

Smirtnoff !!

Elle s'était retourné brutalement, le visage afficheant une détresse toute délectable. Smirtnoff a observé le manège avec attention. Ce regard, ces beaux yeux mangés par l'éclat de la lune, ne le laissent pas de marbre. Et beaucoup de choses confuses s'emmêlent dans sa tête à ce moment, tandis que sa face, elle, a retrouvé tout son calme.
Un léger désarroi n'est perceptible que dans son oeil ombré. Il hésite à sourire, il hésite à grimacer. Ces réactions intérieures lui sont pour la plupart inconnues et ça le perturbe sensiblement.
Sous le masque bleutée de la nuit son visage tord encore ce sourire qu'il avait dans la taverne, qu'il ne maîtrise pas vraiment.

Malgré sa tempête intérieure, ses pieds le poussent irrémédiablement vers Cassiopée, vers quelque chose dont elle est faite qu'il convoite et qui l'horrifie en même temps.
Il la rejoind sur le balcon, entrant complètement dans le jour blanc et doux, parcouru par le vent de la mer. Ses cheveux s'ébourriffent sous la brise, et comme si il avait traversé un mur invisible qui le protégeait au pas précédent, son visage perd son sourire torve et retrouve une forme de sérénité qui tient du sommeil de la pierre.
Comme un prince charmant, posé et serein, il vient prendre le bout des mains de Cassiopée dans les siennes, dépose un regard sombre et tiède sur elle, sans la regarder à un endroit précis, en là regardant seulement elle. Ses bottes noires se sont arrêtées à quelques centimètres des jolis pieds de cristal.

Leurs souffles se mélangeraient, si la brise ne les emportait pas, aussitôt expirés.

-crac-
Son armure de glace s'est fissurée d'un seul coup. Aïe. ça fait mal l'amour.
A cet endroit le givre cassé laisse s'écouler un peu d'un sang transparent. Une sueur de vie, est-ce cela? Jusqu'où s'est glissée la fissure fatale? Et l'eau tiède qui s'en échappe va humidifier la glace autour d'elle, elle risque de faire fondre des larmes dans sa poirtine, elle va tout fragiliser, est-ce irrémédiable?
Le souffle de Cassiopée est-il capable à lui seul de briser mon bouclier que j'avais méticulleusement dressé?

C'est qu'il en vacillerait presque. Il l'a presque entendue, cette fêlure violente. Il en resent encore comme un choc intérieur.
Il ne peut pas se permettre une telle faiblesse. Il ne peut plus quitter son armure sentimentale.
Tout en voyant autour de lui les fondements invisibles du sol s'écrouler dans le vide il retient ses mains de trembler de trop.
Pourquoi d'un seul coup ce monde poliement sombre et bleuté se peint-il de couleurs aussi violentes? Ce rouge acide, ces oranges bavards, ce mauve étourdissant, jusqu'au blanc de la lune tout est devenu oppression aveuglante.
Il ne contrôle plus ses sens. Il ne contrôle plus non plus le cheminement de sa pensée. Dans sa tête tout se déchire, la grande Toile noire étend ses madibules, touche et contamine toutes les pensées du bout de ses multiples pattes graciles. Il avait pourtant tout fait pour l'empêcher de resoortir de sa tanière. Il avait trouvé la formule pour conjurer le sort. Comment était-ce possible? Comment cela pouvait-il encore se produire? Il avait grandi, il avait pu effacer ce visage de sa mémoire une fois pour toutes, il avait pu chasser l'angoisse.
Non, il vient de comprendre pourquoi l'angoisse est indestructible. De visage elle n'en a pas.

Pourquoi le souffle chaud de Cassiopée, si plein de chaudes couleurs et transport de sa tendresse, l'atteint-il comme une flèche de cyanure?
L'amour est-il un poison?
Il avait cru que ses sentiments resteraient enfermés dans un étui d'argent. Que jamais plus ils n'en sortiraient pour lui tendre de leurs pièges douloureux.

Sa gorge s'est nouée, il ne peut plus dire mot.
Pourvu qu'elle ne la contamine pas. Mais il n'y a rien à faire. Toutes les choses auxquelles il tient, qu'elles soient matérielles, vivantes ou même de l'ordre de la pensée ou de la sensation, sont impitoyablement souillées de sa salive et tout se disloque, tout tombe dans un vide effrayant.

Il ferme les yeux pour ne plus voir Cassiopée. Pas besoin de la voir. Il sent sa présence tout près de lui. Il s'interdit de se représenter cette sentation mentalement, focalisant sur autre chose, n'importe quoi de futile. Ses pieds sur le sol, par exemple. Mais le sol va tomber.

Il se retrouve dans une impasse terrifiante.
Quelle issue prendre? Est-ce que son égoïste instinct de survie fonctionne encore?
Se rattacher à quelque chose. Raisonnement simple. Il y a fêlure. Il y a cause. Détruire la cause.

Le manège de sa pensée tourne plus vite que sa conscience, pas le temps de l'empoigner pour le ralentir, ce qu'il empoigne c'est le manche d'un de ses deux couteaux longs sans garde, croisés dans le bas de son dos. Son autre main prend doucement Cassiopée par le bras et, d'un geste rapide et sûr, la lame d'acier noire lui transperce le ventre de part en part.

Il a vu briller la lune blanche sur le métal, derrière l'épaule de Cassiopée. A ce moment ses yeux se sont réouverts. Il a vu ceux de la belle écarquillés devant lui, lorsqu'ils étaient encore illuminés d'amour.
Elle s'effondre lentement sur le sol, elle s'éloigne de lui.
De la main gauche il continue de lui tenir le bras tendrement, amortissant sa chute et semblant vouloir la garder contre lui encore un peu.
Le bras droit quant à lui, laisse la lame pencher vers le sol, étincellante dans son fin manteau de rubis.
Bras sanguinaire.
Deux forces contraires.

Ses yeux ne se détachent pas de ceux de Cassiopée. Ils semblent poser en vain cette question, mais, l'amour, c'est ça? C'est ça l'amour?

Un voile avait masqué la lune tout à coup.
Il détache ses yeux de la femme blessée, et a juste le temps d'apercevoir une immense paire d'ailes noires lorsqu'une main puissante lui serre le cou, le soulève et le jette en arrière comme de rien.
Le mur n'était pas agréable à recevoir sur la tête. Il se retrouve étalé sur la pierre blanche, sur l'espace de plusieurs marches d'escalier, le pied du mur dans la nuque. Le choc l'a quelque peu sonné. Mais c'est plus supportable que le tourment de l'amour, c'est un instant de répit.

La lame d'acier noir à claqué sur le sol d'un autre côté, rebondissant sur la souplesse du métal.

Smirtnoff se soucie bien peu de n'avoir rien compris à ce qu'il s'est passé de cette bousculade.
En rouvrant les yeux il voit double quelques secondes, un grand gars qui s'approche, tout de noir vêtu, divisé en deux reflets identiques et tremblotants. (révélation de l'inconscience, il est deux?)
L'inconnu s'est approché près de lui sans qu'il ait vu son parcours, maintenant il perçoit son visage avec netteté, assez près du sien. Son regard vert n'est pas ennemi, mais pourtant...Il vient de m'envoyer valser?
Des murmures. D'où viennent-ils? Ah mais, de cet homme là juste devant. Suis-je bête.
Mais il ne le voit plus. Sa vue s'est troublée comme si on l'avait plongé sous l'eau. Il n'entend plus, non plus, ce qui se dit. Le noir l'assaille, lui ferme les paupières et l'emprisonne dans un sommeil forcé, empli de choses terribles.
La perte d'un être cher... Pourquoi? Pourquoi?
Et ce bouclier de glace, n'était-il pas venu cristaliser sur des blessures? Recouvrir des plaies? Les empêcher de saigner à nouveau? A présent il fondait sur son corps, révelant la chair meurtrie.
Les murailles étaient tombées au sol, pierre par pierre, construction vertigineuse, à présent éparpillée au fond de son être.
Une grimace douloureuse crispe son visage, que des larmes recouvrent en partant de sous ses yeux fermés.

Désormais au sein même des bas quartiers, après avoir quitté les quais Angelus était encore plus souriante et était très occupée à sautiller dans tous les sens sans vraiment prendre garde aux autres où à tout ce qui pouvait bien se passer autour d'elle.

Elle s'était lancée à la poursuite d'une bestiole rampante entre les pavés un court instant laissant ainsi les autres prendre un peu d'avance sans qu'elle ne s'en rende compte... Sa réaction à la vue de l'éloignement du groupe fut soudaine et personne n'aurait pu prévoir un comportement aussi enfantin. Enfantin ? Oui, c'était tout à fait cela! L'Angelus n'avait rien trouvé de mieux que de s'élancer et de courir comme une dératée jusqu'au groupe... Et encore, s'il n'y avait que cela! Une fois suffisamment proche des personnes elle avait donner une impulsion sur ses jambes de manière à sauter à une certaine hauteur. Pourquoi ? Pour pouvoir s'aggriper au cou du premier homme l'ayant accueillit en ces lieux, manquant de l'étouffer, non ? Elle s'en moquait totalement en vérité...

L'Angelus se moquait de beaucoup de choses il est vrai, mais pour l'heure, la chose qui semblait l'intéresser à un certain point était la réaction de son dit-porteur...

" T'permeeets ?!
Un petit sourire histoire de détendre le tout, puis elle reprit de plus belle: T'oserais pas balancer une donzelle quand même ? Heiiin mon graaand ?!... Puis, adressant un coup d'oeil aux autres elle ajouta d'une voix mielleuse: Il osera pas heiiiin ?! "

Dyraa avait désormais un nouveau sac à dos, une sorte de bestiole braillarde et colorée.

" T'permeeets ?!T'oserais pas balancer une donzelle quand même ? Heiiin mon graaand ?!... Il osera pas heiiiin ?! "

Même si l'envie ne lui manquait pas, l'entropiste se retînt avec le plus grand mal, dans les rues, les Aelissiens aux tendances nocturnes les regardaient d'un air surpris et pour le moins dubitatif. Une bouffonne à califourchon sur un semi-démon, cela ne courait pas les rues, bien heureusement d'ailleurs.

A travers le labyrinthe des ruelles, leur promenade suivait son cours sous le regard méfiant de la lune et de ses aïeules les étoiles. Une douce brise caressant le visage du gardien du Hasard, faisant flotter son long manteau du cuir noir, tenu qu'il avait arboré spécialement avant de partir pour une Aventure pour le moins insolite avec l'aide de son camarade DarkFire, d'ailleurs, où était ce dernier ?

Lucie venait de sortir d'un des divers tripot de la ville quand soudain : vision d'horreur ! Une femme, non ! Deux femmes avec son Dyraa, le sien, rien qu'à elle ! Ni une ni deux, à l'attaque ! Mais ... l'une d'elle vient de monter sur ses épaules et il bronche pas, rholalala !

DDDYYYRRRAAAA !!! Prépares la vaisselle, ca va brailler !

A ces mots, elle entama une longue course, tête baissée. Cette charge digne d'un rugbyman d'Echoriath atteint son but lorsqu'elle atterit dans le ventre de l'entropiste, propulsant son invitée dans les airs et qui retomba lourdement sur le panneau de l'échoppe la plus proche.

La boule de poil, griffes et dents sorties, était debout, triomphantes et pour le moins menaçante sur l'estomac de son fiancé, défiant du regard la bouffonne puis la nouvelle venue. Une légère musique survint d'on ne sait où, créant une ambiance pour le moins familière. Tel un duel entre les deux femmes et la démonne de poche, l'atmosphère devenait tendu ...

L'entropiste était toujours là, sonné, étendu sur le sol, tentant vainement de recouvrer ses esprit.

Le funambule aime la chute pour sa perpétuelle frustration, les limites du déséquilibre poussés à l'extrême, la sensation de défaillir et le choc final entraînant la folie et l'apeurement dans tous les sens pour celui qui ne sait contrôler ses pupilles. Reflets amères de l'âme des êtres vivants, à celui qui ne sait maîtriser son regard, qu'il tire sa révérence dès maintenant, à celui qui ne sait ni contenir la colère ou la peur, l'amusement ou l'ennui, qu'il aille de maintenant brûler! Il n'y a pas pire chose que de ne pourvoir jouer sur les apparences. Paraître neutre. Paraître sourde. Paraître folle. Paraître l'être ? Non, le dernier point n'est pas juste une apparence...

Cette sensation qui venait de la prendre à la gorge fut telle que l'Angelus n'eut pas le temps de réagir, et déjà le choc l'emporta. Son corps frêle venait frapper de plein fouet contre le bois, engourdissant son bras et de ce fait ne lui permettant pas de se rattraper de justesse pour ne pas chuter au sol. Un fracas sourd. Le silence retombant, seule la voix de l'assaillant et une musique sortie d'on ne sait où. Amusante situation non ? Vous ne trouvez-vous ? Peu lui chaut en vérité.
Un braillement nouveau, une agitation des bras et un doigt qui désigne et accuse en direction de l'étrange bestiole, une voix aiguë crachant quelques mots entre deux rires:

" D'puis quand une boule de poils se permet-elle d'm'envoyer valser avec un panneau ?! Hein, d'puis quand ?! Haha! Un sourcil se leva et son regard sembla partir pour des contrées plus lointaines encore. Oh...? "

Réaction en retard, une soudaine douleur qui lui prend le bras gauche et lui fait ravaler son sourire...ou presque! elle n'allait pas se laisser faire par une créature de cette taille quand même! et encore moins par une bestiole couverte de poils! même avec un bras en moins elle trouverait le moyen de rire et rien ne pourrait lui enlever l'envie du jeu!

La tête de la donzelle se pencha sur le côté, les bras pendants et le regard vidé. S'attendre à une surprise ? Possible en effet. Soudainement un éclat de rire se fit entendre, l'Angelus semblait trouver cela drôle, très drôle même. Désormais assise sur les pavés la tête en arrière, les jambes étendues et les mains jouant avec un sac de billes. Elle refit silence et releva la tête pour fixer la démone pour la première fois depuis cette rencontre...fracassante.

" Charmante créature, veux-tu jouer avec moi ? "

Sourire aux lèvres et regard taquin.

" Charmante créature, veux-tu jouer avec moi ? "

La jeune démone de quelques siècles se redressa d'un bon sous le choc de cette question. Les yeux exorbités, les mains tremblantes, comme si une sensation de peur l'avait submergée.

Aaaahhhh ! Une folle pédophile !

Après cette exclamation de surprise mélée à de la peur voir même peut-être à un semblant de curiosité, elle se mit à tourner en rond hurlant tout en agitant les bras dans tous les sens, piétinant à chaque tour le visage de l'entropiste qui émettait à chaque fois un gémissement différent.
Puis elle se prit les pieds dans le bras de son fiancé avant de se rattraper vainement au pantalon d'Angelus, lui arrachant malheureusement, dévoilant ses sous vêtements, laissant Aillas admiratif.
Puis après s'être relevé, elle reprit sa course effrenée, finissant tout de même par s'arrêter en se cachant derrière Ambre. Passant la tête par dessus l'épaule de sa protectrice par intérim, elle tira sa longue langue fourchue vers la pédophile présumée.

L'Angelus émit un léger sifflement et hocha à nouveau la tête lorsqu'elle pu enfin mettre un prénom sur ce charmant minois. Darkfire, hein ? Elle essayerait de s'en souvenir, même si ça n'était pas gagné d'avance.
Reprendre la conversation, ne pas la laisser filer, il est si agréable de bavarder.

" Et bien, disons que je ne suis...pas grand chose au jour d'aujourd'hui, une simple vagabonde également, cherchant l'aventure et amante de la Liberté. On me prénomme Angelus, et je suis enchantée d'avoir croisé votre route très cher Darkfire. "

La jeune demoiselle afficha un léger sourire en coin puis observa les quelques personnes, tout en gardant un oeil sur la boule poils. Elle n'était pas inquiète plus que cela en vérité, mais elle préférait être prudente, elle connaît les coups bas et il ne serait pas étonnant que cette bestiole que l'on nomme Lucie, fiancée de Dyraa, fasse encore des siennes.

L'Angelus soupira légèrement, chercha à plonger son regard dans celui de l'homme, ce "sauveur" comme elle le surnomme intérieurement pour s'amuser.

" Nous avions justement en tête de nous rendre en taverne, ce sera donc une joie pour moi...enfin...pour nous, je pense, de vous accompagner. "

Quel calme, tant de changements en si peu de temps!... Le calme avant la tempête sans doute.
Pour l'heure, elle était calme et détendue, elle avait délaissé son masque de Folle pour se vétir d'un tout autre genre. En quel honneur ? Pas d'honneur là dedans, juste l'envie de faire causette tranquillement.
Attendre encore un peu, elle suivra s'en broncher où qu'on l'emmène.

Le Crieur avançait silencieusement dans les ruelles. Peut être même trop silencieusement, enfin il y avait bien des "zuip" et "pouf" de temps en temps sinon ce serait plus vraiment le Crieur.

- ...

C'est quoi cette moue de gamin que tu nous fais là ? Tu as avalé un bonbon de travers ?

- ...

Oh ?! Cette fois tu as l'air en colère. C'est pratique tu ne dis rien ! Attends j'essaie quelque chose !

- ...

Tu veux un verre de lait mon petit loup ? Tu comptes me mordre avec tes canines de jeune louveteau ? Comme c'est mignon !

- ...

Hein ?! Tu veux que je lise ça ? Attends... Comment ça tu n'as plus de voix ?! Hé hé ! C'est plutôt idiot pour un Crieur !

- ...

Bah me regarde pas comme ça ! J'y peux rien c'est trop tentant, tu ne peux rien me dire. Pour une fois que tu es silencieux, j'en profite.

- ...

Bon bon, ne me fais pas ce regard assassin j'arrête. Encore un morceau de papier ?! Tu veux que je fasse l'annonce à ta place ? Écoutes, si tu veux ! Bon alors, c'est ça là ?! Oui d'accord je la fais comme tu l'as écrit ! Bon je fais mon propre narrateur. Prenant son courage à deux mains, notre héroïque et serviable sauveur de Crieur, prend son souffle avec grâce. De sa voix aussi douce et résonnante que la brise d'été qui s'engouffre dans les falaises près d'Atalantë, il déclame avec classe ses quelques phrases habilement tournées !

Mes Dames, Mes Sieurs j'ai l'honneur, que dis-je ?! Le privilège immense de vous annoncer avec tout le respect que je vous dois ! Avec tout l'amour que je vous porte ! Avec une estime infini ! Errm... Je m'emporte... J'aimerais vous informer que quiconque ici, qu'il soit Gardien, Élève, Habitant, Mentor, Artisencre, PNJ et même vous Âmes damnés ! Oui vous le pouvez aussi ! Comment ça de quoi je parle ? Ben d'accueillir comme il se doit les nouveaux qui sont comme des clampins devant la porte à attendre que quelqu'un vienne leur offrir une main serviable et secourable ! Quelqu'un qui saura leur offrir un peu de chaleur pour réchauffer leur cœur ! Il serait aussi de votre devoir, de saisir de vos douces et délicates mains votre plume, pour critiquer au sens le plus noble du terme les œuvres de nos artistes dans la Bibliothèque Poétique, celle des Tomes Longs, puis Les Chroniques d'Ogame et enfin Des Nouvelles. Ma mission achevée, je m'en vais à regret...

Aïeuh ! Pourquoi tu me frappes ? C'est quoi cette mine de ... Ne me dis pas que j'ai ...

- ...

Non ! Eh attends, ne prends pas le boîtier attends moi.

- ...

*Zuif*

Ne me laisses pas seuuuuull ...

Un pas. Deux pas. Trois pas.

Tapote sur l'épaule du gardien tutélaire.

Tu veux jouer avec moi ?

Le tutélaire se retourne, sursaute. Puis émet un étrange gloussement.
La jeune succube fait un très large sourire, affichant toutes ses jolies dents pointues et aiguisées. Puis, d'un bond, elle renversa le pauvre elfe innocent.

Puis, elle l'aida gentillement à se relever, réaction pour le moins surprenante.

Bon, on va manger et .... BBBOOOIIIRRREEEE !!!!

- Veux tu marcher à contre vent vers la mer ?

Les voilà donc repartis plongeants dans la noirceur des ruelles, là où la dernière fois ça s'était plutôt mal passé. Leur paquetage saugrenu, boitillait et trébuchait, Smirtnoff, en arrivance sur les docks, ne s'appuie plus sur la dame mais la tire presque. Il la brandit comme un bouclier, comme une relique sacrée qui par hasard remettrait sa raison à sa place, car il avance quand son instinct lui dit de reculer. Qu'il l'aurait fait exprès, et dans 5 minutes ils sont roulés derrière un tonneau. (...)
Mais même ça c'était encore une tactique trop raisonnée pour lui. Arrivé à un certain point, après avoir interloqué par mal de badauds, de filles de joie en cavale et autres habitants de la nuit et des lieux, le vampire bâtard s'arrête, droit comme un berlingot de lait (qui tombe dès qu'on le pousse du coude pour manger sa tartine, donc), les yeux grands ouverts. Il se souvient de cette odeur, il la reconnait. Voilà la raison revenue à lui, cette énigme ne pouvait pas durer plus longtemps.
Louchant dans l'ombre qui les entoure il saisit Cassiopée par les épaules.
Et ensuite, rien.
Sa respiration saccadée humidifie la peau de la nymphe.
Bon comédien, vraiment. L'endroit rêvé pour aborder une dame.
Ses mains ne se retirent pas.

Cassiopée se taisait, elle aussi. Ne restent, dans un carré de nuit silencieux, que leurs respirations éthyliques.
Le vampire se calme, revient à lui même, retrouve l'assurance de ses gestes de vieille panthère grincheuse qui sourit tout de même des yeux. C'est par-là qu'il exprime son intérieur.
Penché sur la nuque de la nymphe, lui gouttant la peau du bout des lèvres et des joues, il l'entoure de ses bras comme il l'a fait auparavant, sans arme à la main, cette fois.

Sans arme...Plus vraiment. Il lui reste la sœur gauchère, jumelle de la droite qui tâcha de sang la robe d'étoiles de Cassiopée. La gauche, soit disant la défense, le bouclier dans un combat serré. Ces deux lames sont courtes et sans garde, légères, maniables, pour des combinaisons de style corps à corps rapide et défensif, voir fourbe, surtout contre des armes plus longues. Lorsqu'elles tranchent toutes les deux aussi bien et des deux côtés, comment savoir laquelle trompe et laquelle va frapper?
Une des sœurs est manquante, depuis cette nuit.

Smirtnoff réouvre les yeux. Cette odeur provocante qu'il a suivi jusqu'ici lui est familière. Il l'a identifiée. Un parfum qui fait grésiller sa mémoire défaillante, du moins, tout ce qu'il a pu oublier volontairement de ses premiers pas sur cette terre. Il revoit la neige. Il aperçoit les manteaux fourrés, les silhouettes noires avalées par la nuit bleutée, jamais obscure, parfois distillée sous ces foulard rouges qui s'enroulent autour des feux, des lampadaires.
La nuit, la neige, n'ont jamais été des choses du froid, pour Smirtnoff. Elles étaient tièdes et douces. Impalpables, parfois, à la température exacte de ses doigts. Une odeur de tabac, d'alcool, de bête gelée.

En face d'eux, dans la pénombre, un point orange. Il remue, largue une étincelle rouge.
Le vampire et la nymphe ne sont pas seuls. Un éclat de la rue, comme un fragment de miroir brisé, remue quelque part dans la pénombre, sur le flanc d'une lame incurvée remuée par le mouvement d'une jambe. Un sabre étroit et élancé. Discret. Sobre. A l'occidentale sans aucun ornement.
Smirtnoff, en réponse à cela, détache une main de la peau de Cassiopée pour effleurer la gaine de sa jumelle accrochée dans le bas de son dos.



[HRP] c'est pas une bonne heure pour se coucher, 7h30?[/HRP]